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Les acteurs de la gestion environnementale aux États-Unis

Sujet spécimen 2021 • dissertation

Les acteurs de la gestion environnementale aux États-Unis

2 heures

10 points

Intérêt du sujet • Ce sujet invite à s'interroger sur la gestion environnementale aux États-Unis par divers intervenants, à toutes les échelles (locale, nationale, internationale). Les démarches et intérêts des acteurs divergent souvent.

 

La gestion de la question environnementale par les acteurs états-uniens à différentes échelles.

 

Les clés du sujet

Analyser le sujet

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Dégager la problématique

Le sujet invite à définir ce que veut dire « gérer la question environnementale » pour les différents types d'acteurs états-uniens. Les mesures prises en faveur de l'environnement sont différentes selon leur échelle d'application.

Vous pouvez déduire la problématique suivante : Pourquoi la gestion de la question environnementale par les différents acteurs états-uniens est-elle paradoxale ?

Construire le plan

Au regard du sujet, un plan multiscalaire s'impose.

Tableau de 3 lignes, 2 colonnes ;Corps du tableau de 3 lignes ;Ligne 1 : I. À l'échelle mondiale, un pays précurseur mais peu impliqué; En quoi les États-Unis sont-ils précurseurs dans la prise en compte de l'environnement ?Quelle est la politique environnementale des États-Unis à l'échelle mondiale ?; Ligne 2 : II. À l'échelle nationale, un pays divisé sur la gestion environnementale; Quel est le rôle de l'État fédéral dans la gestion de l'environnement ?Quel type d'actions mène-t-il ? En quoi ces actions peuvent-elles être contradictoires ?; Ligne 3 : III. À l'échelle locale, de réels moyens d'action, sources de tensions; Quels sont les différents acteurs de la gestion environnementale à l'échelle locale ?En quoi leurs politiques sont-elles sources de tensions avec l'État fédéral ?;

Les titres et les indications entre crochets ne doivent pas figurer sur la copie.

Introduction

[Accroche] La nature est un élément de l'identité culturelle des États-Unis. Aujourd'hui, la société américaine est partagée entre le désir de maîtriser l'environnement et celui de le protéger. [Présentation du sujet] Si, à l'échelle mondiale et nationale, le pays véhicule une image négative ou ambiguë sur la gestion de l'environnement, à l'échelle régionale et locale le système fédéral permet une certaine flexibilité des politiques environnementales. Cependant cette question divise les principaux acteurs en jeu et reste source de tensions. [Problématique] Pourquoi la gestion de la question environnementale par les différents acteurs états-uniens est-elle paradoxale ? [Annonce du plan] Pour répondre à cette question, nous présenterons successivement trois échelles de la gouvernance environnementale par les acteurs états-uniens : mondiale [I], nationale [II] et locale [III].

Le secret de fabrication

Un plan multiscalaire suppose de respecter scrupuleusement le changement d'échelle. Il est préférable de commencer par une petite échelle (mondiale), puis l'échelle nationale (échelle fédérale aux États-Unis) pour finir par la plus grande (échelle locale : États fédérés, villes, quartiers).

I. À l'échelle mondiale : un pays précurseur mais peu impliqué

1. Un pays précurseur de la question environnementale

La conquête de l'Ouest et l'exploitation des richesses ont été si rapides et si dévastatrices pour le milieu que l'idée de protéger la nature a vu le jour dès le début du xixe siècle aux États-Unis.

La Wilderness, nature sauvage, à préserver, inspire le courant philosophique du transcendantalisme de Ralph Waldo Emerson et H. D Thoreau. Une conscience écologique précoce se développe en même temps que les premiers aménagements de mise en valeur de la nature.

2. Une politique internationale d'obstruction

Pourtant, le mode de vie américain reste énergivore et prédateur pour les ressources. Depuis 2005, les États-Unis n'ont toujours pas ratifié le protocole de Kyoto, pourtant signé par le président Bill Clinton en 1997.

Apparu dans les années 1980 sous la présidence Reagan, un « scepticisme environnemental », alimenté par les lobbies du pétrole et du charbon, atteint son apogée sous le mandat de Donald Trump avec le retrait des accords de Paris en 2019. Les climato­sceptiques accroissent leur influence à la Maison-Blanche et les principales FTN états-uniennes, responsables de nombreuses catastrophes écologiques, restent peu impliquées dans cette question.

mot clé

Les climatosceptiques ne croient pas au réchauffement climatique ou à l'incidence de l'activité humaine sur celui-ci. Ils remettent en cause les experts du GIEC.

3. Une prise de conscience progressive mais ambiguë

Certaines avancées sont pourtant à souligner : en 2005, un partenariat a été signé entre les États-Unis et cinq pays d'Asie-Pacifique afin de lutter contre les émissions de gaz à effet de serre. Le président Joe Biden a par ailleurs décidé de ratifier les accords de Paris dès sa prise de fonction.

Des ONG états-uniennes très puissantes, véritables « lobbies verts », ou des personnalités politiques s'engagent pour alerter l'opinion mondiale sur le changement climatique, comme Al Gore, prix Nobel de la paix 2007.

Enfin, plusieurs FTN, dont les GAFAM, investissent pour la transition énergé­tique et pour réduire leur impact environnemental. Cependant, elles sont souvent accusées de « green washing », c'est-à-dire de mettre en avant des arguments écologiques à des fins purement marketing.

[Transition] Si les États-Unis assument leur volonté de préserver avant tout leurs intérêts nationaux en refusant toute contrainte internationale, ils prennent progressivement conscience de la nécessité de protéger et préserver leurs ressources. Ce paradoxe s'observe aussi à l'échelle nationale.

II. À l'échelle nationale : un pays divisé sur la gestion environnementale

1. Le rôle protecteur de l'État fédéral

Deux courants environnementalistes voient le jour à la fin du xixe siècle : le préservationnisme, dont John Muir est le pionnier, défend une protection de la nature préservée de toute influence humaine, tandis que Gifford Pinchot défend une vision utilitariste de la nature et un usage raisonné de ses ressources (conservationnisme). Ces mouvements favorisent la sanctuarisation d'espaces naturels comme Yosemite (1864) et Yellowstone (1872).

Le président Theodore Roosevelt fait de la protection de l'environnement une cause nationale. À l'écoute de John Muir, il est à l'origine de cinq nouveaux parcs nationaux et du National Forest Service.

info +

On compte aujourd'hui 61 parcs nationaux (2,2 % du territoire), gérés à l'échelle fédérale par le National Park Service.

2. Des mesures limitées et paradoxales

Malgré la création de l'Agence de protection de l'environnement et le vote du Clean Air Act en 1970 pour lutter contre la pollution de l'air, les mesures fédérales restent limitées et souvent remises en cause à la faveur de l'alternance politique.

Ainsi, dans les années 1980, l'administration Reagan assouplit l'application du Clean Air Act, et plus tard, l'administration Trump annule le plan de réduction des gaz à effet de serre et l'interdiction des forages en zones protégées, mesures prises sous la présidence Obama.

L'État fédéral reste, la plupart du temps, défenseur d'une vision utilitariste de la nature, perçue comme source de richesses : c'est lui qui accorde les autorisations d'exploitation minière (gaz de schiste et pétrole).

[Transition] Si une véritable politique environnementale semble difficile à mettre en œuvre sur le long terme à l'échelle nationale, le système fédéral laisse aux différents acteurs régionaux et locaux une grande flexibilité pour agir.

III. À l'échelle locale : de réels moyens d'action, sources de tensions

1. Des États impliqués dans la question environnementale à l'échelle régionale

Certains États fédérés revendiquent de plus en plus une décentralisation de la gestion de l'environnement et s'engagent dans des politiques de protection plus ambitieuses que celles de l'État fédéral.

Ainsi les États du Massachussetts et de Washington se sont engagés dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre, comme la Californie qui investit aussi massivement dans les stations pour les voitures à hydrogène depuis 2005.

2. À l'échelle locale, de multiples acteurs

Les actions locales se multiplient notamment dans les métropoles qui s'engagent au niveau international dans le réseau C40 (Cities Climate Leadership Group), aujourd'hui dirigé par le maire de Los Angeles. Les villes de New York, Chicago ou Seattle mènent ainsi de nombreuses actions à l'échelle urbaine (végétalisation des toits, développement des transports en commun).

Les ONG, des lanceurs d'alerte, de simples citoyens mènent des campagnes de boycott et de dénonciation de certaines pratiques de grandes FTN américaines, entreprennent des démarches judiciaires contre des atteintes graves à l'environnement. Là aussi, ces acteurs se heurtent à la politique fédérale.

Conclusion

[Réponse à la problématique] La multiplicité des acteurs et des échelles de gestion de l'environnement aux États-Unis rend leur compréhension difficile. Entre préservation et exploitation ultralibérale, la question environnementale reste un sujet de tensions et les politiques suivies peuvent sembler paradoxales. [Ouverture] Si ce manque d'homogénéité des politiques environnementales états-uniennes inquiète les défenseurs de l'environnement, il est néanmoins constitutif du système américain et laisse la possibilité à d'autres puissances d'exercer leur leadership sur la scène internationale.

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