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L'action collective

Dissertation

L'action collective

4 heures

20 points

Intérêt du sujet • Mouvement social contre la réforme des retraites, zones à défendre (ZAD), MeToo, mouvement LGBT, luttes écologiques… Qu'est-ce qui distingue ces diverses formes d'action collective ?

 

Vous montrerez la diversité de l'action collective dans les sociétés occidentales contemporaines.

Document 1Entreprises ayant déclaré au moins une grève et nombre de jours de grèves pour 1 000 salariés de 2005 à 2017

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Source : Dares, enquêtes Acemo « Dialogue social en entreprise ».

Champ : entreprises de 10 salariés et plus du secteur marchand non agricole.

Document 2Les moyens d'expression les plus efficaces (en %)

Question : Selon vous, qu'est-ce qui permet aux citoyens d'exercer le plus d'influence sur les décisions prises en France ?

(réponse « En Premier » + « En second », en %)

Tableau de 7 lignes, 3 colonnes ;Tetière de 1 lignes ;Ligne 1 : ;2010;2018;Corps du tableau de 6 lignes ;Ligne 1 : Voter aux élections; 67; 55; Ligne 2 : Manifester dans la rue; 23; 42; Ligne 3 : Boycotter des entreprises ou des produits; 35; 37; Ligne 4 : Faire grève; 20; 27; Ligne 5 : Militer dans un parti politique; 11; 8; Ligne 6 : Discuter sur Internet, sur un blog ou un forum; 4; 5;

Source : Baromètre DJEPVA sur la jeunesse 2019.

Champ : Ensemble des jeunes âgés de 18 à 30 ans.

Document 3 Des consommateurs engagés

La sensibilité des Français à la « consommation engagée » est relativement affirmée : 44 % d'entre eux déclarent tenir compte, lors de leurs achats, des engagements que prennent les entreprises en matière de « citoyenneté » […]. Cette attention au comportement des firmes a progressé de 6 points depuis 2002. […]

En fait, les Français sont sensibles à deux grandes causes, deux engagements principaux des entreprises quand il s'agit « d'acheter citoyen » : le non-recours au travail des enfants (dans 50 % des cas, cette cause est l'une des deux auxquelles les enquêtés sont les plus sensibles) et la fabrication du produit en France (37 %). L'absence de pollution dans le processus de fabrication (26 %) et le respect des conditions de travail des salariés (25 %) arrivent ensuite, largement devant tous les autres critères (souffrance des animaux, aide au tiers-monde, aide à la recherche médicale…). En réalité, en quatre ans, les trois premiers thèmes ont gagné en importance. Cet intérêt des consommateurs à l'égard des biens éthiques va jusqu'à inciter 61 % d'entre eux à envisager d'accepter, à qualité de produit identique, un supplément de prix de 5 % pour obtenir des entreprises le respect des engagements de « citoyenneté » qu'ils valorisent le plus. Ce taux a au total gagné 9 points depuis 2002. C'est surtout pour éviter le travail des enfants que l'on est prêt à payer plus.

Mais la « consommation engagée » est, à vrai dire, constituée de deux versants complémentaires : elle ne s'inscrit pas seulement dans le choix délibéré d'acquérir tel ou tel bien ; elle peut aussi s'appuyer, en creux, sur celui de refuser volontairement, de « boycotter », tel ou tel autre de ces produits. L'analyse des raisons pour lesquelles un boycott aurait le plus de sens confirme que ce qui insupporte le plus l'opinion aujourd'hui est le travail des enfants, puis les licenciements « abusifs » (dans la mesure où l'entreprise concernée fait, par ailleurs, des bénéfices). Enfin, la pollution générée par l'entreprise productrice prend la troisième place.

Source : Représentations et pratiques de la consommation engagée, évolution 2002-2006, Credoc.

Document 4Évolution du taux d'adhésion dans les associations de défense de droits ou d'intérêts1 (en %)

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Source : Insee Première, n° 1580, janvier 2016.

1. Action humanitaire et caritative, protection de l'environnement, syndicat, parti politique…

 

Les clés du sujet

Analyser la consigne et dégager une problématique

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Problématique. L'action collective s'est transformée au fil des années, et s'est diversifiée. Si elle a été, un temps, dominée par les conflits du travail, d'autres formes se sont développées, portées par de nouveaux acteurs sur de nouveaux enjeux avec de nouveaux moyens d'action.

Exploiter les documents

Document 1. Dans ce graphique, deux variables sont exposées d'un point de vue chronologique : la part en pourcentage des entreprises de plus de 10 salariés du secteur marchand non agricole touchées par une grève et le nombre de jours de grèves pour 1 000 salariés. Faites attention à la double échelle. À quel type de conflit renvoie l'usage de la grève ?

Document 2. Ce tableau met en lumière différents types d'engagement des 18-30 ans. Renvoient-ils aux mêmes répertoires d'action collective ? Quels en sont les enjeux ?

Document 3. Ce texte évoque la « consommation engagée ». En quoi celle-ci porte-elle sur des enjeux, des registres d'action et des acteurs différents ?

Document 4. Ce diagramme montre comment évolue le taux d'adhésion à des associations de défense de droits ou d'intérêts.

Définir le plan

Tableau de 2 lignes, 2 colonnes ;Corps du tableau de 2 lignes ;Ligne 1 : I. Permanence des formes traditionnelles d'action collective; Étudiez les actions liées aux échéances électorales. Lesquelles sont collectives (document 2) ?Présentez les actions liées aux conflits du travail. Quels en sont les acteurs ? (document 1); Ligne 2 : II. Développement de nouvelles formes d'action collective; Abordez les nouveaux enjeux de l'action collective (document 3). Quels sont les enjeux de la consommation engagée ?Exposez les nouveaux acteurs et nouvelles modalités d'action (document 4). Donnez-en des exemples.;

Les titres des parties ne doivent pas figurer sur votre copie.

Introduction

[accroche] Mouvement social contre la réforme des retraites, marches pour le climat, grève des salariés de Michelin… [présentation du sujet] L'actualité de la société française contemporaine est riche d'actions collectives qui résultent de l'engagement pour défendre une cause ou faire valoir des idées ou des revendications. [problématique et annonce du plan] Toutes ces mobilisations sont-elles de même nature ? Nous montrerons que l'action collective s'est transformée et s'est diversifiée au cours du temps. Si les conflits du travail et des formes d'engagement traditionnelles existent toujours (partie I), des formes renouvelées d'action se sont développées (partie II).

I. La permanence des formes traditionnelles d'action collective

Le secret de fabrication

Il s'agit de montrer le rôle des actions conventionnelles relevant du registre de la politique électorale et du vote, puis d'évoquer le champ de l'action syndicale. Pour la première dimension, appuyez-vous sur ce que vous avez étudié en classe de première sur le vote.

1. Les actions collectives liées aux échéances électorales

Les échéances électorales régulières génèrent un engagement politique citoyen et des actions collectives spécifiques. Le vote apparaît pour plus d'un jeune de 18-30 ans sur deux comme le moyen d'expression le plus efficace en 2018, même si cette proportion baisse significativement (– 12 points en 8 ans) et que l'on constate la montée régulière de l'abstention (document 2).

En revanche, militer dans un parti politique apparaît comme un moyen d'expression efficace pour seulement 8 % des jeunes en 2018 (document 2). Pourtant, le parti politique est aujourd'hui encore l'institution centrale du système électoral, sélectionnant et promouvant les candidats sur la base d'un programme.

2. Les actions liées aux conflits du travail

Les actions collectives mises en œuvre dans le monde du travail restent importantes en dépit de la tendance à la baisse des grèves par rapport aux décennies 1960-1970. Depuis les années 2000, le nombre de jours de grèves pour 1 000 salariés oscille entre 164 en 2005 et 75 en 2017, avec de fortes fluctuations conjoncturelles (318 en 2010, liés au mouvement social contre la réforme des retraites). Si 2,7 % des entreprises de 10 salariés et plus du secteur marchand non agricole déclaraient au moins une grève en 2005, c'était le cas de 1,6 % d'entre elles en 2017 et 3,3 % en 2010 (document 1).

Les syndicats jouent un rôle important dans l'action collective des salariés et les conflits du travail, en dépit d'un taux de syndicalisation faible en France (évalué pour les salariés du privé et du public à environ 10 % aujourd'hui). Ils structurent les mouvements sociaux, portent les revendications, conduisent les négociations.

mots clés

Un syndicat est une organisation collective qui vise à défendre les intérêts des salariés. Le taux de syndicalisation représente la part des salariés adhérant à un syndicat.

II. Le développement de nouvelles formes d'action collective

1. De nouveaux enjeux de l'action collective

Les motivations de l'action collective se sont largement diversifiées depuis plusieurs décennies, s'orientant vers de nouveaux enjeux de société, réclamant l'accès et l'égalité aux droits pour les femmes (interruption volontaire de grossesse, salaires) ou les minorités sexuelles, condamnant les atteintes environnementales et luttant contre le changement climatique.

Les actions relevant de la consommation engagée se sont largement développées. Une part importante des consommateurs déclare être attentive aux préoccupations sociales ou environnementales dans les décisions d'achats, utilisant le boycott à l'égard de produits issus du travail des enfants ou polluant et déclarant être prête à payer plus cher des produits respectant ces exigences (document 3).

à noter

La consommation engagée s'appuie depuis longtemps sur l'action de nombreuses associations de consommateurs dont l'objet est la défense des intérêts de ces derniers.

2. De nouveaux acteurs et de nouvelles modalités d'action

Ces formes renouvelées d'actions collectives s'accompagnent de l'émergence de nouveaux acteurs, souvent issus du monde associatif ou de collectifs. Même si le taux d'adhésion dans les associations de défense de droits ou d'intérêts a globalement baissé entre 1983 et 1996, il apparaît stable voire augmente selon les tranches d'âge, atteignant près de 25 % chez les 40-49 ans et près de 15 % chez les 65 ans et plus (document 4).

Ces mouvements mettent en évidence les nouveaux registres d'action. Utilisant des moyens spectaculaires pour frapper les esprits, s'appuyant sur les médias et les réseaux sociaux, ils cherchent à faire connaître au plus grand nombre leurs revendications et à les rendre légitimes. L'occupation de zones à défendre (ZAD), comme à Notre-Dame-Des-Landes pour s'opposer à la construction d'un aéroport, apparaît également comme une forme nouvelle de mobilisation. Ces registres se révèlent complémentaires aux manifestations qui sont toujours considérées comme un moyen d'expression efficace pour 42 % des jeunes de 18-30 ans en 2018, près de deux fois plus qu'en 2010 (document 2).

Conclusion

[bilan] On constate donc une grande diversité de l'action collective dans les sociétés occidentales contemporaines, les mobilisations traditionnelles côtoyant des formes nouvelles d'engagement et d'action. [ouverture] Le mouvement écologique serait-il devenu ce qu'a été un temps la lutte ouvrière, un élément central et structurant de l'ensemble des mobilisations collectives ?

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