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Au-delà de la guerre (texte de L. Gaudé, tableau de P. G. Batoni)

Asie • Juin 2018

Au-delà de la guerre

3 heures

100 points

Intérêt du sujet • Les guerres et les conflits illustrés par les documents sont caractérisés par la douleur, la mort et l'atrocité. Mais de ces scènes d'horreur peuvent jaillir des comportements généreux et héroïques.

document ATexte littéraire

L'action se situe dans les tranchées pendant la Première Guerre mondiale. Après un assaut particulièrement meurtrier, un régiment d'Africains arrive en renfort et porte secours aux blessés. M'Bossolo, l'un des soldats de ce régiment, prend la parole tandis qu'il porte un blessé sur son dos.

M'Bossolo

Je te porterai jusqu'au bout. Tu n'as pas de crainte à avoir. Mon corps a mis du temps à s'habituer à ton poids mais il n'y a plus de fatigue maintenant. Tu es avec moi. Je t'emmène à l'abri. Au-delà des tranchées et du champ de bataille. Il n'y a pas de pays qui soit trop vaste pour moi. Il n'y a pas de fleuve que je ne puisse enjamber ni d'océan où je n'aie pied. Je te porterai jusqu'à chez moi. Bien au-delà de la guerre. Je ne te poserai que lorsque nous aurons atteint la terre de mes ancêtres. Tu connaîtras alors des paysages que tu ne peux imaginer. Je connais des lieux sûrs où aucun ennemi ne pourra t'atteindre. La guerre, une fois là-bas, te semblera une douce rumeur. Je te confierai aux montagnes qui m'ont vu naître. Tu seras bercé par le cri des singes hurleurs de mon enfance. Tu n'as pas de crainte à avoir. Aucun poids ne peut plus entamer mes forces. Nous y serons bientôt. Et lorsque je t'aurai confié à mon vieux continent, lorsque je me serai assuré que tu es sain et sauf, je reviendrai sur mes pas et je finirai ce qui doit être achevé. Le combat m'attend. Il nous reste encore à vaincre. T'avoir mis en lieu sûr me rendra indestructible. Je retrouverai sans trembler la pluie des tranchées et l'horreur des mêlées. Je me fraierai un passage parmi nos ennemis. Plus rien, alors, ne pourra me stopper dans ma charge. Je ne dormirai plus. Je ne mangerai plus. Je ne m'arrêterai que lorsque la guerre sera gagnée. Je dévorerai la terre du front. Faisant reculer l'ennemi. Semant la panique dans ses rangs. Je serai un ogre. Je broierai le métal des batteries, les fils barbelés et les morceaux d'obus qui éclateront à mes pieds. Je serai un ogre et rien ne pourra rassasier ma faim. Lorsque je t'aurai mis en lieu sûr, là-bas, dans ces terres brûlées de soleil, je reviendrai ici en courant. Prenant un élan de plusieurs continents. Je plongerai dans la tourmente, embrassant la boue des tranchées, laissant glisser sur mon visage la pluie et siffler le vent dans mes oreilles, et je planterai mes dents dans l'ennemi. Je reviendrai. Et j'achèverai la guerre d'un coup de poing plongé au plus profond de la terre.

Laurent Gaudé, Cris, 2001.

document BPompeo Girolamo Batoni, Énée fuyant Troie, avec Anchise, Ascagne et Créuse, 1750

Énée porte son père Anchise ; il est suivi de son fils Ascagne et de sa femme Créuse.

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© Aisa/Leemage

Turin, Galleria Sabauda.

Travail sur le texte littéraire et sur l'image 50 points • 1 h 10

Les réponses doivent être entièrement rédigées.

Grammaire et compétences linguistiques

▶ 1. a) Quels sont les deux temps les plus utilisés dans le texte ?

Pour chacun de ces temps, relevez deux exemples. (4 points)

b) Quel est le temps dominant ? Pourquoi ? (2 points)

▶ 2. « Je retrouverai sans trembler la pluie des tranchées et l'horreur des mêlées. Je me fraierai un passage parmi nos ennemis. Plus rien, alors, ne pourra me stopper dans ma charge. Je ne dormirai plus » (l. 19-21).

Réécrivez ces phrases en remplaçant la 1re personne du singulier (« je ») par la 3e personne du singulier (« il »). Vous ferez toutes les modifications nécessaires. (10 points)

▶ 3. Comment est formé l'adjectif « indestructible » (l. 18) ? Quel est son sens ? (2 points)

▶ 4. « La guerre, une fois là-bas, te semblera une douce rumeur » (l. 11) : identifiez la fonction du groupe « une douce rumeur ». (2 points)

Compréhension et compétences d'interprétation

▶ 5. À qui M'Bossolo s'adresse-t-il dans ce passage ? Pourquoi tutoie-t-il ce personnage ? (4 points)

▶ 6. « Au-delà des tranchées et du champ de bataille » (l. 4-5) ; « Bien au-delà de la guerre » (l. 7-8).

a) Dans quel lieu M'Bossolo souhaite-t-il emmener le blessé ? Relevez quatre indices. (5 points)

b) Examinez la construction de ces deux phrases : que remarquez-vous ? Quel est l'effet produit ? (4 points)

▶ 7. « Je serai un ogre. […] Je serai un ogre et rien ne pourra rassasier ma faim » (l. 24-26). Quelle figure de style relevez-vous ? Comment met-elle en valeur la métamorphose du personnage ? (5 points)

▶ 8. Quelles sont les différentes caractéristiques du héros dans ce texte ? Citez-en au moins trois et justifiez chacune de vos réponses par des relevés précis. (6 points)

▶ 9. Comparez le texte et l'image : quels points communs trouvez-vous entre M'Bossolo et le personnage d'Énée portant son père Anchise sur ses épaules ? (6 points)

Dictée 10 points • 20 min

Le titre de l'œuvre et le nom de l'auteur sont inscrits au tableau.

Laurent Gaudé

Cris

© Éditions Actes Sud, 2001

Mes yeux clignent. Et la nuit profonde est coupée d'éclairs. Je retrouve la tourmente du front, le temps de quelques secondes. Puis je la reperds. Je vois des hommes, que je ne peux compter, je les vois s'agiter autour de moi, ils parlent parfois, mais je ne comprends pas ce qu'ils disent. Je vois des hommes et ce sont les hommes de la nuit. Ils m'ont agrippé et me traînent, je vois leur peau brûlée tout entière, leur peau lisse et noire, plus sombre que la boue. Et je me demande ce qu'ils attendent de moi. Ce sont peut-être les ombres chargées de porter mon corps jusqu'au cœur de la terre.

Rédaction 40 points • 1 h 30

Vous traiterez au choix l'un des sujets suivants.

Sujet d'imagination

Racontez l'arrivée dans les tranchées du régiment d'Africains dont fait partie M'Bossolo.

Vous évoquerez les différentes réactions de ces hommes face à un pays inconnu et à la violence de la guerre.

Votre rédaction mêlera récit, description et dialogues.

Sujet de réflexion

M'Bossolo porte secours à un soldat qu'il ne connaît pas. Selon vous, la solidarité est-elle suffisamment présente dans notre société ?

Vous répondrez à cette question en vous appuyant sur votre expérience, sur les textes étudiés en classe ainsi que sur votre culture personnelle.

 

Les clés du sujet

Analyser les documents

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Traiter le sujet d'imagination

Recherche d'idées

Tableau de 2 lignes, 2 colonnes ;Corps du tableau de 2 lignes ;Ligne 1 : Piste 1; Rassemble tes connaissances sur la vie dans les tranchées : la boue, le froid, les rats et le feu ininterrompu forment le quotidien des soldats englués dans un conflit sans issue.; Ligne 2 : Piste 2; Imagine le dialogue entre un soldat français et un soldat africain qui arrive : quelle question posera-t-il ? Sera-t-il prêt à risquer sa vie pour des gens dont il ignore tout ?;

Conseils de rédaction

Pour donner une connotation négative à ta description des tranchées, dresse une liste d'expressions à utiliser : « froid mordant », « lumière triste », « bruit incessant », « regards perdus », « vermine »…

Pour évoquer le ressenti des soldats africains découvrant l'horreur des tranchées, utilise un vocabulaire expressif, qui peut aller en s'intensifiant au fur et à mesure du texte : « stupéfait », « scandalisé », « abasourdi », « effrayé », « terrifié », « alarmé », « épouvanté »…

Traiter le sujet de réflexion

Recherche d'idées

Tableau de 2 lignes, 2 colonnes ;Corps du tableau de 2 lignes ;Ligne 1 : Piste 1; Reformule le sujet pour être sûr de l'avoir compris. La solidarité a pour synonymes l'« entraide », la « fraternité », le « partage », l'« altruisme ».; Ligne 2 : Piste 2; Cherche des exemples de solidarité dans notre société : le don d'argent à des associations caritatives, les activités bénévoles, le partage au sein d'un groupe d'amis, l'aide en cas de besoin.;

Conseils de rédaction

Tu peux imaginer un devoir en deux parties pour répondre à la question posée. Évoque, dans un premier temps, les nombreux exemples de solidarité ; dans un second temps, les limites que ces formes prennent dans notre société.

Alterne les exemples tirés de la vie quotidienne (le temps que consacre ta voisine à une association d'aide aux sans-abri), et de tes lectures (les comportements très héroïques de certains personnages).

Travail sur le texte littéraire et sur l'image

Grammaire et compétences linguistiques

▶ 1. a) Les deux temps les plus employés sont le présent et le futur simple de l'indicatif, dont les exemples sont nombreux. Pour le présent : « Je t'emmène » (l. 4) et « ne peut plus » (l. 14) ; pour le futur : « je te porterai » (l. 2) et « tu connaîtras » (l. 9).

b) Le futur est le temps majoritairement employé : le narrateur explique au blessé qu'il porte où il va l'emmener ensuite. En parlant au futur, il promet au blessé que celui-ci aura un avenir.

▶ 2. Les modifications sont en couleur.

« Il retrouvera sans trembler la pluie des tranchées et l'horreur des mêlées. Il se fraiera un passage parmi leurs ennemis. Plus rien, alors, ne pourra le stopper dans sa charge. Il ne dormira plus. »

▶ 3. L'adjectif « indestructible » est formé par dérivation : au radical destruct- sont ajoutés un préfixe privatif (qui signifie le contraire) in-, et le suffixe -ible qui sert à former l'adjectif. Il signifie ici « invincible » : s'il réussit à mettre en lieu sûr le blessé, alors plus rien ne pourra atteindre ni abattre le narrateur.

▶ 4. Le groupe nominal « une douce rumeur » est attribut du sujet « la guerre ».

attention !

Le groupe nominal n'est pas un COD du verbe, car il est relié au sujet par un verbe d'état, « sembler ».

Compréhension et compétences d'interprétation

▶ 5. M'Bossolo s'adresse au soldat blessé qu'il est allé récupérer sur le champ de bataille et qu'il transporte sur son dos pour le mettre à l'abri. Il ne connaît pas ce soldat, mais pourtant le tutoie : frères d'armes dans les tranchées, les soldats sont dans le même camp, celui des survivants.

▶ 6. a) M'Bossolo souhaite emmener le blessé dans un lieu sûr, loin des combats, ce qui pour lui équivaut à son pays natal, en Afrique. On trouve de nombreuses mentions de cette idée : « la terre de mes ancêtres, des lieux sûrs où aucun ennemi ne pourra t'atteindre, mon vieux continent, ces terres brûlées de soleil ».

b) Il s'agit de deux phrases nominales : elles ne contiennent pas de verbe conjugué. Elles possèdent alors la force d'une sentence.

▶ 7. L'expression est une métaphore qui assimile le narrateur à un ogre. La deuxième phrase développe cette image avec l'idée de faim insatiable. La force gigantesque qui anime le personnage est ainsi mise en valeur : sa faim de victoire est immense.

remarque

On parle de « métaphore filée » quand cette figure se poursuit sur plusieurs termes. C'est le cas ici avec « je dévorerai la terre » et « je planterai mes dents dans l'ennemi ».

▶ 8. Le héros se montre particulièrement fraternel et rassurant avec le blessé : il le tutoie et le considère comme un frère, ainsi que le montrent les expressions « je te porterai jusqu'au bout », « tu n'as pas de crainte à avoir ».

Il se révèle également robuste et infatigable : « il n'y a plus de fatigue », « il n'y a pas de pays qui soit trop vaste pour moi ».

Il montre enfin un grand courage et une volonté de vaincre dans le combat qu'il reviendra mener : « sans trembler », « faisant reculer l'ennemi ».

▶ 9. Dans les deux documents, un personnage dans la force de l'âge prend en charge un être plus faible, le porte sur son dos pour lui permettre d'échapper à une situation dangereuse : un assaut meurtrier lors de la Première Guerre mondiale, pour le texte ; le sac et l'incendie de la ville de Troie par les Grecs, pour le tableau de Batoni. Le personnage porté semble s'abandonner totalement à son sauveur : le blessé ne s'exprime pas, le vieillard se repose avec confiance sur l'épaule de son fils. Dans les deux documents, le personnage principal possède des qualités héroïques : force, courage, dévouement.

Dictée

Point méthode

1 Sois attentif aux emplois du participe passé : employé seul, il s'accorde avec le nom ; employé avec être, il s'accorde avec le sujet ; employé avec avoir, il ne s'accorde jamais avec le sujet, mais avec le COD si celui-ci est placé avant le verbe.

2 Ne confonds pas le pronom démonstratif ce avec le pronom réfléchi se, toujours employé dans une tournure pronominale (se coiffer, s'appeler, se blottir, etc.).

3 N'oublie pas que la plupart des verbes en -dre, comme perdre et comprendre, se terminent par -ds à la 1re personne du singulier du présent de l'indicatif.

Mes yeux clignent. Et la nuit profonde est coupée d'éclairs. Je retrouve la tourmente du front, le temps de quelques secondes. Puis je la reperds. Je vois des hommes, que je ne peux compter, je les vois s'agiter autour de moi, ils parlent parfois, mais je ne comprends pas ce qu'ils disent. Je vois des hommes et ce sont des hommes de la nuit. Ils m'ont agrippé et me traînent, je vois leur peau brûlée tout entière, leur peau lisse et noire, plus sombre que la boue. Et je me demande ce qu'ils attendent de moi. Ce sont peut-être les ombres chargées de porter mon corps jusqu'au cœur de la terre.

Rédaction

Voici un exemple de rédaction sur chacun des deux sujets.

Attention les indications entre crochets ne doivent pas figurer sur ta copie.

Sujet d'imagination

[L'arrivée] Nous sommes arrivés ce matin en première ligne, gelés et mouillés, après quatre heures de marche dans la nuit froide et humide de ce petit coin du nord de la France. Nous avons compris qu'on approchait quand ce vague bruit de tonnerre qu'on entendait au loin est devenu plus précis. Tirs, sifflements, explosions, cris de bête : ce n'était pas le tonnerre.

[Les réactions] C'étaient les obus. Alors on a connu l'horreur. Les cris, c'étaient ceux des hommes, qui mouraient à quelques mètres de nous. Le pire, c'est que personne ne s'en préoccupait : tout le monde continuait à courir, à tirer, à se protéger, à fumer même. Épuisé sous le poids de mon équipement, j'ai senti tout mon courage me quitter et céder la place à une peur panique. Pourquoi étais-je dans cet enfer ? Je voulais rentrer chez moi, où ces horreurs n'existent pas. Autour de moi, sur le visage de mes compagnons, j'ai lu la même épouvante.

conseil

Veille à la présentation du dialogue : guillemets au début et à la fin, tirets pour signaler un changement d'interlocuteur.

[Le dialogue] Un petit homme tout noir de boue nous a regardés venir vers lui sans sourire. Il nous a expliqué ce qu'il fallait faire :

« L'affrontement a été terrible ce matin. Les Boches n'ont pas cessé une seconde de nous mitrailler. Il y a plein de camarades qui sont tombés, mais tous ne sont pas morts. Allez les chercher et ramenez-les !

– Mais mon lieutenant, comment fait-on pour les ramener ? Comment fait-on pour les porter et tirer en même temps ?

– Tu ne tires pas, tu laisses même ton fusil ici, comme ça tu as les deux mains libres pour les ramener. D'ici, on vous couvrira pour empêcher les Allemands de vous abattre comme des lapins. ».

Il a jeté un œil sur nos visages terrifiés, et ce qu'il y a lu n'a pas dû lui plaire.

« Vous avez peur ! Et vous croyez que ceux qui vous attendent n'ont pas peur peut-être ? Alors faites vos prières si vous voulez, mais allez-y ! Plus vite ! » Et plus doucement, il ajouta : « Ils n'ont que vous… »

Sujet de réflexion

[Introduction] La solidarité désigne l'aide que les gens peuvent s'apporter mutuellement. Les relations entre les individus sont alors renforcées par ces comportements. Cette valeur est-elle suffisamment présente dans notre société, souvent présentée comme individualiste, c'est-à-dire centrée sur l'individu et non sur le groupe ? Nous verrons que la solidarité est présente dans notre société, mais peut-être pas encore suffisamment.

[La solidarité est présente dans notre société…] La solidarité est une valeur que tout le monde apprécie dans notre société. Au sein d'un groupe d'amis, celui qui n'est pas solidaire des autres, qui refuse de partager ses succès ou de prendre en compte les malheurs d'autrui, est vite rejeté. L'acceptation de l'autre et le partage de ce qui lui arrive, bon ou mauvais, est considéré comme essentiel. De la même manière, nombreux sont ceux qui font des dons aux associations. Investir pour la recherche, pour la défense des opprimés et l'aide aux plus démunis est un acte ancré dans les habitudes pour beaucoup.

[… mais elle est limitée] Toutefois, la solidarité telle qu'elle est pratiquée dans notre société est limitée. En effet, il est rare que nous coopérions avec quelqu'un dans le besoin quand cela risque de nous mettre en danger. Si tout le monde s'accorde à dire qu'il est inhumain de laisser des personnes dormir dehors quand les températures sont négatives, rares sommes-nous à leur ouvrir notre foyer. De même, l'admiration pour les héros de la littérature procède du même constat : ils font ce que nous sommes incapables d'effectuer, se mettre en danger pour autrui. Ainsi le personnage de M'Bossolo dans le texte de Gaudé risque sa vie pour mettre le blessé à l'abri, alors même qu'il ne le connaît pas.

[Conclusion] Si les formes de solidarité sont bien présentes dans notre société, elles sont néanmoins limitées : la fraternité disparaît bien souvent quand elle implique un péril. C'est pourquoi nous louons ces héros du quotidien qui sont capables de risquer leur vie pour les autres, redonnant tout son sens à l'adjectif « solidaire ».

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