41
Polynésie française, mars 2023
SPRINT FINAL
sesT_2303_13_01C
Polynésie française, mars 2023
épreuve composée
Action publique et environnement • Commerce entre pays comparables • Structure socioprofessionnelle
Intérêt du sujet • Une épreuve composée qui fait la part belle aux sujets d’actualité : environnement, commerce international et emploi, notamment des femmes. N’hésitez donc pas à mobiliser des exemples récents dans vos réponses.
Mobilisation des connaissances (4 points) Les échelles de l’action publique pour l’environnement
À partir d’un exemple, vous montrerez que l’action publique pour l’environnement articule différentes échelles.
Étude de document (6 points) Comprendre le commerce entre pays comparables
▶ 1. À l’aide des données du document (voir page suivante), vous comparerez le montant des importations de l’Union européenne en provenance de la Chine à celles en provenance des États-Unis sur la période janvier-avril 2022. (2 points)
▶ 2. À l’aide des données du document et de vos connaissances, vous présenterez les facteurs permettant d’expliquer le commerce entre pays comparables. (4 points)
DocumentÉchanges commerciaux de l’Union européenne avec ses principaux partenaires (en milliards d’euros)

Source : d’après Eurostat, « Déficit de 32,4 milliards d’euros du commerce international de biens de la zone euro », Euroindicateurs, juin 2022.
Raisonnement (10 points) Les évolutions de la structure socioprofessionnelle en France
À l’aide de vos connaissances et du dossier documentaire, vous montrerez que, depuis la seconde moitié du xxe siècle, la structure socioprofessionnelle française a connu des évolutions importantes.
Document 1Évolution des métiers en France depuis 30 ans (en %)

Source : d’après Charline Babet, « Comment ont évolué les métiers en France depuis 30 ans ? Forte progression des métiers du tertiaire et des métiers les plus qualifiés », Dares (Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques) analyses, janvier 2017.
Document 2Trois grandes tendances de l’emploi des femmes entre 1960 et 2000

Source : d’après Michel Husson, « L’emploi des femmes en France depuis 1960 », La revue de l’IRES (Institut de recherches économiques et sociales), mai 2018.
Lecture : En 2000, l’emploi féminin représentait 92,5 % de l’emploi masculin.
Document 3Les femmes et le travail depuis les années 1960
Depuis le début des années 1960, les femmes ont massivement investi le marché du travail. Le taux d’activité1 des femmes a fortement augmenté : de 46 % au début des années 1960, il est passé à 67,2 % en 2017 pour les femmes de 15 à 64 ans. Dans le même temps, celui des hommes s’est réduit, passant de 89 % à 75,6 %, sous l’effet de l’allongement de la durée des études […].
C’est un changement majeur. Au sein des couples, la norme n’est plus celle de la femme au foyer, mais celle du ménage à double apporteur de revenu.
Cela ne signifie pas que les femmes n’ont jamais travaillé, dans l’histoire, mais que leur activité n’était pas, le plus souvent, rémunérée. Une partie des évolutions décrites pour la période 1960-2017 résulte de l’intégration à la sphère marchande d’un travail invisible et gratuit (épouse d’agriculteurs, d’artisans, de commerçants, etc.). Mais elle ne s’y réduit pas. Et l’intégration au salariat, donc au travail rémunéré, change la donne.
La volonté d’indépendance financière, d’indépendance tout court, a conduit les femmes, à partir des années 1960, à s’insérer dans les études et dans l’emploi bien plus massivement qu’elles ne l’avaient fait auparavant. La croissance économique des Trente Glorieuses a facilité cette insertion (besoin important de main-d’œuvre), en même temps qu’elle en a résulté. De force d’appoint, les femmes sont devenues partie prenante de la population active. Elles représentent 48,8 % de la population active en 2017 et 49,8 % des salarié.e.s.
Source : Louis Chauvel, Anne Lambert, Dominique Merllie, Françoise Milewski, Les mutations de la société française, 2019.
1. Le taux d’activité correspond au nombre d’actifs rapporté à l’ensemble de la population en âge de travailler. On considère comme étant en âge de travailler les personnes âgées de 15 à 64 ans.
Les clés du sujet
Mobilisation des connaissances
Définir les mots clés
L’action publique désigne les mesures prises et leur mise en œuvre par une autorité publique, seule ou avec des partenaires, pour traiter une situation problématique, ici celle de l’environnement (pollution, dérèglement climatique, extinction de la biodiversité).
Les échelles de l’action publique renvoient aux différents niveaux de décision et d’application de celle-ci : local, national, européen, mondial.
Structurer la réponse
Après avoir défini l’action publique pour l’environnement en introduction, on en présentera les différentes échelles dans un premier paragraphe, à travers la lutte contre le changement climatique.
Puis, un second paragraphe permettra de mettre en évidence la nécessaire articulation de ces différentes échelles.
Étude de document
Définir les mots clés
Le commerce entre pays comparables désigne les importations et les exportations croisées − notamment de produits similaires (commerce intrabranche) − entre pays ayant des niveaux de développement proches.
Les nouvelles théories du commerce international expliquent ce phénomène par la différenciation des produits, la qualité des produits et la fragmentation de la chaîne de valeur.
Comprendre le document
Le document nécessite d’identifier les pays comparables à l’Union européenne : États-Unis, Royaume-Uni, Norvège, Japon et Corée du Sud. Seules les données concernant ces pays sont pertinentes pour la question 2. Les taux de variation sur une année ne sont pas utiles pour expliquer le commerce entre pays comparables.
Structurer la réponse à la seconde question
Après avoir explicité ce qu’est le commerce intrabranche en introduction, il faudra en présenter les différents facteurs explicatifs.
On pourra consacrer un premier paragraphe à la différenciation et à la qualité des produits, puis un second à la fragmentation de la chaîne de valeur.
Raisonnement
Analyser les termes du sujet et mobiliser ses connaissances
Exploiter les documents
Document 1. Le graphique présente les mutations de la structure de la population active en France, depuis 1982. Quelles sont les PCS dont la part recule parmi les actifs ? Quelles sont celles qui progressent ? Comment évoluent la proportion d’indépendants ? Qu’en est-il du niveau de qualification ?
Document 2. Le graphique regroupe trois indicateurs dont les évolutions illustrent le processus de féminisation de l’emploi. Le déséquilibre de l’emploi féminin par rapport à l’emploi masculin s’est-il résorbé ? Les emplois féminins sont-ils concernés par la salarisation de l’emploi et la tertiarisation de l’économie ?
Document 3. Le texte caractérise et explique la féminisation de l’emploi. Le travail des femmes est-il un phénomène récent ? Peut-on parler d’une normalisation du rapport à l’emploi des femmes ? Quelles sont les motivations profondes à l’origine de ces changements sociétaux ?
Définir les arguments

Mobilisation des connaissances
Les titres des parties ne doivent pas figurer sur votre copie.
Introduction
« Penser global, agir local » : cette expression du spécialiste en écologie René Dubos (1901-1982) illustre la problématique de l’action publique pour l’environnement. Celle-ci désigne l’ensemble des décisions prises et mises en œuvre par les acteurs publics pour traiter des problèmes liés aux ressources naturelles et aux conditions de vie sur notre planète, par exemple le changement climatique.
Développement
Le climat est un bien commun perturbé au niveau mondial par les émissions nationales de gaz à effet de serre (GES). En toute logique, il doit donc être pensé au niveau mondial – c’est le rôle du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) – et nécessite des accords de coopération entre États signés lors des conférences des parties (COP). L’Union européenne (UE) est un acteur majeur de cette action publique, entre autres avec la mise en place d’un marché du carbone. Les États ont également un rôle central, notamment par la mise en œuvre d’une taxe carbone équitable, la fiscalité étant une fonction régalienne. Enfin, l’échelon local est crucial tant par sa capacité d’initiative que du fait de l’hétérogénéité des territoires. La végétalisation des centres urbains est, par exemple, un moyen de réduire localement la température.
Ces différentes échelles sont complémentaires, nécessitant une articulation de leurs actions pour éviter des effets contradictoires. L’UE, à travers son principe de subsidiarité, a intégré cet objectif d’efficacité. Au niveau mondial, on a longtemps appliqué une approche descendante (« top down ») partant du global pour arriver au local, comme avec la mise en œuvre du protocole de Kyoto signé en 1997. Aujourd’hui, il semble que l’on privilégie une approche ascendante (« bottom up ») permettant de construire une action globale à partir de l’implication des acteurs : c’est le cas de l’accord de Paris sur le climat de 2015 (COP 21) auquel ont participé pouvoirs publics, experts et organisations non gouvernementales.
à noter
Le principe de subsidiarité adopté par l’UE prévoit que celle-ci intervient en lieu et place des États membres seulement si elle est plus efficace que les acteurs locaux ou nationaux.
Conclusion
La multiplicité des échelles nous alerte sur la complexité de l’action publique pour l’environnement et sur sa nécessaire coordination. Elle met en évidence la perte de centralité de l’État et révèle des logiques d’acteurs qui peuvent coopérer mais aussi être en conflit en raison d’intérêts divergents.
Étude de document
▶ 1. D’après Eurostat, sur la période janvier-avril 2022, les importations de l’Union européenne (UE) en provenance de Chine s’élèvent à 194,9 milliards d’euros. Sur la même période, la valeur des importations de l’UE venant des États-Unis est de 103,9 milliards d’euros.
La Chine se place ainsi au premier rang des importations de l’UE, les États-Unis au deuxième rang. Les importations européennes en provenance de Chine sont 1,9 fois plus élevées que celles venant des États-Unis.
▶ 2. Les titres des parties ne doivent pas figurer sur votre copie.
Introduction
On appelle « commerce intrabranche » les échanges de produits substituables entre pays ayant des niveaux de développement comparables. Plusieurs facteurs l’expliquent, que nous détaillerons en se basant sur les nouvelles théories du commerce international.
Développement
Le premier facteur explicatif est « l’échange de différences » : la demande des consommateurs de pays aux niveaux de vie similaires porte sur des produits de qualité différente (différenciation verticale) ou ayant des différences de marques, de design (différenciation horizontale). Par exemple, les consommateurs européens importent des Ford américaines, tandis que les Américains commandent des Porsche allemandes. Ces demandes différenciées participent, de janvier à avril 2022, aux 103,9 milliards d’euros d’importations américaines vers l’Union européenne (UE) et aux 157,2 milliards d’euros d’exportations européennes vers les États-Unis.
Le second facteur explicatif est lié aux stratégies des entreprises. Celles-ci ont intérêt à conquérir des parts de marchés à l’étranger pour bénéficier de rendements croissants ou d’économies d’échelle. Par ailleurs, les firmes multinationales (FMN) exploitent les avantages comparatifs des différents pays grâce à la fragmentation de la chaîne de valeur, ce qui génère du commerce international, notamment intrafirme. Par exemple, Airbus importe du Royaume-Uni des moteurs Rolls-Royce pour ses avions, lesquels sont ensuite vendus à British Airways. Ces flux contribuent, de janvier à avril 2022, aux 65,8 milliards d’euros d’importations britanniques vers l’UE et aux 103,5 milliards d’euros d’exportations européennes vers le Royaume-Uni.
à noter
La fragmentation de la chaîne de valeur désigne la répartition entre un grand nombre de pays des différentes étapes du processus de production (conception, logistique, fabrication, distribution…).
Conclusion
Le commerce entre pays comparables s’explique ainsi par deux facteurs principaux : la demande de produits variés par les consommateurs et les stratégies des entreprises.
Raisonnement
Les titres des parties ne doivent pas figurer sur votre copie.
Introduction
La structure socioprofessionnelle française a profondément changé depuis 1945. Elle se révèle au moyen de l’analyse de la nomenclature des professions et catégories socioprofessionnelles (PCS). Quelles en sont les principales évolutions ? Après avoir montré que la structure socioprofessionnelle connaît une triple transformation du fait des changements du système productif, nous analyserons la place de la féminisation de l’emploi dans ces mutations.
I. Les mutations du système productif et leur impact sur l’emploi
Tout d’abord, durant les Trente Glorieuses, la mécanisation et l’automatisation ont diminué les besoins en main-d’œuvre des secteurs primaire (activités agricoles) et secondaire (activités industrielles), au profit du secteur tertiaire, marchand et non marchand. Cette tertiarisation des activités et de l’emploi se traduit logiquement au niveau des PCS. En 2012-2014, les employés représentent 30 % des actifs, soit le groupe socioprofessionnel le plus important. La part des ouvriers non qualifiés a, quant à elle, été divisée par deux entre 1982-1984 et 2012-2014 (document 1).
Ensuite, le développement d’une « société de services » et la montée en gamme de l’industrie favorisent l’élévation du niveau de qualification des emplois. En 2012-2014, 25 % des actifs sont des professions intermédiaires et 16 % sont des cadres, la part de ces derniers ayant doublé depuis 1982-1984 (document 1). Cependant, il faut noter dans le même temps la progression (+ 3 points de pourcentage) des employés non qualifiés : on parle de polarisation des emplois.
mot clé
La polarisation des emplois désigne la tendance, sur le marché du travail, à la croissance forte des emplois très qualifiés et à la croissance modérée de certains emplois peu qualifiés, au détriment des emplois intermédiaires.
Enfin, la population active a connu un déclin prononcé des indépendants (agriculteurs exploitants, artisans commerçants) au profit des salariés. Ce processus de salarisation de l’emploi se traduit au niveau des PCS : alors qu’ils regroupaient un tiers des actifs dans les années 1950, les indépendants en représentent 8 % en 2012-2014, avec un recul de 5 points de pourcentage en 30 ans (document 1).
II. La féminisation de l’emploi, une évolution sociétale majeure
La structure socioprofessionnelle a également connu une transformation majeure avec la féminisation de l’emploi. Alors que seules 46 % des femmes étaient actives au début des années 1960, elles sont 67,2 % à l’être en 2017, soit seulement 8,4 points de pourcentage de moins que les hommes (document 3). Cette évolution a produit un net rééquilibrage du poids des femmes dans la population active, avec une quasi-parité (48,8 % des actifs en 2017).
à noter
La féminisation de l’emploi désigne l’entrée massive, à partir des années 1960, des femmes sur le marché du travail.
L’arrivée des femmes sur le marché du travail s’est opérée grâce à la tertiarisation. Si, en 1960, 48 % des emplois féminins étaient des emplois de service, en 2000, ils en constituent 76 % (document 2). L’intégration des femmes dans l’emploi s’est également accompagnée d’une scolarisation prolongée des filles, permettant une hausse du niveau de qualification des actives (document 3). Mais on constate des disparités importantes entre des emplois féminins très qualifiés (médecin, infirmière) et d’autres peu qualifiés (aide à la personne).
Enfin, l’emploi féminin a connu également un processus de salarisation. Le taux de salarisation de l’emploi féminin a été multiplié par 1,4 entre 1960 et 2000, pour atteindre 95 % (document 2). Or, « l’intégration au salariat, donc au travail rémunéré, change la donne » (document 3), en procurant aux femmes un revenu autonome, librement géré et en leur ouvrant des droits sociaux, notamment en matière de retraite.
Conclusion
Les mutations économiques de la France depuis 1945 ont profondément modifié la structure des emplois, plus salariés, plus qualifiés, localisés dans le secteur des services. Les femmes ont saisi les opportunités engendrées par ces mutations et y ont fortement contribué. Cependant, l’emploi féminin demeure marqué par des inégalités de genre, en termes de représentations, de rémunération et de carrière.