Annale corrigée Partie 1 Ancien programme

La Joconde incomplète

Unit 1 - | Corpus Sujets - 1 Sujet
 
La Joconde incomplète

Représentation visuelle

Corrigé

4

Thèmes communs

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Sujet zéro

Représentation visuelle • 8 points

Au musée du Louvre à Paris, des millions de visiteurs se pressent chaque année pour voir la Joconde. Le plus célèbre tableau du monde peint entre 1503 et 1506 par Léonard de Vinci a traversé pas moins de cinq siècles sans être protégé mais aujourd'hui il est derrière une épaisse vitre de verre.

Vous et monsieur X assistez à une visite guidée au musée du Louvre pour admirer le visage de la Joconde.

Lorsque monsieur X s'approche du tableau, il est doublement déçu : d'une part, il trouve stupide d'enfermer un tel chef-d'œuvre derrière une vitre, et d'autre part, il n'arrive pas à avoir une vision d'ensemble du tableau. Il ne cesse de se plaindre auprès du guide et perturbe la bonne ambiance de la visite.

Document 1

Évolution du champ visuel chez monsieur X

Les images ci-dessous représentent la Joconde vue par la majorité des visiteurs du Louvre et ce même tableau vu par monsieur X.



D'après www.myscience.ch

Document 2

Une nécessaire protection du tableau

La conservation des tableaux est particulièrement exigeante, car la structure complexe des surfaces des peintures est souvent réduite à une couche très mince et extrêmement fragile, qu'il s'agit d'analyser et de préserver. Le support, ou le fond d'un tableau, possède fréquemment des propriétés physiques tout à fait différentes de la couche de peinture.

L'image mythique de « La Joconde » a été peinte sur un mince panneau de bois de peuplier selon une technique maîtrisée par l'artiste dite sfumato. Le motif a été dessiné sur plusieurs couches d'enduit avant que ne soit entrepris le travail à l'huile, additionnée d'essence très diluée. Pour affiner le modèle de ce visage au sourire énigmatique et pour jouer avec les subtils effets de lumière sur le teint diaphane de Mona Lisa, modèle présumé du chef-d'œuvre, le peintre a dû superposer d'innombrables couches de couleurs transparentes.

Document 3

Répartition des photorécepteurs rétiniens de l'œil humain


D'après Bordas, 1re L.

Remarque : Les photorécepteurs sont de deux types : cônes et bâtonnets.

L'excentricité correspond à l'éloignement d'un point donné de la rétine par rapport au centre de celle-ci, repéré par 0 sur le graphe. Plus on s'éloigne du centre de la rétine et plus l'excentricité augmente.

>  À l'aide des documents et de vos connaissances, développez l'argumentaire du guide pour convaincre monsieur X de l'utilité de cette mesure de préservation de l'œuvre, et du fait que sa perception incomplète pourrait résulter d'un problème au niveau de sa rétine.

Il s'agit d'une rédaction, donc pensez à bien gérer votre temps.

Interpréter la question

L'énoncé évoque clairement deux questions qu'il faut traiter séparément : premièrement, l'utilité de protéger le tableau en le plaçant derrière une vitre en verre, deuxièmement, la nature et l'origine des troubles visuels de monsieur X, c'est-à-dire une altération de la structure de sa rétine.

Comprendre les documents

Chaque document se rapporte à l'une ou à l'autre de ces questions.

Document 1

Il vous permet d'identifier les symptômes de monsieur X, votre analyse devra notamment faire intervenir la notion de champ visuel (mémento 2).

Document 2

Il ne présente pas de difficulté particulière : son titre résume son intérêt. Il n'indique pas comment et par quels agents un tableau peut être altéré, mais porte sur la complexité physique et chimique de la Joconde, qui donne à cette œuvre sa richesse de tons si particulière.

Document 3

C'est un document classique sur la répartition des photorécepteurs de la rétine que vous devez avoir étudié en détail en cours (voir le savoir-faire du mémento 2). Il doit être relié à l'analyse des troubles visuels de monsieur X (document 1) pour les expliquer.

Organiser la réponse

  • Elle doit s'organiser en deux temps : l'un consacré à la démonstration de l'intérêt de la vitre pour protéger la Joconde (contre la lumière, l'humidité et les variations de la température), démonstration qui fait appel à vos connaissances l'autre consacré à démontrer à monsieur X que ce n'est pas la vitre qui gêne sa vision mais un problème au niveau de sa rétine.
  • Cette deuxième démonstration s'appuie sur l'analyse croisée des documents 1 et 3, et doit être soutenue par vos connaissances lorsque vous utilisez un vocabulaire spécifique (comme la notion de photorécepteur par exemple). Placez-vous dans la position d'un médecin qui explique à un patient l'origine de ses troubles.

Monsieur, permettez-moi de vous dire que votre comportement est celui d'un malotru doublé d'un ignorant : non seulement vous perturbez le groupe en vous plaignant de la vitre qui protège l'œuvre, mais encore vous ne réalisez pas que votre vue est en danger.

Ne vous êtes-vous jamais demandé pourquoi on place les œuvres derrière des vitres et pourquoi on ne les éclaire pas plus ?

Sachez, Monsieur, que la luminosité, le degré d'humidité et la température de l'air sont des paramètres qu'il faut absolument contrôler et d'autant plus que les mouvements d'air sont incessants autour d'une œuvre. Ces paramètres sont capables d'altérer les pigments et les vernis d'une peinture. Mais ces détails techniques ne vous intéressent manifestement pas et je vous épargnerai un long discours pour en venir au point qui devrait vous alerter, Monsieur.

Pensez-vous vraiment que c'est cette vitre qui vous empêche de bien percevoir l'œuvre ? Vous n'y êtes pas du tout ! Tout indique que votre champ de vision périphérique est atteint : manifestement vous ne percevez bien que ce qui est au centre de votre champ de vision.

Il faut que vous sachiez qu'au niveau de la rétine, il existe des cellules spécialisées dans la conversion des images lumineuses en messages visuels. On les appelle les photorécepteurs.

Les messages visuels qu'ils créent sont transmis au cerveau qui les analyse. C'est ainsi qu'est créée notre perception visuelle.

Mais la vôtre semble bien réduite : j'ai ici un guide que j'ai – co&iuml ncidence étonnante – pris chez mon ophtalmologiste ce matin… Observez donc ce graphe : il existe deux types de photorécepteurs, les cônes et les bâtonnets, - oui comme les glaces… Regardez ! Les cônes sont situés au centre de la rétine, là où se forment les images de ce que vous fixez, alors que les bâtonnets sont situés dans la rétine périphérique, là où se forment les images des objets qui sont à la périphérie de votre champ visuel. Ces mêmes objets que vous vous plaignez de mal percevoir ! J'ai bien peur que vos bâtonnets ne soient atteints. (En aparté – et qu'ils ne fondent comme neige au soleil si vous ne vous dépêchez pas de consulter.)

Avec ou sans vitre, votre perception de la Joconde reste malheureusement la même. Elle est la conséquence d'un problème au niveau de votre rétine. Je ne saurais trop vous inciter à consulter rapidement… Prenez cette carte du Dr Bonneuil… je vous le recommande vivement.

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