LE GRAND ORAL
Sujet d'oral • Évolution temporelle d'un système
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Sujet d'oral
En quoi le développement de la médecine nucléaire est-il intimement lié à la compréhension de la radioactivité ?
présentation suivie d'un entretien
Intérêt du sujet • Le but est de faire le lien entre les avancées scientifiques depuis la découverte de la radioactivité et les innovations technologiques en matière de diagnostic médical, de radiothérapie et de radioprotection.
1er temps • Présentation d'une question ⏱ 10 min
Les titres en couleurs mettent en évidence la structure de cette présentation.
Introduction
[Accroche] Tout commence à l'Académie des sciences le lundi 24 février 1896 ! Ce jour-là, Henri Becquerel présente sa découverte d'un rayonnement hyperphosphorescent issu de l'uranium. C'est ce sujet que Marie Curie choisit en 1897 pour sa thèse de doctorat. Elle montre les propriétés ionisantes de l'hyperphosphorescence qu'elle renomme radioactivité. [Présentation du sujet] On connaît aujourd'hui ses applications médicales pour diagnostiquer des cancers et les soigner. En quoi le développement de la médecine nucléaire est-il intimement lié à la compréhension de la radioactivité et à sa modélisation ? C'est le sujet de mon exposé, que je vais structurer en deux parties. [Annonce du plan] Premièrement, je parlerai de la naissance de la médecine nucléaire en lien avec les progrès de la physique. Puis, à partir de l'exemple de la tomographie par émission de positons (TEP), j'expliquerai pourquoi la mise en œuvre de cette imagerie nécessite l'utilisation de fluor 18 et j'évoquerai la question de la mesure de la dose à injecter au patient.
Le secret de fabrication
Ce sujet balaie tous les contenus du programme sur la radioactivité. Il impose de débuter par une présentation historique, en citant des exemples marquants. Puis, on choisit de ne développer que la TEP et les propriétés ionisantes des rayonnements.
I. Quelques repères d'histoire des sciences
Ce qui marque les prémices de la médecine nucléaire, c'est la découverte en 1934, par Irène et Frédéric Joliot-Curie, de la radioactivité artificielle. La production de radio-isotopes artificiels permet les premières applications cliniques. Ainsi l'iode 131, radioélément β– de demi-vie 8 jours, est utilisé dès 1942 dans le traitement du cancer de la thyroïde.
Les années 1950-1960, avec l'invention de la gamma-caméra, voient la mise au point des premières scintigraphies. La médecine nucléaire naît officiellement au début des années 1970.
[Transition] La TEP est un bel exemple d'imagerie médicale par injection d'un produit radioactif, en général le fluor 18.
II. Principes de la TEP
Du 18FDG, c'est-à-dire du glucose marqué par du fluor 18, est injecté par voie intraveineuse au patient.
Pourquoi injecte-t-on ce glucose radioactif au patient ? Parce que le glucose est absorbé dans l'organisme par les organes énergivores comme le cerveau et le cœur, mais surtout par les cellules cancéreuses qui ont besoin d'énergie pour se multiplier.
Pourquoi choisit-on le fluor 18 ? Il y a trois raisons essentielles à cela.
conseils
N'hésitez pas à joindre le geste à la parole pour visualiser les directions d'émission des photons, puis l'anneau de capteurs.
Primo, le fluor 18 est un émetteur β+. C'est une condition indispensable pour une TEP car le positon émis lors de la désintégration s'annihile avec un électron des tissus du patient en produisant deux photons γ émis dans des directions opposées. Ces deux photons sont reçus par un système de capteurs disposés en anneau tout autour du patient. Cela permet de localiser précisément la tumeur cancéreuse et d'en obtenir une image en 3D.
Deuzio, la demi-vie du fluor 18 est d'environ deux heures. Cela est assez court pour que le patient ne soit pas exposé aux radiations trop longtemps, et assez long pour la mise en œuvre de la tomographie, qui dure plusieurs heures.
Tertio, le noyau fils issu de la désintégration du fluor 18 est l'oxygène 18 qui un isotope stable. Cela est fondamental pour ne pas accroître la dose d'irradiation du patient.
Et bien justement, comment un préparateur en radiologie fait-il pour savoir quelle dose injecter au patient ? Pour répondre à cette question, je vais utiliser la notion d'activité radioactive. L'activité est la grandeur qui doit être mesurée. Les médecins estiment qu'il faut injecter au patient une activité de 7 MBq par kilogramme de masse corporelle, environ deux heures avant le début de la TEP. Ainsi, pour un patient de 70 kg, il devra injecter une activité de 490 MBq. Cela veut donc dire que le préparateur doit prélever la solution de 18FDG et vérifier par une mesure à l'activimètre (compteur de radioactivité) que l'activité de la solution contenue dans la seringue est conforme à la valeur attendue. Bien évidemment le manipulateur doit réaliser tout cela en se protégeant au maximum des rayonnements ionisants.
Conclusion
[Bilan] Je conclurai mon exposé en pointant l'importance de la recherche fondamentale en physique. C'est grâce aux travaux, de la famille Curie en particulier, sur la radioactivité dès la fin du xixe siècle et jusqu'à la Seconde Guerre mondiale qu'est née la médecine nucléaire. Les techniques de diagnostic du cancer et de radiothérapie ont depuis prodigieusement progressé grâce aux modèles développés par les physiciennes et les physiciens.
[Ouverture] Toutes ces avancées fondamentales et appliquées ont aussi permis d'améliorer la compréhension des dangers liés aux rayonnements ionisants.
2e temps • Échange avec le candidat ⏱ 10 min
Voici quelques-unes des questions que le jury pourrait poser en lien avec votre présentation ainsi que des réponses possibles. N'oubliez pas qu'on peut vous interroger sur d'autres thèmes du programme.
Le neutron a été découvert en 1932, plusieurs années après l'électron et le proton. Comment expliquez-vous cette découverte tardive ?
conseil
Ici, le jury veut vérifier que le candidat a une connaissance précise de la structure de l'atome et de la déviation des particules chargées par un champ électrique.
L'électron et le proton sont des particules chargées : elles peuvent donc être accélérées et déviées par un champ électrique. C'est pourquoi elles peuvent être mises en évidence plus facilement que le neutron, une particule neutre.
Vous avez évoqué la demi-vie radioactive et l'activité radioactive. Comment se définissent ces deux grandeurs ? L'activité est-elle dépendante de la valeur de la demi-vie ?
La demi-vie radioactive est le temps nécessaire pour qu'un nombre N de noyaux radioactifs soit divisé par 2. L'activité A est le nombre de désintégrations par seconde ; elle est proportionnelle au nombre N. La relation entre A et N est : A = λN. D'après la relation , la constante radioactive λ est inversement proportionnelle à la demi-vie radioactive. Par conséquent, l'activité dépend donc de la valeur de la demi-vie. Plus la demi-vie est petite, plus l'activité est grande, autrement dit, plus le nombre de désintégrations par seconde est important.
Les différents types de radioactivité ont-ils tous la même origine ?
Il faut distinguer les radioactivités α, β– et β+ dont l'origine est la désintégration spontanée d'un noyau avec émission d'une particule chargée (noyau d'hélium, électron ou positon) et la radioactivité γ qui résulte de la désexcitation d'un noyau avec libération d'énergie sous forme d'un photon γ associé à un rayonnement électromagnétique de très haute fréquence.