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Économie
La lutte contre le chômage
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Raisonnement
La lutte contre les différents types de chômage
Intérêt du sujet • Dans ce sujet, vous devez mobiliser la plupart des notions et mécanismes du chapitre : la mesure du chômage, ses formes et toutes les politiques de l'emploi étudiées. À vous de jouer !
Vous montrerez que les différentes composantes du chômage appellent des politiques de l'emploi adaptées.
Document 1La coexistence de différentes formes de chômage
À la composante keynésienne due à [une] insuffisance de la demande vient se greffer une [autre] composante […] : le chômage de masse en France se concentre avant tout sur les non-qualifiés. Pour impulser l'emploi des non-qualifiés, les gouvernements successifs mènent depuis 1993 une politique d'exonération de charges sociales sur les bas salaires. Le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) et le Pacte de responsabilité s'inscrivent dans cette stratégie, qui, au total, représentera près de 50 milliards d'euros en 2017. Cette politique repose sur la thèse selon laquelle le coût du travail, déterminé par le niveau du SMIC et des cotisations sociales, pèserait sur la demande de travail des non-qualifiés. Les cotisations sociales des employeurs représentent, après prise en compte du CICE et du Pacte de responsabilité, 9,5 % du salaire brut au niveau du SMIC et 43,8 % à partir de 1,6 SMIC. De ce fait, le coût du travail au niveau des bas salaires représente 35 % du coût du travail au niveau du salaire moyen, ratio ramené à celui observé aux États-Unis. Stimuler l'offre d'emploi par la baisse des charges semble désormais avoir atteint ses limites…
Il convient alors de s'attaquer à l'autre versant du problème, à savoir la faible productivité de ces citoyens. Cela passe par une réforme en profondeur du système éducatif français […], de la formation professionnelle […] et de l'apprentissage afin d'améliorer l'appariement1 entre les besoins des entreprises et la formation des jeunes.
Source : D'après Éric Heyer, « Controverses - Du chômage au plein-emploi : quelles solutions en France ? », La Nouvelle Revue du travail, août 2016.
1. Action de rendre compatibles l'offre de travail et la demande de travail.
Document 2Évolution du produit intérieur brut (PIB), de l'emploi et du taux de chômage entre le premier trimestre 2008 et le deuxième trimestre 2009 (en %)

Source : D'après « Chômage à durée indéterminée », Revue de l'OFCE, octobre 2009.
Document 3Part des entreprises citant chaque barrière à l'embauche au deuxième trimestre 2019 (en %)

Source : Enquête de conjoncture, Insee, juin 2019.
Note : Une même entreprise peut signaler plusieurs types de barrières à l'embauche.
Les clés du sujet
Analyser les termes du sujet et mobiliser ses connaissances
Exploiter les documents
Document 1. Ce texte montre qu'il peut coexister plusieurs types de chômage nécessitant des politiques différentes : allègement du coût du travail contre le chômage des non-qualifiés, mais aussi politiques de formation.
Document 2. Ce tableau permet de mettre en évidence une corrélation entre la baisse du PIB de l'Espagne, de la France, de l'Allemagne et des États-Unis entre le premier trimestre 2008 et le deuxième trimestre 2009 et la hausse de leur taux de chômage. Ces données renvoient à l'existence d'un chômage conjoncturel.
Document 3. Ce tableau nous présente les freins à l'embauche déclarés par les chefs d'entreprise de différents secteurs d'activité en 2019. La demande de travail semble affectée, pour environ un quart des entrepreneurs, par l'incertitude sur la situation économique ; pour un tiers des entreprises du bâtiment, par les coûts liés à l'emploi ; et pour une minorité, par la réglementation.
Définir les arguments

Les titres des parties ne doivent pas figurer sur votre copie.
Introduction
Depuis une trentaine d'années, les pays développés sont confrontés à un chômage de masse : une partie croissante de leur population active est ainsi privée d'emploi, et en recherche un activement. Mettre en œuvre des politiques de l'emploi pour lutter contre ce fléau est devenu la priorité des gouvernements. Mais la pluralité des formes de chômage nécessite de prendre des mesures adaptées à chacune d'entre elles : conjoncturelle, classique ou encore structurelle.
Le secret de fabrication
Pour argumenter, il s'agit de montrer, au sein de chaque partie, qu'une politique est adaptée pour traiter un seul type de chômage.
I. Le chômage conjoncturel nécessite des politiques macro-économiques adaptées
Le chômage conjoncturel est lié aux fluctuations de l'activité économique. Par exemple, dans un contexte de crise économique puis de récession, comme en 2008-2009, l'insuffisance de demande anticipée par les chefs d'entreprise est responsable de la hausse brutale du chômage. Dans ce contexte, les entrepreneurs ne prennent pas le risque d'embaucher et de produire plus, par crainte de manque de débouchés. En Espagne, la baisse de 4,2 % du produit intérieur brut (PIB) entre le premier trimestre 2008 et le deuxième trimestre 2009 s'est ainsi accompagnée d'une très forte hausse du taux de chômage (document 2). Aujourd'hui encore, 27 % des chefs d'entreprise du bâtiment citent l'incertitude économique comme un frein à l'embauche (document 3).
Dans ce contexte, les pouvoirs publics peuvent intervenir pour mener des politiques de soutien de la demande globale, par des mesures budgétaires et/ou monétaires de relance. Ces actions doivent favoriser la hausse du niveau de production et de l'emploi.
mot clé
La demande globale recouvre l'ensemble des achats de biens et services réalisés par les agents économiques résidents (demande intérieure) et non résidents (demande extérieure).
II. Des politiques d'allègement du coût du travail peuvent répondre à un chômage classique
Le chômage classique est lié à un coût du travail trop élevé. Il touche davantage les actifs peu qualifiés et/ou à faible productivité (document 1). Le montant trop élevé des charges sociales est ainsi jugé comme préjudiciable à l'embauche pour 23 % des entreprises du bâtiment en 2019 (document 3).
Les pouvoirs publics peuvent alors agir, comme en 2016 et 2017, sur les composantes du coût du travail : en diminuant les cotisations sociales des bas salaires, en subventionnant les embauches et en contenant les hausses de salaire minimum (document 1).
III. D'autres mesures peuvent atténuer le chômage structurel
Développer la formation permet de renforcer l'employabilité des plus jeunes et des non-qualifiés. La hausse du niveau de qualification favorise une meilleure adéquation entre l'offre de travail et la demande de travail, contribuant à réduire le chômage structurel (document 1).
à noter
Le chômage structurel est celui qui perdure même en cas de situation économique favorable, a contrario du chômage conjoncturel.
Parallèlement, les pouvoirs publics peuvent prendre différentes mesures afin de diminuer les rigidités institutionnelles freinant les embauches, ainsi que le mettent en avant 19 % des sociétés du bâtiment (document 3). Faciliter les licenciements ou encore assouplir le droit du travail peut permettre aux entreprises de réduire leurs coûts de production et de mieux s'adapter aux évolutions de leur marché.
Conclusion
Il existe plusieurs politiques de l'emploi, chacune ayant des objectifs précis en termes de lutte contre le chômage. Les politiques de soutien à la demande globale traitent le chômage conjoncturel ; celles d'allègement du coût du travail, le chômage classique ; quant aux politiques de formation et de flexibilisation du marché du travail, elles visent à réduire le chômage structurel. Chacune d'entre elles peut néanmoins avoir des effets pervers, ce qui témoigne de la difficulté de réellement « inverser la courbe du chômage »