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S’entraîner
La croissance économique
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Asie, mars 2021 • raisonnement
Progrès technique et inégalités des revenus
Intérêt du sujet • Le progrès technique est souvent présenté comme la solution à tous les problèmes. Ce sujet permet pourtant de mettre en évidence l’une de ses limites sur l’activité économique.
À l’aide de vos connaissances et du dossier documentaire, vous montrerez que le progrès technique peut engendrer des inégalités de revenus.
Document 1Productivité du travail, rémunération moyenne et rémunération d’un salarié d’exécution aux États-Unis (en indices, base 100 en 1948)
Source : National Bureau of Economic Research, « Productivité et rémunération : le lien est-il rompu ? », décembre 2017.
Document 2Salaire horaire moyen en livres au Royaume-Uni entre 2004 et 2016
Source : www.banque-france.fr
Document 3Les effets de la pandémie de Covid-19 sur le marché du travail
La pandémie de Covid-19 dévaste les marchés du travail dans le monde entier. […] Selon nos estimations, près de 100 millions de travailleurs dans 35 de ces pays (sur 189 membres du FMI) pourraient être concernés par ce problème, car ils sont dans l’incapacité de télétravailler. Ils représentent en moyenne 15 % de la population active, mais des différences importantes sont observées en fonction des pays et des travailleurs.
Nous avons constaté des disparités considérables entre les pays même pour des professions identiques : il est beaucoup plus simple de télétravailler en Norvège et à Singapour qu’en Turquie, au Chili, au Mexique, en Équateur et au Pérou, simplement parce que, dans les pays émergents et les pays en développement, plus de la moitié des ménages n’ont même pas d’ordinateur chez eux.
Dans l’ensemble, les personnes qui travaillent dans le secteur alimentaire et celui de l’hébergement, ainsi que dans le commerce de gros et de détail, sont les plus touchées, car leurs emplois sont ceux qui se prêtent le moins au télétravail. Dans notre échantillon, plus de 20 millions de personnes travaillent dans ces secteurs et figurent donc parmi celles qui ont le plus de risques de perdre leur emploi. Mais certains travailleurs sont encore plus vulnérables que d’autres. Les travailleurs jeunes et les personnes qui n’ont pas fait d’études supérieures sont nettement moins susceptibles de télétravailler. Ce risque accru correspond aux caractéristiques d’âge des travailleurs dans les secteurs les plus durement touchés par les fermetures de sites et les mesures de distanciation sociale. […] Les femmes pourraient être particulièrement concernées, ce qui remettrait en cause certaines des avancées obtenues durant les dernières décennies en matière d’égalité des sexes. En effet, les femmes se concentrent de manière disproportionnée dans les secteurs les plus durement touchés comme les services de restauration et l’hébergement.
Source : FMI, www.imf.org, 2020.
Les clés du sujet
Analyser les termes du sujet et mobiliser ses connaissances
Exploiter les documents
Document 1. Ce graphique permet d’établir des corrélations, aux États-Unis de 1948 à 2017, entre les évolutions de la productivité, de la rémunération moyenne et de celle des salariés d’exécution, ceux-ci étant les moins qualifiés. Quel lien peut-on constater entre la productivité et les rémunérations ? Comment évolue la rémunération des moins qualifiés par rapport à la rémunération moyenne ?
Document 2. Ces graphiques permettent de comparer les salaires entre entreprises innovantes et non innovantes en fonction de l’âge et de la qualification, au Royaume-Uni entre 2004 et 2016. Comment évoluent les salaires selon l’âge et selon la qualification ? Le constat confirme-t-il celui du document 1 ?
Document 3. Le texte porte sur les effets de la pandémie de Covid-19 sur le marché du travail dans le monde. Il met en évidence les disparités que connaissent les travailleurs en fonction de leur capacité à télétravailler. Quels sont les travailleurs qui sont le plus touchés par la pandémie ? Quelle est la relation avec le progrès technique ?
Définir les arguments

Les titres des parties ne doivent pas figurer sur votre copie.
Introduction
La faiblesse de certains revenus, notamment ceux des « premiers de corvée », a mis en évidence de profondes inégalités. Celles-ci concernent les différences de revenus du capital ainsi que ceux du travail. Le progrès technique, c’est-à-dire l’ensemble des innovations qui permettent de produire davantage avec la même quantité de travail et de capital, peut engendrer ces inégalités : tout d’abord en favorisant les revenus du capital, ensuite en accentuant les inégalités salariales.
I. Le progrès technique favorise les revenus du capital
Le secret de fabrication
Aucun document ne fait référence de manière explicite aux revenus du capital, il faut donc utiliser vos connaissances personnelles ici.
Le progrès technique a pour effet d’accroître la productivité entraînant une hausse de la valeur ajoutée. Celle-ci est répartie entre les travailleurs et les apporteurs de capitaux, soit les revenus du travail et les revenus du capital. La volonté d’encourager le progrès technique peut impliquer une hausse des revenus du capital supérieure à celle des revenus du travail.
mot clé
Les revenus du capital sont les intérêts dus aux créanciers, les dividendes versés aux détenteurs du capital, les loyers payés aux propriétaires de locaux.
Le plus souvent, les innovations de procédé (nouvelles méthodes de production) favorisent la substitution de capital au travail, et la part de ce dernier dans la production tend à baisser du fait de la destruction d’emplois. Le progrès technique, en supprimant des emplois d’exécution, accroît ainsi la part des revenus rémunérant le capital et augmente les inégalités entre les travailleurs et les détenteurs de capitaux.
II. Le progrès technique accentue les inégalités salariales
La hausse de la productivité liée aux innovations bénéficie surtout aux salariés les plus qualifiés. L’écart entre la rémunération moyenne et celle des salariés d’exécution tend ainsi à augmenter, notamment aux États-Unis depuis 1948 (document 1). De même, au Royaume-Uni, sur la période 2004-2016, les inégalités de salaires entre entreprises innovantes et non innovantes sont plus élevées suivant l’âge et la qualification (document 2).
La pandémie de Covid-19 a accentué les inégalités salariales du fait notamment du progrès technique dans le domaine du numérique. En effet une solution pour continuer à travailler malgré les confinements a été le télétravail, nécessitant des équipements en ordinateurs. Or, tous les salariés ne peuvent pas télétravailler. C’est le cas des moins qualifiés, qui sont pour la plupart des salariés d’exécution, des jeunes et des femmes, ces dernières occupant souvent des emplois dans la restauration et l’hébergement, ainsi que des salariés des pays les moins développés (document 3).
à noter
Selon l’Insee, en France, pendant le confinement du 16 mars au 18 mai 2020, 47 % des personnes en emploi ont travaillé au moins une fois à leur domicile.
Conclusion
C’est un fait : le progrès technique accroît les inégalités de revenus. Les innovations de procédé favorisent la substitution de capital au travail, ce qui tend à augmenter les revenus du capital par rapport à ceux du travail. Cette substitution se fait de plus au détriment des salariés les moins qualifiés, creusant les écarts de rémunération entre ces derniers et les salariés qualifiés. Les confinements dus à la pandémie de Covid-19 n’ont fait que confirmer ces inégalités de revenus.