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La société française des années 1970

Asie • Juin 2021

La société française des années 1970

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45 min

20 points

Intérêt du sujet • Avec la crise pétrolière de 1973, les années 1970 signent la fin des Trente Glorieuses. De nouvelles revendications témoignent d’une société en pleine transformation et débouchent sur d’importantes réformes.

 

Document 1Le Mouvement de libération des femmes créé en 1970 fait entendre ses revendications

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« Boulot, Omo1, marmots2, y’en a marre », MLF, 1971

(Bibliothèque Marguerite Durand, Paris).

ph © Richard Frieman/Gamma Rapho

1 : OMO : marque de lessive.

2 : Marmots : terme familier utilisé pour désigner les enfants.

Document 2Un historien décrit les années Giscard : « La France devait devenir un immense chantier de réformes »

Ces réformes s’inscrivaient dans un ensemble de mesures sur les problèmes sensibles de la société, la place de la jeunesse dans la vie politique, la régulation des naissances, les questions de l’information, de l’éducation et de l’organisation économique et sociale. L’abaissement de l’âge de la majorité à 18 ans fut particulièrement symbolique de l’action menée par le nouveau président à l’égard de la jeunesse.

Le deuxième débat à haute charge symbolique fut celui concernant l’interruption volontaire de grossesse. Ce débat s’inscrivait dans une question plus vaste, celle du féminisme et celle de la volonté de la maîtrise des naissances, à qui, là encore, les événements de 1968 avaient donné une nouvelle impulsion. […]

Dès le début du nouveau septennat, en décembre 1974, une nouvelle loi Neuwirth avait rendu les contraceptifs remboursables par la Sécurité sociale, y compris pour les mineures et sans autorisation parentale. […] Néanmoins, le nombre des conceptions non souhaitées restait très élevé et celui des avortements clandestins se situait, pensait-on, entre 500 000 et 1 million par an. Dans la pratique, la loi interdisant l’avortement était donc très largement bafouée, malgré les 500 condamnations annuelles que l’on dénombrait. En outre, beaucoup de ces avortements se faisaient dans des conditions dangereuses. […]

Préparer et soutenir devant le Parlement le projet fut confié à un magistrat, jusqu’alors extérieur au monde politique et qui venait d’être nommé ministre de la Santé, Simone Veil.

L’avortement soulevait des problèmes bien plus graves que la contraception. Pour une partie de l’opinion, et en particulier l’opinion catholique, l’embryon était considéré comme un être vivant et l’avortement assimilé à un assassinat. […]

L’opposition des médecins ou tout au moins de leur ordre était également particulièrement vive.

[…] L’opinion était majoritairement du côté de la réforme ; d’après un sondage de septembre 1974, 65 % des personnes interrogées étaient favorables à la libéralisation de la législation ; il n’est donc pas étonnant qu’au petit matin du 29 novembre, une majorité de députés ait voté la loi.

Jean-Jacques Becker, Crises et alternances 1974-1995, « Points Histoire », Seuil, 1998.

Document 1

1. Relevez les critiques et les revendications que le Mouvement de libération des femmes fait au sujet des conditions de vie quotidienne des femmes. (4 points)

2. Comment fait-il connaître ses revendications ? (3 points)

Document 2

3. Citez et expliquez deux réformes engagées sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing. (4 points)

4. Montrez que l’adoption de nouvelles mesures fait débat au sein de la société française. (4 points)

Documents 1 et 2

5. En utilisant les documents et vos connaissances, montrez que la Ve République répond aux attentes d’une société française en évolution. (5 points)

 

Les clés du sujet

Comprendre le document

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Répondre aux questions

1. Fais la différence entre « critique » et « revendication ». Aide-toi du positionnement des textes sur la banderole et des notes qui les explicitent. D’après le dessin, quel type de « boulot » exerce la femme ? Dans quel état est-elle ? Qu’est-ce que la contraception ? l’avortement ?

2. Dans quel cadre la photographie a-t-elle été prise ? Quels moyens utilise la militante ? Quelle formule courante détourne-t-elle ? Que porte la militante sur son vêtement ?

3. Quelle réforme s’adresse aux jeunes (18-21 ans) ? Quel intérêt pour eux ? Et pour le gouvernement ? Quelle réforme s’adresse plus particulièrement aux femmes ? Quel problème veut résoudre la loi ?

4. Cite deux types d’opposants à la loi Veil. Au nom de quelle(s) valeur(s) s’y opposent-ils ?

5. La question appelle à dépasser les années 1970. Avant de répondre, dresse la liste des réformes que tu connais. En contrepoint de chacune, inscris les transformations de la société qui les justifient. Rédige ta réponse par thèmes sociaux ou selon la chronologie et mets en évidence le lien changement/réforme.

1. En 1971, le MLF critique la condition des femmes contraintes aux tâches ménagères (« Omo ») et à s’occuper des enfants (« marmots ») en plus du travail qu’elles peuvent exercer (« boulot »). Le mouvement revendique le droit de pouvoir se protéger contre une grossesse non désirée (« contraception ») ou de l’interrompre (« avortement »).

info +

« Boulot, Omo, marmots » est un slogan construit à partir de la formule « Boulot, métro, dodo ».

2. Le MLF fait connaître ses revendications par des manifestations. Les militant.e.s brandissent des banderoles où il.elle.s exposent des slogans qui détournent des formules connues. Il.elle.s utilisent aussi des tracts ou des affichettes autocollantes.

3. Dès son arrivée au pouvoir, le président Giscard abaisse l’âge de la majorité de 21 à 18 ans. La réforme permet aux jeunes adultes de prendre part à la vie politique du pays ; dans le même temps, elle garantit au gouvernement une popularité élargie. Le droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) est voté en 1974. Il répond au besoin des femmes de maîtriser leurs maternités et d’éviter les drames provoqués dans le cadre des avortements clandestins.

Info +

Le « Manifeste des 343 » est une pétition publiée en avril 1971. Les signataires reconnaissent avoir subi une IVG et en demandent la légalisation.

4. Le projet de loi sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG) fait débat au sein de la société française. L’Église de France et une fraction des catholiques refusent le droit à l’IVG au nom de l’enfant considéré comme être humain dès sa conception. De même, l’Ordre des médecins et une partie de ces derniers s’opposent à une loi qui peut aller à l’encontre de leur conscience ou contredire leur vocation à lutter contre la mort.

5. La majorité abaissée de 21 à 18 ans et l’IVG répondent à des demandes de l’opinion dans une société qui, au nom de l’égalité, fait plus de place aux jeunes et aux femmes. D’autres réformes vont dans le même sens sous la Ve République. Celle des régimes matrimoniaux (1965) permet aux femmes de travailler sans l’autorisation de leur mari et de gérer leurs biens, quand celle du divorce par consentement mutuel (1975) aide à leur émancipation. En 2000, la loi sur la parité favorise l’entrée en politique des femmes. La loi Haby (1975) sur le collège unique répond à la démocratisation de l’enseignement ; la retraite à 60 ans (1981) accompagne le vieillissement de la société ; la loi sur le concubinage (1999) puis celle sur le mariage pour tous (2013) reconnaissent le droit de vivre autrement sa sexualité et sa vie commune. La fin du service national (1997) puis sa résurgence sous forme de Service national universel (SNU à l’horizon 2022-2023) témoignent d’une société qui révise ses moyens d’action pour les adapter aux technologies ou aux besoins nouveaux.

remarque

Tu peux citer d’autres exemples, du moment que tu les associes à un changement social.

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