Annale corrigée Épreuve composée

Marché unique européen • Mobilité sociale des femmes • Engagement politique

Amérique du Nord, mai 2024 • Jour 1

épreuve composée

Marché unique européen Mobilité sociale des femmes Engagement politique

4 heures

20 points

Intérêt du sujet • Marché unique européen, mobilité des femmes, engagement contemporain : cette épreuve composée questionne des réalités économiques, sociales et politiques aux mécanismes complexes qu’il s’agira de décrire et d’analyser avec précision.

 

Mobilisation des connaissances (4 points) Marché unique et croissance économique

Quels sont les effets du marché unique sur la croissance économique dans l’Union européenne ?

Étude de document (6 points) La mobilité sociale des femmes

1. À l’aide des données du document (voir page suivante), vous montrerez que l’immobilité sociale des filles par rapport à leur mère a globalement diminué entre 1977 et 2015. (2 points)

2. À l’aide du document et de vos connaissances, vous présenterez deux facteurs expliquant l’augmentation de la mobilité sociale ascendante des filles par rapport à leur mère entre 1977 et 2015. (4 points)

DocumentDestinée sociale des femmes selon la catégorie socioprofessionnelle de leur mère en 1977 et en 2015 (en %)

Catégorie socioprofessionnelle de la fille

Catégorie socioprofessionnelle de la mère

Agriculteurs exploitants

Artisans, commerçants et chefs d’entreprise

Cadres et professions intellectuelles supérieures

Professions intermédiaires

Employés et ouvriers qualifiés

Employés et ouvriers non qualifiés

Total

Agriculteurs exploitants

1977

42,2

8,1

0,6

5,4

15

28,6

100

2015

8

3

11,2

19,1

33,1

25,5

100

Artisans, commerçants et chefs d’entreprise

1977

2,7

26

3,6

15,8

31,4

20,6

100

2015

1,3

10,1

15,4

28

27,9

17,3

100

Cadres et professions intellectuelles supérieures

1977

0

3,8

40,1

22,7

14,8

18,7

100

2015

0,3

4,6

41,7

31,6

11,6

10,2

100

Professions intermédiaires

1977

0,7

6,9

12,9

39,1

31,3

9,1

100

2015

0,1

3,9

29

37,7

19

10,4

100

Employés et ouvriers qualifiés

1977

0,9

8,4

3,3

19,6

42,9

25

100

2015

0,6

4,1

14,9

30,2

32,9

17,4

100

Employés et ouvriers non qualifiés

1977

2,5

5,9

1,2

9,4

33,8

47,2

100

2015

0,9

3,7

7,5

22,4

34,1

31,4

100

Source : Insee, Enquête Formation et qualification professionnelle en 1977 et en 2014-2015.

Lecture : en 2015, 8 % des femmes ayant une mère agricultrice exploitante exercent elles-mêmes cette profession.

Champ : France métropolitaine, femmes françaises actives occupées ou anciennes actives occupées, âgées de 35 à 59 ans au 31 décembre de l’année de l’enquête.

Raisonnement (10 points) Les déterminants sociodémographiques de l’engagement politique

 À l’aide de vos connaissances et du dossier documentaire, vous montrerez que l’engagement politique dépend
de différentes variables sociodémographiques.

Document 1Vote systématique1 lors des élections de 2022 selon l’âge, le diplôme et la catégorie socioprofessionnelle (en % des inscrits)

Âge

18-29 ans

17,3

30-64 ans

37,2

65 ans et plus

47,7

Niveau de diplôme

Aucun diplôme

28,8

Diplôme inférieur au baccalauréat

38,1

Baccalauréat

33,3

Diplôme de l’enseignement supérieur

43,7

Catégorie socioprofessionnelle

Agriculteurs exploitants

50,5

Artisans, commerçants, chefs d’entreprise

36,0

Cadres et professions intellectuelles supérieures

47,6

Professions intermédiaires

36,4

Employés

31,7

Ouvriers

27,2

Ensemble des inscrits

37

Source : d’après Insee, Enquêtes sur la participation électorale, 2002 à 2022.

Champ : inscrits sur les listes électorales et résidant en France métropolitaine.

1. Personnes ayant voté à tous les tours des élections nationales (aux deux tours de la présidentielle et aux deux tours des législatives de 2022).

Document 2La sous-représentation des femmes en politique

La sous-représentation des femmes parmi les candidats en position éligible s’explique d’abord par le fait que « les hommes sont objectivement mieux dotés que les femmes dans la course à l’investiture1 ». En effet, lorsqu’ils s’engagent dans cette compétition, les hommes sont, plus souvent que les femmes, des professionnels de la politique (sortants ou cumulant plusieurs mandats), ce qui leur donne objectivement plus de chances de gagner l’élection : ils sont déjà connus des électeurs et de la presse, ils disposent d’un réseau de soutiens politiques aux niveaux local et national et ont acquis préalablement les ficelles du métier politique, notamment l’art de faire campagne (animer des réunions électorales, tracter dans les marchés…). Les élites des partis tendent donc à les sélectionner au détriment des femmes, plus souvent novices en politique. On voit ici à quel point l’hégémonie masculine du champ politique s’auto-entretient : le fait de détenir déjà du pouvoir augmente les chances d’en accumuler davantage. Mais l’exclusion des femmes des candidatures n’est pas seulement le reflet du déficit « objectif » de ressources politiques des femmes. Si les procédures de sélection sont biaisées au profit des hommes, c’est aussi parce qu’elles sont imprégnées d’un certain nombre de stéréotypes sexués : les instances qui recrutent les candidats tendent en effet à associer le métier politique à des qualités pensées comme viriles : charisme, disponibilité, aisance oratoire, combativité, maîtrise technique par exemple. Il est ainsi couramment postulé (plus ou moins consciemment) que les femmes seront moins capables de résister physiquement et mentalement au combat électoral, de parler en public, de s’extraire de leur vie privée ou de susciter le respect des électeurs.

Source : Laure Bérent, Sébastien Chauvin, Alexandre Jaunait, Anne Revillard, Introduction aux gender studies. Manuel des études sur le genre, De Boeck Université, 2008.

1. Sylvie Pionchon, Grégory Derville, Les femmes et la politique, Presses universitaires de Grenoble, 2004. L’investiture correspond au choix par un parti politique de ses candidats à une élection.

Document 3Type de consommation selon le niveau de diplôme (en %)

Question posée aux personnes enquêtées : « Depuis 6 mois, avez-vous acheté… ? »

sesT_2405_02_00C_01

Source : Crédoc, Enquêtes tendances de consommation, 2009-2018.

Note : les données correspondent aux personnes ayant répondu « oui » à la question.

1. Produits en vrac : produits sans emballage qui réduisent les gaspillages en produits et en emballages.

 

Les clés du sujet

Mobilisation des connaissances

Définir les mots clés

Le marché unique est l’espace au sein de l’Union européenne, mis en place en 1986, visant à supprimer toutes les barrières aux échanges économiques et garantissant la libre circulation des biens, des services, des capitaux et des personnes.

La croissance économique désigne l’augmentation soutenue et durable des richesses créées dans une économie, mesurée par le taux de croissance du produit intérieur brut (PIB).

Organiser la réponse

Dans un premier temps, nous verrons les effets positifs induits par le marché unique sur les échanges entre les pays membres de l’Union européenne.

Puis nous mettrons en évidence plus précisément les avantages du marché unique pour les entreprises européennes.

Enfin, il s’agira de montrer les bénéfices que tirent les consommateurs européens du marché unique.

Étude de document

Définir les mots clés

La mobilité sociale, ici intergénérationnelle, désigne le changement de catégorie socioprofessionnelle (CSP) d’un enfant par rapport à son père ou sa mère.

L’immobilité sociale, au contraire, décrit la stabilité sociale d’une génération à l’autre, c’est-à-dire l’absence de changement de CSP.

Comprendre le document

Le document présente la destinée sociale des femmes selon la catégorie socioprofessionnelle de leur mère en 1977 et en 2015 (en %). Il s’agit ici de sélectionner les données et de les comparer avec pertinence sur deux années afin de montrer des positions d’immobilité sociale et, au contraire, de mobilité sociale.

On pourra, à l’aide d’un marqueur, identifier les positions d’immobilité sur « la diagonale de l’immobilité » et colorier celles qui illustrent une mobilité sociale ascendante, en dessous de cette diagonale.

Organiser la réponse à la seconde question

Dans un premier temps, nous montrerons le rôle de la démocratisation scolaire qui a permis aux filles d’accéder à des études plus longues et à des emplois plus qualifiés.

Puis, dans un second temps, nous mettrons en évidence le rôle de l’évolution de la structure socioprofessionnelle qui explique en partie la mobilité sociale ascendante des filles par rapport à leur mère.

Raisonnement

Analyser les termes du sujet et mobiliser ses connaissances

sesT_2405_02_00C_02

Exploiter les documents

Document 1. Ce tableau statistique permet de mesurer l’influence de l’âge, du diplôme et de la catégorie socioprofessionnelle sur le vote systématique aux élections présidentielle et législatives de 2022.

Document 2. Ce texte explique l’hégémonie des hommes parmi les candidats en position éligible, au détriment des femmes militantes. Les raisons avancées tiennent à l’inégalité des ressources liées au genre pour l’investiture mais également à l’effet discriminatoire des stéréotypes sur le choix des candidats.

Document 3. Ce graphique croise deux formes de consommation (produits issus de l’agriculture biologique et produits en vrac) avec le niveau de diplôme en 2009 et en 2018. Il met en évidence une corrélation positive entre le niveau de diplôme et ces consommations, particulièrement pour l’achat de produits bio.

Définir les arguments

Argument 1

Le rôle de la position socio-économique dans l’engagement politique.

Argument 2

L’influence des variables sociologiques sur l’engagement politique.

Mobilisation des connaissances

[phrase introductive] En supprimant toutes les barrières aux échanges économiques entre les pays membres de l’Union européenne (UE), le marché unique, créé en 1986, entend favoriser les échanges, la production et la consommation, donc la croissance économique.

Du point de vue des pays membres de l’UE, la libéralisation des échanges permise par le marché unique favorise l’augmentation de la productivité des facteurs de production selon la théorie des avantages comparatifs. En effet, la spécialisation des pays en fonction de leur avantage comparatif permet une meilleure allocation des facteurs de production vers les secteurs les plus productifs. Il en résulte une hausse de la productivité qui stimule alors la croissance économique.

à noter

Il est souhaitable ici de faire une référence à la théorie des avantages comparatifs, même si celle-ci fait partie des objectifs d’apprentissage du thème 1 sur le commerce international.

Pour les entreprises de l’UE, le marché unique aboutit à l’accroissement de la taille des marchés permettant de réaliser des économies d’échelle, c’est-à-dire la baisse du coût fixe unitaire de production due à l’augmentation de la quantité produite ; le coût fixe étant réparti sur une production plus importante. La concurrence entre entreprises européennes est, de plus, stimulée par le marché unique, ce qui favorise l’innovation et entraîne une baisse des prix.

Pour les consommateurs de l’UE, la baisse des coûts des entreprises et donc celle des prix des produits ont des effets positifs sur leur pouvoir d’achat, c’est-à-dire la quantité de biens et services qu’un ménage peut acheter compte tenu de leur prix. La demande est ainsi stimulée, ce qui se répercute in fine sur la croissance économique.

[phrase conclusive] La croissance est un objectif central de l’activité économique dans les pays développés ; en particulier dans l’Union européenne, où elle doit favoriser la paix, grâce à l’ouverture des frontières, condition à la libre circulation des biens, des services, des capitaux et des personnes.

Étude de document

1. Nous constatons que l’immobilité sociale des filles par rapport à leur mère a diminué puisque les chiffres sur la diagonale de l’immobilité sont systématiquement plus faibles en 2015 qu’en 1977. Par exemple, en 2015, 8 % des femmes ayant une mère agricultrice exploitante exercent elles-mêmes cette profession alors qu’en 1977, elles étaient 42,2 %. Leur part est ainsi 5 fois moins élevée. De même, la proportion de filles d’ouvrières qualifiées devenues elles-mêmes ouvrières qualifiées est passée de 42,9 % à 32,9 %, soit une baisse de 10 points.

2. Ce document représente la destinée sociale des femmes selon la catégorie socioprofessionnelle de leur mère en 1977 et en 2015 (en %). S’il permet de montrer que l’immobilité sociale des filles par rapport à leur mère a diminué, il montre aussi des situations de mobilité sociale ascendante qui s’expliquent par plusieurs facteurs.

La démocratisation scolaire entamée dans les années 1960 a permis aux filles d’accéder à des études plus longues et à des emplois plus qualifiés que leur mère. C’est donc une génération qui a pu bénéficier de postes plus élevés dans la hiérarchie de l’entreprise, et ce d’autant plus que la génération des mères était peu diplômée ou inactive. Par exemple, en 1977, 12,9 % des femmes cadres avaient une mère profession intermédiaire, alors que c’est le cas pour 29 % des femmes cadres en 2015 : la proportion a plus que doublé.

La salarisation a été aussi un vecteur d’émancipation féminine. La féminisation des emplois a pu se développer grâce à l’essor du salariat et a servi la mobilité sociale ascendante des femmes par rapport à leur mère. Par exemple, en 1977, 42,2 % des femmes agricultrices ont elles-mêmes une mère agricultrice, elles ne sont plus que 8 % en 2015.

à noter

La mobilité structurelle est un vecteur important de la mobilité sociale des femmes par rapport à leur mère. En effet, la salarisation, mais aussi la tertiarisation, sont des causes de la féminisation des emplois.

L’immobilité sociale des filles par rapport à leur mère a diminué. Et, en même temps, elles connaissent aussi une mobilité sociale ascendante qui s’explique par un accès aux études supérieures facilité ainsi qu’à la salarisation.

Raisonnement

Les titres des parties ne doivent pas figurer sur votre copie.

Introduction

L’engagement politique se définit comme la participation des citoyens à la vie politique, motivée par des valeurs politiques. Il peut prendre des formes variées : vote, militantisme, engagement associatif, consommation engagée. Mais quels en sont les déterminants sociodémographiques ? Nous montrerons que l’engagement politique dépend d’abord de la position socio-économique, mais également de certaines variables sociologiques.

I. Le rôle de la position socio-économique

Le secret de fabrication

Il est important de bien partir des principes de la démocratie représentative pour traiter le sujet : celle-ci repose sur des représentants choisis par leur parti et élus le plus souvent au suffrage universel.

La position socio-économique influence fortement l’engagement politique. Les personnes appartenant à des catégories socioprofessionnelles supérieures sont ainsi généralement plus enclines à s’engager politiquement. Ainsi, d’après le document 1, en France en 2022, 27,2 % des ouvriers ont voté systématiquement aux élections présidentielle et législatives contre 47,6 % des cadres et professions intellectuelles supérieures, ce qui représente un écart considérable de 20,4 points de pourcentage.

De plus, on constate que les individus ayant un niveau de diplôme plus élevé s’engagent davantage. L’influence du diplôme s’observe dans les pratiques de consommation engagée : selon le document 3, en France en 2018, la consommation de produits en vrac des bac + 5 est supérieure de 17 points de pourcentage à celle des sans-diplôme. Par ailleurs, plus on est diplômé et plus on vote systématiquement aux élections (document 1).

Le politiste Daniel Gaxie a ainsi mis en évidence un « cens caché » : le taux d’abstention augmente dans les catégories populaires et chez les personnes à faible capital culturel, qui peuvent se sentir moins concernées par la politique, voire désenchantées.

mot clé

Le « cens caché » fait référence au suffrage censitaire, autrefois réservé aux plus riches. Ce terme souligne l’impact du faible capital culturel sur la participation électorale.

II. L’influence des variables sociologiques

L’âge est une autre variable clé dans l’engagement politique. Les personnes âgées tendent ainsi à voter plus régulièrement, probablement en raison d’un plus grand sentiment de devoir civique et d’une socialisation politique plus marquée. Parmi les électeurs de 65 ans et plus, 47,7 % ont systématiquement voté en 2022 contre seulement 17,3 % des 18-29 ans (document 1). Les jeunes en revanche peuvent s’impliquer davantage dans des formes d’engagement non traditionnelles : manifester ou militer en ligne par exemple.

De plus, chaque génération a ses propres repères et influences, ce qui façonne leurs modes de participation. Par exemple, les générations ayant vécu des périodes de grandes mobilisations sociales ou politiques ont souvent une vision plus engagée de la citoyenneté.

à noter

Il faut distinguer l’effet de l’âge, qui relève de la position dans le cycle de vie, de l’effet de la génération qui relève de la conjoncture sociopolitique.

Le sexe joue également un rôle dans l’engagement politique. Historiquement, les femmes ont été moins présentes dans la sphère politique, en partie à cause de barrières sociales et culturelles. Aujourd’hui encore, des disparités subsistent, liées à des rôles traditionnels et à des responsabilités familiales qui peuvent limiter le temps et les ressources des femmes lors des investitures. Elles subissent de plus des discriminations liées aux stéréotypes de genre (document 2).

Conclusion

L’engagement politique est fortement influencé par des variables sociodémographiques telles que la position socio-économique, l’âge, la génération, le sexe. Ces facteurs déterminent non seulement le niveau de participation, mais aussi les formes d’engagement privilégiées par les individus. Comprendre ces dynamiques est crucial pour promouvoir une participation politique plus inclusive et représentative de la société.

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