La Première Guerre mondiale
histoire
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La Première Guerre mondiale
Des sociétés en deuil
analyse de document
Intérêt du sujet • Des millions de morts, des peuples épuisés, des sociétés entre désir de « plus jamais ça » et mémoire des victimes. L'horreur vécue de 1914 à 1918 a-t-elle suscité un rejet de la guerre ?
Dans quel état d'esprit les populations sortent-elles de la Grande Guerre ? Après avoir analysé le monument du document, expliquez-en le message ; puis montrez qu'il ne traduit pas tous les sentiments de l'époque.
DocumentMonument aux morts de Dardilly (Rhône)
Ph© Langladure/wikipedia CC-3.0
Œuvre réalisée par Félix Dumas et Charles Yrondi en 1920, inaugurée en 1924.
À l'arrière-plan, derrière la femme et l'enfant, se dessine une maison en flammes.
Entre 1918 et 1926, plus de 36 000 monuments aux morts ont été érigés en France.
Le monument figuré sur le document se situe en France. Le sujet n'oblige pas pour autant à traiter exclusivement des populations françaises.
Les clés du sujet
Comprendre la consigne
Le sujet consiste à appréhender un « état d'esprit », autrement dit les sentiments et pensées des populations. Celles-ci ne se limitent pas aux Français, comme le précise la remarque complétant la consigne.
Il faut d'abord interpréter le monument en s'appuyant sur sa description. Expliquez le message qu'il véhicule, puis évaluez-en les limites en évoquant des réactions différentes.
Présenter le document
Organiser sa réponse
Dans une première partie, analysez la sculpture et les inscriptions qui l'accompagnent [I]. Développez ensuite deux parties complémentaires : une pour expliquer le message [II], une autre pour évoquer d'autres réactions [III].

Les titres et les indications entre crochets ne doivent pas figurer sur la copie.
Introduction
[Contexte] Le 11 novembre 1918, la Grande Guerre prend fin. [Problématique] Dans quel état d'esprit les populations en sortent-elles ? [Présentation du document et annonce du plan] Un monument aux morts dressé au début des années 1920 à Dardilly (commune du Rhône), orné d'une sculpture et de deux inscriptions, traduit les sentiments dont les habitants veulent faire mémoire. Après avoir décrit le rejet de la guerre ainsi exprimé [I], nous expliquerons cette réaction [II]. Mais nous verrons qu'elle ne fut pas la seule [III].
Le conseil de méthode
Analyser une image (ici, celle d'un monument) n'est pas une invitation à seulement la décrire, ce qui reviendrait à paraphraser l'œuvre. Il faut traduire ce qui est figuré : « La maison en feu », symbole de destructions ; « la femme et l'enfant », incarnations des victimes innocentes ; « la fraternité des peuples », appel à la paix universelle.
I. Le rejet de la guerre
Au premier plan, le monument figure une femme qui se détourne de l'horreur d'une maison en flammes et cherche à protéger son enfant accroché à sa robe en lui posant la main sur la tête. Ces personnages incarnent les victimes innocentes de la guerre.
Au sommet du monument une inscription s'exprime « contre la guerre ». En invitant à la « fraternité des peuples », elle proclame un désir de paix universelle renforcé par l'autre inscription placée à la base : l'espoir que la paix apaise (« console ») les souffrances subies.
Une couronne de laurier rend hommage aux soldats morts pour la patrie. La commune de Dardilly entend faire mémoire de leur sacrifice.
à noter
Plante aux feuilles toujours vertes, le laurier est symbole de persévérance, de gloire et de reconnaissance. Sa couronne est accordée aux grands hommes.
[Transition] « Plus jamais ça » ! Le monument traduit l'horreur que les habitants de Dardilly ont de la guerre. Comment expliquer une telle réaction ?
II. L'effet d'un bilan effroyable
Le bilan humain de la guerre est terrible : près de 10 millions de soldats morts (1,5 million pour la France, autant pour l'Allemagne) auxquels s'ajoutent près de 9 millions de civils tués et plus de 20 millions de blessés. C'est une hécatombe. Le deuil frappe toutes les familles.
La maison en flammes sur le monument fait référence aux destructions provoquées par les combats et les bombardements : villes et villages dévastés, terres agricoles inutilisables, usines saccagées, mines inondées… L'Europe sort ruinée de la guerre.
La violence des combats, les offensives meurtrières et les pénuries subies à l'arrière ont ébranlé la confiance des populations. Les mutineries et les grèves de 1917 témoignaient déjà du rejet de la guerre durant celle-ci. Le pacifisme réapparaît dès 1915.
[Transition] Les horreurs de la guerre et l'ampleur des dégâts sont tellement traumatisantes qu'elles justifient son rejet. Mais d'autres réactions se sont également manifestées.
III. D'autres réactions
Dardilly rend hommage aux morts. La majorité des monuments commémoratifs figurent un soldat : ils privilégient ainsi la mémoire des hommes tombés au champ d'honneur dont les noms sont désormais gravés à jamais dans la pierre.
à noter
Pratiquement toutes les communes de France ont fait ériger un monument aux morts après 1918.
La guerre a provoqué un phénomène de « brutalisation ». Les soldats survivants sont si marqués par leur expérience des combats qu'ils se montrent agressifs et sensibles à des discours de rejet de l'autre : le « planqué » ou l'ancien ennemi.
Le désir de revanche agite les pays vaincus (l'Allemagne en particulier), ou les déçus des traités (comme l'Italie). D'autres rallient les rangs de luttes révolutionnaires qui ont bouleversé la Russie. Le pacifisme ne s'impose pas. Chez tous, la foi dans le progrès qui marquait le xixe siècle est fortement ébranlée.
Conclusion
[Réponse à la problématique] Les populations sortent profondément choquées de la Grande Guerre. Mais les réactions restent variées, et le monument de Dardilly n'en est pas représentatif. [Ouverture] Quels sentiments s'imposeront au-delà des années 1920 ?