Intégration, conflit, changement social
Corrigé
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ENS. SPÉCIFIQUE
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France métropolitaine • Juin 2013
La vague de grèves de mai-juin 1968 constitue ce que le politologue René Mouriaux a appelé « le plus grand mouvement social de l'histoire française au
Les négociations de Grenelle et celles qui les ont suivies dans les branches [professionnelles] et les régions aboutissent à une augmentation de 35 % du salaire minimal et de 10 % des autres salaires, à une diminution du ticket modérateur
L'impact de la vague de grèves de 1968 est beaucoup plus fort sur le long terme. Par les mouvements de femmes et les mouvements écologistes qui en sont issus, elle a transformé les rapports masculin-féminin et ville-environnement. Les changements qu'elle a entraînés dans l'attitude des individus à l'égard des structures existantes, de l'ordre social et culturel n'ont pas peu contribué à la modernisation de la société française et aux bouleversements politiques qui ont caractérisé les décennies 1970 et 1980.
« Le conflit social », Patrick Fridenson, dans Histoire de la France, les conflits, André Burguière, Jacques Revel, (sous la direction de), [1990], 2000.
Nous avons vu qu'un conflit, à l'intérieur d'un groupe, peut contribuer à créer son unité, ou à ramener l'unité et la cohésion lorsque celles-ci ont été menacées par des sentiments hostiles et opposés parmi ses membres. […] Les conflits sociaux internes, qui concernent des valeurs
Le conflit, qui a pour objectif de résoudre la tension entre les antagonismes, a des fonctions stabilisantes sur les relations. En permettant l'expression immédiate et directe des revendications rivales, de [telles sociétés] peuvent améliorer leurs structures en éliminant les sources de mécontentement. Les conflits multiples qu'ils mènent servent à […] établir l'unité. […] Ces systèmes bénéficient d'un important mécanisme de stabilisation.
Les fonctions du conflit social, Lewis A. Coser, 1956.
Négociation collective, signature d'accords collectifs et grèves dans les entreprises en 2008 (en %)
Taille des entreprises | Négociations engagées | Aboutissement des négociations : entreprises ayant signé un accord parmi celles ayant négocié | Grèves : entreprises ayant connu un arrêt de travail | |
---|---|---|---|---|
Entreprises ayant négocié (rappel 2007) | Salariés concernés | |||
Ensemble | 16,8 (14,5) | 63,9 | 79,1 | 2,4 |
De 10 à 49 salariés | 9,1 (7,2) | 11,4 | 74,5 | 0,8 |
50 à 199 salariés | 42,9 (58,6) | 48,0 | 78,6 | 5,4 |
200 à 499 salariés | 76,7 (76,5) | 78,3 | 86,2 | 16,0 |
500 salariés et plus | 93,6 (92,8) | 97,4 | 89,6 | 38,8 |
Source : Emplois et salaires, INSEE, Édition 2011.
Entrer dans le sujet
- Les conflits sociaux désignent l'opposition, parfois violente, entre acteurs sociaux, auteur d'enjeux qui concernent la collectivité tout entière.
- La cohésion sociale est une situation dans laquelle les membres d'un groupe ou d'une société sont liés entre eux par un ensemble de relations sociales et de normes collectives qui participent à assurer son unité. La cohésion d'une société résulte du triple processus de socialisation, d'intégration et de régulations sociales.
Comprendre les documents
Document 1
Le texte insiste sur quelques effets des grèves de mai-juin 1968. Ce conflit social a tout d'abord permis que s'engagent des négociations à l'issue desquelles des avancées sociales ont eu lieu. Ensuite, ce mouvement a contribué à modifier durablement l'ordre social et culturel par la reconnaissance de certains mouvements (féministes, écologistes) et groupes sociaux, ce qui contribue à leur intégration sociale et en conséquence, renforce la cohésion sociale.
Document 2
Le texte montre d'une part que les conflits sociaux renforcent la cohésion interne des groupes qui les mènent. L'opposition, l'adversité sont autant d'éléments source d'une plus forte solidarité entre les membres d'un groupe. D'autre part, le document met en évidence le caractère paradoxalement stabilisant des conflits sociaux. En effet, les conflits participent au processus de régulation sociale par l'émergence de nouvelles normes favorables à la cohésion sociale.
Document 3
Le tableau met en évidence une relation positive entre la proportion d'entreprises ayant connu un arrêt de travail et la proportion d'entreprises ayant tout d'abord engagé des négociations puis ayant signé un accord.
Définir le plan
En introduction, vous définirez les notions de conflits sociaux et de cohésion sociale. Dans votre développement, vous montrerez que les conflits sociaux favorisent la cohésion sociale car ils sont un moyen d'intégration sociale et ils renforcent les liens entre groupes sociaux aux intérêts divergents.
Introduction
Les
I. Les conflits sociaux sont facteur d'intégration sociale
- La participation à un conflit social exprime une volonté de marquer son appartenance à des
normes etvaleurs caractéristiques d'ungroupe social . L'opposition, l'adversité sont autant d'éléments source d'une plus forte solidarité entre les membres d'un groupe. Un conflit social est donc un moyen de renforcer les liens de soutien et d'entraide entre les membres d'un groupe, et donc de conforter sa cohésion autour d'objectifs communs (document 2). En outre, l'action collective est un moment desocialisation important au cours duquel les membres d'un collectif intériorisent desnormes et desvaleurs collectives et développent unsentiment d'appartenance . Ainsi, le mouvement de mai 1968 aurait contribué à créer une « génération 1968 » (document 1). - De même, les conflits du travail sont un moyen pour renforcer la
solidarité au sein de l'entreprise entre les salariés, notamment au sein des grandes entreprises (document 3). Ainsi, selon Marx, la prise de conscience de leursintérêts communs permet aux ouvriers de se constituer en une véritableclasse sociale .
II. Les conflits sociaux sont source de cohésion sociale
- On observe une relation forte entre la proportion d'entreprises ayant connu une
grève et la proportion d'entreprises ayant engagé unenégociation en 2009 selon différentes branches professionnelles. Globalement, plus la proportion d'entreprises ayant connu une grève est forte plus la proportion d'entreprises ayant engagé une négociation est élevée. Ainsi, 38,8 % des entreprises de 500 salariés et plus ont connu un arrêt collectif de travail et 93,6 % des entreprises de cette taille ont engagé des négociations en 2008, alors que 5,4 % des entreprises de 50 à 199 salariés ont connu un arrêt collectif de travail et 42,9 % des entreprises de cette taille ont engagé une négociation. En outre, on constate une corrélation positive entre la proportion d'entreprises ayant connu un arrêt de travail et le taux d'aboutissement des négociations en accord (document 3). Les conflits sociaux contribuent donc au processus derégulation sociale (processus de production de normes) et à l'émergence decompromis entre des groupes auxintérêts divergents . - Ainsi, de façon paradoxale, les conflits sociaux ont une fonction de
stabilisation et derésolution des oppositions (document 2). Par exemple, mai 1968 a permis que s'engagent des négociations à l'issue desquelles des avancées sociales ont eu lieu et a contribué à modifier durablement l'ordre social et culturel par la reconnaissance de certains mouvements (féministes, écologistes), d'où un renforcement de la cohésion sociale
Conclusion
Les conflits sociaux sont l'expression d'opposition de désaccords entre des acteurs sociaux. Ils contribuent néanmoins à la