Annale corrigée Mobiliser des compétences de l'enseignement moral et civique

L'abstention

EMC

Acquérir et partager les valeurs de la République

67

hge3_1811_03_00C

Amérique du Sud • Novembre 2018

enseignement moral et civique • 10 points

L'abstention

document 1 Une abstention record pour les législatives

Le second tour des élections législatives se tenait ce dimanche… et il s'est accompagné d'une abstention record. Selon les premières estimations des instituts de sondage, seuls 42 % à 43 % des inscrits se seraient rendus aux urnes pour choisir leur député, soit une abstention de 57 % à 58 %.

Si ces chiffres se vérifient, cela signifierait que seuls quelque 20 millions de votants se seraient mobilisés, sur un total de 47 millions d'inscrits. C'est nettement moins qu'au premier tour, où l'abstention s'était élevée à 51,9 % des inscrits. C'est moins aussi qu'au second tour des élections législatives de 2012 (43,71 % d'abstention), de 2007 (40,02 % d'abstention) ou encore 2002 (39,69 % d'abstention).

Le Figaro.fr, 18 juin 2017.

document 2 Les motivations des abstentionnistes

Insatisfaction devant les programmes des candidats, colère, voire dégoût, causés par les affaires1 qui émaillent la campagne depuis plusieurs mois, désillusion d'électeurs persuadés que « voter ne changera rien », militants de l'abstention active, de la reconnaissance du vote blanc… Les raisons de s'abstenir sont multiples, comme l'illustrent les nombreux témoignages que nous avons recueillis à l'occasion d'une journée spéciale sur l'abstention.

Le Monde.fr, 30 mars 2017.
Mis à jour le 31 mars 2017.

1. Les affaires : scandales mettant en cause des hommes politiques.

document 1

1. Montrez que les élections législatives de 2017 se sont accompagnées d'une « abstention record ». (1 point)

document 2

▶ 2. S'abstenir d'aller voter signifie-t-il toujours un désintérêt pour la vie politique du pays ?

Justifiez votre réponse. (4 points)

documents 1 et 2

▶ 3. Montrez en quelques lignes que l'abstention présente, cependant, des risques pour la vie démocratique dans la France d'aujourd'hui. (5 points)

Les clés du sujet

Comprendre les documents

Les deux documents sont extraits de journaux, des quotidiens qui ont pour mission d'informer leurs lecteurs. Ils fournissent des données et proposent des interprétations de celles-ci. Ce sont des documents d'opinions. À trois mois près, ils sont contemporains. Ils évoquent les élections législatives de 2017, mais l'un est publié avant le scrutin, l'autre après.

Cette différence est cependant sans conséquence, car les deux extraits sont plus complémentaires qu'ils ne s'opposent, même si Le Figaro est un journal classé à droite, Le Monde au centre gauche : le premier présente le fait (l'abstention), le second interroge sur ses causes.

Répondre aux questions

 1. Analyse les données, mais ne les recopie pas : propose des calculs qui mettent en évidence le « record ». Au-delà des différences entre les élections évoquées, insiste sur l'ampleur de la progression de l'abstention.

 2. Pour bien répondre, ne te contente pas de recopier les causes proposées par le document 2, explique-les et illustre ta réponse. Réfléchis sur ce qui fait la différence entre « l'insatisfaction », la « colère », la « désillusion » et le « militantisme ».

 3. À qui profite l'abstention ? Celui qui s'abstient peut-il être compris ? Appuie-toi sur la réponse à la question 2 pour résoudre ce problème. Réfléchis au sens du mot « légitimité ». Quelle conclusion en tires-tu ?

Corrigé

info +

En 1958, l'abstention aux législatives était de 24 % ; elle était de 20 % en moyenne entre 1962 et 1978. De 1981 à 1997, elle est montée à 29, 33 %.

▶ 1. Les élections législatives de 2017 s'accompagnent d'une abstention record. 57 à 58 % des électeurs ne se sont pas prononcés. Ce taux est le plus élevé des législatives du xxie siècle (et même de l'histoire de la Ve République). Pour la première fois, plus d'un Français sur deux ne se sont pas déplacés. Les taux d'abstention des scrutins plus anciens sont pulvérisés : 13 % de plus qu'en 2012, 17 à 18 % de plus qu'en 2002 !

info +

On appelle « abstention structurelle » ou « résiduelle », une abstention qui correspond à une population qui se désintéresse de la vie politique au point de ne jamais aller voter.

▶ 2. L'abstention peut s'expliquer par le désintérêt de citoyens pour la vie politique. La participation à 100 % n'existe pas. Mais d'autres raisons interviennent : l'électeur ne trouve pas de candidat satisfaisant (« insatisfaction ») ; il est mécontent et, malgré ses préférences, il veut exprimer sa « colère » en boudant les urnes ; déçu, il ne croit plus à l'utilité du vote, il déserte par « désillusion » ; il attribue à son abstention un sens politique, il vote en ne votant pas et fait ainsi de « l'abstention active » pour obtenir quelque chose de précis (la reconnaissance du vote blanc, par exemple).

▶ 3. L'abstention est un choix libre de l'électeur, mais elle comporte des risques pour la démocratie, pour au moins trois raisons : 1) l'abstention n'étant pas comptabilisée, son ampleur profite à ceux qui participent et gagnent l'élection : ils ont le pouvoir sans représenter une majorité. 2) La légitimité des élus s'en trouve discréditée ou fortement affaiblie. 3) L'abstention ne peut pas être interprétée : celui qui s'abstient dit un désaccord, mais n'exprime pas un choix susceptible d'orienter l'action de ceux qui gouvernent. L'électeur peut s'abstenir pour une raison ou celle exactement contraire. Quand la volonté du peuple ne se fait pas connaître, la démocratie ne peut plus fonctionner.

Pour lire la suite

Je m'abonne

Et j'accède à l'ensemble
des contenus du site