L'histoire
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La culture
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Amérique du Sud • Novembre 2012
Définir les termes du sujet
Historien
- L'histoire, du grec historia, qui signifie « enquête », désigne à la fois le devenir historique lui-même et la connaissance du passé formée par l'historien.
- Le statut de cette connaissance est problématique, puisque le discours de l'historien porte bien sur le passé, mais sur un passé qui, par définition, n'existe plus.
Avenir
- L'avenir peut se définir comme l'ensemble des choses qui ne se sont pas encore produites.
- On peut pourtant se rapporter à l'avenir de différentes façons : par la prévision, la prédiction, l'anticipation, pour poser des repères.
- Le discours scientifique, en établissant des relations de causalité entre des faits, c'est-à-dire des lois, nous permet d'envisager l'avenir sous la modalité de la probabilité, voire de la nécessité.
Dégager la problématique et construire un plan
La problématique
- Le problème posé par le sujet réside dans l'association de l'historien, dont l'objet semble être le passé, et de l'avenir.
- La problématique découle de ce problème central, puisqu'il s'agira de se demander en quoi le discours de l'historien, qui semble porter sur du passé, pourrait se rapporter de quelque manière que ce soit à l'avenir.
- L'historien est-il un voyant, qui pourrait dégager du passé des lois qui permettraient de prévoir l'avenir ? Mais y a-t-il des lois de l'histoire ? Et quel est, alors, le statut de cette connaissance qu'est l'histoire : s'agit-il d'une science, dès lors que l'effort de l'historien se heurte à la dimension imprévisible de l'action humaine ?
Le plan
- Dans un premier temps, nous verrons que l'historien n'a rien à nous dire de l'avenir, dans la mesure où l'histoire porte sur un champ constitué par des actions humaines qui échappent à toute possibilité de prévision. Mais alors, quel est l'intérêt du discours de l'historien ? S'agit-il seulement de connaître le passé pour connaître le passé ?
- Dans un second temps, nous verrons que l'historien a une chose à nous transmettre concernant l'avenir : c'est que s'il ne peut dégager de lois de l'histoire, il peut pourtant y mettre au jour des tendances.
- Enfin, nous verrons que l'historien parle au fond de l'avenir plus que d'un passé qu'il ne fait que reconstruire par hypothèse.
Éviter les erreurs
Il est essentiel, pour traiter ce sujet, d'analyser l'expression « quelque chose de l'avenir » : il ne s'agit pas de savoir si l'historien peut prédire l'avenir, mais, assez rapidement, d'envisager ce qu'il pourrait éventuellement, même de façon parcellaire, en dire.
Introduction
Se demander si l'historien a quelque chose à nous dire de l'avenir, c'est se demander si l'histoire est exclusivement un discours déterminé par le souci du passé. A priori, il semble que l'historien ait d'abord quelque chose à dire du passé. Mais que signifie avoir quelque chose à dire du passé ? L'histoire, étymologiquement, désigne à la fois le
L'avenir peut se définir comme l'ensemble des choses qui ne se sont pas encore produites, il est par définition ce à quoi nous n'avons pas encore accès. On peut pourtant se rapporter à l'avenir de différentes façons : par la
Dans un premier temps, nous verrons que l'historien n'a rien à nous dire de l'avenir, dans la mesure où l'histoire porte sur un champ constitué par des
1. L'historien n'a rien à nous dire de l'avenir
A. Le champ de l'histoire est le champ des actions humaines
Dans un premier temps, on peut se demander ce que l'historien aurait à dire de l'avenir : son domaine n'est-il pas le passé des hommes ? Or, contrairement au champ de la
B. L'histoire n'est pas une science
Ainsi, l'historien ne pourrait rien nous dire de l'avenir en raison de la nature même de son objet. Schopenhauer souligne ainsi l'ambiguïté de cette «
2. L'historien a quelque chose à nous dire de l'avenir
A. L'historien dégage des tendances, et non des lois
Mais, si l'historien ne dégage pas de lois nécessaires de l'histoire, qu'aurait-il à nous dire de l'avenir ? Max Weber envisage précisément cette question quand, dans Essais sur la théorie de la science, il examine la spécificité des
B. L'histoire sert la vie
Ainsi, l'historien nous dit bien quelque chose de l'avenir, même s'il ne nous dit pas de quoi l'avenir est fait. Au fond, penser l'histoire comme un discours exclusivement tourné vers le passé, c'est enfermer le discours historien dans le souci de la
3. L'historien parle de l'avenir
A. Son discours n'est pas un discours de prédiction exprimant des certitudes
Que l'historien ne nous dise pas seulement quelque chose de l'avenir mais parle de l'avenir, c'est précisément ce qu'explique Kant, en distinguant pourtant, dans Anthropologie d'un point de vue pragmatique, le discours de l'historien de l'ensemble des discours qui entendent se rapporter à l'avenir de façon certaine. « Toutes les prophéties qui annoncent le destin inéluctable d'un peuple, écrit-il, destin dont il est pourtant lui-même responsable et qu'il doit, par là, produire par son libre-arbitre, entretiennent une absurdité : dans cette fatalité inconditionnée, on pense un mécanisme de la liberté, dont le concept se contredit lui-même. »
Autrement dit, l'histoire ne peut être
B. L'histoire doit être « annonciatrice »
Que nous dit alors l'historien à propos de l'avenir ? L'histoire, dit Kant dans le Conflit des facultés, doit être «
Loin de désigner une réalité précise, l'événement historique indique une possibilité nouvelle pour l'homme, possibilité qui ne pourra plus jamais être oubliée en ce qu'elle est moins un
Conclusion
En définitive, dire que l'historien a quelque chose à dire de l'avenir, c'est dire que l'histoire n'est pas un discours relevant de la pure connaissance, mais un discours tourné vers l'avenir, et qui a la fonction de nous y rapporter. Ancré dans le présent, l'historien serait une sorte de passeur, chargé de
L'historien, alors, n'a pas seulement quelque chose à nous dire de l'avenir : il nous parle exclusivement de l'avenir, sous une modalité qui n'est pas celle de la certitude et des lois, mais celle du
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