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La reconnaissance des responsabilités de l'État français durant la Seconde Guerre mondiale

Unit 1 - | Corpus Sujets - 1 Sujet
 
La reconnaissance des responsabilités de l'État français durant la Seconde Guerre mondiale

Oral • Histoire

Corrigé

54

Oral

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Sujet d'oral n&deg 3

étude de document

Document

La commémoration des rafles des 16-17 juillet 1942

Il est, dans la vie d'une nation, des moments qui blessent la mémoire, et l'idée que l'on se fait de son pays. Ces moments, il est difficile de les évoquer, parce que l'on ne sait pas toujours trouver les mots justes pour rappeler l'horreur, pour dire le chagrin de celles et ceux qui ont vécu la tragédie. […]

Il est difficile de les évoquer, aussi, parce que ces heures noires souillent à jamais notre histoire et sont une injure à notre passé et à nos traditions. Oui, la folie criminelle de l'occupant a été, chacun le sait, secondée par l'État français. La France, patrie des Lumières, patrie des Droits de l'homme, terre d'accueil, terre d'asile, la France, ce jour-là, accomplissait l'irréparable. Manquant à sa parole, elle livrait ses protégés à leurs bourreaux […]. Nous conservons à l'égard des déportés juifs de France une dette imprescriptible.

Reconnaître les fautes du passé, reconnaître les fautes commises par l'État. Ne rien occulter des heures sombres de notre histoire, c'est, tout simplement, défendre une idée de l'Homme, de sa liberté, de sa dignité. C'est lutter contre les forces obscures, sans cesse à l'œuvre […].

Certes, il y a les erreurs, il y a les fautes, il y a, c'est indiscutable, une faute collective, mais il y a aussi la France, une certaine idée de la France, droite, généreuse, fidèle à ses traditions, à son génie. Et cette France n'a jamais été à Vichy. Elle n'est plus alors, et depuis longtemps, à Paris. Elle est dans les sables de Libye, et partout où se battent les Français libres. Elle est à Londres, incarnée par le général de Gaulle. Elle est présente, une et indivisible, dans le cœur des Français, ces « justes parmi les nations » qui, au plus noir de la tourmente, en sauvant au péril de leur vie, comme l'écrit Serge Klarsfeld, les trois-quarts de la communauté juive résidant en France, ont donné vie à ce qu'elle a de meilleur, cette France : les valeurs humanistes, les valeurs de liberté, de justice, de tolérance, qui fondent l'identité française et qui nous obligent pour l'avenir.

Discours de Jacques Chirac, le 16 juillet 1995.

Pistes pour l'oral

Préparation

Entrer dans le sujet

  • Le sujet porte sur les responsabilités : il s'agit d'expliquer dans quelle mesure cette allocution du président de la République marque une évolution dans la perception des mémoires du second conflit mondial.
  • Le sujet se limite à l'État français durant la période de la Seconde Guerre mondiale. La date du document indique bien l'année concernée : 1942.

Organiser l'exposé

  • Dans un premier temps, vous devez, à l'aide du document, revenir sur le tournant que représente ce discours présidentiel à la fois dans le domaine de la prise en compte des mémoires du second conflit mondial que dans celui des responsabilités de l'État français.
  • Ensuite, vous devez envisager les ambigu&iuml tés de ce texte notamment en évoquant la persistance d'une approche résistancialiste qui permet de considérer Vichy comme une parenthèse de l'histoire nationale.

Présentation

Introduction

C'est la mémoire des 70 000 Juifs français qui trouvèrent la mort dans les centres de mise à mort (camps d'extermination) qu'évoque le président Chirac en été 1995. Plus de 50 ans après, à l'occasion de la commémoration des rafles des 16 et 17 juillet 1942, il reconnaît officiellement les responsabilités de l'État français dans ce crime contre l'humanité tout en faisant écho à la mémoire de la Résistance et à l'action de la France libre.

I. Un discours qui marque un tournant dans la reconnaissance des responsabilités de l'État français lors de la Seconde Guerre mondiale

1. Les heures sombres de l'Occupation

  • En évoquant les « heures noires », Jacques Chirac fait référence à l'occupation allemande qui débouche sur la soumission du pays et sa division.
  • De Vichy, capitale de la France dite « libre », mais aussi de Paris en zone occupée, des « forces obscures » entendent faire payer ceux qu'ils jugent responsables de la défaite.

2. La politique de collaboration de l'État français (1940-1944)

  • En 1940, Vichy se lance dans une politique de collaboration qui vise les populations juives.
  • À l'été 1942, l'État français commet « l'irréparable » : les autorités françaises participent à l'arrestation et à la déportation de milliers de Juifs français (rafle dite du « Vel'd'hiv »).

3. Le président de la République reconnaît les responsabilités de l'État français

  • Le discours de Jacques Chirac constitue une importante rupture.
  • Longtemps la mémoire de Vichy et de la collaboration a été occultée.
  • La mémoire juive du conflit, jusque dans les années 1960-1970, a peu d'écho dans l'opinion publique.

II. Ambigu&iuml tés et limites du discours

1. « une certaine idée de la France… »

  • Toute la France n'a pas collaboré. Une autre France s'exprime hors de Vichy. Ici, le discours du président se fait le relais du mythe résistancialiste.
  • Il insiste sur l'engagement dans la Résistance du général de Gaulle, qui permet au pays d'être compté parmi les vainqueurs de l'Allemagne nazie.

2. Le mythe remis en cause

  • Seul un faible nombre de Français étaient engagés dans la Résistance.
  • C'est le travail sur les mémoires qui a permis de reconnaître définitivement la spécificité de l'extermination systématique du peuple juif.

Conclusion

Ce discours rompt avec la position des précédents chefs de l'État en reconnaissant pleinement la responsabilité de l'État français dans la déportation et l'extermination des Juifs de France.

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