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France métropolitaine, septembre 2022
SPRINT FINAL
sesT_2209_07_01C
France métropolitaine, septembre 2022
épreuve composée
Justice sociale • Structure socioprofessionnelle • Croissance soutenable
Intérêt du sujet • Justice sociale, féminisation de la structure socioprofessionnelle et croissance économique soutenable : ces sujets questionnent notre modèle de société. En grande partie élaboré durant les Trente Glorieuses, celui-ci est-il encore adapté au monde d’aujourd’hui et à ses limites sociales, économiques et environnementales ?
Mobilisation des connaissances (4 points) Pouvoirs publics et justice sociale
Présentez un moyen par lequel les pouvoirs publics peuvent contribuer à la justice sociale.
Étude de document (6 points) La féminisation de la structure socioprofessionnelle
▶ 1. À l’aide du document (voir page suivante), caractérisez l’évolution de la structure socioprofessionnelle des femmes entre 1982 et 2020. (2 points)
▶ 2. À l’aide de vos connaissances et du document, vous expliquerez deux évolutions de la structure socioprofessionnelle entre 1982 et 2020. (4 points)
DocumentRépartition de la population active selon la catégorie socioprofessionnelle et le sexe (en milliers et en %), 1982-2020

Source : Insee, enquête « Emploi », 2021.
Champ : France hors Mayotte, personnes en emploi, de 15 ans et plus.
Raisonnement (10 points) Croissance soutenable et limites écologiques
À l’aide de vos connaissances et du dossier documentaire, vous montrerez qu’il existe des limites écologiques à la croissance économique soutenable.
Document 1Évolution du PIB mondial, du PIB mondial par habitant et des émissions mondiales de CO21, de 1960 à 2018

Source : Banque mondiale, 2020.
1. Gaz carbonique dont la concentration accélère le réchauffement climatique.
Document 2Le rapport « Halte à la croissance ? » de 1972
Les années 1970, avec les deux chocs pétroliers et la preuve d’une raréfaction d’un nombre croissant de ressources, vont remettre les préoccupations environnementales au goût du jour. […] Regroupés au sein du Club de Rome, des chercheurs ont publié en 1972 le livre The Limits to Growth1 […]. Ils y affirment que si les tendances actuelles (économiques et environnementales) se perpétuent, beaucoup de ressources naturelles seront épuisées à moyen terme, ce qui limitera, voire empêchera, toute croissance future. En d’autres termes, une croissance exponentielle2 conduit le système à un effondrement à terme puisqu’un nombre de plus en plus important d’individus interagissent économiquement et environnementalement (en exploitant les ressources dont certaines sont épuisables, et d’autres, renouvelables, mais utilisées au-delà de leur capacité de régénération) dans un monde qui, lui, est fini. […]
Dans cette optique, l’environnement, ou le capital naturel, est donc le facteur limitant le développement économique et dont le bien-être humain dépend.
Source : Bertrand Hamaide, Sylvie Faucheux, Martin Neve, Martin O’Connor, « Croissance et environnement : la pensée et les faits », Reflets et perspectives de la vie économique, 2012.
1. La traduction française du titre est « Halte à la croissance ? ».
2. Rapide et continue.
Document 3Expansion des forêts et déforestation à l’échelle mondiale (en millions d’hectares par an), 1990-2020
Source : Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, 2020.
Les clés du sujet
Mobilisation des connaissances
Définir les mots clés
Les pouvoirs publics sont les autorités dont la fonction est de faire appliquer les lois et les règlements en vigueur sur un territoire national.
La justice sociale désigne un principe moral et politique qui vise à l’égalité des droits et à la solidarité collective permettant une répartition équitable des richesses.
Les moyens renvoient ici à la façon de procéder pour atteindre la justice sociale. Il faut donc les identifier.
Structurer la réponse
En introduction, nous définirons la justice sociale et listerons les différents moyens mis en œuvre par les pouvoirs publics pour atteindre ce principe.
Puis, à partir de l’exemple de la lutte contre les discriminations faites aux femmes dans l’entreprise, nous montrerons comment les autorités contribuent à assurer l’égalité formelle et réelle des droits.
Étude de document
Définir les mots clés
La structure socioprofessionnelle désigne la façon d’agencer les types d’emplois. En France, on dispose de la nomenclature des professions et catégories socioprofessionnelles (PSC) qui classe la population active en emploi en 6 catégories, selon différents critères : secteur d’activité, qualification, statut, etc.
Les évolutions renvoient ici aux transformations qu’a connues la population active en France depuis 1982.
Comprendre le document
Le tableau, dont la source est l’Insee, présente l’évolution de la population active en emploi en France entre 1982 et 2020 selon deux critères : le sexe et la catégorie socioprofessionnelle (CSP). Les données sont en pourcentage. Par exemple, en 1982, 15,1 % des femmes actives en emploi étaient ouvrières, contre 7,9 % en 2020.
Structurer la réponse à la seconde question
Dans un premier temps, on mettra en évidence le phénomène de féminisation des emplois.
Dans un deuxième temps, on s’intéressera à la hausse de la qualification de la population active.
Raisonnement
Analyser les termes du sujet et mobiliser ses connaissances
Exploiter les documents
Document 1. Les données du tableau incitent à comparer l’évolution du PIB mondial et du PIB mondial par habitant à celle des émissions mondiales de CO2. Existe-t-il une corrélation entre la croissance économique et les émissions de CO2 ? Pourquoi l’évolution des émissions de CO2 remet-elle en cause la croissance soutenable ?
Document 2. Le texte porte sur le rapport présenté en 1972 par le Club de Rome, et intitulé « Halte à la croissance ? ». Il explique que la croissance contemporaine épuise les ressources naturelles, rendant impossible la croissance future. Pourquoi la croissance économique épuise-t-elle les ressources naturelles ? Quelles sont les conséquences pour la croissance soutenable ?
Document 3. Le diagramme en barres étudie l’évolution de l’expansion des forêts et de la déforestation entre 1990 et 2020. Il montre que si la déforestation nette (expansion des forêts moins déforestation) a baissé par rapport à 1990, la déforestation reste toujours supérieure à l’expansion des forêts. Quelles sont les conséquences de la déforestation sur la croissance soutenable ?
Définir les arguments

Mobilisation des connaissances
Les titres des parties ne doivent pas figurer sur votre copie.
Introduction
La justice sociale est le principe moral et politique visant à l’égalité des droits et à la solidarité collective. Il existe différents moyens pour les pouvoirs publics d’y parvenir : par la fiscalité et la protection sociale, par les services collectifs et par la lutte contre les discriminations. Nous envisagerons ici plus particulièrement les mesures prises contre les discriminations faites aux femmes dans l’entreprise.
mot clé
L’égalité des droits correspond à l’égalité des citoyens devant la loi. Elle doit être distinguée de l’égalité des chances (d’atteindre les différentes positions sociales) et de l’égalité des situations (dans les domaines économique et social).
Développement
On désigne par discriminations faites aux femmes tout traitement inégalitaire lié à une stigmatisation négative en raison du sexe de l’individu. Pour lutter contre ces discriminations dans le cadre de l’entreprise, les pouvoirs publics agissent grâce à la loi et à la réglementation.
à noter
Les discriminations peuvent se fonder également sur la couleur de la peau ou encore les préférences sexuelles, amenant les pouvoirs publics à mettre en place des mesures de lutte contre le racisme ou contre l’homophobie.
En 1983, la loi Roudy réaffirme le principe de l’égalité femmes-hommes dans le champ professionnel. Ici, c’est donc la recherche de l’égalité formelle qui est mise en avant.
En 2011, la loi Copé-Zimmermann fixe des quotas de femmes dans les conseils d’administration et de surveillance des entreprises. En 2021, la loi Rixain impose 40 % de femmes cadres dirigeantes d’ici à 2030, sous peine de pénalité financière pour les entreprises. Ces lois vont ainsi plus loin, car en fixant des quotas, elles permettent d’atteindre une égalité réelle.
Conclusion
Pour lutter contre les discriminations faites aux femmes dans l’entreprise, les pouvoirs publics cherchent à changer les comportements par la loi. Aujourd’hui, celle-ci combat ces discriminations par des mesures de discrimination positive (quotas), afin de passer d’une égalité formelle à une égalité réelle.
Étude de document
▶ 1. Selon l’Insee, en 1982, près de la moitié des femmes actives en emploi (46,8 %) étaient des employées contre 39,9 % en 2020 (– 7 points). Mais cette catégorie est celle qui regroupe toujours le plus de femmes actives en emploi.
On lit aussi une augmentation de la part des femmes actives en emploi parmi les professions intermédiaires, de 19,8 % à 29 % (+ 9,2 points) ; et surtout parmi les cadres et professions intellectuelles supérieures, de 4 % à 17,9 %, soit une part qui a quadruplé entre 1982 et 2020.
▶ 2. Les titres des parties ne doivent pas figurer sur votre copie.
Introduction
Le document proposé par l’Insee permet d’illustrer trois tendances de l’évolution de la structure socioprofessionnelle de la France au cours de ces quarante dernières années : féminisation du marché du travail, hausse du niveau de qualification et tertiarisation. Nous choisissons de présenter les deux premières.
Développement
Tout d’abord, nous constatons une féminisation de l’emploi. En effet, entre 1982 et 2020, le nombre de femmes présentes au sein de la population active en emploi est passé de 9 243 000 à 13 110 000 (multiplié par 1,4). Si la catégorie des employées est la plus importante (39,9 % des femmes actives occupées), on observe une forte augmentation de la part des femmes cadres et professions intellectuelles supérieures (CPIS) parmi les femmes actives en emploi (multipliée par 4).
mot clé
La féminisation de l’emploi désigne la hausse significative du pourcentage de femmes sur le marché du travail depuis 1960.
Cette évolution de la structure socioprofessionnelle s’est accompagnée d’une hausse du niveau de qualification moyen de la population active. La croissance, sur la période étudiée, de la part des professions intermédiaires – qui représente désormais un quart de la population en emploi – en témoigne. De plus, la part des CPIS est passée, quant à elle, de moins de 8 % à plus de 20 % de la population active occupée (multipliée par 2,5).
mot clé
La qualification regroupe l’ensemble des savoirs acquis par un individu au cours de sa formation ou de son expérience professionnelle.
Conclusion
Les femmes représentent désormais la moitié de la population active en emploi et le niveau de qualification de celle-ci n’a cessé de progresser, à l’image des CPIS qui représentent 20,4 % de la population active occupée en 2020, contre 7,8 % en 1982.
Raisonnement
Les titres des parties ne doivent pas figurer sur votre copie.
Introduction
De nombreux rapports montrent que la croissance économique est aujourd’hui de moins en moins soutenable. En effet, l’augmentation soutenue et durable des richesses créées mesurée par la variation du produit intérieur brut (PIB) réel risque de compromettre les besoins des générations futures. Pour le montrer, on peut d’abord étudier les effets de la croissance sur l’environnement puis la remise en cause de la croissance soutenable.
I. Les effets de la croissance sur l’environnement
Le secret de fabrication
Commencer par les effets de la croissance sur l’environnement permet de mieux comprendre pourquoi la croissance n’est pas soutenable.
La croissance économique s’accompagne d’émissions de plus en plus importantes de CO2 (document 1). Ce gaz, produit naturellement par les organismes vivants, se retrouve dans l’atmosphère et participe à l’effet de serre. Or, l’activité productrice accroît celui-ci, notamment l’industrie, en consommant de plus en plus de combustibles fossiles comme le pétrole, le charbon ou le gaz naturel. Ces émissions favorisent le réchauffement climatique.
mot clé
Le réchauffement climatique est un processus de transformation du climat qui se traduit par une augmentation des températures moyennes.
La croissance économique implique de plus une surexploitation des ressources naturelles, comme les forêts. Sur la période 1990-2020, la déforestation, c’est-à-dire la réduction de la surface des forêts, est supérieure à leur expansion. Entre 2015 et 2020, elle est même deux fois supérieure à cette dernière (document 3).
II. La remise en cause de la croissance soutenable
La croissance est soutenable si le stock de capitaux transmis aux générations futures reste constant. Dans ce stock, on distingue le capital naturel (ressources naturelles), physique (machines), humain (connaissances, niveau de diplôme des actifs), institutionnel (maintien d’un État de droit). La soutenabilité est qualifiée de faible si l’on peut substituer le capital naturel par d’autres capitaux, forte si ce n’est pas le cas.
Une croissance trop élevée ne permettra plus d’assurer les besoins des générations futures comme le prédisait en 1972 le rapport « Halte à la croissance ? » (document 2). Le réchauffement climatique dû à l’effet de serre provoque des crises alimentaires, tandis que la sécheresse et l’élévation du niveau de la mer entraînent des migrations de population. De plus, la surexploitation des ressources naturelles menace la biodiversité, se traduisant par la disparition d’espèces animales et végétales.
mot clé
La biodiversité désigne la diversité des espèces vivantes, végétales ou animales sur la terre ou dans les mers.
Conclusion
Pour être soutenable, la croissance économique doit non seulement satisfaire les besoins des générations actuelles mais également ceux des générations futures. Or, la croissance s’accompagne d’une augmentation des émissions de gaz à effet de serre, responsable du réchauffement climatique, provoquant famines et sécheresses. De plus, elle remet en cause la biodiversité car elle détruit des espèces animales et végétales. Dès lors, il apparaît qu’aujourd’hui la croissance économique est de moins en moins soutenable.