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Les filles à l'école, les grandes gagnantes ?

Sujet d’oral

Les filles à l’école, les grandes gagnantes ?

Présentation, suivie d’un entretien

20 min

20 points

Intérêt du sujet • Ce sujet de sociologie permet de mobiliser des savoirs issus à la fois du programme de première (thème de la socialisation) et de celui de terminale (thèmes de l’action de l’École et de la mobilité sociale).

 

1. Présentation d’une question 10 min

Les titres en couleurs mettent en évidence la structure de la présentation.

Introduction

[accroche] En 1993, les sociologues Christian Baudelot et Roger Establet publiaient un ouvrage, fruit de plusieurs années d’enquête, intitulé Allez les filles ! [présentation du sujet] En effet, il apparaît que les filles réussissent mieux à l’école que les garçons, du primaire à l’université. Mais de quelle réussite parle-t-on ? Comment l’expliquer ? Et si les filles semblent avoir un réel avantage à l’école, comment comprendre leur sous-représentation dans certains secteurs ou encore à des postes à responsabilité ? [formulation de la problématique] J’ai ainsi choisi d’intituler mon sujet « Les filles à l’école : les grandes gagnantes ? » [annonce du plan] Je vais commencer par mettre en évidence la réussite scolaire des filles, puis je nuancerai mon propos en montrant que cette réussite est entachée de paradoxes.

I. La réussite scolaire des filles : un fait social indéniable

Le secret de fabrication

Pour appuyer votre propos, il est nécessaire de présenter quelques données statistiques bien choisies. Apprenez-les par cœur sans oublier la source. Gardez en tête que votre démarche de collecte d’informations peut susciter des questions du jury.

En France, différentes études mettent en évidence les meilleures performances des filles. Par exemple, en 2020, la proportion de filles entrant en sixième avec un an de retard est plus faible que celle des garçons. Quelle que soit l’orientation choisie, le taux de réussite scolaire des filles est aussi toujours plus élevé que celui des garçons. En 2019, 90 % des filles qui se sont présentées aux épreuves du baccalauréat l’ont eu, contre 86 % des garçons.

Les filles gardent l’avantage dans de nombreux cursus de l’enseignement supérieur. Elles sont majoritaires en droit et sciences politiques mais également en médecine et dans les écoles vétérinaires, et elles occupent plus de 70 % des places sur les bancs de l’École nationale de la magistrature.

La meilleure réussite des filles s’explique par la socialisation primaire : des stéréotypes de genre sont transmis par la famille, l’école et les pairs dès le plus jeune âge. Les filles adoptent alors des comportements favorisant la réussite, à l’inverse des garçons.

à noter

En sociologie, on préfère employer le terme « genre » qui désigne une construction sociale, alors que le terme « sexe » renvoie aux caractéristiques biologiques d’une personne.

[transition] Si la socialisation primaire tend à favoriser la réussite scolaire des filles, est-il possible d’affirmer que ces dernières restent des « grandes gagnantes » ?

II. Mais une réussite en demi-teinte

Les stéréotypes vont également favoriser une division genrée des disciplines scolaires. À résultats égaux, les filles se jugent moins performantes en mathématiques, matière considérée comme masculine. Ainsi, elles restent sous-représentées dans les écoles d’ingénieurs. En outre, les filles sont toujours moins nombreuses à poursuivre leurs études jusqu’au doctorat.

Par ailleurs, aux inégalités de genre se superposent des inégalités selon les milieux sociaux. En 2020, à l’entrée en sixième, on constate par exemple que le pourcentage de filles d’ouvriers ayant déjà redoublé est près de cinq fois plus élevé que celui de filles de cadres ou d’enseignants. Les filles de milieux favorisés apparaissent donc comme beaucoup plus « gagnantes » à l’école que celles de milieux populaires.

Enfin, les attentes de la société évoluent très lentement. On sait que les inégalités salariales perdurent et que les femmes restent minoritaires dans les postes à responsabilité ainsi que dans les fonctions encadrantes. La socialisation genrée affecte leurs trajectoires individuelles.

conseil

Cherchez à orienter les questions lors de l’échange. Vous gagnerez en assurance et montrerez que vous maîtrisez bien votre sujet.

Conclusion

[bilan] C’est une certitude : les filles réussissent mieux à l’école. Elles redoublent moins et ont des taux de réussite supérieurs aux garçons. Si la « révolution » est en marche, on peut difficilement qualifier les filles de « grandes gagnantes » : les choix d’orientation restent genrés tandis que les femmes sont victimes d’inégalités professionnelles. [ouverture] Dans un tel contexte, on peut se demander si les lois récentes visant à accélérer l’égalité économique et professionnelle vont contribuer à convertir cette réussite en trajectoire individuelle « gagnante ».

Support écrit

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2. Echange avec le candidat 10 min

Voici quelques-unes des questions que le jury pourrait vous poser. N’oubliez pas que l’on peut vous interroger sur d’autres thèmes du programme.

Quelle démarche avez-vous adoptée pour traiter ce sujet ?

J’ai fait des recherches au CDI de mon lycée pour trouver des articles écrits par des chercheurs. Les données statistiques proviennent du site du ministère de l’Éducation, précisément de la direction de la prospective et de la performance (DEPP). J’ai par ailleurs lu l’ouvrage Allez les filles ! sur les conseils de mon enseignant.

Vous avez évoqué les trajectoires individuelles des filles. Que savez-vous de la mobilité sociale des filles comparée à celle des garçons ?

Depuis la fin des années 1970, en pourcentage, la mobilité ascendante des femmes par rapport à leur mère est plus importante que celle des hommes par rapport à leur père. On peut la corréler aux bonnes performances scolaires des filles, même si d’autres éléments entrent en jeu.

conseil

Soyez très clair, vous devez être compris du professeur dont ce n’est pas la discipline d’enseignement. Vous devez mobiliser les savoirs exigibles à la fin de la terminale mais sans être trop technique.

Vous avez évoqué des nouvelles lois au terme de votre propos. Pouvez-vous nous en dire davantage ?

Dans la fonction publique, la loi de 2019 renforce l’égalité professionnelle entre hommes et femmes. Elle oblige par exemple à avoir une répartition équilibrée dans les jurys de concours.

Pour les entreprises, le Parlement a voté fin 2021 une loi instaurant des quotas de femmes aux postes de direction des grandes entreprises avec des objectifs pour 2027 puis 2030.

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