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Cinéma et patrimonialisation du bassin minier

Étude critique de document

Cinéma et patrimonialisation du bassin minier

2 heures

10 points

Intérêt du sujet • Cette étude de documents s'intéresse au rôle du cinéma dans le processus de patrimonialisation du bassin minier du Nord-Pas-de-Calais.

 

À l'aide des documents et de vos connaissances, vous montrerez en quoi le cinéma a participé à la patrimonialisation d'un site remarquable.

DocumentLes friches minières du Nord-Pas-de-Calais au cinéma

Le cinéma, dans le Nord et le Pas-de-Calais, a accompagné, au moins dans les années 1990, le changement de regard porté sur les friches minières […]. À une époque où la culture a souvent inspiré la reconversion de sites industriels dévastés, les tournages purent participer à la reconversion de ce qui était encore perçu comme un « sous-patrimoine ».

Le cas de Germinal est significatif. Le film [sorti en 1993] s'inscrit dans un contexte de crise économique, sociale, identitaire qui frappe le bassin minier. Si ce basculement brutal conduit à accepter avec fatalité l'effacement des traces du monde d'hier, il incite aussi à la mobilisation de quelques acteurs locaux, dont d'anciens mineurs, qui aspirent à défendre une mémoire du passé minier et des territoires dans lesquels elle se grave. Ce camp des acteurs du patrimoine est rejoint, de manière fortuite, par Claude Berri dont le projet s'inscrit bien dans une logique mémorielle. […]

Le soutien unanime apporté au film à différentes échelles a accéléré le classement du site minier au titre des monuments historiques en 1992. Germinal fut une caisse de résonance pour les militants locaux de la patrimonialisation […]. Le film a également suggéré à ce patrimoine révélé une nouvelle fonction, dans le secteur de l'image, lui garantissant un futur […], Arenberg figurant parmi les cinq grands sites de mémoire qui doivent abriter des pôles économiques et culturels régionaux sur différentes thématiques. […]

Quinze ans plus tard, le cinéma participe à la requalification d'une autre friche minière. La Cité des électriciens, au cœur de Bruay-la-Buissière, dans la partie occidentale du bassin minier. 20 millions de spectateurs la découvrent en 2008 grâce à Bienvenue chez les Ch'tis de Dany Boon. S'y joue l'une des scènes les plus mémorables du film ; elle y est dépeinte comme une cité fantôme en marge de Bergues ; rien ne suggère une quelconque valeur patrimoniale de cet espace en ruines dont les habitants jouent les « marginaux ». […] Pourtant, si Claude Berri est perçu comme un « sauveur » du site et un « père » du projet à Arenberg, le rôle de Dany Boon dans le cas de la Cité des Électriciens est loin de faire consensus.

Nicolas Marichez, « Le cinéma, vecteur de patrimonialisation du bassin minier du Nord et du Pas-de-Calais », site geoconfluences.ens-lyon.fr, 19 mars 2020.

 

Les clés du sujet

Identifier le document

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Comprendre la consigne

Il s'agit ici de rappeler les étapes de la patrimonialisation d'une région industrielle et de comprendre quel rôle le cinéma a pu jouer dans ce processus. Il est néanmoins important de nuancer ce rôle et de présenter les véritables acteurs du projet.

Dégager la problématique et construire le plan

Comment le cinéma peut-il être un outil de la patrimonialisation d'un site ?

Tableau de 2 lignes, 2 colonnes ;Corps du tableau de 2 lignes ;Ligne 1 : I. Coup de projecteur du cinéma sur un patrimoine oublié; Quel rôle les films mentionnés dans le texte ont-ils joué dans la patrimonialisation du bassin minier ?; Ligne 2 : II. Le rôle secondaire du cinéma dans ce processus; Quels sont les autres acteurs du projet mentionnés indirectement dans le texte ?Pourquoi le film de Dany Boon est-il « loin de faire consensus » ?;

Les titres et les indications entre crochets ne doivent pas figurer sur la copie.

Introduction

[Accroche] En 2012, le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais devient un « paysage culturel, évolutif et vivant » remarqué par l'Unesco. [Présentation du sujet] Ainsi, la valeur patrimoniale d'une région aménagée par les hommes, reflet d'une histoire humaine, est reconnue cette année-là. Cet article, publié sur le site de géographie Géoconfluences en mars 2020, évoque ce processus de patrimonialisation du bassin minier et insiste particulièrement sur le rôle que le cinéma a pu y jouer. [Problématique] Ainsi on se demandera comment le cinéma peut être un outil de la patrimonialisation d'un site. [Annonce du plan] Nous montrerons que le cinéma a jeté un « coup de projecteur » sur un patrimoine oublié [I] mais que son rôle n'a fait qu'accélérer un processus déjà engagé grâce à l'action de nombreux autres acteurs [II].

I. Coup de projecteur du cinéma sur un patrimoine oublié

1. Le cinéma au service d'un territoire et d'une identité oubliés

Comme l'évoque le texte, le cinéma a permis de changer le « regard porté sur les friches minières » (l. 2-3), c'est-à-dire ces territoires particuliers, délaissés depuis les années 1980 et jugés inesthétiques : terrils, fosses, chevalement, tours d'extraction.

Ces vestiges encombrants sont utilisés comme décors par Claude Berri dans son film Germinal sorti en 1993 et d'anciens mineurs sont engagés comme figurants (l. 10-13). Il s'agit de faire revivre une grève évoquée dans le roman naturaliste d'Émile Zola à la fin du xixe siècle, de raviver cette mémoire du monde ouvrier et de ses luttes.

Le secret de fabrication

N'hésitez pas à apporter des éléments de vos connaissances personnelles (cinéma, lectures…). Cela témoigne de votre culture générale.

2. Le cinéma au service de la muséification et de la reconversion

Le processus de patrimonialisation a été accéléré par le film Germinal, jusqu'au classement du site d'Arenberg : « Le soutien unanime apporté au film à différentes échelles a accéléré le classement du site minier au titre des monuments historiques en 1992 » (l. 16-18). Aussi les décors et les affiches du film sont présents sur le site et celui-ci est évoqué par les guides.

Par ailleurs, Wallers-Arenberg est devenu, quelques années après le film, un site dédié aux industries de l'image, territoire de l'innovation dont la reconversion a été accélérée en 2015 : « Le film a également suggéré à ce patrimoine révélé une nouvelle fonction, dans le secteur de l'image, lui garantissant un futur » (l. 19-21).

La Cité des Électriciens, plus vieille cité minière de France, longtemps laissée à l'abandon, sert également de décor au film de Dany Boon, Bienvenue chez les Ch'tis en 2008. Celle-ci est classée aux monuments historiques l'année suivante et sa reconversion est achevée en 2019 : le film a pu ici encore jouer un rôle d'accélérateur de la patrimonialisation. Les corons sont réhabilités en logements sociaux, en lieux touristiques et culturels.

II. Le rôle secondaire du cinéma dans ce processus

1. Une patrimonialisation portée par de nombreux acteurs

La mobilisation de « militants locaux » (l. 18-19) a permis de conserver un patrimoine menacé avant la fermeture de la dernière fosse en 1990. Les premiers musées de la mine ouvrent à la fin des années 1970 de la patrimonialisation.

Dans les années 1990, la patrimonialisation est avant tout portée par des acteurs politiques locaux puis nationaux. En 2000 est créée l'association du bassin minier soutenue par l'État qui classe 69 sites miniers sur l'Inventaire supplémentaire des Monuments historiques. Ces mesures favorisent le classement du bassin minier au patrimoine mondial de l'Unesco en 2012.

2. Une image cinématographique qui divise

Si Claude Berri est considéré comme un « sauveur » à Arenberg, il n'en est pas de même pour Dany Boon à la Cité des Électriciens. Même si le film a contribué à populariser toute la région des Hauts-de-France et à y relancer le tourisme, il « est loin de faire consensus » (l. 34) car il a aussi donné une image assez négative de la cité minière et surtout de ses habitants.

à noter

Le film Bienvenue chez les Ch'tis n'est pas évoqué dans le projet de réhabilitation de la Cité des Électriciens et Dany Boon n'a pas été invité à l'inauguration.

La patrimonialisation du bassin minier par l'Unesco a redonné une fierté à ses habitants. Ceux-ci sont désormais soucieux de l'image de leur passé et de leur identité véhiculée par le cinéma et s'avèrent désormais plus exigeants.

Conclusion

[Réponse à la problématique] Le cinéma français a bien accompagné la mise en valeur du patrimoine industriel minier, mais il n'en a pas été l'instigateur principal. Il a accéléré, ici plus qu'ailleurs, un processus déjà engagé à l'échelle nationale, celui de la reconnaissance d'un nouveau type de patrimoine. [Ouverture] Aujourd'hui le passé industriel du lieu reste vivant, il s'adapte pour concilier nouveaux aménagements, nouvelles activités et préservation de l'identité et du bâti miniers.

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