France métropolitaine, mai 2022 • Jour 2
Sprint final
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France métropolitaine, mai 2022 • Jour 2 dissertation
Les nouvelles formes et logiques de la guerre au xxie siècle
Intérêt du sujet • Ce sujet vous permettra de valoriser votre maîtrise du cours ainsi que vos connaissances personnelles liées à l’actualité. De difficulté moyenne, il vous donnera également l’occasion de souligner vos qualités d’analyse.
Les nouvelles formes et logiques de la guerre au xxie siècle.
Les clés du sujet
Analyser le sujet
Dégager la problématique
Depuis la fin de la guerre froide et les attentats du 11 septembre 2001, les conflits armés dans le monde sont devenus plus complexes : dans leurs formes et leurs logiques, ils semblent s’éloigner de la définition classique de la guerre théorisée par Clausewitz.
La problématique est largement suggérée par le libellé du sujet : qu’est-ce qui fait la spécificité de la guerre au xxie siècle ?
Construire le plan
La compréhension de la guerre au xxie siècle nécessite la prise en compte de différents paramètres : un plan thématique s’impose.

Les titres et les indications entre crochets ne doivent pas figurer sur la copie.
Introduction
Le secret de fabrication
En commençant votre dissertation par une citation de Clausewitz, vous soulignez la spécificité de la guerre au xxie siècle, qui ne répond plus exactement au schéma classique d’une guerre entre États.
[Accroche] « La guerre n’est rien d’autre qu’un duel à une plus vaste échelle », affirme Clausewitz dans son ouvrage De la guerre (1832). Si cette définition semble pertinente pour analyser les conflits du xviiie au xxe siècle, elle ne rend pas compte de la complexité de ceux du xxie siècle. [Présentation du sujet] En effet, depuis la fin de la guerre froide et surtout depuis les attentats du 11 septembre 2001, la guerre se présente sous de nouvelles formes et obéit à des logiques inédites. [Problématique] Qu’est-ce qui fait la spécificité de la guerre au xxie siècle ? [Annonce du plan] Pour répondre à cette question, nous présenterons d’abord les différents types d’acteurs des conflits [I] puis la variété de leurs enjeux [II] ; enfin, nous montrerons leurs différents théâtres d’opérations. [III]
I. Une diversification des acteurs de la guerre
1. Des acteurs traditionnels : les États
Les États restent des acteurs majeurs des conflits contemporains de par leur puissance militaire. Les États-Unis se placent au sommet de la hiérarchie en raison de leur présence militaire planétaire, tant terrestre que maritime. Ils ont montré leur capacité de projection lors de l’intervention en Afghanistan en 2001, puis en Irak en 2003. Cependant, ils sont concurrencés par la Chine et par la Russie.
À l’échelle mondiale, l’Organisation des Nations unies (ONU) intervient dans les zones de conflits en envoyant ses Casques bleus avec pour mission de maintenir la paix. Des organisations régionales (OTAN, Union africaine) mènent aussi des opérations militaires avec le même objectif.
2. L’affirmation des acteurs non étatiques
Depuis le début du xxie siècle, les organisations terroristes islamistes montent en puissance : Al-Qaida, responsable des attentats du 11 septembre 2001 contre les États-Unis ; Daech qui, à partir de 2015, s’attaque aux États occidentaux.
Des sociétés militaires privées agissant pour le compte des États interviennent sur différents théâtres d’opérations. Ainsi, durant les guerres en Afghanistan (2001-2014) et en Irak (2003-2011), les États-Unis font massivement appel à leurs membres. Depuis 2014, la Russie utilise les services du groupe Wagner en Ukraine, au Mali et en Syrie notamment. On assiste à une véritable privatisation de la guerre.
Dans certains conflits, des combattants irréguliers s’opposent aux armées régulières. C’est le cas des miliciens palestiniens du Hamas qui affrontent l’armée israélienne à Gaza dans une guerre asymétrique.
mot clé
Une guerre asymétrique se caractérise par un déséquilibre notable des forces militaires antagonistes.
[Transition] Ainsi, l’intervention, à côté des États, de multiples acteurs non étatiques caractérise la guerre au xxie siècle. Celle-ci présente divers enjeux.
II. Les nouveaux enjeux de la guerre
1. Les enjeux idéologiques
L’enjeu des guerres menées par Al-Qaida, Daech et les groupes terroristes qui s’en réclament est de lutter contre les valeurs occidentales, au nom d’une interprétation stricte du Coran. D’où l’importance de la propagande diffusée par tous les vecteurs de communication (satellites, Internet).
Par ailleurs, le nationalisme reste un enjeu important des conflits contemporains : nationalisme palestinien contre Israël ; nationalisme russe dans la guerre en Ukraine.
2. Les enjeux économiques
Le contrôle des ressources naturelles (eau, hydrocarbures, minerais précieux) reste un enjeu majeur. En envahissant l’Ukraine en février 2022, Vladimir Poutine ambitionne de mettre la main sur les immenses ressources agricoles du pays et de les utiliser comme une arme géopolitique.
Le contrôle des axes de circulation stratégiques est aussi un enjeu de la guerre. Ainsi, le golfe d’Aden est l’un des théâtres de la piraterie, car il est traversé par un axe majeur du commerce maritime mondial.
à noter
Depuis quelques années, c’est le golfe de Guinée qui est devenu l’épicentre de la piraterie mondiale.
3. Les enjeux politiques
La toile de fond des conflits contemporains reste la rivalité entre les États-Unis et leurs alliés, d’une part, et leurs adversaires émergents, de l’autre (Chine, Russie). Ainsi, le conflit ukrainien peut être lu comme l’opposition entre la Russie et l’OTAN, qui soutient l’Ukraine.
[Transition] Les enjeux de la guerre au xxie siècle se diversifient, tout comme ses théâtres d’opérations.
III. Les théâtres d’opérations de la guerre
1. Un champ de bataille planétaire ?
Les guerres menées par Al-Qaida et Daech et les groupes djihadistes qui s’en réclament se déroulent à l’échelle mondiale. Ainsi, à partir de 2014, Daech revendique des dizaines d’attentats dans le monde entier.
L’ensemble de la population mondiale devient une cible pour les organisations terroristes, avec l’abolition de la distinction entre civils et militaires. Le droit de la guerre est ainsi de plus en plus souvent bafoué.
La majorité des conflits actuels sont intraétatiques. Cependant, ils peuvent être lus aux échelles régionales, continentales ou mondiales, à l’instar de la guerre « civile » au Mali.
2. De nouveaux espaces de conflits
À côté de la terre, de la mer, de l’air et de l’espace, le cyberespace devient un lieu caractéristique de la guerre du xxie siècle. Les cyberattaques comprennent propagande, désinformation, renseignement et sabotage d’infrastructures stratégiques. En 2016, des hackers russes ont interféré dans l’élection présidentielle des États-Unis pour favoriser la victoire de Donald Trump.
à noter
L’utilisation des drones par les belligérants est une autre caractéristique de la dimension technologique de la guerre au xxie siècle.
Cependant, aucune guerre ne peut se passer de présence sur le terrain. Aussi le refus d’intervention militaire des États-Unis en Syrie en 2013 explique-t-il le maintien au pouvoir de Bachar Al-Assad, soutenu par la Russie et l’Iran.
Conclusion
[Réponse à la problématique] Ainsi, la guerre au xxie siècle présente une réelle spécificité par rapport aux périodes précédentes : elle se caractérise par l’affirmation d’acteurs non étatiques, à côté des acteurs étatiques ; elle se fonde sur des enjeux aussi bien idéologiques qu’économiques et politiques ; elle a une dimension planétaire et se déroule dans de multiples espaces. [Ouverture] La guerre déclenchée par la Russie en Ukraine début 2022 en est l’exemple parfait : malgré ses aspects traditionnels, elle est emblématique des conflits du xxie siècle.