France métropolitaine, mai 2022 • Jour 1
Sprint final
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France métropolitaine, mai 2022 • Jour 1
dissertation
Les États-Unis et l’environnement à différentes échelles
Intérêt du sujet • Le sujet s’appuie sur l’objet de travail conclusif du thème 5, en vous invitant à analyser la question sous l’angle multiscalaire, cher à la géographie et à la géopolitique.
Les États-Unis et l’environnement à différentes échelles
Les clés du sujet
Analyser le sujet
Dégager la problématique
Les États-Unis entretiennent des rapports complexes à leur environnement du fait de la difficile maîtrise de leur territoire.
Pourquoi la politique environnementale aux États-Unis génère-t-elle des tensions à toutes les échelles ?
Construire le plan
Les États-Unis sont tiraillés entre les besoins d’un État continent et la nécessaire prise en compte d’un développement durable respectueux de l’environnement.

Les titres et les indications entre crochets ne doivent pas figurer sur la copie.
Introduction
[Accroche] État continent, les États-Unis entretiennent des relations complexes avec leur environnement depuis la conquête de l’Ouest. [Présentation du sujet] Quelle que soit l’échelle spatiale, les acteurs du pays sont tiraillés entre l’appropriation des richesses et leur nécessaire protection. [Problématique] Pourquoi la politique environnementale aux États-Unis génère-t-elle des tensions à toutes les échelles ? [Annonce du plan] Si, à l’échelle nationale, leur volonté d’appropriation n’a pas empêché l’émergence d’une prise de conscience environnementale [I], leur rôle majeur d’impulsion de puissance internationale est parfois freiné par leurs doutes [II].
I. À l’échelle nationale : entre exploitation et protection
Le secret de fabrication
Veillez à bien montrer ici la diversité des acteurs, particulière notamment à l’organisation politique des États-Unis, un État fédéral.
1. Une nature à apprivoiser et exploiter
Les premiers colons se sont installés dans un territoire peu transformé par les Amérindiens. Cette expérience d’une nature sauvage, la Wilderness, marque le rapport des Américains à la nature perçue comme une menace à dompter.
mot clé
La Wilderness, théorisée par Henry David Thoreau ou John Muir, désigne l’« état sauvage » ou plus spécifiquement la « nature vierge ».
L’immensité du territoire favorise une exploitation prédatrice des ressources, qui semblent illimitées, inspirée par une conception religieuse puritaine où l’Amérique serait un nouveau paradis terrestre destiné à être transformé en terre d’abondance. Cette exploitation connaît un essor très important au xixe siècle, avec l’industrialisation, et se poursuit aujourd’hui (gaz de schiste).
2. La conscience précoce d’un environnement à protéger
Mais les ressources ne sont pas inépuisables : la nature apparaît comme fragile et donc à protéger. Dès lors, les États-Unis sont pionniers dans la sanctuarisation du territoire : en 1864, le premier parc naturel, le Yosemite, est créé en Californie et, en 1872, le parc de Yellowstone devient le premier parc national mondial. Aujourd’hui, on compte 61 parcs nationaux (2,2 % du pays), gérés à l’échelle fédérale par le National Park Service.
À la volonté de préservation, où la nature est protégée pour elle-même et donc préservée de toute influence humaine (John Muir), s’oppose une lutte pour la conservation, approche qui prône un usage raisonnable des ressources naturelles : la nature n’est pas préservée pour elle-même mais en tant que réservoir pour l’homme (Gifford Pinchot).
3. Une gestion paradoxale par des acteurs multiples
Le secret de fabrication
Veillez à placer quand vous le pouvez le vocabulaire spécifique des différentes disciplines (par exemple ici « multiscalaire » ou « conflits d’acteurs ») : cela montre que vous l’avez bien intégré et que vous êtes capable d’utiliser un langage scientifique.
Les États-Unis sont un État fédéral : les décisions se prennent à plusieurs niveaux. Ainsi, la gestion de l’environnement peut paraître paradoxale car elle est pilotée à des niveaux multiscalaires. Les politiques fédérales de grands travaux (New Deal) ont parfois fait fi des volontés locales de sanctuariser certains territoires. Certains États revendiquent de plus en plus une décentralisation de la gestion de l’environnement et s’engagent dans des politiques de protection plus ambitieuses que celles de l’État fédéral.
Les conflits d’acteurs sont récurrents : entre États limitrophes qui n’ont pas toujours les mêmes priorités (la Californie, très militante en matière environnementale, s’oppose ainsi au Nevada, en manque d’eau), entre populations locales et politiques gouvernementales (mobilisation des Sioux contre la fracturation hydraulique au Dakota, en 2017) ou entre populations et FTN (Erin Brockovich contre la contamination des nappes phréatiques au chrome).
[Transition] On retrouve ce positionnement paradoxal des États-Unis dans leur rôle de puissance internationale.
II. À l’échelle internationale : une puissance divisée
1. Une puissance majeure donneuse d’impulsion
Plus grande puissance mondiale, les États-Unis ont su assumer un rôle de leader dans le domaine environnemental, notamment en tant que lanceur d’alerte (Rachel Carson). Pour son action internationale contre le réchauffement climatique, le vice-président Al Gore reçoit le prix Nobel de la paix en 2007.
Nombre de métropoles américaines s’illustrent par leur engagement au niveau international dans le réseau C40 (Cities Climate Leadership Group), organisation qui vise à lutter contre le dérèglement climatique et est actuellement dirigée par le maire de Los Angeles. Plus de 3 000 entités américaines ont signé l’engagement pour le climat de la COP 23 de 2017, refusé par l’État fédéral.
Des FTN américaines, soucieuses de leur image (greenwashing), s’engagent et sont pionnières dans des mesures en faveur de l’environnement. Ainsi, Walmart multiplie les initiatives contre les plastiques inutiles et le gaspillage, et des entreprises de la Silicon Valley (Google, Tesla) investissent dans des technologies innovantes (data centers marins, éclairage « intelligent » des maisons…).
mot clé
Le greenwashing est un procédé de marketing ou de relations publiques utilisé par une organisation pour se donner une image trompeuse de responsabilité écologique.
2. Des courants intérieurs qui freinent l’engagement international
Dès les années 1980, les puissants lobbies du pétrole et du charbon s’attaquent aux politiques environnementales, notamment aux fondements scientifiques tels ceux du GIEC, et donnent ainsi naissance au scepticisme environnemental, qui atteint son apogée avec le retrait de l’accord de Paris.
Donald Trump, ouvertement climatosceptique, annule de nombreuses mesures prises par l’administration Obama, comme le plan de réduction des gaz à effet de serre. Absent au sommet de l’urgence climatique en 2019 à l’ONU, il met en doute le lien entre le changement global et les incendies en Californie en septembre 2020.
Cependant, certaines ONG sont très actives à Washington et dans les instances internationales, où elles forment un « lobby vert ». Ainsi, en août 2019, l’ONG américaine Earthjustice assigne en justice sa propre administration pour avoir assoupli la loi sur les espèces menacées.
3. Un faible engagement dans les traités internationaux
Les États-Unis s’illustrent dans une posture de méfiance internationale au profit de la défense de leurs intérêts nationaux. Depuis 2005, ils sont le seul État industrialisé à ne pas avoir ratifié le protocole de Kyoto. Cette attitude attentiste s’est confirmée en 2019 avec leur retrait de l’accord de Paris mis en place lors de la COP 21.
Ce positionnement contradictoire de stop-and-go empêche les États-Unis de prendre un vrai rôle de leadership dans la question environnementale et lui fait perdre de la crédibilité au niveau international.
Conclusion
[Réponse à la problématique] L’histoire et les réalités économiques et géopolitiques amènent les États-Unis à adopter une posture très paradoxale en matière environnementale, à la fois meneurs historiques de la lutte pour la préservation mais également plus gros pollueurs de la planète. [Ouverture] Particulièrement peu engagé sous le mandat Trump, le gouvernement fédéral semble revenir vers une diplomatie climatique offensive, avec la décision prise dès janvier 2021 par Joe Biden de réintégrer l’accord de Paris.