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« Les limites à la croissance »

Étude critique de document

« Les limites à la croissance »

2 heures

10 points

Intérêt du sujet • En 1972, le rapport Meadows attirait pour la première fois l'attention sur le caractère fini des ressources terrestres. Trente ans après, Dennis Meadows fait le point sur les évolutions à l'œuvre en matière d'environnement.

 

 Analysez ce texte de façon critique afin de mettre en tension les rapports entre modèle économique, croissance démographique et environnement depuis le rapport Meadows.

DocumentLe rapport Meadows, trente ans après

Dans The Limits to Growth, nous expliquions que les limites écologiques planétaires (en matière d'utilisation des ressources et d'émissions de polluants) auraient une influence importante sur le développement mondial durant le xxie siècle. […] Nous ne précisions cependant pas quelles pénuries ni quels types d'émissions risquaient de mettre fin à la croissance […] ; cela est tout simplement dû au fait qu'il est impossible de faire des prévisions scientifiques si détaillées au sein du système complexe qui est le nôtre et qui mêle population, économie et environnement.

The Limits to Growth plaidait pour une innovation fondée sur des changements technologiques, culturels et institutionnels, pour éviter que l'empreinte écologique de l'humanité ne dépasse la capacité de charge de la planète Terre. […]

De nombreux progrès ont été faits ces 30 dernières années. Face à une empreinte écologique en constante augmentation, la communauté internationale a mis en œuvre de nouvelles technologies, les consommateurs ont modifié leurs habitudes d'achat, des institutions ont été créées et des accords multinationaux ont vu le jour.

Dans certaines régions, la production alimentaire, énergétique et industrielle, a augmenté à un rythme tel qu'elle a largement dépassé l'accroissement démographique. […] Les individus sont beaucoup plus sensibilisés aujourd'hui aux problèmes environnementaux qu'en 1970. […]

Dans les années 1990, ces succès ont rendu difficile tout discours sur les problèmes liés au dépassement. […] La décennie qui vient de s'écouler a largement corroboré notre thèse selon laquelle le monde est déjà en dépassement. On sait à présent que la production mondiale de céréales par habitant a atteint son maximum au milieu des années 1980. La perspective d'une importante augmentation des captures de poissons marins s'est envolée. […] Les États-Unis et certaines autres grandes nations émettent toujours plus de gaz à effet de serre, bien que les scientifiques et les données météorologiques fournissent la preuve que les activités humaines modifient le climat mondial. […] Mathis Wackernagel1 […] en a conclu que la consommation actuelle de ressources par les humains dépasse de quelque 20 % la capacité de charge mondiale.

Dennis Meadows, Donella Meadows et Jorgen Randers, Les Limites à la croissance (dans un monde fini), préface de 2003, trad. de Agnès El Kaïm, éditions Rue de l'Echiquier, 2012.

1. Mathis Wackernagel est un chercheur suisse ; c'est lui qui a créé le concept d'empreinte écologique dans les années 1990.

 

Les clés du sujet

Identifier le document

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Comprendre la consigne

La consigne vous invite à réfléchir autour de trois grandes idées développées par le texte. Ces trois grandes idées peuvent vous fournir la base de votre plan.

Dégager la problématique et construire le plan

Le document vous invite à réfléchir sur les relations qui existent entre notre modèle économique, l'explosion démographique observable depuis les années 1950 et la destruction de l'environnement.

Tableau de 3 lignes, 2 colonnes ;Corps du tableau de 3 lignes ;Ligne 1 : I. Un texte prophétique; Quelles avancées ?Quelles limites ?; Ligne 2 : II. Trente années de progrès (1970-2000); Quelle est la nature des progrès réalisés par l'humanité depuis 1972 ?; Ligne 3 : III. Une situationenvironnementalecatastrophique; Pourquoi la situation environnementale demeure, d'après les auteurs, catastrophique en ce début de xxie siècle ?;

Les titres et les indications entre crochets ne doivent pas figurer sur la copie.

Introduction

[Accroche] Aujourd'hui médiatiquement omniprésente, la question environnementale est pourtant une problématique relativement récente. À l'exception de quelques rares individualités, jusqu'aux années 1960, personne ou presque ne se préoccupait des impacts environnementaux du modèle de développement industriel. [Présentation du document] Le document proposé à notre étude est l'extrait d'un ouvrage publié en 2003 et traduit en Français en 2012. Intitulé Les Limites à la croissance, il a pour objet d'actualiser ce célèbre rapport publié à l'initiative du Club de Rome en 1972. Les auteurs de ce rapport, et notamment l'États-unien Dennis Meadows, tous chercheurs au Massachusetts Institute of Technology (MIT), attiraient pour la première fois l'attention sur le caractère insoutenable de la croissance économique. [Problématique] Dans cette préface, Dennis Meadows et ses collègues reviennent sur les évolutions à l'œuvre entre 1972 et le début des années 2000. Malgré d'incontestables progrès, ils observent malheureusement que l'empreinte écologique continue à croître et que l'humanité exploite plus de ressources que la Terre ne peut lui en fournir. [Annonce du plan] Nous allons voir, à travers l'étude de ce texte, les avancées et les limites du rapport Meadows [I]. Nous analyserons ensuite la nature des progrès réalisés par l'humanité entre 1972 et le début des années 2000 [II]. Nous préciserons enfin pourquoi la situation environnementale demeure, d'après les auteurs, catastrophique au début du xxie siècle [III].

Le secret de fabrication

L'étude critique de document n'est pas une simple explication de texte. Il s'agit de faire ressortir les deux ou trois grandes idées présentes, de les organiser – pour construire votre plan - et d'en faire une analyse puis un commentaire critique tout en prenant soin de rester fidèle au texte afin d'éviter des développements hors sujet.

I. Le rapport Meadows : un texte prophétique

1. Les avancées du rapport Meadows

Le rapport Meadows fut rédigé entre 1970 et 1972, à la demande du Club de Rome, par un groupe de chercheurs dirigé par Dennis Meadows. Cette équipe comprenait notamment Donella ­Meadows, Jorgen Randers et William W. Behrens, du Massachusetts Institute of Technology (MIT), près de Boston, dans le nord-est des États-Unis.

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Créé en 1968, le Club de Rome est un club de réflexion associant industriels, chercheurs et hommes d'affaires de 52 pays différents. Son siège est aujourd'hui en Suisse.

Ces recherches démontraient les limites écologiques planétaires. Rebondissant sur ce qu'ils écrivaient trente ans auparavant, les auteurs précisent que « dans The Limits to Growth, nous expliquions que les limites écologiques planétaires (en matière d'utilisation des ressources et d'émissions de polluants) auraient une influence importante sur le développement mondial durant le xxie siècle » (l. 1-4).

2. Ses limites

Au regard du gaspillage des ressources terrestres observé dans les années 1960, les auteurs aboutissaient à la conclusion logique que le modèle économique de la révolution industrielle n'était pas viable sur le long terme. Néanmoins, le rapport Meadows ne définissait pas encore précisément les types de pénurie susceptibles de mettre fin à la croissance ininterrompue (l. 4-6).

Cette limite était simplement due « au fait qu'il est impossible de faire des prévisions scientifiques si détaillées au sein du système complexe qui est le nôtre et qui mêle population, économie et environnement » (l. 7-9).

[Transition] Le document rappelle avec précision l'apport considérable que représenta en son temps le rapport Meadows. Mais trente ans après, qu'en est-il de ses préconisations ?

II. Trente années de progrès (1970-2000)

1. Le rapport Meadows : des conséquences multiples

à noter

Le rapport Meadows a contribué à l'émergence de l'écologie dans le champ politique (premier candidat écologiste à l'élection présidentielle en France, l'agronome René Dumont en 1974).

Le rapport Meadows « plaidait pour une innovation fondée sur des changements technologiques, culturels et institutionnels » (l. 10-11).

Il a connu un retentissement international, en particulier dans le monde occidental. En France, il fut traduit et édité sous le titre « Halte à la croissance ».

2. Des progrès nombreux depuis les années 1970

Des progrès considérables ont été accomplis depuis les années 1970. « La communauté internationale a mis en œuvre de nouvelles technologies, les consommateurs ont modifié leurs habitudes d'achat, des institutions ont été créées et des accords multinationaux ont vu le jour » (l. 15-18).

Sans doute les auteurs font-ils référence à la création du GIEC (Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat) à l'initiative du Suédois Bert Bolin, au sommet de Rio (1992), au rapport Brundtland sur le développement durable ou encore aux différentes Conférences des Parties organisées par les Nations unies…

Depuis les années 1970, des efforts en matière de gaspillage individuel ont également été réalisés. Les industries offrent en général des produits moins voraces en matière énergétique : par exemple, les automobiles consomment aujourd'hui beaucoup moins de carburant que par le passé. Les consommateurs sont également encouragés à évoluer dans leurs comportements…

[Transition] En matière d'écologie, au moins dans le monde occidental, des progrès ont été enregistrés et la conscience écologique des peuples est aujourd'hui bien supérieure à celle de 1970. Pourtant, la situation écologique du monde ne cesse paradoxalement de s'aggraver.

III. Une situation environnementale catastrophique

1. Une empreinte écologique toujours croissante

L'empreinte écologique qui, telle qu'elle a été définie par le scientifique suisse Mathis Wackernagel et le professeur canadien William E. Rees, consiste à calculer la charge humaine pour un territoire donné.

info +

L'empreinte écologique est actualisée chaque année par le Global Footprint Network, think tank créé en 2003 par Mathis Wackernager.

Dennis Meadows et ses collaborateurs, malgré les progrès observés au sein de la communauté internationale en matière écologique, ne peuvent que constater que celle-ci continue à augmenter. Aujourd'hui, l'humanité consomme chaque année 20 % de plus que ce que la Terre est capable de renouveler.

2. Les raisons d'une telle situation

Notre modèle économique reste malgré tout fondé sur le gaspillage des ressources. Par ailleurs, le nombre toujours croissant d'humains – 3,7 milliards en 1972, près de 8 milliards aujourd'hui - engendre également une augmentation mécanique des besoins en eau, en nourriture (extension des terres cultivées), en énergie (bois) autant d'éléments qui conduisent à la déforestation et à la destruction des écosystèmes.

Paradoxalement, les auteurs expliquent aussi cette situation en partie par le fait que les progrès techniques et institutionnels des années 1970-2000 freinent aujourd'hui la prise de conscience nécessaire. « Dans certaines régions, la production alimentaire, énergétique et industrielle a augmenté à un rythme tel qu'elle a largement dépassé l'accroissement démographique. […] Ces succès ont rendu difficile tout discours sur les problèmes liés au dépassement » (l. 19-21).

Tout se passe comme si les solutions ponctuelles apportées par la science nous empêchaient de voir les choses dans leur globalité, retardant d'autant, d'après Dennis Meadows et ses collègues, la prise de conscience mondiale de l'urgence et du caractère dramatique de la situation écologique actuelle.

Conclusion

[Réponse à la problématique] Le rapport Meadows constitue un jalon essentiel dans l'éveil aux questions écologiques. Mais le modèle économique actuel et la croissance démographique contribuent à alourdir l'empreinte écologique. [Intérêt et limite du document] Ce rapport nous rappelle que l'humanité vit à crédit et semble donc se rapprocher du moment où la satisfaction des besoins primaires en eau, nourriture et énergie constituera un problème capital pour la majorité des humains.

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