Les titres et les indications entre crochets ne doivent pas figurer sur la copie.

Introduction

[Contexte] La publication en 1830 de quatre ordonnances limitant les libertés de la presse et modifiant la loi électorale déclenche une insurrection à Paris. Charles X est renversé, Louis-Philippe d'Orléans accède au trône. [Problématique] Quelle vision des Trois Glorieuses La Liberté guidant le peuple d'Eugène Delacroix donne-t-elle de l'événement ? [Présentation du document et annonce du plan] Après avoir décrit le tableau présenté par le maître du romantisme français au Salon de 1831 [I], nous expliquerons les aspects de la révolution que met en valeur l'artiste [II], puis, à travers ses oublis, nous soulignerons les limites de sa création [III].

I. La liberté guide le peuple

Enjambant les restes d'une barricade, une foule en armes s'avance vers le spectateur. Elle est guidée par une femme à la poitrine dénudée et coiffée du bonnet phrygien ; armée d'un fusil, elle brandit un drapeau tricolore.

Au premier plan gisent des dépouilles de soldats. Sur la barricade, des personnages aux vêtements différents ressortent. Chacun incarne un groupe social : ouvrier, bourgeois, paysan, étudiant. À l'arrière-plan, à travers la fumée des combats, apparaissent les tours de Notre-Dame de Paris, symbole de liberté chez les artistes romantiques.

[Transition] Delacroix donne une image victorieuse de la révolution. Quels aspects de celle-ci met-il plus particulièrement en évidence ?

II. Les valeurs du nouveau régime

Par le bonnet phrygien qui en est le symbole, son rôle de meneuse et le titre du tableau – elle guide le peuple –, la liberté est la valeur principalement exposée. Par leur révolte, les insurgés affirment leur souveraineté populaire.

Le drapeau tricolore, qui associe les couleurs de Paris (bleu et rouge) à celle de la monarchie (blanc), fait référence à l'unité nationale et, au-delà, à l'égalité des Français incarnés par la présence côte à côte de toutes les classes sociales : ouvriers, bourgeois, paysans, étudiants…

Delacroix illustre les combats des 27, 28 et 29 juillet, les trois Glorieuses. Les Parisiens défendent leurs libertés d'expression menacées par les ordonnances de Charles X. La présence du drapeau rappelle que celui-ci fut le symbole de la révolution, accepté comme emblème national par Louis-Philippe.

[Transition] L'artiste insiste sur les valeurs positives (liberté, égalité) qui feront la devise de la France. Mais cette lecture n'est-elle pas incomplète ?

III. Les omissions de Delacroix

Le tableau masque le prix humain payé par le peuple de Paris. N'y figure aucune victime du camp des insurgés, qui déplora pourtant 788 morts.

Les manœuvres de Louis-Philippe pour imposer la monarchie de Juillet, aux dépens des républicains vainqueurs du jour, ne sont pas évoquées. De même est absente l'opinion des Français des provinces et des campagnes malgré la présence d'un paysan, lequel, blessé, ne participe pas directement à l'assaut.

Ces oublis s'expliquent par la nature du document : un tableau qui ne figure – de façon allégorique – qu'un moment d'une histoire plus complexe. Les convictions de Delacroix, favorable à une monarchie modérée, sont également déterminantes.

Conclusion

[Réponse à la problématique] Delacroix donne des Trois Glorieuses une lecture partiale. De façon symbolique, son tableau incarne bien les idéaux politiques que les hommes de 1830 revendiquaient, mais sans rien dire des déceptions qui suivirent ces journées. [Ouverture] Une nouvelle insurrection sera-t-elle nécessaire pour les effacer ?