Travail sur le texte littéraire et sur l’image

Compréhension et compétences d’interprétation

▶ 1. a) La Princesse demande à Lélio d’accepter de devenir son premier secrétaire d’État, et donc de remplacer Frédéric.

b) La Princesse dit que Lélio est le meilleur dans tout ce qu’il entreprend et que son mérite l’emporte sur l’ancienneté des autres serviteurs.

c) Lélio oppose à ces arguments que son métier est la guerre et que d’autres conviendraient mieux à cet emploi.

▶ 2. La Princesse manifeste son autorité par des affirmations qu’elle présente comme incontestables, en employant le présent et le futur, et non le conditionnel : « Vous êtes de ces personnages que les souverains doivent s’attacher » (l. 1-2), « Vous faites mieux qu’un autre tout ce que vous voulez faire » (l. 7-8), « La supériorité de mérite doit l’emporter » (l. 13). Elle emploie à deux reprises le verbe « devoir » et le verbe « se soumettre », ce qui met en avant son autorité et l’impossibilité de s’y soustraire. Elle termine en employant le mode impératif : « soyez » (l. 17), « donnez-moi la main » (l. 20-21).

▶ 3. Il s’agit d’un monologue. Il permet de faire connaître aux lecteurs et aux spectateurs les sentiments éprouvés par Frédéric et son dessein d’en savoir plus sur son rival afin de tenter de l’évincer. Il annonce la suite de l’intrigue.

▶ 4. a) Frédéric fait de Lélio le portrait péjoratif d’un « aventurier » (l. 31), d’un homme dont on ne sait rien, un homme « sans nom, sans parents, sans patrie » (l. 24). Il le présente comme un intrigant.

b) Frédéric pense que la Princesse est tombée amoureuse de Lélio, qu’elle a « du penchant pour lui » (l. 28).

c) Arlequin est le valet, le serviteur de Lélio. Frédéric espère pouvoir l’acheter pour obtenir des informations sur son rival.

▶ 5. a) Frédéric reste silencieux au cours de l’échange entre la Princesse et Lélio, car il ne peut s’opposer frontalement à la décision royale : il va devoir agir en secret. Il réfléchit déjà au moyen d’évincer Lélio. Il attend son heure.

b) Il fait paraître son mécontentement, sa souffrance d’être ainsi évincé en laissant entendre qu’il n’a plus la tête à la fête.

c) Je choisirais de mettre Frédéric un peu à l’écart, dans l’ombre, comme une menace. Il doit paraître hostile, voire machiavélique aux spectateurs, sans dévoiler ses noirs desseins aux personnages présents sur scène.

▶ 6. Ce n’est pas ainsi que j’imaginais a priori le personnage : son manteau rouge et le trait de maquillage qui lui traverse l’œil sont peu réalistes et peuvent surprendre. Je le voyais plus austère, vêtu d’un costume sombre, comme un personnage de l’ombre. Cependant, ces choix de mise en scène mettent bien l’accent sur le caractère inquiétant de Frédéric.

▶ 7. La position dominante de Frédéric surplombant Arlequin pauvrement vêtu et la tête baissée, peut laisser croire que le valet est naïf et influençable. Cependant, il y a aussi de l’irrévérence, une certaine insolence dans sa façon de se tenir devant Frédéric, assis en tailleur, insouciant, dans une attitude relâchée. Arlequin ne semble pas impressionné par la stature du personnage qui le domine. Sans doute ne sera-t-il pas une proie facile pour le cynique Frédéric.

Grammaire et compétences linguistiques

▶ 8. a) Frédéric dit que les fêtes ne lui conviennent plus.

b) Frédéric dit que s’il ne vient pas à bout de perdre cet homme-là, sa chute est sûre et qu’un homme sans nom, sans parents, sans patrie, car on ne sait pas d’où il vient, lui arrache le ministère, le fruit de trente années de travail.

c) Frédéric dit qu’il ne peut digérer une aussi bizarre aventure, qu’il ne saurait douter que c’est l’amour qui a nommé ce ministre-là.

▶ 9. a) Lélio, donnez-moi la main pour me conduire à la fête, vous verra-t-on à la fête, Frédéric ?

b) « y » est un pronom adverbial complément circonstanciel de lieu.

▶ 10. a) Il s’agit d’une phrase exclamative.

b) Elle est construite sans verbe : c’est une phrase non verbale, nominale.

Dictée

Lélio, seul. – La Princesse cherche à me connaître, et me confirme dans mes soupçons ; les services que je lui ai rendus ont disposé son cœur à me vouloir du bien et mes respects empressés l’ont persuadée que je l’aimais sans oser le dire. Depuis que j’ai quitté les États de mon père, et que je voyage sous ce déguisement pour hâter l’expérience dont j’aurai besoin si je règne un jour, je n’ai fait nulle part un séjour si long qu’ici ; à quoi donc aboutira-t-il ? Mon père souhaite que je me marie et me laisse le choix d’une épouse. Ne dois-je pas m’en tenir à cette Princesse ? Elle est aimable, et si je lui plais, rien n’est plus flatteur pour moi que son inclination, car elle ne me connaît pas.

Rédaction

Voici un exemple de rédaction sur chacun des deux sujets.

Attention, les indications entre crochets ne doivent pas figurer sur la copie.

Sujet d’imagination

Acte I, scène xiii

Frédéric, Arlequin

[Entrée en matière] Arlequin, se croyant seul. – Ah, enfin un peu de répit ! Pendant que mon maître est à cette fête, je vais pouvoir prendre un peu de bon temps !

Frédéric, à lui-même. – Le voici justement ! Il tombe à point dans mes filets.

Arlequin, apercevant Frédéric. – Qui est donc cet homme qui me regarde avec ce regard inquiétant ?

Frédéric. – Ne serais-tu pas le valet de Lélio ?

Arlequin, à lui-même, inquiet. – Que me veut-il ?

Frédéric, sortant une bourse. – Ton maître est un homme bien mystérieux. Peux-tu m’instruire sur ce qu’il est ?

Arlequin, lorgnant la bourse. – C’est que je n’ai pas pour habitude de trahir mon maître en révélant ce qu’il souhaite cacher.

Frédéric, lui tendant une pièce d’or. – Peut-être cela te déliera-t-il la langue.

[Les révélations] Arlequin, prenant la pièce. – Oui-da, ce ne serait pas une bien grande trahison… Mon maître est fils de roi. Il a grandi dans un château entouré de vastes forêts. C’était un jeune homme heureux, choyé par sa mère, aimé de ses sœurs, instruit dans tous les arts y compris celui de la guerre, sachant manier l’épée et monter à cheval comme les plus grands chevaliers. Malheureusement, nous avons dû quitter cette existence heureuse pour courir le monde…

Frédéric, impatient. – Poursuis donc…

Arlequin, lorgnant la bourse. – C’est que…

Frédéric, lui donnant la bourse. – Alors ?

Arlequin, soupesant la bourse. – Son père a jugé qu’il était en âge de se marier et l’a envoyé par monts et par vaux à la recherche d’une princesse digne de devenir sa femme. Lélio a choisi de cacher son identité : c’est qu’il veut être aimé pour ce qu’il est et non parce qu’il est prince.

[Conclusion] Frédéric, songeur, à lui-même. – Cet aventurier, le fils d’un roi ? Voilà qui demande réflexion et vient changer mes plans.

Sujet de réflexion

[Introduction] Pour être apprécié des autres, est-il préférable de garder une part de mystère, ou l’amitié ne nécessite-t-elle pas de ne rien se cacher ?

[Du danger de tout dévoiler] Tout d’abord, il paraît judicieux de ne pas faire étalage, sur les réseaux sociaux notamment, de sa vie ou de sa richesse pour éviter d’attirer, comme Monsieur Jourdain dans Le Bourgeois gentilhomme de Molière, des profiteurs qui se font passer pour des amis par pur intérêt. Ceux qui mettent en scène leur vie pour se rendre populaires sont souvent entourés d’une cour qui les flatte pour obtenir des faveurs. De plus, ceux qui parlent trop d’eux finissent par lasser leur entourage. Si tout est dit, il ne reste plus rien à découvrir.

[Du danger des secrets] Cependant, garder une part de mystère peut avoir des conséquences inattendues. Le procédé employé par Lélio, cacher son identité pour être sûr d’être aimé pour lui-même, est un ressort théâtral dont Marivaux a beaucoup usé dans ses pièces. Ainsi, dans Le Jeu de l’amour et du hasard, Silvia échange son rôle avec sa servante, Lisette, pour pouvoir observer incognito l’époux que lui a choisi son père. Si l’idée est a priori ingénieuse, cette situation va créer des quiproquos et des rebondissements inattendus, même si tout se termine bien puisqu’il s’agit d’une comédie.

Cacher ce que l’on est réellement peut aussi donner lieu à des déceptions et des malentendus, au risque d’être mal compris. La dissimulation peut être un frein à l’amitié. Un ami véritable se doit d’être un confident à qui l’on peut se montrer tel que l’on est, sans taire ses fragilités. D’ailleurs, les secrets finissent toujours par être révélés et leur découverte peut donner à l’autre le sentiment d’avoir été trahi. C’est pourquoi la franchise est primordiale dans les relations amicales.

[Conclusion] En conclusion, tout en se gardant de faire l’étalage de sa vie, il vaut mieux éviter les mystères et se montrer sincère avec ses amis. Les secrets sont des choses dangereuses qui peuvent détruire une amitié. Cela dit, il n’est pas interdit de cultiver son jardin secret, un endroit rien qu’à soi où inviter un ami si le cœur nous en dit.