Annale corrigée Épreuve composée

Mobilité sociale • Croissance et chômage • Structure socioprofessionnelle

Sujet spécimen 2021 • épreuve composée

Mobilité sociale • Croissance et chômage • Structure socioprofessionnelle

4 heures

20 points

Intérêt du sujet • Rôle de la famille dans les trajectoires sociales, évolution du chômage, mutations de la population active : les questions que vous aurez à traiter dans ce sujet ne manquent pas d'actualité.

 

Mobilisation des connaissances (4 points)
Configurations familiales et mobilité sociale

 Vous montrerez, à partir d'un exemple, comment les configurations familiales contribuent à expliquer la mobilité sociale.

Étude de document (6 points)
Taux de croissance du PIB et taux de chômage

DocumentTaux de croissance du PIB (en %) et taux de chômage (en % de la population active) en France

sesT_2100_07_01C_01

Source : OCDE, 2020.

1. À l'aide des données du document, vous présenterez l'évolution du taux de croissance du PIB entre 2010 et 2017.

2. À l'aide des données du document et de vos connaissances, vous expliquerez la corrélation entre le taux de chômage et le taux de croissance du PIB de 2010 à 2017.

Raisonnement (10 points)
La structure socioprofessionnelle

 À l'aide de vos connaissances et du dossier documentaire, vous montrerez que la structure socioprofessionnelle a évolué en France depuis la seconde moitié du xxe siècle.

Document 1Part (en %) dans l'emploi selon la catégorie socioprofessionnelle, par sexe, en moyenne annuelle

Tableau de 13 lignes, 7 colonnes ;Tetière de 2 lignes ;Ligne 1 : ;1982;2019;Ligne 2 : Homme;Femme;Ensemble;Homme;Femme;Ensemble;Corps du tableau de 11 lignes ;Ligne 1 : Agriculteurs exploitants; 7,3; 6,7; 7,1; 2,1; 0,8; 1,5; Ligne 2 : Artisans, ­commerçants, chefs d'entreprise; 9,1; 7,2; 8,3; 9,3; 3,9; 6,7; Ligne 3 : Cadres et professions intellectuelles supérieures; 10,3; 4; 7,8; 21,6; 16,8; 19,3; Ligne 4 : Professions intermédiaires; 19,2; 19,8; 19,5; 23,1; 28,3; 25,6; Ligne 5 : Employés qualifiés; 6,9; 27,4; 15,2; 6,9; 21,4; 13,9; Ligne 6 : Employés non qualifiés; 3,8; 19,4; 10,1; 6; 20,3; 12,9; Ligne 7 : Ouvriers qualifiés; 24,5; 3,8; 16,1; 21,7; 3,5; 12,9; Ligne 8 : Ouvriers non qualifiés; 16,1; 11,3; 14,2; 8,8; 4,6; 6,8; Ligne 9 : Autres; 2,8; 0,3; 1,8; 0,4; 0,4; 0,4; Ligne 10 : Ensemble; 100; 100; 100; 100; 100; 100; Ligne 11 : Effectifs (en milliers); 13 600; 9 243; 22 842; 13 992; 13 184; 27 176;

Source : d'après Insee Résultats, juin 2020.

Note : données de 1982 à 2019, corrigées pour les ruptures de série.

Champ : France hors Mayotte, population des ménages, personnes de 15 ans et plus.

Document 2Emploi salarié par secteur d'activité de 1989 à 2019

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Source : « Emploi, chômage, revenus du travail », Insee Références, juillet 2020.

Champ : France hors Mayotte, personnes de 15 ans ou plus.

Document 3Les grandes évolutions du marché du travail depuis les années 1960

Quels que soient les chiffres, les taux, les indicateurs que l'on utilise, les faits sont là : depuis le début des années 1960, la montée de l'activité féminine est l'élément moteur de la croissance de la population active. Dans la période récente, ce sont les femmes qui ont assuré l'essentiel de l'augmentation des forces de travail. […]Les faits étant établis, comment peut-on expliquer ce mouvement […] ? Il serait bien commode, ici, de pouvoir parler d'un « changement de mentalités », de l'émergence de nouveaux courants socioculturels : les femmes en veulent plus, comme on dit, elles s'accrochent à leur travail, elles affirment leur désir d'indépendance économique, etc. Tout cela est juste, mais n'explique rien. […] On pourrait, bien sûr, renvoyer à des mutations socioculturelles d'un autre ordre : c'est la même génération de femmes qui a inauguré, à la fin des années 1960, la liberté de la contraception et de l'avortement, l'apparition d'un mouvement féministe radical, l'émergence de nouveaux modèles familiaux et la poussée de l'activité féminine. La coïncidence est trop belle pour n'être pas mentionnée. Mais au fond, qu'est-ce qui explique quoi ? Est-ce la maîtrise de la conception qui pousse au développement du travail féminin ou l'inverse ? Est-ce le renouveau du féminisme qui est à l'origine de la volonté d'autonomie économique des femmes, ou l'inverse ? La prudence, ici, s'impose. Ne parlons pas d'explication, mais de corrélation. Ces phénomènes forment un tout. Ils sont le signe des temps, ils sont concomitants, mais c'est tout ce que l'on peut dire. À défaut de pouvoir expliquer, on peut tenter de caractériser cette mutation sociale, d'en identifier les acteurs. Qui sont les femmes qui, depuis le début des années 1960, ont afflué sur le marché du travail ? Ce sont pour l'essentiel des mères de famille, des salariées du tertiaire, des femmes instruites et qualifiées.Depuis la fin des années 1950, deux tendances ont caractérisé l'évolution de la structure des emplois : la tertiarisation et la salarisation du marché du travail. Au cœur de ces mutations, les femmes n'ont pas accompagné le mouvement, elles ont très fortement contribué à le produire. Et inversement : c'est parce que l'emploi devenait de plus en plus tertiaire et salarié que les femmes y ont accédé nombreuses.

Source : Margaret Maruani, Travail et emploi des femmes, Paris, La Découverte, 2017.

 

Les clés du sujet

Mobilisation des connaissances

Définir les mots clés

La mobilité sociale désigne les changements de position sociale, soit au cours de la vie d'un individu (mobilité intragénérationnelle), soit par rapport à la position occupée par ses parents (mobilité intergénérationnelle).

La notion de configuration familiale exprime la diversité des modes de composition, de constitution et de fonctionnement des familles (famille recomposée, monoparentale ou homoparentale, structure de la fratrie, nature des relations intrafamiliales…).

Structurer la réponse

On précisera dans un premier temps ce que revêtent les diverses configurations familiales.

Dans un deuxième temps, on mettra en évidence leurs effets possibles sur la mobilité sociale intergénérationnelle.

On illustrera enfin le propos à partir d'un exemple, celui des familles recomposées.

Étude de document

Définir les mots clés

Le taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) mesure l'évolution en pourcentage de la production réalisée par les agents économiques résidents, d'une année à l'autre. Il permet de mettre en évidence les fluctuations de l'activité économique, qui correspondent à des mouvements de ralentissement ou d'accélération du rythme de la croissance économique à court terme.

Le taux de chômage mesure la part en pourcentage des chômeurs dans la population active. Un chômeur est une personne en âge de travailler, dépourvue d'emploi et qui en recherche un.

Comprendre le document

Le graphique présente, d'une part, l'évolution entre 2010 et 2017 du taux de croissance du PIB en pourcentage (échelle de gauche) et, d'autre part, celle du taux de chômage en pourcentage (échelle de droite). Il permet de comparer les deux évolutions afin d'établir des liens entre les fluctuations de l'activité économique et l'évolution du chômage. Par exemple, entre 2016 et 2017, le taux de croissance du PIB double, passant de 1,1 % à 2,2 %, tandis que le taux de chômage diminue de 0,7 point pour atteindre 9,4%.

Structurer la réponse à la seconde question

On mettra en évidence la corrélation entre le taux de chômage et le taux de croissance du PIB en s'appuyant sur des données fournies par le graphique.

Puis on expliquera le lien statistique mis en évidence en mobilisant les connaissances sur la nature du chômage.

Raisonnement

Analyser les termes du sujet et mobiliser ses connaissances

sesT_2100_07_01C_03

Exploiter les documents

Document 1. Ce tableau statistique montre, entre 1982 et 2019, l'évolution de la population en emploi (ligne « effectifs en milliers ») et de la structure socioprofessionnelle des hommes et des femmes (en pourcentage). Quelle place occupent les femmes dans l'emploi ? Quelles sont les CSP en déclin ? Et celles en expansion ?

Document 2. Ce graphique expose l'évolution des emplois salariés en millions par secteur d'activité entre 1989 et 2019. Comment évoluent les emplois dans le secteur tertiaire ? Et les emplois industriels ?

Document 3. Ce texte rédigé par une sociologue du travail, Margaret Maruani, évoque la féminisation de la population active. À quelles évolutions majeures de la population active cette féminisation est-elle liée ?

Définir les arguments

Tableau de 2 lignes, 2 colonnes ;Corps du tableau de 2 lignes ;Ligne 1 : Argument 1; L'évolution de la structure socioprofessionnelle est caractérisée par un mouvement de salarisation et de féminisation.; Ligne 2 : Argument 2; La tertiarisation et une tendance à la hausse des qualifications transforment également la composition de la population active.;

Mobilisation des connaissances

Introduction

Les configurations familiales sont les différents modes de composition, de constitution et de fonctionnement des familles. Nous allons montrer quels sont leurs effets sur la mobilité sociale des individus, celle-ci désignant les changements de position sociale par rapport à celle des parents, et illustrer le propos par l'exemple des familles recomposées.

Développement

Les configurations familiales agissent sur la mobilité sociale au travers de plusieurs facteurs. Le mode de constitution des familles est lié au mariage, au divorce, à la recomposition familiale. Le nombre d'enfants, la présence ou non des deux parents déterminent la composition et la taille des familles. Les relations au sein de la famille, la place occupée par les grands-parents, un grand frère ou une grande sœur, jouent également un rôle important.

Ces configurations familiales vont influencer le parcours scolaire des enfants et leur position sociale future. Par la socialisation primaire et secondaire, elles transmettent des goûts, des aspirations et des aptitudes scolaires. Elles fournissent aussi des modèles et des ressources (économiques, sociales et culturelles) plus ou moins favorables. La taille de la fratrie joue un rôle important, les enfants réussissant généralement d'autant mieux leur scolarité que la fratrie est réduite.

Dans les familles recomposées, l'enfant va en effet être soumis à un cadre socialisateur différent avec la présence de beaux-parents, de demi-frères ou demi-sœurs qui n'ont pas connu le même environnement. Il peut évoluer au sein de deux familles, celle de son père et celle de sa mère, et l'une d'elles peut être monoparentale. Ces cadres peuvent lui ouvrir des horizons, mais également générer instabilité et conflits, sources de difficultés scolaires.

mots clés

Une famille recomposée est constituée de parents avec leurs enfants nés de plusieurs unions différentes. Une famille monoparentale est constituée d'un seul parent.

Conclusion

Les configurations familiales, à l'image des familles recomposées de plus en plus nombreuses, modifient les conditions de la socialisation et les ressources dont disposent les enfants, ce qui a des effets sur leur mobilité sociale.

Étude de document

Le secret de fabrication

Vous devez découper la période en phases homogènes de variation.

Les taux de croissance sont exprimés en pourcentage : vous pouvez calculer les différences en points de pourcentage, ou encore utiliser un coefficient multiplicateur, plus adapté à la mesure d'une forte variation.

1. On peut distinguer trois périodes dans l'évolution du taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) depuis 2010. Entre 2010 et 2011, il augmente de 0,2 point pour atteindre 2,2 %, avant de baisser significativement l'année suivante : en 2012, le PIB croît seulement de 0,3 %. De 2012 à 2017, la croissance s'accélère : son taux augmente de 0,8 point jusqu'en 2016 pour atteindre environ 2,3 % en 2017, soit la plus forte croissance sur la période.

2. Les titres des parties ne doivent pas figurer sur votre copie.

Introduction

L'activité économique, mesurée par le taux de croissance du produit intérieur brut (PIB), est fluctuante à court terme. Ces variations vont avoir un impact sur le taux de chômage, qui est la part en pourcentage des chômeurs dans la population active. Comment peut-on expliquer ce lien ?

Développement

Le graphique permet de mettre en évidence une corrélation négative entre le taux de croissance du PIB et le taux de chômage. Quand le premier diminue, le second augmente, et inversement. Par exemple, entre 2011 et 2012, la forte baisse du taux de croissance s'accompagne d'une hausse du taux de chômage qui passe de 9,1 % à 9,7 % en 2012, pour atteindre 10,3 % l'année suivante. Il faut attendre 2015 pour voir le taux de chômage diminuer alors que le taux de croissance augmente depuis 2012. On observe bien une relation inverse entre les deux évolutions, même s'il peut exister un décalage temporel entre les deux.

Les fluctuations économiques jouent un rôle dans l'évolution du chômage. Quand la croissance diminue, les employeurs anticipent une baisse de leurs besoins en main-d'œuvre, ce qui les conduit à licencier. Le chômage, appelé chômage conjoncturel, tend alors à augmenter. Ce phénomène a été mis en évidence par l'économiste John Maynard Keynes lors de la crise de 1929. À l'inverse, le chômage tend à diminuer si la croissance est perçue comme durable par les entrepreneurs. À productivité constante, il faut en effet utiliser davantage de facteur travail pour suivre la hausse de la production, comme en France depuis 2012. Ce n'est pourtant qu'à partir de 2015 que le taux de chômage va baisser significativement : la corrélation n'est pas parfaite dans la mesure où il existe d'autres formes de chômage, indépendantes de l'activité économique.

mot clé

Le chômage conjoncturel est la forme de chômage qui trouve son origine dans les fluctuations de l'activité économique.

Conclusion

La corrélation négative entre le taux de croissance du PIB et le taux de chômage s'explique par la composante conjoncturelle du chômage. Une partie du chômage est ainsi liée aux fluctuations de l'activité économique.

Raisonnement

Les titres des parties ne doivent pas figurer sur votre copie.

Introduction

La structure socioprofessionnelle, c'est-à-dire la composition de la population active en catégories socioprofessionnelles, a connu en France de profondes mutations depuis les années 1960. Après avoir montré qu'elle est touchée par un phénomène de salarisation et de féminisation des actifs, nous observerons qu'elle est aussi marquée par un processus de tertiarisation et d'élévation des qualifications.

Le secret de fabrication

Ce sujet repose sur un dossier documentaire qui fournit l'essentiel des éléments de réponse. La qualité de votre devoir va reposer sur une exploitation fine des documents et notamment l'utilisation des données statistiques, complétées de calculs pertinents pour étayer votre argumentation.

I. La structure socioprofessionnelle se salarise et se féminise

La structure socioprofessionnelle est marquée par un processus long de salarisation (document 3), c'est-à-dire que le statut de salarié a pris massivement le pas sur celui d'indépendant, ce dernier n'occupant aujourd'hui qu'environ 10 % de la population active en France, contre un peu moins de 30 % au début des années 1960. Ce phénomène de salarisation se perçoit en particulier au travers de la baisse des deux catégories socioprofessionnelles (CSP) constituées exclusivement d'indépendants : les agriculteurs, dont la part a été divisée par près de cinq entre 1982 et 2019, et les artisans, commerçants et chefs d'entreprise, dont la part baisse plus faiblement (- 1,6 point) (document 1).

mots clés

Un salarié est lié à un employeur par un contrat de travail qui crée une relation de subordination, au contraire d'un indépendant qui exerce pour son propre compte.

La féminisation est une autre tendance lourde de l'évolution de la structure socioprofessionnelle, qui explique l'essentiel de l'augmentation de la population active depuis les années 1960 (document 3). Ce phénomène se poursuit : entre 1982 et 2019, le nombre de femmes en emploi progresse beaucoup plus vite que celui des hommes. La proportion de femmes atteint aujourd'hui près de la moitié de la population en emploi, contre environ 40 % en 1982 (document 1).

II. Le poids croissant du secteur tertiaire et la hausse des qualifications

La tertiarisation, c'est-à-dire, la part croissante – et aujourd'hui très majoritaire – des emplois dans le secteur des services, est une autre tendance majeure de l'évolution de la population active, à l'œuvre depuis la fin des années 1950 (document 3). Si le tertiaire marchand croit plus vite que le tertiaire non marchand, ils représentent ensemble plus des trois quarts de la population active française contre environ 40 % dans les années 1960. Parallèlement le secteur industriel a connu une baisse importante de près de 1,5 million d'emplois salariés entre 1989 et 2019 (document 2).

Le niveau de qualification s'est également élevé, la grande majorité des actifs étant aujourd'hui diplômée et les emplois offerts requérant des qualifications plus importantes. Ce phénomène est perceptible au travers de l'évolution de la structure socioprofessionnelle (document 1), caractérisée par une part croissante des cadres (7,8 % en 1982, 19,3 % en 2019) et des professions intermédiaires (+ 6,1 points), tandis que la part des ouvriers non qualifiés décroît fortement (de 14,2 % en 1982 à 6,8 % en 2019). Il faut cependant nuancer ce point puisqu'au cours de la même période la part des employés qualifiés a baissé tandis que celle des employés non qualifiés a augmenté.

conseil

Pensez à effectuer des calculs simples pour bien exploiter les données (écart en points de pourcentage, coefficient multiplicateur).

Conclusion

La structure socioprofessionnelle a été profondément bouleversée par quatre mutations majeures en interaction : salarisation, féminisation, tertiarisation, qualification, qui ont en France considérablement modifié sa composition depuis le milieu du xxe siècle.

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