Annale corrigée Sujet d'oral

Comment ont évolué les mémoires de la guerre d'Algérie en France ?

Sujet d’oral

Comment ont évolué les mémoires de la guerre d’Algérie en France ?

présentation, suivie d’un entretien

20 min

20 points

Intérêt du sujet • L’étude de ce sujet permet de mettre en lumière l’articulation entre histoire et mémoires qui constitue un des grands enjeux du thème 3 du programme. De plus, il porte sur une question d’une brûlante actualité.

 

1. Présentation d’une question 10 min

Les titres en couleur mettent en évidence la structure de la présentation.

Introduction

[Accroche] Le 13 septembre 2018, le président de la République Emmanuel Macron reconnaît officiellement la responsabilité de l’armée française dans l’exécution de Maurice Audin, militant communiste favorable à l’indépendance de l’Algérie, en 1957. Il met alors fin à soixante-dix années d’occultation officielle d’un crime d’État. [Présentation du sujet] Cet évènement soulève la question des mémoires de la guerre d’Algérie, c’est-à-dire des souvenirs que différents groupes ou communautés ont gardés du conflit. [Problématique] C’est pourquoi nous nous efforcerons de répondre à la question suivante : comment ont évolué les mémoires de la guerre d’Algérie en France ? [Annonce du plan] Après deux décennies d’amnésie officielle (années 1960-1970) [I], on assiste à un réveil des mémoires (années 1980-1990) [II], puis à une reconnaissance progressive du conflit (à partir de 1999) [III].

I. Un conflit occulté (années 1960-1970)

Au lendemain des accords d’Évian (18 mars 1962) qui mettent fin à la guerre d’Algérie, le général de Gaulle veut tourner la page au nom de l’unité nationale. En effet, le conflit a affaibli la puissance du pays et a profondément divisé l’opinion publique entre les partisans de l’Algérie française et ceux de l’indépendance du territoire algérien.

En 1968 est votée une loi d’amnistie qui permet aux membres de l’OAS de sortir de prison ou de rentrer d’exil. Le livre d’Henri Alleg (La Question) dénonçant l’usage de la torture par l’armée française est interdit depuis 1958.

à noter

L’OAS (Organisation armée secrète) est une organisation terroriste fondée par des militaires partisans de l’Algérie française.

Cependant, les pieds-noirs et les harkis sont en quête de reconnaissance : en 1970, une loi indemnise les rapatriés d’Algérie pour les biens laissés sur leur terre natale ; en 1974-1975, les harkis se soulèvent pour dénoncer leurs conditions de vie dans les cités d’accueil.

II. Le réveil des mémoires (années 1980-1990)

Les années 1980 sont marquées par la percée électorale du Front national, nostalgique de l’Algérie française et hostile à l’immigration. Les tensions liées au conflit algérien sont alors réactivées chez la deuxième génération des différentes communautés (pieds-noirs, harkis, immigrés algériens).

La guerre d’Algérie fait l’objet d’un regain d’intérêt : en 1983, la question entre dans les programmes de lycée ; en 1991, l’historien Benjamin Stora publie La Gangrène et l’oubli : la mémoire de la guerre d’Algérie.

III. Un conflit reconnu (depuis 1999)

En 1999, une loi reconnaît l’existence d’une guerre d’Algérie : c’est la fin de trente-sept années d’« amnésie officielle ». En 2003, une journée d’hommage national aux morts pour la France en Afrique du nord est fixée au 5 décembre.

Grâce à un accès plus facile aux archives depuis 2001, des historiens comme Guy Pervillé et Raphaëlle Branche renouvellent l’histoire de la guerre.

à noter

La loi sur les archives publiques impose un délai de 60 ans pour la consultation des documents classés « secret défense ».

Cependant, le débat public est marqué par une « guerre des mémoires » : ainsi, en 2010, le film Hors-la-loi de Rachid Bouchareb, qui dénonce la répression des émeutes de Sétif, provoque la colère des pieds-noirs.

Conclusion

[Bilan] Ainsi, les mémoires de la guerre d’Algérie en France ont connu une évolution en trois étapes : d’une période d’amnésie officielle, on est passé à un réveil des mémoires, puis à une véritable « guerre des mémoires » liée à la reconnaissance officielle du conflit.

[Ouverture] La multiplication des initiatives mémorielles du président Macron depuis 2021 fait débat aujourd’hui : ne contribue-t-elle pas à entretenir la « guerre des mémoires » ?

2. Échange avec le candidat 10 min

Voici des exemples de questions que le jury pourrait poser à la suite de votre présentation et des pistes de réponses. N’oubliez pas que l’on peut vous interroger sur d’autres thèmes du programme.

Quel est le rôle de Benjamin Stora dans l’étude des mémoires de la guerre d’Algérie ?

Benjamin Stora a été pionnier dans l’histoire des mémoires de ce conflit. Ainsi, en collaboration avec des historiens algériens comme Mohammed Harbi, il a publié un ouvrage de synthèse intitulé La Guerre d’Algérie 1954-2004 : la fin de l’amnésie. C’est pourquoi, en 2020, il a été chargé par le président de la République Emmanuel Macron d’un rapport sur les « questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie ».

Quelle autre période historique a donné lieu à une évolution comparable des mémoires ?

On peut penser au régime de Vichy et à ses responsabilités dans la Shoah. Après une période d’amnésie officielle, les travaux des historiens comme Robert Paxton ou Henry Rousso ont nourri le débat public et poussé la France à reconnaître les crimes de l’État français par la voix du président de la République Jacques Chirac en 1995.

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