sesT_2109_07_03C
S’entraîner
L’engagement politique
34
France métropolitaine, septembre 2021
dissertation
Les déterminants de l’engagement politique
Intérêt du sujet • S’engager politiquement est essentiel au fonctionnement de la démocratie. Mais qu’est-ce qui influence ou incite les citoyens à s’engager ?
Peut-on expliquer l’engagement politique seulement par des variables sociodémographiques ?
Document 1Indemnités de fonction maximales dans les communes (en France)

Source : D’après les centres de gestion de la fonction publique territoriale de Bretagne, 2020.
Document 2Écarts d’abstention à des élections (en points de pourcentage) selon différents critères sociodémographiques

Source : d’après Céline Braconnier, Baptiste Coulmont, Jean-Yves Dormagen, « Toujours pas de chrysanthèmes pour les variables lourdes de la participation électorale. Chute de la participation et augmentation des inégalités électorales au printemps 2017 », Revue française de science politique, 2017.
Lecture : En 2007, lors du premier tour de l’élection présidentielle, le taux d’abstention des 25-29 ans était supérieur de 8,9 points à celui des 65-69 ans.
Document 3Part des femmes parmi les députés (en %)
Source : Insee, Observatoire des inégalités, 2017.
Document 4Les bénévoles dans la vie associative
Jérôme Bourbigot, administrateur du comité départemental des médailles de la jeunesse et des sports et délégué du secteur de Cornouaille, a rappelé qu’il existait aujourd’hui trois médailles d’État : la légion d’honneur, la médaille du mérite et celle de la jeunesse et des sports.
« L’objectif de la Fédération française de médaillés de la jeunesse et des sports, régie par la loi 1901, consiste à intervenir auprès des pouvoirs publics et des organismes sportifs, socio-éducatifs et des mouvements d’éducation populaire afin d’appuyer tout projet, en faveur des jeunes et des moins jeunes. C’est soutenir également toute action visant à la valorisation du bénévolat, menée dans le mouvement associatif de la jeunesse et des sports. »
Il a fait remarquer que ce comité départemental restait méconnu alors qu’il existe un grand nombre de bénévoles impliqués. « Si dans vos clubs respectifs, vous sentez que des personnes peuvent réunir les conditions pour obtenir cette médaille, il ne faut pas hésiter à le signaler au comité », recommande-t-il.
Michel Loussouarn, le maire, a souligné que cette décoration saluait un nombre d’années d’engagement au quotidien, dans un club ou une association, au service, notamment, de la collectivité.
Bernard Guillou s’est vu remettre cette décoration pour son implication, depuis 23 ans, au sein du club d’aïkido de la commune dont il est le président. Il remarque : « C’est difficile pour cette discipline d’arts martiaux d’être visible, étant donné que l’on n’organise pas de compétition. C’est davantage une pratique philosophique, où l’on se sert du sport pour améliorer son esprit. »
Quant à Yves Bernard, bénévole impliqué depuis 1970, que ce soit au don du sang, pour les Joutes de l’Aven ou lors de la création du club de football kernévellois, l’ASK, il résume ainsi sa vision du bénévolat : « La vie associative est un combat qu’il faut mener avec détermination. Dans mon rôle de bénévole, je suis toujours allé à la rencontre des autres. »
Source : Ouest-France, 22 mai 2017.
Les clés du sujet
Analyser la consigne et dégager une problématique
Problématique. Si l’appartenance à des groupes sociaux influence l’engagement politique, d’autres facteurs jouent également un rôle.
Exploiter les documents
Document 1. Ce tableau indique le montant en 2019 des indemnités de fonction perçues par les maires et leurs adjoints selon la taille de la commune. Quelle motivation de l’engagement est ici suggérée ? L’incitation est-elle aussi forte selon l’importance de la commune ?
Document 2. À partir des écarts de taux d’abstention, les données de ce tableau mettent en évidence des déterminants sociodémographiques de ce phénomène. Quels sont-ils ? Sont-ils tous aussi importants ? La nature de l’élection a-t-elle aussi un impact ? Que suggère l’évolution de ces écarts ?
Document 3. Ce graphique retrace la part des femmes élues à l’Assemblée nationale entre 1958 et 2017. Comment évolue le nombre de femmes députées ? Quels moyens les institutions et la loi ont-elles employés pour parvenir à ce résultat ?
Document 4. Cet article de presse souligne le rôle des bénévoles dans les associations. Quel type d’incitation est mis en évidence ici ? Est-ce une incitation sélective ?
Définir le plan

Les titres des parties ne doivent pas figurer sur votre copie.
Introduction
[accroche] 2022 a été une année à fort enjeu électoral, avec les scrutins présidentiel puis législatif qui se sont déroulés en avril et juin. [présentation du sujet] Ces élections ont (re)posé la question de l’engagement politique, celui-ci désignant au sens large les formes variées de participation aux actions politiques et associatives. [problématique] Si l’appartenance à des groupes sociaux influence cet engagement, d’autres facteurs jouent également un rôle. [annonce du plan] Après avoir présenté les déterminants sociodémographiques de la participation politique, nous montrerons que d’autres facteurs y contribuent.
I. Les déterminants sociodémographiques de l’engagement
Le secret de fabrication
Il faut montrer ici comment agissent les principales variables sociodémographiques mises en avant par les sociologues pour expliquer les comportements politiques. En plus des documents proposés par le sujet, pensez à mobiliser aussi votre cours de première sur le vote.
1. Le rôle de l’âge, de la génération et du genre
L’engagement politique sous ses formes les plus conventionnelles est moins fort chez les jeunes et augmente avec l’âge. On constate notamment que le taux d’abstention des 25-29 ans est systématiquement plus fort que celui des 65-69 ans, quelle que soit l’élection, avec un écart de 21,1 points au second tour de l’élection présidentielle de 2017 par exemple (document 2). Cependant les jeunes s’engagent plus volontiers dans des formes non conventionnelles, par exemple pour la défense du climat.
mots clés
Les formes conventionnelles d’engagement sont liées au processus électoral, tandis que les formes non conventionnelles prennent la forme d’actions protestataires multiples (pétitions, manifestations, occupations…).
Des effets de générations ont aussi une incidence sur l’engagement politique, marqué par les mobilisations d’une époque : c’est le cas des mouvements d’émancipation des années 1960-1970.
L’engagement des femmes est marqué par un moindre intérêt pour la politique, un sentiment d’incompétence plus grand et un taux d’adhésion plus faible aux partis politiques. Cette situation explique pour partie la place réduite des femmes dans les fonctions électives, celles-ci ne représentant qu’un peu plus de 10 % des députés au début des années 2000 (document 3).
2. Le poids de la catégorie socioprofessionnelle et du diplôme
L’appartenance à une catégorie socioprofessionnelle (CSP) a un impact sur la probabilité de s’engager, celle-ci étant globalement plus élevée pour les CSP moyennes et supérieures. La socialisation politique, qui diffère selon le milieu social, est à l’origine de compétences et d’un intérêt différenciés pour la politique. C’est ainsi qu’au premier tour des élections législatives de 2017 le taux d’abstention des ouvriers était supérieur d’environ 26 points à celui des cadres (document 2).
mot clé
La socialisation politique représente l’intériorisation des façons de penser et d’agir qui déterminent les représentations, les choix et les comportements politiques.
Les ressources et les compétences nécessaires à l’engagement politique sont aussi liées au parcours scolaire et de formation, la probabilité de s’engager politiquement dépendant de la nature et du niveau de diplôme. Au premier tour des élections législatives de 2017 le taux d’abstention des titulaires du seul baccalauréat est en effet supérieur de 12 points à celui des titulaires d’un diplôme du supérieur (document 2).
II. D’autres déterminants de l’engagement
Le secret de fabrication
Dans cette partie, selon une logique individualiste, il faut partir de l’analyse de Mancur Olson pour montrer le rôle des incitations, en élargissant à la notion de rétributions symboliques. Pour le rôle du contexte ensuite, vous devez mobiliser votre cours.
1. Des incitations matérielles et symboliques
Selon l’économiste Mancur Olson, l’engagement dans des actions collectives suppose des incitations sélectives, encourageant l’individu rationnel, qui prend ses décisions sur la base d’un calcul coût-avantage, à ne pas se comporter en passager clandestin. Les indemnités de fonction que perçoivent les maires et leurs adjoints, d’autant plus élevées que la taille de la commune est importante (2 006 euros par mois pour un maire d’une commune de 1 000 à 3 499 habitants), peuvent ainsi contribuer à ce que des individus s’engagent durablement dans ces fonctions (document 1).
mot clé
Les incitations sélectives sont des avantages réservés aux participants d’une action collective (des services fournis aux seuls adhérents d’un syndicat par exemple).
Mais l’engagement politique est aussi motivé par les rétributions symboliques qu’il procure, apportant des satisfactions non matérielles par la défense et le partage de causes et de valeurs communes qui poussent à agir quel qu’en soit le coût. Les décorations et médailles remises aux responsables associatifs particulièrement engagés constituent ainsi une forme d’encouragement public à l’engagement (document 4).
2. Le rôle du contexte et du cadre institutionnel
La structure des opportunités politiques crée un cadre plus ou moins favorable à la participation politique. Le mécontentement suscité par une loi (la taxe carbone par exemple) ou par l’augmentation des prix (du carburant, des loyers…) peut inciter à des mobilisations et à l’engagement dans des organisations pour tenter de peser sur les décisions publiques, et ce d’autant plus dans le contexte d’une élection proche qui donne plus d’écho et de chance de succès à une revendication.
Le cadre institutionnel et réglementaire peut aussi freiner ou au contraire contribuer à l’engagement politique. Diverses lois mises en œuvre depuis les années 2000 ont par exemple permis une augmentation significative de la part des femmes occupant des fonctions électives. Alors qu’elles ne représentaient qu’un peu plus de 10 % des députés à la fin de la décennie 1990, elles sont près de 40 % en 2017 (document 3).
Conclusion
[bilan] L’engagement politique est fortement lié à des variables sociodémographiques qui déterminent une probabilité plus ou moins forte à l’action politique. Cependant d’autres facteurs tels que les incitations et le contexte jouent aussi un rôle important. [ouverture] À un moment où l’abstention électorale n’a jamais été aussi forte, signe d’une défiance à l’égard des institutions politiques traditionnelles, il est important de bien identifier ces facteurs qui peuvent être des leviers pour encourager l’engagement politique de tous.