L'Afrique : les défis du développement
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GÉOGRAPHIE
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CORRIGE
Sujet inédit
L'Afrique subsaharienne : quelle intégration à la mondialisation ?
Après avoir été stigmatisée durant les années 1980-1990 sous les seuls aspects de l'afro-pessimisme et de ses clichés réducteurs (sida, guerres ethniques et civiles, famine, pauvreté, paludisme, sécheresse, avancée du désert, sous-développement, corruption des élites, etc.), l'Afrique subsaharienne fait désormais l'objet d'un vif regain d'intérêt sur le plan international, notamment de la part des investisseurs étrangers et des grandes puissances qui cherchent à y développer de nouvelles formes de partenariat. […]
Les grands pays émergents (Chine, Brésil, Inde, etc.) ont joué un rôle majeur dans le changement d'image du sous-continent, en identifiant sans doute plus rapidement que les autres les potentialités nouvelles de l'Afrique subsaharienne. D'abord en s'intéressant de près aux matières premières (énergétiques, agricoles et minérales) dont le sous-continent regorge et qui n'ont jamais été aussi stratégiques depuis la reprise à la hausse des cours mondiaux mais aussi aux terres arables encore disponibles, sous la forme du land grabbing, soit la location à long terme ou la vente d'immenses territoires dans le but de sécuriser leurs approvisionnements, ce qui n'est pas sans poser des inquiétudes nouvelles pour les populations locales qui y voient une forme de spoliation de leurs terres. Ensuite en misant sur l'essor des marchés de consommation africains, pour lesquels les produits (essentiellement asiatiques) se révèlent plus compétitifs que ceux des pays industrialisés, surtout dans le bas et moyen de gamme.
Les grands pays industrialisés ont désormais bien compris qu'il était de leur intérêt de repenser leurs relations avec l'Afrique subsaharienne. L'UE notamment n'hésite d'ailleurs plus à parler d'un potentiel de relations encore largement inexploité, l'Afrique subsaharienne ne représentant que 8 % de ses échanges commerciaux.
François Bost, Images économiques du monde 2013, Paris, Armand Colin, 2012.
- Le sujet ne porte que sur une partie du continent africain, restée longtemps à l'écart de l'espace mondialisé : l'Afrique subsaharienne, c'est-à-dire l'ensemble des territoires situés au sud du Sahara. Il exclut donc les États d'Afrique du Nord (Maghreb et Machrek). Vous devez vous focaliser sur le processus d'intégration à la mondialisation qui se caractérise notamment par l'intensification des flux de toutes natures (commerciaux, financiers, migratoires, d'informations).
- Votre analyse sera guidée par la question suivante : comment l'intégration à l'espace mondialisé d'un sous-continent historiquement marginal se manifeste-t-elle ?
- Pour y répondre, vous pourrez suivre une démarche analytique en présentant les atouts de l'Afrique subsaharienne, les formes de sa participation à la mondialisation, puis les limites de celle-ci.
Introduction
I. Les atouts de l'Afrique subsaharienne
1. D'abondantes ressources naturelles
- Comme nous le rappelle la troisième phrase, le sous-continent dispose de
ressources naturelles abondantes et variées .
Définition
Le coltan (colombite-tantalite) est un minerai composite utilisé dans la fabrication des composants électroniques (ex. : téléphones portables).
- Il s'agit d'abord de
matières premières , qu'elles soient énergétiques (pétrole, gaz), agricoles (coton, bois tropicaux) ou minérales (uranium, coltan). La hausse des cours mondiaux les rend stratégiques. - Il s'agit aussi de
terres arables . Les besoins alimentaires d'une population croissante en renforcent la valeur aux yeux de certains États confrontés au défi alimentaire (ex. : Chine).
2. Une population de plus en plus nombreuse
- Le continent africain compte actuellement
1 milliard d'habitants il devrait en compter environ2 milliards en 2050 . - C'est pourquoi on peut envisager «
l'essor des marchés de consommation africains » : en effet, il faudra satisfaire les besoins croissants (nourriture, logement, transport, etc.) de cette population.
II. Les signes d'une intégration à la mondialisation
1. La croissance des investissements étrangers
Info
La Chine est le premier investisseur et premier partenaire commercial de nombreux États africains.
- Comme l'indique la deuxième phrase, les
puissances émergentes (Chine, Brésil, Inde) ont rapidement compris l'intérêt économique de l'Afrique subsaharienne. - Leur soif de matières premières et de produits agricoles les a poussées à
investir massivement dans des projets miniers et énergétiques, ainsi que dans l'achat de terres agricoles.
2. La croissance des échanges commerciaux
- Les pays émergents importent de l'Afrique subsaharienne les
produits bruts . Ils exportent vers le sous-continent desproduits industriels de basse ou de moyenne gamme (quatrième phrase), comme l'électroménager. - Les
pays industrialisés (États-Unis, Union européenne), se sentant dépassés par les pays émergents, beaucoup plus entreprenants qu'eux, souhaitent à leur tour intensifier leurs échanges commerciaux avec l'Afrique subsaharienne (dernière phrase).
III. Les limites de cette intégration
1. Un sous-continent dépendant
- L'intégration de l'Afrique à la mondialisation est davantage le résultat de l'
intervention de puissances extérieures au continent (Chine, Brésil, etc.) que d'un dynamisme interne.
Info
Cette situation a perduré en raison des choix économiques des dirigeants africains et de la concurrence des pays émergents asiatiques.
- L'exploitation des ressources naturelles par de grandes compagnies étrangères
dépossède l'Afrique subsaharienne de ses atouts : ainsi, la vente de terres arables est perçue par les populations locales comme une « spoliation » (troisième phrase). - L'importation massive de produits industriels pérennise la
sous-industrialisation héritée de la période coloniale.
2. Un mal-développement chronique
Info
La grande majorité des PMA se situe en Afrique subsaharienne.
Le marché de consommation africain reste limité par la faiblesse du pouvoir d'achat, en particulier dans les pays les moins avancés.- Les « clichés réducteurs » de l'« afro-pessimisme » conservent une large part de vérité. L'
instabilité de nombreux États (guerres civiles, terrorisme) dissuade les investisseurs et les partenaires commerciaux. Ainsi, malgré ses immenses ressources naturelles, la République démocratique du Congo reste peu attractive en raison d'une situation politique chaotique.
3. Une intégration sélective
- Seuls quelques États (les «
Lions africains ») sont bien intégrés à la mondialisation et connaissent une forte croissance économique : l'Afrique du Sud (membre des BRICS), le Nigeria, l'Angola et dans une moindre mesure, le Ghana et le Kenya. - Les autres États restent
en marge de la mondialisation. Certains cumulent des difficultés politiques (troubles, corruption) et souffrent de leurenclavement , comme le Zimbawe.
Les titres en couleur servent à guider la lecture et ne doivent en aucun cas figurer sur la copie.