La France dans l'Europe des nationalités
histoire
6
hge1_2000_00_03C
La France dans l'Europe des nationalités
Le Second Empire et les unités nationales en Europe
question problématisée
Intérêt du sujet • Se posant en défenseur des nationalités, Napoléon III participe à un vaste mouvement d'unification nationale en Europe. Mais loin d'en tirer gloire ou profit, il en devient l'une des principales victimes.
Comment le Second Empire a-t-il participé à l'unité nationale de ses voisins européens ? Vous évaluerez le rôle de la France dans la formation des unités italienne et allemande, les avantages qu'elle attendait de ses actions et les conséquences qu'elle en tira.
Les clés du sujet
Analyser le sujet
Dégager les enjeux du sujet
La question traitée ici est celle de la participation de la France aux unités nationales de l'Italie et de l'Allemagne. Elle se focalise sur le « rôle » du régime de Napoléon III, sur les actions qu'il entreprend.
La seconde partie de l'énoncé suggère un plan didactique (faits/causes/ conséquences). Si les unités italienne et allemande doivent être évoquées, le devoir doit rester centré sur la France, les « avantages » qui justifient son action et les « conséquences » qu'elle en tire.
Organiser la réponse
Le plan est donné par la consigne ; suivez-le. Évitez un développement par pays (la France et l'unité italienne [I] ; la France et l'unité allemande [II]) qui produirait des répétitions.

Les titres et les indications entre crochets ne doivent pas figurer sur la copie.
Introduction
[Accroche] L'année 1848 est marquée par le « printemps des peuples », des révoltes qui révèlent des désirs d'émancipation nationale. Napoléon III y voit l'opportunité de renforcer la puissance de la France [Problématique] Comment conduit-il le pays à participer à l'unification de ses voisins ? [Annonce du plan] Après avoir présenté le rôle joué par la France dans la formation des unités italienne et allemande [I], nous exposerons les intentions qui guidaient l'empereur [II], puis nous tenterons un bilan à travers l'analyse des conséquences de son action pour le pays [III].
I. Un fort interventionnisme de la France
1. Le soutien armé au Piémont-Sardaigne
Quand la guerre éclate entre le Piémont-Sardaigne, qui aspire à unifier l'Italie, et l'Autriche, Napoléon III intervient aux côtés des Piémontais et contribue aux victoires de Magenta et de Solférino en 1859.
Le soutien politique de la France favorise le rattachement au Piémont des États d'Italie centrale puis du royaume de Naples après le succès de l'expédition des Mille menée par Giuseppe Garibaldi en 1860.
2. Le fédérateur « malgré lui » de l'unité allemande
Lors du conflit austro-prussien de 1866, Napoléon III reste dans une position de neutralité avant de proposer sa médiation. Son intervention dans le conflit reste strictement diplomatique.
Par voie diplomatique encore, Napoléon III réclame à la Prusse victorieuse la cession de la Sarre puis une neutralisation du Luxembourg. Il tombe dans le piège que lui tend le chancelier Bismarck (dépêche d'Ems) et s'engage dans une guerre mal préparée. Le désastre militaire de Sedan le 2 septembre 1870 entraîne la chute du Second Empire et la proclamation de la IIIe République.
à noter
La dépêche d'Ems est un télégramme envoyé le 13 juillet 1870 par Bismarck qui provoque la France et déclenche sa déclaration de guerre à la Prusse.
Le conseil de méthode
Dans un plan faits/causes/conséquences, la conclusion émerge dès la fin de la première partie. La transition peut donc déjà l'annoncer. Vous pouvez proposer cette réponse provisoire, puis poser la question des causes en précisant que leur analyse consolidera la conclusion présumée. Ainsi, l'étude annoncée des attentes (causes) de Napoléon III permet-elle d'expliquer son interventionnisme (faits).
[Transition] Par des interventions décisives, le Second Empire a participé directement aux unités italienne et allemande. Quels objectifs Napoléon III s'était-il fixés pour justifier son action ?
II. Consolider la puissance de la France et de son régime
1. Le principe des nationalités comme moyen de puissance en Europe
Devenu « droit des peuples à disposer d'eux-mêmes », le principe des nationalités est l'un des piliers de la politique étrangère de Napoléon III. En cultivant l'image d'un dirigeant qui défend la liberté des peuples, il espère former des alliances fructueuses.
Ce faisant, il cherche également à affaiblir les empires multinationaux de l'Europe centrale (empires russe, austro-hongrois, voire ottoman).
2. Contenir les ambitions prussiennes
Sa victoire sur l'Autriche à Sadowa en 1866 permet à la Prusse de prendre la tête d'une confédération de l'Allemagne du Nord. Elle se rapproche également des États du sud (Bavière, Bade, Wurtemberg…).
à noter
Créée en 1867, la confédération de l'Allemagne du Nord rassemble 22 États allemands situés au nord du Main. Les États du sud rejoignent le Reich en 1871.
En s'appuyant sur la volonté des Luxembourgeois de rester indépendants, Napoléon III espère contenir les ambitions territoriales d'une Allemagne en voie d'unification.
3. Consolider le développement de la France
La guerre peut aussi être un moyen de conquérir des marchés et de recevoir le soutien des Français qui en tirent bénéfices (hommes d'affaires, industriels).
[Transition] Napoléon III intervient pour nourrir ses ambitions de puissance à l'échelle de l'Europe. Quels bénéfices en a-t-il vraiment tirés ?
III. Un échec global
1. Un bilan territorial négatif
Sur le plan territorial, la France acquiert Nice et la Savoie et consolide ses frontières au sud-est. Son soutien à l'unification italienne renforce aussi les liens entre les deux pays : des Garibaldiens s'engagent ainsi aux côtés de Napoléon III dans le conflit franco-prussien.
Mais la France subit en 1871 une humiliante amputation avec la perte de l'Alsace et de la Lorraine du Nord, des régions économiquement riches. Sur le plan territorial, les pertes sont plus lourdes que les gains.
2. Un échec politique qui affaiblit la France
Ses ambiguïtés sur la question romaine coupent l'empereur du soutien des catholiques de France tandis que la déclaration de guerre à la Prusse lui aliène celle des hommes d'affaires et des paysans qui veulent la paix. Le vote de sa déchéance, le 4 septembre 1870, marque l'échec personnel de la politique étrangère de Napoléon III.
à noter
La question romaine s'inscrit dans le cadre de la formation de l'unité italienne. Elle soulève le problème du pouvoir du pape sur Rome.
Outre les pertes humaines (139 000 morts), la honte de la défaite suivie par une sanglante guerre civile (la Commune) déchire la France. Le paiement à la Prusse d'une indemnité de 5 milliards de francs-or s'ajoute à ce lourd bilan.
Conclusion
[Réponse à la problématique] Le Second Empire a participé activement et directement à l'unification nationale de l'Italie et de l'Allemagne. Mais le bilan encourageant des premières années ne s'est pas confirmé ; il est même globalement négatif. [Ouverture] La IIIe République saura-t-elle redresser le pays pour faire face aux enjeux de la seconde révolution industrielle ?