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Introduction

[Accroche] En octobre 2020, l’hôpital de Düsseldorf est victime d’une cyber­attaque. N’ayant plus accès aux données médicales, il transfère certains patients vers d’autres hôpitaux, dont une femme qui décède au cours du trajet. [Présentation du sujet] Cette tragédie révèle l’importance du cyberespace et la nécessité de sa protection. Le cyberespace est un monde virtuel constitué de données numérisées (les datas) où la communication repose sur l’interconnexion mondiale des ordinateurs. Les acteurs, individuels ou collectifs, y agissent sur des infrastructures organisées en réseaux. Pris entre la surveillance des États et une liberté certaine, l’ensemble des acteurs doivent s’adapter à cet espace particulier tout en le sécurisant face aux menaces qui y pèsent. [Problématique] Comment le cyberespace, primordial dans la vie quotidienne des sociétés, s’organise-t-il pour répondre à de multiples défis ? [Annonce du plan] Le cyberespace est d’abord un espace géographique particulier, parfois complexe à comprendre. [I] La circulation de nombreuses données y favorise les cyberattaques menées par des États ou des acteurs privés. [II] Les États doivent alors trouver un équilibre entre la coopération et la défense de la souveraineté pour protéger leurs données. [III]

I. Un espace particulier

1. Des acteurs multiples

Les États sont présents dans le cyberespace pour leur fonctionnement mais aussi pour tenter d’y imposer des règles, afin de protéger leurs ressortissants et leurs entreprises. Néanmoins, ces États rencontrent de nombreuses difficultés pour contrôler cet espace.

Ce sont les firmes transnationales qui y exercent une influence croissante. Les GAFAM-NATU américaines et BATX chinoises s’y livrent une âpre concurrence. Pour leur part, les citoyens et les entreprises y agissent au quotidien mais ont besoin d’une protection particulière.

2. Un réseau matérialisé

Les données du Net circulent grâce à des infra­structures concrètes dont les satellites ne constituent qu’une minorité. Ce sont les câbles sous-marins, équipés en fibre optique, qui permettent la circulation des données. Aujourd’hui près de 450 câbles connectent le monde, tel le câble Marea de Facebook et Microsoft qui s’étend sur 6 400 kilomètres entre leurs data centers de Virginia Beach et Bilbao. Il s’agit du câble le plus puissant au monde.

En 2021, 4 milliards de personnes sont connectées à Internet avec de forts contrastes puisque 95 % des Américains du Nord sont connectés contre 48 % des Asiatiques. Le moindre incident sur un câble peut avoir d’importantes conséquences économiques.

[Transition] Le cyberespace est un espace où se sont multipliées les opportunités en peu de temps. Cela attise les convoitises et provoque une conflictualité spécifique.

II. Un espace sous tensions

1. Le poids des cyberattaques

Internet est devenu le théâtre de cyberattaques dès la fin des années 1980. Trois types d’attaques peuvent y être menés : le logiciel malveillant (malware) qui capture les données et réclame une rançon en échange ; le cheval de Troie (logiciel malveillant qui s’installe sur un ordinateur sans le consentement de son utilisateur) et l’hameçonnage (phishing) qui siphonne les données personnelles.

Aujourd’hui, les pays occidentaux sont les principales cibles des cyberattaques. La cybercriminalité coûte chaque année 400 à 600 milliards de dollars et il s’avère que près de la moitié des internautes et des entreprises sont victimes d’au moins une cyber­attaque par an.

2. Une arme géopolitique

Les États organisent dans le cyberespace des attaques contre d’autres États pour les affaiblir et poursuivre une rivalité, comme la Russie contre ­l’Estonie en 2007 alors que celle-ci allait rentrer dans l’UE. En 2016, lors de la présidentielle américaine, des hackers russes révèlent des e-mails d’Hillary Clinton afin de favoriser Donald Trump.

Le cyberespace permet aussi à des mouvements populaires de s’exprimer dans des dictatures. En 2011, lors des « printemps arabes », des individus utilisent ainsi les réseaux sociaux pour déjouer la censure gouvernementale. Le groupe Anonymous s’y présente ainsi comme un mouvement réunissant des défenseurs de la liberté d’expression.

[Transition] Cette multiplication des conflits et des acteurs dans le cyberespace implique une gouvernance raisonnée entre les principaux acteurs.

III. Le dilemme entre coopération et souveraineté

1. Le cas français

Les acteurs privés et publics français doivent faire face à des cyberattaques émanant de multiples ennemis. En 2017, une centaine d’attaques ont ciblé le ministère de la Défense et la SNCF a été infectée par le malware NotPetya qui a touché de nombreuses entreprises françaises.

La France a donc élaboré une stratégie de cyber­défense en coordination avec l’OTAN, qui peut intervenir dans le cyberespace. Le cyberespace est désormais pleinement pris en compte dans les stratégies de défense et mentionné dans les Livres blancs. L’armée française s’appuie sur 3 000 cybersoldats et l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI).

2. Élaborer la gouvernance

La gouvernance du cyberespace peut déjà se penser dans le cadre des alliances régionales. En 2019, le Conseil européen adopte ainsi un règlement sur la cybersécurité. Il reste néanmoins difficile de trouver un terrain d’entente entre les 27 États membres, car il s’agit aussi de partager des informations sensibles sur la vulnérabilité de chaque pays.

La mise en place d’une gouvernance mondiale est encore plus complexe. Seule l’ONU peut être à l’initiative de certains projets, mais les rivalités entre les États-Unis et la Chine ou le rôle du gouvernement russe dans de nombreuses attaques font que cette gouvernance ne se traduit que par des mots, comme avec l’Appel de Paris en 2018. Emmanuel Macron y réclamait une coopération internationale pour régir le cyberespace.

Conclusion

[Réponse à la problématique] En l’espace de quatre décennies, le cyberespace a bouleversé la géopolitique mondiale. Ce réseau matérialisé par des infrastructures concrètes a créé de nouvelles formes de conflictualités et des opportunités diverses pour de multiples acteurs. [Ouverture] Alors que l’espace et les mers apparaissent comme des espaces de conquête marqués par la rivalité sino-américaine, le cyberespace ouvre des possibilités à certains pays tels la Russie ou le Nigeria, d’où viennent la majorité des mails d’hameçonnage.