Médias et opinion publique
Corrigé
9
Histoire
hgeT_1200_00_08C
Sujet inédit
Le 6 février 1934 vu par la presse

ph © DR
Le témoignage d'un chroniqueur proche des Ligues
« Le 6 février, dans la soirée, tandis que le plus effroyable tumulte régnait au Palais Bourbon, au-dehors la manifestation grandiose des patriotes exaspérés dégénérait en une bataille de rues telle que Paris, depuis longtemps, n'en avait pas vu. Les ordres brutaux du président du Conseil et du ministre de l'Intérieur déchaînèrent la police, la garde mobile, sur les anciens combattants porteurs de leurs drapeaux et de leurs insignes, sur les Jeunesses Patriotes
René Pinon, « Chronique de la quinzaine »,
Revue des deux mondes, 15 février 1934.
1. Ligue d'extrême droite, militant pour un régime autoritaire.
2. Impliqué dans une affaire de détournement de fonds, il se suicide au moment de son arrestation. L'affaire fait scandale et provoque la chute du gouvernement Chautemps.
3. Camille Chautemps : député radical-socialiste, président du Conseil en 1933-1934.
Lire la consigne
La consigne impose trois activités : une présentation des documents, l'énonciation des informations qu'ils fournissent (« montrez ») et une « explication » par recours aux connaissances personnelles. Le sujet se limite aux « divisions » de l'opinion publique, à savoir les différences politiques susceptibles d'opposer les Français. Mais le sujet porte surtout sur « l'intensité » de ces divisions. Il faudra donc dégager un terme capable de caractériser cette intensité.
Analyser les documents
Les deux documents (la une du journal L'Ouest-Éclair et un extrait d'une chronique publiée dans la Revue des deux mondes) sont de type témoin. Ils exposent des points de vue portant sur les événements survenus à Paris le 6 février 1934. Ces opinions sont exprimées à chaud, dès le 8 pour le premier document, le 15 pour le second.
À l'occasion d'un changement de gouvernement et au moment où le nouveau président du Conseil (Édouard Daladier) présente à l'Assemblée nationale son discours de politique générale, une manifestation d'anciens combattants tourne à l'émeute place de la Concorde.
Les deux documents témoignent de la gravité du moment (« sanglantes émeutes », « nombreux morts », « bataille de rues », « démission du cabinet »…). Mais si L'Ouest-Éclair se limite à énoncer les faits, René Pinon laisse paraître son indignation et son parti pris en faveur des ligues. Le vocabulaire utilisé oppose le caractère positif de la manifestation (elle est « grandiose ») et légitime (les « patriotes » sont « exaspérés ») à la violence du pouvoir (« ordres brutaux du président du Conseil ») et de ses soutiens (« les mines sinistres de ses sectateurs »).
Organiser la réponse
Après avoirposé le sujet en rappelant les faits, la réponse peut s'organiser en deux parties. L'une pour souligner la radicalité des positions (gestion sanglante de la crise, exaspération de l'opposition) l'autre pour expliquer, par le contexte, le fossé qui divise les Français.
Le 6 février 1934, tandis qu'
Les documents (la une d'un journal républicain, L'Ouest-Éclair, parue le 8 février et la chronique de René Pinon publiée dans La Revue des deux mondes) permettent de mesurer les
La manifestation a mal tourné. De « nombreux morts » (17 dont un gendarme), des « centaines de blessés » sont à déplorer. Ce
Journal républicain, L'Ouest-Éclair expose froidement les faits. Le ton n'en est pas moins inquiet. C'est une « nouvelle » crise qui secoue le pays. Il y en a eu d'autres. Cette « nouvelle » crise pourrait être fatale. Si la une ne laisse paraître aucune indignation, un titre appelle une réaction salutaire : le journal semble espérer « un gouvernement de salut national ». Ce sont là des mots qui traduisent un sentiment d'urgence et une volonté d'action. C'est un
La réaction de René Pinon est plus
Cette division radicale prend sa source dans la
Face à la crise des années trente et au recul de la démocratie qu'elle génère en Europe, l'exaspération des Français pousse nombre d'entre eux vers les extrêmes. Cette évolution de l'opinion tend à