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Introduction

[Accroche] L'écrivain François-René de Chateaubriand a écrit : « Les forêts précèdent les peuples, les déserts les suivent ». L'écrivain montre ici l'impact précoce des sociétés sur les forêts. Aujourd'hui, les images de la déforestation en Amazonie ou en Afrique centrale témoignent de la validité de son constat. [Présentation des documents] Les deux documents proposés reviennent sur le rapport des humains à leur milieu. Le premier est l'extrait d'un article intitulé « Les nouvelles forêts françaises », publié par le géographe Paul Arnould dans la revue L'Information géographique en 1996. Le second est un croquis du parc de Yellowstone réalisé par le géographe Samuel Depraz et issu de son livre Géographie des espaces naturels protégés.

[Problématique] Dans quelle mesure les sociétés parviennent-elles à mener une gestion durable de leurs milieux « naturels » ? [Annonce du plan] Avec l'anthropocène, les milieux « naturels » reposent sur la combinaison d'éléments naturels et humains [I]. Ces sociétés agissent donc sur leur milieu et le transforment [II] : la préservation de celui-ci repose sur la recherche d'un équilibre entre l'exploitation et la protection. [III]

I. Entre phénomènes naturels et actions humaines

1. Des milieux « naturels »

Les deux milieux présentés dans les documents ont été construits au fil de l'histoire. Ainsi, le parc de Yellowstone se situe en partie sur un volcan endormi, la caldeira, où les coulées de lave ont formé certains territoires et dont les sources d'eau chaude sont l'une des spécificités du parc.

En revanche, les forêts françaises sont plus récentes puisque le texte de Paul Arnould relève plusieurs actions sur les forêts dont les plus anciennes datent du Second Empire (1852-1870) : « La législation sur la restauration des terrains de montagne de 1860 et 1882 » (l. 10-11). Néanmoins, la volonté de protection des forêts par l'État remonte au Moyen Âge.

2. Patrimonialiser des espaces « naturels » ?

Le sujet met le terme « naturels » entre guillemets et invite donc à le nuancer. Les forêts sont ainsi avant tout le résultat de l'action humaine. Les politiques de reboisement sont lancées par les gouvernements, comme en France sous Colbert pour construire une flotte avec le bois issu des forêts. Aux États-Unis, dans les années 1870-1880, c'est le président Grant qui crée le parc national de Yellowstone pour protéger cet espace.

Les sociétés agissent sur ces milieux et certaines évolutions, que l'on croit être le fruit de la nature, sont en réalité le produit de l'action humaine (ex. : la réintroduction de loups dans le parc de Yellowstone). Cependant, en fonction des acteurs, cela peut provoquer des conflits d'usage comme dans le parc de Yellowstone où certains veulent permettre l'usage de motoneiges alors que d'autres souhaitent les interdire.

[Transition] Le parc de Yellowstone et les forêts françaises ne sont donc pas des milieux « naturels ». Les sociétés y agissent en fonction de leurs intérêts.

II. Les sociétés et leur milieu

1. Les menaces naturelles et anthropiques

Certaines menaces sont les conséquences de phénomènes naturels comme les incendies de 1988 dans le parc de Yellowstone provoqués par la foudre et amplifiés par la sécheresse. Un tiers du parc a été touché et il a dû être fermé.

Les risques sont aussi la conséquence de certaines activités humaines. Les forêts françaises ont ainsi été ravagées par la Première Guerre mondiale. Le texte se réfère en effet à cet événement : « telles celles installées depuis la guerre de 1914-1918 » (l. 3-4). Des forêts situées à l'est et au nord de la France ont été en partie détruites pour utiliser le bois ou parce qu'elles représentaient un obstacle dans l'avancée des armées.

2. Des espaces à aménager

Les sociétés voient aussi dans ces espaces une possibilité d'agir pour préserver l'environnement, par exemple « la forêt du littoral landais ou des forêts de montagne créées dans un cas pour fixer les dunes littorales et dans l'autre pour stabiliser les bassins de réception des torrents montagnards » (l. 5-8). En effet, en Gironde, plusieurs villages ont été engloutis par le sable et c'est Napoléon III qui a décidé d'assécher les marais et de planter des forêts dans les Landes pour fixer notamment la dune du Pilat.

Ces aménagements permettent aussi de mettre en valeur les sites pour attirer des visiteurs, à l'image du parc de Yellowstone qui a reçu plus de quatre millions de touristes en 2019. Ils viennent y admirer les geysers, le grand canyon, les sources d'eau chaude, pratiquer le kayak ou encore y camper. La forêt des Landes est elle aussi devenue un espace récréatif.

[Transition] Le parc de Yellowstone et les forêts françaises restent perçus comme « naturels » par les sociétés. Pour préserver ce patrimoine, ces dernières doivent trouver le juste équilibre entre protection et exploitation.

III. Exploiter et protéger son milieu

1. L'action de l'État

La protection des forêts et la création des parcs nationaux reposent d'abord sur une action volontariste. Ce sont en effet des ministres ou chefs d'État comme Colbert, Napoléon III ou de Gaulle qui, en France, ont pris des « décisions politiques de reboisement » (l. 15). Ce sont également les autorités politiques qui dans le parc de Yellowstone délimitent les espaces protégés.

Pour cela, les pouvoirs publics s'appuient sur différentes institutions qu'ils créent au besoin, comme le Fonds forestier national, en 1946 (l. 12-13), dont le but est d'aider la filière d'activité du bois et le reboisement. De même, le parc de Yellowstone crée le corps des rangers ; ceux-ci gèrent au quotidien les parcs nationaux et mettent en place des règles pour les visiteurs.

2. La recherche de l'équilibre

Les sociétés humaines doivent trouver un équilibre entre exploiter, protéger et préserver leur environnement. Ainsi, la direction du parc de Yellowstone aménage à la fois des hôtels-restaurants pour les touristes, délimite pour les protéger les espaces les plus fragiles et ferme partiellement certains lacs à la navigation (document 2). C'est sur ce fragile équilibre que repose la gestion durable des parcs nationaux.

Il en est de même pour la gestion des forêts où les périodes de défrichements ont alterné avec des phases de reboisement en fonction des intérêts de la société : « Tout reboisement est à restituer dans une époque avec ses contraintes écologiques, ses besoins économiques, ses conflits sociaux et ses choix politiques » (l. 17-19). En effet, pour Colbert, les forêts devaient participer à la puissance économique et militaire de la France ; pour Napoléon III, il s'agissait de créer de nouvelles ressources ; quant à de Gaulle, il souhaitait trouver un équilibre entre exploitation et préservation de la ressource.

Conclusion

[Réponse à la problématique] Les documents présentés montrent que les milieux « naturels » sont surtout le résultat d'actions humaines. Le Yellowstone et les forêts françaises incarnent une réussite contrastée car les sociétés ont cherché à mettre en place un équilibre entre l'exploitation et la protection, sans toujours y parvenir. [Ouverture] Ces deux documents auraient gagné à être comparés avec des milieux où l'exploitation se fait au détriment de toute protection, comme dans les forêts d'Amazonie et d'Indonésie.