L'échelle mondiale
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Histoire
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CORRIGE
Sujet inédit
Les objectifs du FMI selon Eisenhower
« La coopération internationale est la clé décisive de la paix. Elle doit advenir. Elle doit progresser d'année en année ou bien le monde sera plus pauvre à cause de cet échec. […] Avec la Banque mondiale et le FMI, nous avons la possibilité d'étendre le champ de la coopération à notre vie économique, à la vie économique internationale. Comme la compréhension mutuelle, la bonne volonté et, par-dessus tout, la confiance réciproque sont la base de toute transaction économique dans une nation, elles le sont aussi le monde. […] Comme la confiance grandira, nous irons vers une augmentation générale des niveaux de vie dans le monde. L'économie se renforcera dans la confiance ainsi engendrée. »
Déclaration de Dwight D. Eisenhower, président des États-Unis, 28 septembre 1956.
Le rôle du FMI face au printemps arabe
« “Notre situation n'est pas bonne et le FMI ne vient pas proposer un prêt à un pays. Au contraire, c'est le pays qui vient vers le FMI”, a déclaré Elyes Fakhfakh, ministre [tunisien] des Finances, devant l'Assemblée nationale constituante, le 23 mai. Le 19 avril, Christine Lagarde, la directrice de l'institution internationale venue en février 2012, a annoncé l'accord d'un prêt de 1,75 milliard de dollars sur deux ans et remboursable en cinq, qui servirait de réserve d'urgence alors que la Tunisie va engager une batterie de réformes. Ces réformes "ne sont pas imposées par le FMI. L'institution ne fait qu'accompagner les efforts du gouvernement", plaide Ferjani Doghmane, député Ennahda et président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale constituante.
Augmentation des prix du carburant – qui ont déjà augmenté, engendrant une hausse des coûts des transports en commun –, baisse des impôts sur les sociétés, déplafonnement des taux d'intérêt, audit des entreprises publiques de l'énergie, des banques, réforme du code d'investissement, mais aussi de la caisse de compensation générale qui subventionne les prix de base…, toutes les réformes envisagées risquent de faire mal, mais c'est cette dernière mesure qui est la plus controversée. Le but de la réforme est de mieux cibler les aides vers les ménages nécessiteux. Mais en 1984, à la demande du Fonds monétaire international de stabiliser l'économie, Habib Bourguiba avait augmenté les prix du pain et des céréales. Des émeutes avaient éclaté, faisant, officiellement, 70 morts. »
Julie Schneider, « Le FMI, sauveur de la Tunisie ou fossoyeur de la révolution ? », Le point.fr, 27 mai 2013.
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Le sujet porte sur le rôle du
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Le premier document est une déclaration officielle de 1956 émanant du président des États-Unis. Il permet de définir la ligne politique de la première puissance économique mondiale de l'époque, douze ans après qu'elle ait institué le
Organiser la réponse
La consigne impose deux parties, une première pour définir le rôle du
Introduction
Info
Née 4 ans plus tôt, l'expression « tiers-monde » désigne les pays pauvres généralement issus de la décolonisation.
En 1944, lors de la conférence de Bretton Woods, les États-Unis et leurs alliés ont institué le Fonds monétaire international (
I. Un outil de coopération au service de la paix ?
- Dans sa déclaration, le président Eisenhower est clair : le
FMI a vocation àfaire progresser la paix par la coopération entre les nations, leur collaboration (il parle de « compréhension mutuelle »), les échanges commerciaux entre elles (les « transactions ») et l'apport de capitaux qui est la fonction spécifique de l'institution.
Infos
En 1947, l'octroi des fonds du plan Marshall est conditionné à l'éviction des ministres communistes du gouvernement français.
- Cette coopération doit engendrer la « confiance » précise-t-il, laquelle suppose toutefois qu'elle soit préexistante, les Américains n'étant pas disposés à distribuer des fonds à un
pays communiste ou allié de l'URSS. Dans la continuité de la doctrine Truman, leFMI apparaît ainsi comme unearme pour attirer les nouveaux États indépendants dans le camp occidental. L'aide est allouée dans la mesure où le pays bénéficiaire adopte le modèle d'économie libérale incarné par les États-Unis.
II. Un outil au service de la mondialisation plutôt que des États
- En 2011, le printemps arabe libère
plusieurs États d'Afrique du Nord (Tunisie, Libye, Égypte) de régimes autoritaires dont les dirigeants étaient suspectés de détourner les capitaux nationaux à leur profit. Parmi ces États, la Tunisie hérite d'un gouvernement qui entreprend des réformes pour redresser le pays. Pour financer celles-ci, son ministre des Finances demande l'aide du FMI . Celui-ci lui accorde un prêt de 1,75 milliard de dollars (doc. 2). L'institution montre ainsi qu'elle a toujours vocation à soutenir le développement des pays en difficultés.
Conseil
Le titre fait partie du document et peut être exploité.
- Un député tunisien précise que les réformes mises en œuvre ne sont pas imposées par le
FMI. Évoquant le précédant de 1984, la journaliste Julie Schneider exprime ses doutes. L'aide duFMI ne va-t-elle pas nuire à la révolution tunisienne ainsi que le suggère le titre de son article :le FMI sauveur ou fossoyeur de la révolution ?
Info
Les attentats du 11 septembre 2001 marquent le début d'une guerre des États-Unis et de leurs alliés contre le terrorisme islamique incarné par Al-Qaïda.
- L'aide, en effet, n'est pas gratuite. Le prêt doit être remboursé. On imagine mal l'organisation, par ailleurs, ne pas demander comptes de l'argent versé à un pays qui vient de légaliser le parti Ennhada, organisation de tendance islamique peu encline à rassurer les occidentaux en
guerre depuis 2001 avec les mouvements islamistes radicaux.
Info
Inspirées par l'école de Chicago, ces réformes visent à réduire au maximum l'intervention des États dans l'économie.
- De fait, échaudé par le détournement ou le mauvais usage des prêts octroyés entre les années 1960 et 1980, le
FMI a pris l'habitude d'accompagner ses aides de recommandations en termes deréformes . Celles-ci portent le plus souvent sur la baisse des impôts pour relancer la consommation ou revitaliser les entreprises, la libération des prix des produits de base qui engendre souvent leur hausse, la privatisation d'entreprises publiques, la déréglementation des marchés intérieurs…, mesures génératrices derelance économique mais qui profitent plus souvent à desintérêts privés ou extérieurs qu'aux populations. Tel est le cas du Chili après 1973 où le FMI expérimente desréformes néolibérales , du Mexique en 1982 et de la Tunisie de Bourguiba en 1984. Ces conditions sont sources d'importantes critiques dans la mesure où elles sont trèsidéologiquement marquées et si elles sont bien un outil de gouvernance mondiale, elles n'apparaissent pas comme un moyen d'aider les peuples.
Conclusion
Comme initialement prévu, le
Les titres en couleurs servent à guider la lecture et ne doivent en aucun cas figurer sur la copie.