Produire et diffuser des connaissances
S’entraîner
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France métropolitaine • Septembre 2021
dissertation
Le rôle des États dans l’élaboration et la protection des connaissances
Intérêt du sujet • Ce sujet vous permet de retravailler tout le thème en insistant sur le rôle central du principal ordonnateur de la connaissance, l’État.
Quels rôles jouent les États dans l’élaboration et la protection des connaissances ?
Les clés du sujet
Analyser le sujet
Dégager la problématique
L’État a tout intérêt à faire émerger la connaissance : il joue un rôle que lui seul peut assurer.
Quel rôle fondamental les États jouent-ils dans l’élaboration et la protection des connaissances ?
Construire le plan
Un plan thématique s’impose.

Les titres et les indications entre crochets ne doivent pas figurer sur la copie.
Introduction
[Accroche] Dans une société toujours plus tournée vers les possibilités qu’offre le cyberespace, la connaissance (science, technologie, information) prend une importance de plus en plus large. [Présentation du sujet] Dès lors, les États ne peuvent se désinvestir de leur place centrale dans l’impulsion et la sécurisation des savoirs. [Problématique] Quel rôle fondamental les États jouent-ils dans l’élaboration et la protection des connaissances ? [Annonce du plan] Les États sont les seuls à pouvoir en favoriser les conditions d’émergence [I] , à pouvoir les sécuriser pour asseoir leur puissance [II] , tout en constituant parfois un frein [III] .
I. Les États, moteurs de l’émergence de la connaissance
1. Les États principaux commanditaires de la connaissance
Les États sont les organisateurs de la connaissance : sans leur action volontariste et les investissements qu’ils sont les seuls à pouvoir consentir, il n’y a pas de système efficace de production de la connaissance (écoles, universités, centres de recherche). C’est le pari que fait l’Inde depuis quelques années. À l’heure d’Internet, les États s’assurent également du déploiement des réseaux nécessaires.
à noter
L’intitulé du sujet est au présent, il nous invite plutôt à réfléchir sur le rôle des États aujourd’hui, même si quelques incursions dans le passé sont possibles.
Maîtriser la connaissance pour asseoir sa puissance et son prestige est une constante historique dans les stratégies des États, comme Louis XIV avec son Académie royale des sciences. Aujourd’hui, la puissance repose en grande partie sur la capacité des États à financer et maintenir une recherche développement suffisante pour supporter la concurrence des autres États. La Big Science , sur laquelle repose une bonne part de la recherche, requiert d’importants investissements financés par les États.
mot clé
La Big Science désigne les domaines scientifiques (en physique, astronomie, biologie…) qui nécessitent de larges investissements.
2. Les États organisent les conditions de l’élaboration de la connaissance
La maîtrise de la connaissance permet aux États d’imposer leur puissance économique. Les pays émergents investissent ainsi massivement dans la connaissance pour accélérer leur essor en tant que puissance. Les campagnes d’alphabétisation et d’élévation du niveau scolaire général vont dans ce sens. La puissance passe également par la capacité d’exercer une influence, notamment par la diffusion de la connaissance, par exemple par le biais des transferts de connaissances ou de compétences.
Les conditions favorables à la circulation sont assurées par l’État : la loi en France encourage la diffusion de la connaissance, quand l’État a financé au moins la moitié de la recherche ; l’Union européenne construit un espace européen de recherche ; les échanges sont encouragés entre étudiants (Erasmus), les professeurs ou les chercheurs. Les États-Unis investissent massivement dans les câbles sous-marins pour les flux dématérialisés.
[Transition] L’enjeu pour les États ne se limite cependant pas à donner l’impulsion, ils organisent la protection des connaissances.
II. Sécuriser la connaissance pour asseoir sa puissance
1. Sécuriser certaines connaissances : une question de souveraineté
Un État est puissant dès lors qu’il est capable de montrer sa capacité de contrôle. La connaissance, lorsqu’elle est considérée comme stratégique, est étroitement surveillée pour en assurer la maîtrise. Il revient alors à l’État de sécuriser ses circuits, par exemple en les protégeant de la déperdition liée au brain drain (fuite des cerveaux).
Dans les secteurs sensibles, comme la défense ou certaines industries, l’État sécurise les connaissances: la force armée d’un État dépend de sa maîtrise des sciences et technologies. C’est notamment le cas pour le nucléaire dont la recherche est verrouillée. Les États organisent leur résilience en protégeant les réseaux de communication (ANSSI pour la France).
2. Les États doivent assurer un rôle de régulateur
Les États assurent l’encadrement normatif de la connaissance. Le cadre réglementaire de la recherche (lois de programmation), de la transmission, de la circulation des connaissances est un élément relevant de leur souveraineté. L’Union européenne est en pointe sur les questions réglementaires, notamment dans le cyberespace, avec la RGPD depuis 2018.
Mais dans un monde de la connaissance de plus en plus global, il est difficile pour les États de peser. Seuls les États-Unis semblent être à même d’assumer leur puissance réglementaire, notamment en appliquant le principe d’extraterritorialité. La sécurité des informations et des connaissances passe par un cadre de sécurité collectif : c’est l’objet de l’Appel de Paris de 2018.
[Transition] Mais la recherche de puissance des États et leur volonté de contrôle peuvent aussi aboutir, à l’inverse, à constituer un obstacle plus qu’un facilitateur.
Le secret de fabrication
Dans un intitulé avec une interrogation, vous pouvez envisager de mettre en question le sujet, en développant les limites dans une troisième partie. Cela permet d’apporter de la nuance aux deux premières et de complexifier l’argumentation.
III. Les États, un frein à la connaissance ?
1. Contrôler voire censurer les données sensibles
Les savoirs scientifiques sont au cœur de la hiérarchie économique et politique des États : ceux-ci peuvent être amenés à protéger leurs intérêts, et à limiter la diffusion des connaissances, comme le montre l’exemple du procès du MIT contre Aaron Swartz. Sur Internet la question de l’ open data est cruciale pour l’avenir.
mot clé
Les données ouvertes (en anglais : open data) sont des données numériques dont l’accès et l’usage sont laissés libres aux usagers, qui peuvent être d’origine privée mais surtout publique.
Les États empêchent parfois la libre circulation, en imposant leur souveraineté par le contrôle des connaissances stratégiques, y compris en ayant recours à la censure. Ainsi, la Chine verrouille une bonne partie des réseaux sociaux ; la Turquie bloque Wikipédia. Cela ne se limite pas aux dictatures : les publications scientifiques qui contrediraient le roman national sont parfois interdites en Inde.
2. Les connaissances comme arme d’État
Les tensions sont telles que les États peuvent être amenés à voler les connaissances des autres, par l’espionnage. La Chine est impliquée dans nombre d’affaires d’espionnage industriel ; l’affaire Snowden en 2013 a révélé les pratiques américaines de collecte massive d’informations par une interception systématique des communications mondiales. Le contre-espionnage surveille étroitement les scientifiques, cibles privilégiées des démarchages étrangers (cf. archives Venona ou les Cinq de Cambridge).
La connaissance est un tel levier de puissance que si l’on souhaite affaiblir un État, une stratégie efficace consiste à faire fuiter ce butin de guerre comme lors de l’affaire Farewell. Aujourd’hui certains États sont tentés d’utiliser les connaissances comme arme dans la cyberguerre, par exemple dans l’affrontement entre la Russie et l’Estonie.
Conclusion
[Réponse à la problématique] Les États ont donc un rôle primordial dans le domaine de la connaissance : sa maîtrise et son contrôle constituent le fondement de leur puissance et de leur souveraineté. [Ouverture] L’équilibre est donc difficile pour eux entre volonté de la construire, de la protéger et de la mettre à leur service. Dans un monde où les pratiques se déterritorialisent, les États peinent cependant à trouver la place à laquelle ils prétendent.