sprint final
France métropolitaine • Septembre 2020
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France métropolitaine • Septembre 2020
L'art de l'intrigue
Intérêt du sujet • Cette scène d'exposition annonce les rebondissements, surprises et stratagèmes à venir dans la pièce.
Document ATexte littéraire
Extrait de la liste des personnages :
Monsieur de Pourceaugnac.
Oronte.
Julie, fille d'Oronte.
Nérine, femme d'intrigue1.
Éraste, amant de Julie2.
Sbrigani, Napolitain, homme d'intrigue1.
La scène est à Paris.
Acte I, scène première
Julie, Éraste, Nérine.
Julie. – Mon Dieu, Éraste, gardons d'être surpris ; je tremble qu'on ne nous voie ensemble ; et tout serait perdu, après la défense que l'on m'a faite.
Éraste. – Je regarde de tous côtés, et je n'aperçois rien.
Julie. – Aie aussi l'œil au guet, Nérine, et prends bien garde qu'il ne vienne personne.
Nérine. – Reposez-vous sur moi, et dites hardiment ce que vous avez à vous dire.
Julie. – Avez-vous imaginé pour notre affaire quelque chose de favorable ? et croyez-vous, Éraste, pouvoir venir à bout de détourner ce fâcheux mariage que mon père s'est mis en tête ?
Éraste. – Au moins y travaillons-nous fortement ; et déjà nous avons préparé un bon nombre de batteries pour renverser ce dessein ridicule.
Nérine. – Par ma foi, voilà votre père.
Julie. – Ah séparons-nous vite.
Nérine. – Non, non, non, ne bougez, je m'étais trompée.
Julie. – Mon Dieu, Nérine, que tu es sotte, de nous donner de ces frayeurs !
Éraste. – Oui, belle Julie, nous avons dressé pour cela quantité de machines3, et nous ne feignons point de4 mettre tout en usage, sur la permission que vous m'avez donnée. Ne nous demandez point tous les ressorts que nous ferons jouer, vous en aurez le divertissement ; et comme aux comédies, il est bon de vous laisser le plaisir de la surprise, et de ne vous avertir point de tout ce qu'on vous fera voir ; c'est assez de vous dire que nous avons en main divers stratagèmes tous prêts à produire dans l'occasion, et que l'ingénieuse Nérine et l'adroit Sbrigani entreprennent l'affaire.
Nérine. – Assurément. Votre père se moque-t-il de vouloir vous anger de5 son avocat de Limoges, Monsieur de Pourceaugnac, qu'il n'a vu de sa vie, et qui vient par le coche6 vous enlever à notre barbe ? Faut-il que trois ou quatre mille écus de plus, sur la parole de votre oncle7, lui fassent rejeter un amant qui vous agrée ? Et une personne comme vous, est-elle faite pour un Limosin8 ? S'il a envie de se marier, que ne prend-il une Limosine, et ne laisse-t-il en repos les chrétiens9 ? Le seul nom de Monsieur de Pourceaugnac10 m'a mis dans une colère effroyable. J'enrage de Monsieur de Pourceaugnac. Quand il n'y aurait que ce nom-là, Monsieur de Pourceaugnac, j'y brûlerai mes livres, ou je romprai ce mariage11, et vous ne serez point Madame de Pourceaugnac. Pourceaugnac ! Cela se peut-il souffrir ? Non, Pourceaugnac est une chose que je ne saurais supporter, et nous lui jouerons tant de pièces12, nous lui ferons tant de niches sur niches, que nous renverrons à Limoges Monsieur de Pourceaugnac.
Molière, Monsieur de Pourceaugnac, 1670.
1. Femme/homme d'intrigue : personne qui imagine en secret des stratagèmes, des ruses afin d'en tirer profit, pour elle-même ou pour d'autres.
2. Amant de Julie : qui est amoureux de Julie et aimé d'elle en retour.
3. Machines : stratagèmes, ruses.
4. Nous ne feignons point de : nous ne craignons point de, nous n'hésitons pas à…
5. Vous anger de : vous encombrer de.
6. Coche : grande voiture tirée par des chevaux qui servait à transporter les voyageurs.
7. Sur la parole de votre oncle : d'après ce que dit votre oncle.
8. Limosin : habitant de Limoges. Ville choisie par Molière pour signifier un lieu éloigné de Paris.
9. La France du xviie siècle est entièrement chrétienne. Pour Nérine, Limoges est si éloignée de Paris qu'elle fait semblant de croire que les Limousins ne sont pas des chrétiens, c'est-à-dire qu'ils ne sont pas comme tout le monde.
10. Dans Pourceaugnac, on reconnaît le mot « pourceau » qui signifie cochon ou porc.
11. J'y brûlerai mes livres, ou je romprai ce mariage : je ferai tout mon possible pour rompre ce mariage.
12. Tant de pièces : tant de farces, tant de tours.
Document BAffiche pour la comédie-ballet Monsieur de Pourceaugnac, Opéra de Rennes (2012)
© Opéra de Rennes – Graphiste : Jérôme Pellerin
Travail sur le texte littéraire et sur l'image 50 points • ⏱ 1 h 10
Les réponses doivent être entièrement rédigées.
Compréhension et compétences d'interprétation
▶ 1. Lignes 1 à 18
a) Qu'apprend-on au début de la scène sur la situation de Julie ? Quel est le sujet de sa discussion avec Éraste et Nérine ? (4 points)
b) Comment le lecteur-spectateur comprend-il que cette entrevue doit rester secrète ? Appuyez-vous sur quatre éléments précis. (4 points)
▶ 2. a) Lignes 12 à 27 : à quoi Éraste travaille-t-il avec Nérine et Sbrigani ? Relevez deux expressions qui expliquent la nature de ce travail. (3 points)
b) Lignes 19 à 27 : expliquez la comparaison « comme aux comédies » (l. 23).
En vous appuyant sur deux expressions au moins utilisées dans la réplique d'Éraste, précisez le rôle de celui-ci dans cette « affaire » (l. 9). (4 points)
▶ 3. Lignes 28 à 42
a) Qu'apprend-on sur Monsieur de Pourceaugnac dans la réplique de Nérine ? Au moins quatre éléments de réponse sont attendus. (4 points)
b) Quels sont les deux reproches principaux que fait Nérine à Monsieur de Pourceaugnac ? (2 points)
c) Comment prennent-ils une dimension comique dans la bouche de Nérine ? (5 points)
▶ 4. a) Décrivez ce que vous voyez sur cette affiche. (3 points)
b) Après avoir lu cette scène d'exposition, dites si cette affiche vous paraît un bon choix. (3 points)
Grammaire et compétences linguistiques
▶ 5. a) « une chose que je ne saurais supporter » (l. 40) : remplacez la proposition subordonnée relative soulignée par un adjectif de sens équivalent. (1 point)
b) Analysez la composition de cet adjectif. (1 point)
▶ 6. « Au moins y travaillons-nous fortement » (l. 12)
a) Réécrivez cette proposition en remplaçant le pronom « y » par le groupe auquel il renvoie. (1 point)
b) Donnez la fonction grammaticale de ce pronom. (1 point)
▶ 7. a) Recopiez la phrase suivante et soulignez tous les verbes conjugués :
« Oui, belle Julie, nous avons dressé pour cela quantité de machines, et nous ne feignons point de mettre tout en usage, sur la permission que vous m'avez donnée. » (l. 19-21) (3 points)
b) En fonction du nombre de verbes, que peut-on dire sur cette phrase ? (1 point)
▶ 8. Réécrivez au discours indirect le passage suivant en commençant par « Julie demanda à Éraste… » :
« Avez-vous imaginé pour notre affaire quelque chose de favorable ? et croyez-vous, Éraste, pouvoir venir à bout de détourner ce fâcheux mariage que mon père s'est mis en tête ? » (l. 9-11) (10 points)
Dictée 10 points • ⏱ 20 min
Le nom de l'auteur et le titre de l'œuvre sont écrits au tableau.
On donne aux candidats l'explication suivante : une troupe de comédiens s'est installée dans un château pour y donner une représentation. L'action se déroule au xviie siècle.
Théophile Gautier
D'après Le Capitaine Fracasse, 1863
Les rideaux se séparèrent lentement, et laissèrent voir une décoration représentant une place publique, lieu vague, commode aux intrigues et aux rencontres de la comédie. C'était un carrefour, avec des maisons aux pignons pointus. Une des deux coulisses avait un balcon où l'on pouvait monter au moyen d'une échelle invisible pour le spectateur, arrangement propice aux conversations, escalades et enlèvements. Vous le voyez, le théâtre de notre petite troupe était assez bien machiné pour l'époque. Un rang de vingt-quatre chandelles jetait une forte clarté sur cette honnête décoration peu habituée à pareille fête. Cet aspect magnifique fit courir une rumeur de satisfaction parmi l'auditoire.
Rédaction 40 points • ⏱ 1 h 30
Vous traiterez au choix l'un des deux sujets suivants.
Sujet d'imagination
Julie et Éraste quittent la scène. Oronte, le père de Julie, entre à son tour. Nérine tente de le convaincre de renoncer à son projet de mariage entre sa fille et Monsieur de Pourceaugnac.
Écrivez leur échange sous la forme d'un dialogue théâtral. Vous tiendrez compte de votre lecture de la scène 1 de l'acte I.
Sujet de réflexion
Attendez-vous des œuvres littéraires et artistiques qu'elles vous procurent « le plaisir de la surprise » ?
Vous vous appuierez sur vos expériences de lecteur et de spectateur (roman, nouvelle, conte, poésie, théâtre, cinéma, peinture…) pour répondre à cette question.
Les clés du sujet
Analyser les documents
Traiter le sujet d'imagination
Recherche d'idées
Conseils de rédaction
Respecte la présentation d'une scène de théâtre : numéro de l'acte et de la scène, nom des personnages présents, succession de répliques sans intervention d'un narrateur, courtes didascalies entre parenthèses pour préciser le ton, les gestes éventuels…
Utilise au moins un des types de comique suivants : comique de gestes et/ou de mots.
Traiter le sujet de réflexion
Recherche d'idées
Conseils de rédaction
Présente la question en introduction. Annonce aussi ton plan.
Tu peux choisir un plan de type thèse puis antithèse :
thèse : oui, la surprise est à mon avis un élément essentiel du plaisir causé par la découverte d'une œuvre littéraire ou artistique ;
antithèse : cependant, la surprise n'est pas la seule émotion que j'en attends, ce n'est qu'un plaisir parmi d'autres.
La conclusion rappellera brièvement ce qui a été dit.
Travail sur le texte littéraire et sur l'image
Compréhension et compétences d'interprétation
▶ 1. a) Julie aime Éraste, mais son père veut la marier à un autre homme. Pour contrer ce projet, Éraste et Nérine ont mis au point un ensemble de stratagèmes qu'ils ont imaginés.
info +
Un stratagème est une ruse, une fourberie, une machination, une tromperie…
b) Cette entrevue doit rester secrète : Julie « tremble » à l'idée que quelqu'un découvre sa rencontre avec Éraste. Son père lui a défendu de voir son amant. Elle demande à Nérine d'avoir « l'œil au guet ». Lorsque Nérine annonce facétieusement l'arrivée du père, Julie s'affole.
▶ 2. a) Éraste, secondé de Nérine et Sbrigani, travaille à empêcher le mariage arrangé par le père de Julie : pour cela, il imagine un ensemble de ruses, « un bon nombre de batteries », « une quantité de machines », « divers stratagèmes ».
b) Éraste compare la machination qu'ils veulent mettre en scène aux intrigues d'une comédie théâtrale. C'est une mise en abyme du théâtre dans le théâtre. Il se compare à un dramaturge, au metteur en scène d'une pièce dont Julie sera la spectatrice.
info +
L'intrigue désigne en règle générale l'enchaînement des événements qui forment le nœud de l'action. Ici, le mot désigne une machination secrète pour obtenir un avantage ou pour nuire à quelqu'un.
« Ne nous demandez point tous les ressorts que nous ferons jouer, vous en aurez le divertissement ; et comme aux comédies, il est bon de vous laisser le plaisir de la surprise, et de ne vous avertir point de tout ce qu'on vous fera voir. »
▶ 3. a) Nous apprenons plusieurs éléments à propos de Monsieur Pourceaugnac : le père de Julie n'a pas encore rencontré ce personnage ; c'est un oncle de Julie qui lui en a parlé ; c'est un avocat assez riche ; celui-ci vit en province, à Limoges.
b) Nérine reproche à Monsieur de Pourceaugnac d'être un provincial et de porter un nom ridicule.
c) Ces reproches prennent une dimension comique dans la bouche de Nérine.
Tout d'abord, elle répète le nom de Pourceaugnac pas moins de huit fois, ce qui crée un comique de mots et de répétition.
Ensuite, elle entre dans une colère « effroyable » et multiplie les phrases interrogatives et exclamatives. On peut imaginer que ses paroles s'accompagnent d'une gestuelle comique.
▶ 4. a) Sur fond de tapisserie rose agrémentée d'un motif fleuri se détache en ombre chinoise un personnage doté d'une perruque et habillé à la mode du xviie siècle qui paraît se pavaner. Il est affublé d'un groin de cochon, allusion à son nom, Monsieur de Pourceaugnac.
b) L'affiche annonce sans le montrer vraiment ce Monsieur de Pourceaugnac dont parle Nérine. Elle offre une parfaite illustration du personnage tel qu'il est présenté dans la scène d'exposition : un être annoncé comme ridicule, mais qui reste mystérieux puisque personne ne l'a encore rencontré.
Grammaire et compétences linguistiques
▶ 5. a) une chose insupportable.
b) Cet adjectif est composé du préfixe in- (qui indique le contraire), du radical -support- et du suffixe -able (qui permet de former des adjectifs).
▶ 6. a) Au moins travaillons-nous fortement à détourner ce fâcheux mariage.
b) C'est un complément d'objet indirect.
info +
Un complément d'objet indirect (COI) est un complément d'objet introduit par une préposition.
▶ 7. a) « Oui, belle Julie, nous avons dressé pour cela quantité de machines, et nous ne feignons point de mettre tout en usage, sur la permission que vous m'avez donnée. »
b) C'est une phrase complexe.
▶ 8. Les modifications sont en couleur.
Julie demanda à Éraste s'il avait imaginé pour leur affaire quelque chose de favorable et s'il croyait pouvoir venir à bout de détourner ce fâcheux mariage que son père s'était mis en tête.
Dictée
Point méthode
1 Attention aux accords du verbe avec le sujet, lorsqu'il s'agit d'un GN composé d'un nom suivi d'un complément du nom :
« une des deux coulisses » → verbe au singulier (avait)
« un rang de vingt-quatre chandelles » → verbe au singulier (jetait)
2 Les noms féminins terminés par le son [té] ou [tié] s'écrivent é sauf ceux qui désignent un contenu (ex. : une pelletée) et les noms usuels suivants : dictée, jetée, pâtée, montée, portée, butée. Ici, une clarté.
3 Les noms masculins terminés par le son [oir] s'écrivent -oir sauf quelques exceptions dont réfectoire, conservatoire, laboratoire, interrogatoire et auditoire.
Les rideaux se séparèrent lentement, et laissèrent voir une décoration représentant une place publique, lieu vague, commode aux intrigues et aux rencontres de la comédie. C'était un carrefour, avec des maisons aux pignons pointus. Une des deux coulisses avait un balcon où l'on pouvait monter au moyen d'une échelle invisible pour le spectateur, arrangement propice aux conversations, escalades et enlèvements. Vous le voyez, le théâtre de notre petite troupe était assez bien machiné pour l'époque. Un rang de vingt-quatre chandelles jetait une forte clarté sur cette honnête décoration peu habituée à pareille fête. Cet aspect magnifique fit courir une rumeur de satisfaction parmi l'auditoire.
Rédaction
Voici un exemple de rédaction sur chacun des deux sujets.
Attention, les indications entre crochets ne doivent pas figurer sur ta copie.
Sujet d'imagination
remarque
Précise toujours les numéros de l'acte et de la scène ainsi que le nom des personnages présents.
Acte I, scène 2
Nérine, Oronte
[Entrée en matière]
Oronte (à lui-même). – Que fait cette femme chez moi ?
Nérine (à part). – Voici le père. Il faut que je l'entretienne sur ce fâcheux mariage. (à Oronte) Ah seigneur Oronte, je suis ravie de vous rencontrer. Vous semblez vous porter à ravir. Je vous trouve bien guilleret.
Oronte. – En effet, le futur mariage de ma fille me met en joie et je me réjouis de savoir que bientôt elle sera Madame de Pourceaugnac.
[Premier argument de Nérine : le nom du futur époux]
conseil
Pense à créer des effets comiques.
Ici, il s'agit d'un comique de mots et de répétition.
Nérine. – Comment ? Ne voyez-vous pas que tout le monde se rira d'elle ? Comment peut-on seulement envisager de porter un nom aussi ridicule ? Pourceau-gnac ! (Elle réprime un fou rire.) Pourceaugnac ! POURCEAUGNAC ! J'en ris rien qu'à le prononcer ! Compte-t-il la loger dans une porcherie ?
Oronte (contrarié). – Cela suffit ! Je vous trouve bien impertinente. De quoi vous mêlez-vous ? Un nom n'est qu'un nom et de plus je ne veux retenir que la particule. De Pourceaugnac est du plus bel effet ! Ce mariage est mon affaire et vous n'avez pas à y fourrer votre nez.
[Deuxième argument de Nérine : l'origine provinciale du futur époux]
conseil
Pense à introduire des didascalies, courtes indications de mise en scène à indiquer entre parenthèses.
Nérine (éclate de rire). – Hi, hi, hi, excusez-moi, hi, hi, hi, je ne peux me retenir de rire.
Oronte (en colère). – Quoi encore ?
Nérine. – C'est que je l'imagine au bras de ce provincial, endimanché et ridicule. Ils seront la risée de tout Paris.
[Contre-argument d'Oronte : la fortune du futur époux]
Oronte. – Voilà bien du snobisme ! Je me moque de ce que penseront les gens ! Encore une fois, c'est à moi de choisir un époux pour ma fille. Savez-vous bien que cet homme dont vous vous moquez m'a été grandement recommandé par mon frère et qu'il est riche, bien plus que le jeune sot dont elle s'est entichée.
[Troisième argument de Nérine : l'amour]
Nérine (devenue sérieuse). – Il me semble que le bonheur de votre fille devrait passer avant l'enrichissement, et que l'amour vaut toutes les rentes du monde.
[Conclusion à la scène]
conseil
Tu peux introduire des apartés, c'est-à-dire des répliques que le personnage adresse à lui-même et aux spectateurs.
Oronte. – Voilà encore de votre impertinence ! Je suis son père et sais ce qui est bon pour elle : ce Monsieur de Pourceaugnac est le mari qu'il lui faut. Le sujet est clos. Je vous souhaite le bonjour. (à part) Il y a anguille sous roche. Cette femme a la réputation d'être maîtresse dans l'art des fourberies. Je vais garder ma fille à l'œil pour éviter toute mauvaise surprise !
Nérine (à part). – Quel homme têtu ! Il n'en démordra pas ! À nous d'agir maintenant pour mettre en scène nos astucieux stratagèmes. Il n'aura pas le dernier mot !
Sujet de réflexion
[Introduction] Quel agrément peut-on attendre d'une œuvre littéraire ou artistique ? Est-ce le plaisir de la surprise ? Serait-ce le principal attrait de la découverte et le seul plaisir que j'en attends ?
conseil
N'oublie pas d'illustrer tes arguments par des exemples d'œuvres que tu apprécies.
[Le plaisir d'être surpris] Ce que j'aime dans un roman, un film d'aventures ou encore un thriller, c'est la surprise que provoquent en moi les actions inattendues, les rebondissements qui me tiennent en haleine, me font sursauter, ressentir de la peur, de l'excitation, palpiter le cœur. Les Trois mousquetaires d'Alexandre Dumas, Les Misérables de Victor Hugo m'ont passionnée : j'ai dévoré ces livres, j'en ai tourné les pages avec impatience dans l'attente d'un coup de théâtre ou d'un effet de surprise. Quel plaisir délicieux, par exemple, de braver les pires dangers en compagnie de leurs héros ! De même, j'aime les films d'Hitchcock pour le suspense habilement distillé par le cinéaste.
Au théâtre aussi, les rebondissements inattendus sont là pour nous apporter du plaisir. Dans ses comédies, Molière joue beaucoup avec les retournements de situation pour créer des effets comiques et permettre à ses personnages de se sortir de situations délicates. Dans Les Fourberies de Scapin, par exemple, Octave et Léandre parviennent à épouser la femme qu'ils aiment après de multiples rebondissements et stratagèmes imaginés par Scapin.
La poésie joue également parfois avec des effets de surprise. Le sonnet de Rimbaud, Le Dormeur du Val m'a profondément marquée par sa chute dramatique tout à fait inattendue :
« Il [le soldat] a deux trous rouges au côté droit. » Je m'attendais si peu à ce dénouement tragique que j'ai senti les larmes me monter aux yeux.
conseil
Pense à marquer la transition entre deux arguments au moyen d'un connecteur argumentatif.
[Un plaisir qui n'est pas exclusif] Cependant, le plaisir de la surprise n'est pas le seul attrait des œuvres littéraires ou artistiques. Ainsi, dans Antigone d'Anouilh, tout est déjà écrit d'avance, la tragédie à venir est annoncée dès le prologue. Nulle surprise donc ou presque ! Et pourtant, je suis, à chaque lecture ou représentation, subjuguée par la jeune héroïne qui tient tête au roi Créon et s'entête à vouloir donner une sépulture à son frère, au sacrifice de sa vie.
De même, j'aime relire des poèmes pour le plaisir de la musique créée par les mots du poète ou encore revoir mes films préférés, alors que j'en connais déjà le dénouement, pour le bonheur de retrouver des personnages qui me sont familiers.
[Conclusion] Le plaisir de la surprise est donc un des attraits des œuvres littéraires et artistiques : j'aime qu'elles m'entraînent loin de la routine quotidienne et fassent battre mon cœur plus vite, plus fort. Cependant, ce n'est pas le seul plaisir que j'attends de mes découvertes littéraires, cinématographiques ou picturales : bien d'autres plaisirs font de chaque rencontre un plaisir à la fois unique, multiple et toujours renouvelé.