Annale corrigée Analyser et comprendre des documents

La mobilisation de l'arrière pendant la Grande Guerre

France métropolitaine • Juin 2023

La mobilisation de l’arrière pendant la Grande Guerre

analyser des documents

45 minutes

20 points

Intérêt du sujet • La Grande Guerre est une guerre totale. Elle mobilise les civils et l’ensemble des activités économiques ou culturelles pour soutenir les forces armées.

 

Document 1Témoignage d’une enfant pendant la Première Guerre mondiale

En 1914, Juliette Eychenne-Bareil a sept ans et vit dans le sud de la France, à Carcassonne.

Lorsque la guerre a été déclarée, ma sœur m’emmenait avec d’autres jeunes filles à la gare voir passer les soldats qui partaient pour le front. Quel enthousiasme ! Ils chantaient joyeux : « Tous à Berlin ! » Tout le monde s’embrassait.

Quelque temps après, ce n’était plus la même chose.

Nous allions voir arriver les trains de blessés, c’était bien triste. Les écoles étaient transformées en hôpitaux militaires : Saint-Stanislas, André-Chénier, l’École normale de garçons et d’autres locaux. On manquait de beaucoup de choses malgré le dévouement des dames de la Croix-Rouge.

Les hommes étant partis, ceci explique qu’on ait utilisé les femmes dans les usines pour faire des obus. L’usine Plancard était une fonderie qui se consacra à la fabrication des obus grâce aux femmes qui considéraient ce genre de travail comme un acte patriotique ; mais c’était très pénible. Beaucoup de femmes confectionnaient des vêtements militaires à domicile ; tout cela était peu payé, ma mère travaillait tous les jours, mais malgré tous ses efforts, c’était quand même la misère.

Pour la nourriture, on a surtout manqué de pain. Les pommes de terre étaient rares, il fallait faire des queues interminables pour avoir 2 kg par personne : j’accompagnais ma mère qui me donnait un sac et je passais et repassais.

Source : témoignage recueilli et publié en 1983 dans l’ouvrage Années cruelles, 1914-1918, Atelier du Gué, coll. Terres d’Aude.

Document 2Affiche française de 1918 appelant les civils à poursuivre l’effort de guerre en participant au quatrième emprunt

hge3_2306_07_00C_01

© Raoul Cabrol – ph © Photo Josse/Bridgeman Images

Source : affiche de Raoul Cabrol, 1918.

Document 1

1. Identifiez la nature de ce document.

2. Relevez trois extraits montrant les souffrances des civils.

3. Montrez ce qu’apporte ce document par rapport au point de vue d’un soldat de la Première Guerre mondiale.

Document 2

4. Décrivez l’affiche en montrant comment les personnages représentent le front et l’arrière.

5. Expliquez l’objectif de cette affiche.

Documents 1 et 2

6. Montrez comment les civils participent à l’effort de guerre entre 1914 et 1918.

 

Les clés du sujet

Comprendre les documents

hge3_2306_07_00C_02

hge3_2306_07_00C_03

Répondre aux questions

 1. Utilise ce qui est indiqué en source. À quelle date est recueilli le récit ? Qu’est-ce qu’un témoignage ? Quel âge a le témoin quand il raconte ses souvenirs ?

 2. Quelle vision la fillette a-t-elle des blessés ? Comment est le travail des femmes ? De quoi manque Juliette pour elle-même ? De quoi souffre-t-elle ?

 3. Que constatent les blessés quand ils sont à l’hôpital ? Quels sentiments peuvent avoir les soldats informés de la vie de leurs femmes et de leurs enfants ?

 4. Où se trouve le soldat sur l’image ? Qui apparaît dans la tranchée ? Quel est le rôle de chacun ?

 5. Qu’est-ce qu’un « emprunt » ? Qui emprunte et qui donne ? Quelle est la nature de l’effort ?

 6. Décris successivement le rôle des différents acteurs de l’arrière : les femmes, les enfants, les hommes non mobilisés. N’oublie pas le rôle de l’illustrateur Raoul Cabrol.

1. Le document est un témoignage. Il est recueilli en 1983 auprès d’une femme de 76 ans. Elle raconte ses souvenirs de la Première Guerre mondiale. Elle avait alors 7 ans en 1914.

2. Les hôpitaux « manquaient de beaucoup de choses ». La vision des blessés était « triste ». Le travail des femmes était « pénible » et il était « peu payé ». Elles vivaient dans « la misère ». Les civils ont « surtout manqué de pain ». Ils avaient faim.

conseil

« Relever un extrait » consiste à citer le texte. Mets l’extrait entre guillemets pour l’isoler de ton propre texte.

3. Le document montre les souffrances de l’arrière. Le soldat pouvait se sentir soutenu : les femmes fabriquaient des obus. Il savait qu’il serait soigné s’il était blessé. Il était motivé à combattre pour sortir ses proches de la misère.

4. Le soldat est au-devant de la tranchée, exposé au feu de l’ennemi. Il incarne le front. Les civils (l’homme et l’enfant) se trouvent dans la tranchée, à l’abri et protégés par le soldat. Ils représentent l’arrière.

gagne des points

Utilise les détails de l’image : les riches vêtements de l’homme et de l’enfant. Ils ont des moyens. L’enfant tend une grenade. Elle a donné quelque chose pour la payer.

5. L’affiche propose un « emprunt » d’argent. Le gouvernement demande aux Français un « effort » financier. Celui-ci est nécessaire pour payer les munitions (les « cartouches ») figurées par la grenade donnée par la fillette ou par le caisson tenu par le civil et dans lequel puise le soldat.

6. Tous les civils participent à la guerre tout en continuant de s’occuper de leur famille. Les femmes soignent les blessés et travaillent pour fournir le matériel nécessaire à la guerre. Les hommes non mobilisés apportent leur soutien financier, informent leurs concitoyens, aident à la propagande, comme Raoul Cabrol. Les enfants aident à la hauteur de leurs moyens : en effectuant des tâches ménagères, des dons, en apportant leur soutien moral, etc.

Pour lire la suite

Je m'abonne

Et j'accède à l'ensemble
des contenus du site