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Climats et dioxyde de carbone

Sujet spécimen 2021 n° 1 • Exercice 1

Climats et dioxyde de carbone

1 h 30

7 points

Intérêt du sujet • Ce sujet amène à réfléchir sur l'importance de la concentration de l'atmosphère en CO2 en tant que facteur déterminant du climat, à différentes échelles de temps. Votre compréhension du cycle du carbone est mobilisée.

 

Depuis le début du Paléozoïque, la température globale n'a cessé d'évoluer et ce, à différentes échelles de temps.

 Montrer que les variations du taux de CO2 atmosphérique et les perturbations du cycle du carbone depuis le Paléozoïque jusqu'à l'actuel permettent d'expliquer en partie l'évolution de la température mondiale.

Vous rédigerez un texte argumenté. On attend des expériences, des observations, des exemples pour appuyer votre exposé et argumenter votre propos.

 

Les clés du sujet

Étape 1. Comprendre le sujet

L'effet de serre est un facteur clé de la température de surface. Vous devez mettre en évidence la corrélation entre les variations de la température globale et celles de la teneur en CO2.

L'introduction évoque la variation de la température mondiale « à différentes échelles de temps ». Il faut mobiliser vos repères chronologiques. Le Paléozoïque (l'ère primaire) débute il y a 540 Ma (millions d'années) et se termine il y a 250 Ma. S'ensuivent le Mésozoïque (ère secondaire), puis le Cénozoïque il y a 65 Ma (ères tertiaire et quaternaire). À ces échelles, on ne s'intéresse pas aux variations fines de la température ou de la teneur en CO2 atmosphérique, estimées avec des incertitudes. En revanche, les données des glaces antarctiques permettent l'étude des variations climatiques du Quaternaire à l'échelle des milliers d'années.

L'expression clé « perturbations du cycle du carbone » désigne les variations dans les échanges de carbone entre ses différents réservoirs, dont l'atmosphère. Vous devez décrire les phénomènes géologiques qui ont fait varier la concentration en CO2. Les réservoirs et les mécanismes impliqués diffèrent selon l'échelle de temps considérée.

Étape 2. Construire la réponse

Tableau de 3 lignes, 2 colonnes ;Corps du tableau de 3 lignes ;Ligne 1 : I. Température globale, concentration en CO2 et cycle du carbone à l'échelle des millions d'années; Présentez l'évolution de la teneur en CO2 et de la température au cours des derniers 540 Ma.Montrez que ces évolutions sont liées à des variations dans les flux du cycle du carbone à l'échelle des millions d'années.; Ligne 2 : II. Variations de la température et de la concentration en CO2 à l'échelle des milliers d'années; Présentez les cycles climatiques des derniers 800 000 ans et les variations de la concentration en CO2 durant la même période.Expliquez l'origine des perturbations du cycle du carbone durant cette période.Montrez comment ces perturbations ont affecté la concentration en CO2 et donc la température mondiale.; Ligne 3 : Conclusion; Faites une synthèse des conclusions partielles.Évoquez les perturbations du cycle du carbone engendrées depuis l'ère industrielle et leurs conséquences sur le climat.;

Introduction

Depuis 540 millions d'années, les climats de la Terre et sa température moyenne ont changé à plusieurs reprises. Parmi les facteurs qui régissent la température moyenne de la Terre, il y a l'effet de serre, sans lequel la Terre serait actuellement à – 18 °C au lieu de +15 °C. Nous allons montrer que les variations de la concentration en CO2, un gaz à effet de serre, sont corrélées à celles de la température globale. Nous montrerons par ailleurs qu'elles résultent de plusieurs phénomènes géologiques, impactant le cycle du carbone différemment suivant l'échelle de temps considérée.

I. Température globale, concentration en CO2 et cycle du carbone à l'échelle des millions d'années

A. Variations de la température globale et de la teneur en CO2 atmosphérique depuis 540 Ma

1. Durant le Paléozoïque (– 540 à – 250 Ma)

La première moitié du Paléozoïque (– 540 à – 400 Ma) est une période chaude. La concentration en CO2 de l'atmosphère était 15 à 20 fois supérieure à la concentration préindustrielle.

Le conseil de méthode

Placez des repères chronologiques tout au long de votre exposé. Vous devez connaître la température et les valeurs approximatives de la teneur en CO2 de l'atmosphère des différentes ères.

Rappelez-les, sans entrer dans les détails, en prenant comme référence les valeurs de l'ère préindustrielle (280 ppm en 1800).

Le climat de la deuxième moitié du Paléozoïque est caractérisé par un refroidissement, qui atteint son maximum vers – 300 Ma. Ainsi, à la fin du Carbonifère et au début du Permien (– 290 Ma), une calotte glaciaire recouvrait les continents Amérique du Sud, Afrique, Inde, Australie, Antarctique, regroupés en un seul, le Gondwana, situé autour du pôle Sud. Toutefois, les continents de l'hémisphère nord situés près de l'équateur bénéficiaient d'un climat chaud et humide.

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Les continents du Gondwana se sont trouvés successivement proches du pôle Sud, du Carbonifère au Permien, et gardent des traces (roches striées, moraines) de calotte polaire.

La concentration en CO2 de l'atmosphère a constamment baissé à partir de – 400 Ma pour atteindre un minimum, au plus fort de la glaciation, aux alentours de – 300 Ma. Elle était alors proche de la concentration préindustrielle, voisine de 300 ppm. Elle réaugmente à la fin du Permien, dernière période du Paléozoïque, et la calotte glaciaire disparaît.

2. Durant le Mésozoïque (– 250 à – 65 Ma)

Le Mésozoïque est une ère chaude. La température moyenne était une dizaine de degrés plus élevée que l'actuelle et la concentration atmosphérique en CO2 était entre trois et cinq fois plus élevée que celle de la période préindustrielle.

3. Durant le Cénozoïque (– 65 Ma à l'actuel)

Pendant la première moitié du Cénozoïque, le climat chaud présent au Mésozoïque persiste. La concentration atmosphérique en CO2 est au moins trois fois supérieure à celle de la période préindustrielle.

Vers – 34 Ma, à la transition Éocène-Oligocène, il y a une nette baisse de la teneur en CO2, associée à un refroidissement marqué par le début de l'englacement de l'Antarctique, alors centré sur le pôle Sud.

Vers – 2,5 Ma, c'est au tour des hautes latitudes des continents de l'hémisphère nord d'être recouvertes de glace. La concentration en CO2 atteint une valeur de 300 ppm il y a 2,5 Ma, valeur qui ne sera plus dépassée jusqu'au début de l'industrialisation.

4. Bilan

Durant les derniers 540 Ma, il existe une concordance entre les variations de la température globale et celles de la concentration en CO2. Ainsi, les minimums de la concentration en CO2 coïncident avec les périodes glaciaires, celle du Carbonifère-Permien et celle des derniers 3 Ma. Inversement, les périodes chaudes sont celles où la concentration en CO2 était nettement supérieure à la teneur actuelle (> 1 000 ppm).

Cette corrélation confirme que les variations de la concentration en CO2, en agissant sur l'intensité de l'effet de serre, ont déterminé les variations de température à l'échelle des millions d'années. Cela ne signifie pas cependant qu'elles ont été le seul facteur agissant sur le climat.

à noter

Les variations de l'albédo (liées au déplacement des continents) et celles de l'insolation comptent aussi.

Pour expliquer les variations de la concentration en CO2 et donc celles de la température, il faut considérer les perturbations du cycle du carbone.

B. Perturbations du cycle du carbone à l'échelle des Ma

1. Le cycle du carbone à l'échelle des millions d'années

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Figure 1. Les flux du cycle du carbone à l'échelle des millions d'années

Les atomes de carbone sont contenus dans différents réservoirs. Ces réservoirs sont présentés dans la figure ci-avant, ainsi que les flux qui font varier la teneur en CO2 atmosphérique, à l'échelle des millions d'années.

Deux flux font baisser la concentration en CO2 de l'atmosphère à cette échelle de temps. Le premier correspond à l'altération des roches riches en minéraux silicatés (granite, gneiss, basalte). Dès que des reliefs se créent, ils sont immédiatement érodés, ce qui correspond à une destruction mécanique des roches, et altérés chimiquement par l'eau de pluie et de ruissellement. L'eau qui ruisselle et stagne parfois dans le sol et le sous-sol est chargée en CO2. Le CO2 et les ions H + dissous réagissent avec les minéraux silicatés, riches en calcium, ce qui forme des argiles et libère des ions Ca2+ et HCO3. Entraînés par les rivières et les fleuves jusqu'aux océans, ces ions précipitent ensuite sous forme de roches calcaires (CaCO3). Le bilan de l'altération des silicates associée à la précipitation des carbonates dans les océans piège, sous forme de CaCO3, une molécule de CO2 par molécule de silicate altérée.

à noter

Vous pouvez écrire les réactions chimiques si vous les maîtrisez.

Le deuxième flux à l'origine d'une baisse de la teneur en CO2 à l'échelle des millions d'années correspond à la formation des roches carbonées par piégeage des matières organiques. Ce piégeage abaisse la concentration en CO2 car il empêche la restitution à l'atmosphère du CO2 qui a servi à la synthèse des matières organiques (photosynthèse).

Un flux assure le transfert du CO2 du réservoir mantellique à l'atmosphère, le volcanisme. À l'échelle des millions d'années, la concentration en CO2 de l'atmosphère dépend de l'intensité relative des deux flux qui soutirent le CO2 de l'atmosphère et de celui résultant des éruptions volcaniques, qui en apporte.

2. Perturbations du cycle du carbone et baisse de la concentration en CO2 au Carbonifère et au Cénozoïque

La baisse de la teneur en CO2 durant le Carbonifère s'explique par la formation des chaînes de montagnes de la Pangée (orogenèse hercynienne, dont les traces actuelles sont les massifs cristallins de l'Amérique du Nord et de l'Europe). De même, la baisse durant le Cénozoïque, à partir de la transition Éocène-Oligocène, s'explique par la formation des chaînes alpines et surtout de l'Himalaya. L'altération des reliefs formés, favorisée de plus par un climat chaud et humide lié à leur position intertropicale et un couvert forestier important, a piégé de grandes quantités de CO2 atmosphérique dans les carbonates des océans.

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Le terme « Carbonifère » fait référence aux importants gisements de charbon datés de cette époque.

Le piégeage des matières organiques a été particulièrement important durant la fin du Dévonien et bien plus encore durant le Carbonifère. À cette époque, les continents situés entre les tropiques, soumis à des climats chauds et humides, étaient pour la première fois colonisés par une végétation arborée. C'est la période des fougères arborescentes. Ainsi, d'importants gisements de charbon se forment par enfouissement et transformation des matières organiques de la forêt houillère, préservées de la décomposition.

La figure 2 schématise les mécanismes de la perturbation du cycle du carbone au Carbonifère qui expliquent la baisse de la température durant cette période.

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Figure 2. Piégeage du carbone dans les réservoirs des roches carbonées et calcaires au Carbonifère

3. Perturbations du cycle du carbone et climat chaud au Mésozoïque

Au Mésozoïque, un volcanisme important, lié à la dislocation de la Pangée, a libéré de grandes quantités de CO2 dans l'atmosphère. Ce volcanisme est celui ayant lieu à l'axe des dorsales océaniques, aux zones de subduction, aux points chauds. Au Crétacé en particulier, la vitesse d'expansion des océans a été forte, ce qui traduit une forte activité volcanique à l'axe des dorsales.

La figure 3 schématise les mécanismes de la perturbation du cycle du carbone au Mésozoïque qui expliquent la hausse de la température durant cette période.

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Figure 3. Bilan du cycle du carbone au cours du Mésozoïque

II. Variations de la température et de la concentration en CO2 à l'échelle des milliers d'années

A. Les cycles de température glaciaire-interglaciaire

Depuis 3 Ma, nous sommes dans une période glaciaire, définie par l'existence permanente de calottes glaciaires, notamment celle de l'Antarctique, mais son intensité a varié. L'analyse du δ18O des glaces de l'Antarctique depuis 800 000 ans a montré l'existence de cycles climatiques d'une durée approximative de 100 000 ans. Chaque cycle comprend une longue période de refroidissement lent, dite « période glaciaire », qui dure environ de 80 000 à 90 000 ans, et une phase de réchauffement rapide, dite « période interglaciaire », qui dure de 10 000 à 20 000 ans. La dernière « période glaciaire » s'est traduite il y a 20 000 ans par l'extension maximale des calottes glaciaires de l'Amérique du Nord et de l'Europe. La « période interglaciaire » actuelle a débuté il y a 12 000 ans.

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Une période glaciaire est définie par la permanence de la calotte antarctique. Mais on parle également de « période glaciaire », par opposition à la « période interglaciaire », dans un cycle climatique.

L'analyse de la composition des bulles d'air emprisonnées dans les glaces de l'Antarctique a permis de connaître la concentration en CO2 depuis 800 000 ans. Elle présente des variations calquées sur celles de la température : un maximum de 280 ppm durant un épisode interglaciaire, et un minimum de 200 ppm au maximum de la glaciation. Cette corrélation suggère qu'à cette échelle des milliers d'années les variations de la concentration du CO2 ont pu influencer l'évolution de la température.

B. Perturbations du cycle du carbone qui expliquent la corrélation CO2-température

Alors qu'à l'échelle des millions d'années les phénomènes géologiques ont impacté la température mondiale en modifiant fortement la concentration en CO2 de l'atmosphère, à l'échelle des milliers d'années, ce sont d'autres mécanismes, les variations périodiques des paramètres orbitaux, qui sont en cause. En faisant varier l'intensité de l'énergie solaire reçue à la surface de la Terre, ils ont déclenché des changements dans la température de surface. Par ce fait, ils ont perturbé le cycle du carbone à court terme en entraînant des modifications dans les échanges de CO2 entre le réservoir atmosphérique et le réservoir océanique.

En effet, le CO2 est un gaz dont la solubilité dans l'eau augmente lorsque la température des eaux océaniques de surface diminue. Au cours d'un refroidissement d'origine astronomique, le CO2 passe donc de l'atmosphère dans les eaux océaniques, ce qui diminue sa concentration et baisse l'effet de serre. Cela amplifie le refroidissement. C'est l'inverse au cours d'un réchauffement. Ainsi, les variations du CO2 ne déclenchent pas la variation de température mais l'amplifient.

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Figure 4. Renforcement de la variation climatique initiée lors du passage d'une période glaciaire à une période interglaciaire et vice versa

Conclusion

À différentes échelles de temps, il existe une corrélation entre les variations de la teneur en CO2 de l'atmosphère et celles de la température mondiale.

Les perturbations du cycle du carbone, c'est-à-dire les variations dans les flux entre le réservoir atmosphérique et les autres réservoirs, ont impacté la concentration en CO2 atmosphérique à l'échelle des millions d'années et ont ainsi modifié l'effet de serre, donc le climat. Ces variations sont liées à la tectonique des plaques.

En revanche, au cours des 800 000 dernières années, si les variations du CO2 n'ont pas été le facteur déclenchant de l'alternance période glaciaire-période interglaciaire, elles ont amplifié les changements climatiques initiés par les variations périodiques de l'insolation.

Depuis 10 000 ans, nous sommes dans une période interglaciaire durant laquelle la concentration en CO2 est restée à peu près stable autour de 280 ppm. Mais depuis près de trois cents ans, on constate une augmentation continue de la concentration en CO2 due à des perturbations du cycle du carbone engendrées par les activités humaines : combustion des charbons et pétroles, calcination des calcaires pour faire des ciments, déforestations. Le dérèglement du cycle du carbone, à une vitesse inégalée dans le passé, est responsable de l'augmentation de près de 1 °C de la température mondiale moyenne, et davantage pour les régions des hautes latitudes, en moins d'un siècle, ce qui entraîne des changements climatiques sur l'ensemble des continents.

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