Un foyer de conflits
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HISTOIRE
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CORRIGE
France métropolitaine • Septembre 2013
étude critique de document
Allocution télévisée de François Mitterrand, président de la République, le 3 mars 1991
« Mes chers compatriotes,
[…] Le Conseil de sécurité a décidé aujourd'hui même que l'Irak devait renoncer publiquement à ses visées, libérer les prisonniers, aider à identifier les champs de mines et d'explosifs et les lieux où sont dissimulées les armes chimiques et biologiques. Réparer enfin le dommage causé au Koweït
Est-ce trop demander ? Cela ne vaudrait-il pas mieux que la guerre perpétuelle, la mort aux aguets, l'angoisse des jours et des nuits, le risque permanent d'une conflagration générale ? Il me semble que le rôle joué par les Nations unies durant cette crise justifie qu'on leur fasse confiance et qu'elles sauront restaurer ou plutôt instaurer les mécanismes de conciliation et d'arbitrage qui s'imposent pour la prévention et la solution des conflits. D'autres problèmes au demeurant subsisteront dans la région. Droits des minorités, comme celle des Kurdes, protection de l'environnement, partage des ressources, contrôle mutuel des armements, et ce dernier point concerne aussi bien les pays qui vendent des armes que ceux qui les achètent. […] »
Lire la consigne
- La consigne se décompose en deux propositions distinctes. Dans un premier temps, elle invite à identifier les sources (« foyers ») de conflits évoquées par le texte (« à partir des propos de l'auteur ») ou issues de vos connaissances (« les autres facteurs de tension »). Il s'agit ainsi de recenser l'ensemble des problèmes de la région. Dans un second temps, vous devez évaluer la « solution » proposée par l'auteur, démarche qui s'appuiera sur le texte et la note qui l'accompagne, mais qui renvoie aussi à vos connaissances pour une évaluation sur le long terme.
- Par extension, il faudra s'interroger sur les solutions relatives aux tensions préalablement listées. Le « dans quelle mesure » invite à évoquer les limites de ces solutions. Cette locution appelle une approche antithétique. Elle se distingue du « en quoi » qui introduit plutôt une démarche thématique.
Analyser le document
Le document est une allocution télévisée, donc une intervention publique, adressée à tous. L'auteur en est le président de la République française, François Mitterrand, le chef des armées d'un membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU. Il s'exprime trois jours après la fin de la guerre afin de la justifier et de rassurer l'opinion sur ses résultats. Ce document officiel permet d'évaluer la complexité des relations internationales au Proche et au Moyen-Orient.
Organiser la réponse
Recensez d'abord les sources de tension mais, pour mieux coller au texte et jouer sur un changement d'échelle, consacrez une première partie à la crise de 1991 puis exposez les autres facteurs de tension dans un deuxième paragraphe. Dans un troisième temps, évaluez la solution proposée par l'auteur concernant l'Irak. Ce cas particulier traité, passez à une évaluation plus générale des solutions afin de préparer la conclusion : les intérêts contradictoires sont si imbriqués que Proche et Moyen-Orient restent des foyers de tension explosifs.
Présenter un document
L'exercice consiste à exposer le contexte dans lequel s'inscrit le document, information qui aide à le comprendre il revient aussi à préciser la fonction de l'auteur au moment où il s'exprime. La critique du document dépend de son type : qu'il soit officiel (événement), opinion (témoignage) ou didactique, il faudra lui opposer des connaissances ou avis contradictoires.
Introduction
Conseil
Présenter l'auteur d'un document ne se limite pas à recopier son nom. Précisez ses fonctions au moment où il s'exprime, celles qui donnent du poids ou de l'importance à ce qu'il dit.
Le 28 février 1991, le Koweït est libéré des forces irakiennes qui en ont envahi le territoire six mois plus tôt. Pourquoi cette crise ?
I. La guerre du Golfe de 1991
- En 1990, le problème qui préoccupe la communauté internationale est celui qui l'oppose à l'Irak de Saddam Hussein. La présence au Moyen-Orient des plus importantes
réserves mondiales de pétrole , la matière première la plus convoitée au monde, suscite d'importantes tensions entre les pays. - Pour renforcer sa puissance économique, Saddam Hussein provoque l'invasion du Koweït dont les ressources pétrolières, ajoutées à celles de l'Irak, feraient de ce pays la première
puissance mondiale productrice de pétrole. - L'initiative irakienne brisant le fragile équilibre politique régional, les Nations unies donnent mandat à une
coalition internationale pour rétablir l'intégrité du Koweït. Après de longs mois de négociations, la coalition entre en action.
II. Les autres sources de conflits
Info
Quatre guerres ont opposé Israël aux États arabes voisins : en 1948, en 1956, la guerre des Six jours en 1967 et celle du Kippour en 1973.
- Mais la crise de 1991 s'inscrit dans un environnement où sévissent d'autres facteurs de tension. Comme le rappelle François Mitterrand (fin du 1er paragraphe), les relations entre l'État d'Israël créé en 1948 et ses voisins arabes ou avec les Palestiniens sont à l'origine de
guerres , de soulèvements (les intifadas) ou d'attentats terroristes. La violence affecte de façon chronique les peuples de ces pays. La rareté de l'eau est une autre source de tension entre eux. - Comme François Mitterrand le précise par ailleurs (2e paragraphe), des raisons historiques, culturelles, ethniques ou religieuses compliquent encore la situation, suscitant d'importantes rivalités entre les
minorités (chrétiens et Druzes au Liban, Kurdes en Irak ou Turquie, coptes en Égypte, chiites contre sunnites et inversement…) et les autorités nationales en place. Lecontrôle des lieux saints (Jérusalem, La Mecque, Bethléem) des trois religions monothéistes n'arrange rien, dans la mesure où celles-ci mobilisent les croyants du monde entier, et conduit les pays dont ils sont les ressortissants à s'immiscer dans les affaires intérieures des États de la région.
III. L'impuissance de la communauté internationale
- Pour maintenir l'ordre qui leur convient, chaque pays développe sa puissance militaire et tisse des alliances avec des puissances mondiales. Mais les rapports de force ainsi établis ne font qu'entretenir méfiances et crises.
Info
En 2003, la France (soutenue par la Russie et la Chine) menace d'utiliser son droit de veto contre l'idée d'une intervention de l'ONU en Irak.
- Seule une action de l'ONU semble légitime, sous réserve de trouver les termes d'un consensus. C'est le cas contre Saddam Hussein en 1991, au moment de la chute de l'URSS et de l'affirmation de l'hégémonie américaine. Cette solution n'a toutefois pas été suffisante pour désarmer l'agresseur et intimider les autres acteurs de la région. En 2003, une seconde intervention est mise en œuvre par les États-Unis, sans l'accord de l'ONU cette fois, pour abattre le régime irakien. L'opération n'a pas ramené la paix pour autant.
- Dans le même temps, aucun des autres conflits de la région n'a trouvé de solution durable. Les tensions entre voisins restent vives (à Gaza ou Jérusalem), les troubles chroniques (guerre civile en Syrie), l'insécurité permanente des populations (attentats au Liban début 2014) et la course aux armements (notamment nucléaire pour l'Irak ou l'Iran) perpétuée.
Conclusion
Le Proche et le Moyen-Orient restent ainsi des foyers de conflits si imbriqués et à l'origine de rancœurs si vives que nul ne sait quand ni comment la région trouvera moyen de se pacifier.
Les titres en couleurs servent à guider la lecture et ne doivent en aucun cas figurer sur la copie.