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Espace et océan Arctique

Dissertation

Espace et océan Arctique

2 heures

10 points

Intérêt du sujet • Deux espaces très spécifiques, qu'il faut analyser selon les problématiques du programme, absentes dans l'énoncé. À vous de donner du sens à ce sujet !

 

 Espace et océan Arctique.

 

Les clés du sujet

Analyser le sujet

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Dégager la problématique

Le domaine spatial et l'océan Arctique sont des espaces spécifiques, aux contraintes et aux enjeux comparables. Ce sont des espaces frontières où s'imposent des coopérations et se déploient des rivalités.

Dans quelle mesure les spécificités des domaines arctique et spatial incitent-elles aux coopérations ou aux rivalités géopolitiques ?

Construire le plan

Tableau de 3 lignes, 2 colonnes ;Corps du tableau de 3 lignes ;Ligne 1 : I. Des espaces frontières à l'appropriation délicate; Dans quelles mesure espace et océan Arctique sont-ils des espaces frontières ?Comment sont-ils appropriés par les différents acteurs ?; Ligne 2 : II. Des espaces aux coopérations nécessaires; Quelles sont les coopérations mises en œuvre en Arctique ?Quelles sont les coopérations mises en œuvre dans l'espace ?; Ligne 3 : III. Des espaces aux rivalités croissantes; Quelles rivalités géoéconomiques affectent ces deux espaces ?Quelles sont les rivalités géopolitiques concernant ces deux espaces ?;

Les titres et les indications entre crochets ne doivent pas figurer sur la copie.

Introduction

conseil

Évitez absolument de traiter séparément l'espace puis l'Arctique. Vous devez les aborder ensemble.

[Accroche] Jamais la banquise arctique n'a été aussi réduite en été ! C'est depuis l'espace que les satellites suivent l'évolution de cette zone essentielle au climat mondial. Preuve que l'espace et l'océan Arctique connaissent des interconnexions. [Présentation du sujet] De fait, l'océan Arctique et l'espace sont des milieux particuliers, dont l'appropriation paraît particulièrement complexe. En cela, ils s'opposent particulièrement aux autres milieux accessibles à l'Humanité.

[Problématique] Dans quelle mesure les spécificités des domaines arctique et spatial incitent-elles aux coopérations ou aux rivalités géopolitiques entre les acteurs ? [Annonce du plan] Dans ces espaces frontières à l'appropriation si délicate [I], des coopérations plus intenses qu'ailleurs sont mises en place [II], sans que cela empêche les acteurs d'y déployer des rivalités aussi aiguës qu'ailleurs [III].

I. Des espaces frontières à l'appropriation délicate

1. Des espaces frontières

Espace et océan Arctique présentent des différences manifestes. L'espace peut être défini par la ligne de Karman, soit 100 km au-dessus de la Terre ; l'Arctique est l'océan glacial centré sur le pôle Nord, fermé entre Amérique et Asie par le détroit de Béring et les passages de part et d'autre du Groenland.

L'espace et l'océan Arctique présentent cependant aussi des caractéristiques comparables. Ce sont des milieux à forte contrainte (vide, pression, altitude ou profondeur, froid intense), donc particulièrement hostiles.

Cette hostilité commune explique une présence humaine ténue et marginale : le nombre d'humains simultanément présents dans l'espace ne dépasse pas la dizaine, quelques centaines pour l'océan Arctique. On considère ces espaces comme des espaces frontières.

2. Des espaces en voie de territorialisation

L'appropriation de ces espaces frontières est très progressive et limitée. Mais elle est réelle : en 2007, la Russie a planté au fond de l'océan Arctique un drapeau en titane pour marquer sa présence au pôle Nord ; de même, les Américains ont planté leur drapeau sur la Lune dès 1969.

Les contraintes très élevées et la nécessité de technologies avancées font que seuls de grands acteurs interviennent. C'est vrai dans l'océan Arctique, où les puissances riveraines mènent le jeu, et c'est aussi le cas dans l'espace, dont la conquête s'ouvre à de nouveaux acteurs de poids, comme la Chine.

Les prétentions de chaque acteur ont été encadrées par des conventions internationales. Dans le cas de l'océan Arctique, c'est la convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM), signée en 1982 à Montego Bay. L'espace est régulé par cinq traités, dont le plus connu est celui de 1967, qui interdit son appropriation par les États.

conseil

Détaillez si possible la CNUDM, en expliquant ce que sont les eaux territoriales, la zone contiguë et la zone économique exclusive.

[Transition] Les contraintes physiques imposent donc aux acteurs une certaine coopération, limitent et organisent leur appropriation de l'espace et de l'océan Arctique.

II. Des espaces aux coopérations nécessaires

1. Coopérations dans l'Arctique

Les nouvelles technologies qui permettent la conquête, l'exploitation, la surveillance de l'océan Arctique sont très coûteuses : technologies de forage en mer, de pêche industrielle, de prospection dans des conditions extrêmes.

En Arctique, contrairement aux apparences, la coopération prévaut. Le Conseil de l'Arctique, créé en 1996, rassemble les huit États riverains et des pays observateurs. En 2010, la Norvège et la Russie ont réglé un différend en mer de Barents. Plusieurs acteurs arctiques ont coopéré pour explorer leur plateau continental : le Danemark et le Canada en 2008.

Certaines questions font toutefois débat, notamment celle des accès aux passages et aux détroits : le passage canadien du Nord-Ouest est-il constitué d'eaux territoriales ? Et qu'en est-il du passage russe du Nord-Est ?

2. Coopérations dans l'espace

Les coûts plus élevés encore de la conquête spatiale rendent la coopération nécessaire entre partenaires. De nombreux usages d'équipements spatiaux sont mutualisés : c'est le cas des satellites de télécommunication, qui couvrent le plus souvent plusieurs pays.

La station spatiale internationale (ISS) requiert ainsi la coopération de 15 pays et des infrastructures au sol sur quatre continents. Américains, Russes, Canadiens, Japonais et Européens s'y relaient, pour mener des expériences en apesanteur et accumuler de l'expérience en vol spatial.

Ces coopérations vont certainement s'intensifier avec le développement des usages spatiaux : SpaceX planifie ainsi la mise en orbite de 12 000 satellites pour son accès Internet planétaire à très haut débit, Starlink. Le nombre de véhicules en orbite et de déchets spatiaux corrélatifs entraîne un certain nombre de problèmes qui ne pourront être gérés qu'en commun.

Le secret de fabrication

Il est possible de varier l'agencement du plan : par exemple, on peut analyser successivement l'espace et l'océan Arctique dans la partie II, puis revenir à un plan thématique (rivalités géoéconomiques et géopolitiques) dans la partie III.

[Transition] Ces coopérations ne sont toutefois pas exclusives de rivalités entre les différents acteurs, car les enjeux sont énormes.

III. Des espaces aux rivalités croissantes

1. Rivalités géoéconomiques

Les ressources présentes dans l'océan Arctique sont nombreuses et font l'objet de convoitises croissantes de la part des divers acteurs. L'Arctique est en effet potentiellement riche en ressources, notamment énergétiques : la zone recélerait 13 % des réserves mondiales en pétrole, 30 % en gaz.

Le réchauffement climatique ouvre de nouvelles routes maritimes entre Europe, Amérique du Nord et Asie, sans limitation de gabarit : entre Shanghai et Rotterdam, 3 000 à 5 000 km de moins par rapport à Suez ! C'est toute une recomposition des échanges mondiaux qui pourrait se produire.

Dans l'espace aussi se développent des rivalités géoéconomiques : le développement des technologies spatiales a d'abord des effets d'entraînement ; de nouveaux secteurs économiques se développent : tourisme spatial, services spatiaux (lancement, mise en orbite, etc.), extraction minière…

2. Rivalités géopolitiques

La conquête de ces espaces frontières entraîne évidemment aussi des rivalités géopolitiques. Les États en sont les acteurs privilégiés, mais en nombre restreint. Concernant l'océan Arctique, il s'agit essentiellement des pays riverains, mais de grandes puissances s'y intéressent aussi : la Chine s'est même autoproclamée « État quasi-arctique » ! Seuls quelques puissances ont les moyens de prendre part à la compétition spatiale.

L'océan Arctique est un espace stratégique depuis la guerre froide, zone d'affrontement direct entre les deux super-puissances, avec les deux composantes militaires que sont les SNLE et les ICBM. La Russie remilitarise son Arctique depuis quelques années ; on compte même une base permanente chinoise au Spitzberg !

mots clés

Les SNLE sont les sous-marins nucléaires lanceurs d'engins ; les ICBM sont les missiles balistiques intercontinentaux : tous deux sont des vecteurs de dissuasion nucléaire.

L'espace aussi se militarise. La dimension de prestige est incontestable, comme l'ont démontré la course à la Lune dans les années 1960, et aujourd'hui la course vers Mars. Toutes les grandes puissances ont aujourd'hui une « force de l'espace » et développent leurs armements spatiaux : renseignement, armes antisatellites, systèmes de bombardement depuis l'espace…

Conclusion

[Réponse à la problématique] Espace et océan Arctique sont donc des espaces de conquête spécifiques. Mais quels que soient les problèmes posés aux acteurs par ces milieux extrêmes, quelles que soient les coopérations que leurs caractéristiques extrêmes leur imposent, les rivalités s'y font jour sans plus de retenue. Ces espaces d'interdépendance complexe n'empêchent nullement les jeux de puissance. [Ouverture] Ces deux espaces présentent en effet toutes les caractéristiques des espaces frontières. Sont-ils pour autant les « dernières frontières » de l'Humanité ?

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