Justice sociale et inégalités
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ens. spécifique
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CORRIGE
Pondichéry • Avril 2015
| Salaires mensuels moyens nets en 2011, en euros |
Cadres1 | 3 988 |
Professions intermédiaires | 2 182 |
Employés | 1 554 |
Ouvriers | 1 635 |
Ensemble | 2 130 |
Source : d'après Insee, 2014.
Pour l'école, le défi est de faire réussir des enfants qui, dès le départ, n'ont pas les mêmes cartes en main. « En France, les premières “traces” des inégalités sociales et sexuées à l'école sont observées au niveau de la moyenne section de maternelle. […] Une analyse très fine des performances [des élèves] montre que c'est dans le domaine de la logique verbale que les inégalités sociales sont les plus marquées », note Marie Duru-Bellat. Les inégalités entre les enfants existent avant même l'entrée à l'école.
Vers l'âge de 11 ans, en sixième, les écarts étaient, en 2005, de 9,2 points sur 100 entre les enfants d'ouvriers et ceux de cadres en français, de 13,3 points en mathématiques. Au fil des cursus, la part des enfants des catégories sociales modestes s'amenuise peu à peu. Parmi les enfants entrés en sixième en 1995, 38 % étaient de parents ouvriers ou inactifs. Six ans plus tard, ils n'étaient plus que la moitié à avoir obtenu un bac général. L'année suivante, ils ne représentaient que 9 % des étudiants de classes préparatoires… […]
Les moyennes cachent la situation des filières les plus sélectives. L'élite de la nation s'est déplacée vers les grandes écoles. On dispose de peu de données sur ce phénomène. Mais on sait qu'entre les années 1940 et les années 1980, leur recrutement ne s'est pas ouvert, en dépit de la démocratisation d'ensemble. Les années 1980 auraient même été marquées par une hausse des inégalités sociales d'accès aux grandes écoles. Dans les grandes écoles les plus prestigieuses, la part des enfants d'origine populaire (agriculteurs, ouvriers, employés, artisans ou commerçants) est passée de 29 % à 9 % du début des années 1950 à la fin des années 1980, un effet qui ne s'explique que pour partie par le déclin de ces catégories dans la population. À l'entrée à l'ENA1, à l'automne 2008, 2,9 % des enfants avaient un parent ouvrier, alors que ces derniers représentent encore 22,8 % des emplois…
Louis Maurin, Déchiffrer la société française, 2009.
| Hommes | Femmes |
Agriculteurs | 26,31 | 33,2 |
Artisans, commerçants, chefs d'entreprise | 27,8 | 33,9 |
Cadres et professions intellectuelles supérieures | 28,6 | 34,4 |
Professions intermédiaires | 26,8 | 33,6 |
Employés | 25,7 | 32,7 |
Ouvriers | 25,3 | 32,1 |
Ensemble | 26,4 | 32,8 |
D'après « Espérance de vie, durée passée à la retraite », Dossiers Solidarité et Santé, DREES, juin 2013.
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Les inégalités représentent les différences d'accès des individus ou des différents groupes sociaux à des ressources rares et valorisées par la société. Les inégalités sont économiques lorsqu'elles concernent la répartition des revenus et des patrimoines. Les inégalités sociales touchent à la santé, la réussite scolaire et même aux inégalités culturelles et politiques.
Comprendre les documents
- Le document 1 porte sur les inégalités de salaires, inégalités économiques, entre les catégories de salariés. Les cadres ont un salaire net mensuel moyen environ 2,4 fois plus élevé que les ouvriers en France en 2011.
- Le document 2 est un texte qui porte sur les inégalités de réussite scolaire et le poids de l'origine sociale dans cette réussite. Ainsi, à l'entrée au collège, les enfants des catégories les plus favorisées ont un niveau plus élevé en français et en mathématiques que les enfants des catégories les plus modestes (ouvriers, employés, agriculteurs, artisans, petits commerçants). Ces derniers font des études moins longues que les premiers et surtout accèdent très rarement aux études les plus valorisées, comme celles des grandes écoles. Mais, ces inégalités de réussite scolaire apparaissent dès avant l'entrée dans le système scolaire.
- Le document 3 est un tableau statistique mettant en évidence les inégalités d'espérance de vie entre les catégories sociales et les genres (femmes-hommes) à 55 ans. Si les femmes ont une espérance de vie plus élevée que celle des hommes à 55 ans, quelle que soit la catégorie sociale, l'écart le plus important concerne les employés (différence de 7 ans entre les hommes et les femmes). Aussi bien pour les hommes que pour les femmes, ce sont les cadres et professions intellectuelles supérieures qui ont l'espérance de vie la plus élevée, et les ouvriers la plus courte.
Définir le plan
Nous allons souligner dans un premier temps la nature économique des inégalités, puis dans un second temps nous verrons que ces inégalités économiques sont à l'origine d'inégalités sociales, c'est-à-dire non économiques.
Introduction
Les inégalités, entendues comme les disparités d'accès des individus ou différents groupes sociaux à des ressources rares et socialement valorisées, sont
I. Les inégalités économiques
- La structure sociale contemporaine est caractérisée par une
inégale distribution des revenus entrecatégories socioprofessionnelles . Ainsi, les cadres ont unsalaire net moyen mensuel environ 2,4 fois plus élevé que celui des ouvriers (document 1). Mais ces inégalités salariales ne concernent pas seulement les catégories socioprofessionnelles. D'autres déterminants sociaux interviennent, comme legenre (les salaires des femmes sont inférieurs d'environ 20 % à celui des hommes) ou l'âge . - Ces disparités en matière de revenus se combinent à des
écarts plus importants encore dans l'accès au patrimoine , ceux-ci provenant des inégalités de revenus et les alimentant. En effet, ce sont les catégories à hauts revenus qui peuventépargner et ainsiaccumuler un patrimoine . Ces inégalités de patrimoine entretiennent et aggravent les inégalités de revenus entre groupes sociaux grâce aux revenus tirés de lapropriété du capital .
II. Les inégalités économiques entraînent des inégalités sociales
- Les
inégalités sociales sont des différences d'accès à desressources sociales , comme la santé ou l'éducation. Elles trouvent, très souvent, leur origine dans lesinégalités économiques . Ainsi, laréussite scolaire est moins élevée pour les enfants dont les parents ont des revenus faibles : les enfants d'ouvriers, d'employés, d'agriculteurs ou d'artisans ont une probabilité nettement moins élevée d'accéder auxétudes les plus prestigieuses , comme celles des grandes écoles, que les enfants de cadres et de professions intellectuelles supérieures (document 2). On peut l'expliquer par uncapital culturel moins important, mais lesconditions de vie (logement, financement de cours particuliers) jouent un rôle non négligeable. - Les différences d'
espérance de vie sont une autre forme d'inégalité sociale. Ainsi, à 55 ans, les cadres et professions intellectuelles supérieures peuvent espérer vivre 3,3 ans de plus que les ouvriers (document 3). On peut l'expliquer par descomportements moins risqués et une meilleure utilisation des services de santé. Mais lesdifférences de revenus ont un rôle dans cette inégalité, surtout à un moment où l'accès aux soins de qualité devient de moins en mois gratuit.
Conclusion
La