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S'entraîner
Affirmations de puissance, rivalités et coopérations
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Étude critique de document
Rivalités et coopérations en Méditerranée orientale
Intérêt du sujet • Ce sujet mobilise vos connaissances sur les zones de tensions mais aussi de coopérations à propos des ressources maritimes, ici les gisements gaziers récemment découverts en Méditerranée orientale.
DocumentGaz offshore en Méditerranée orientale
En analysant le document et en vous appuyant sur vos connaissances, montrez les rivalités et les coopérations en Méditerranée orientale autour des enjeux gaziers
Les clés du sujet
Identifier le document
Comprendre la consigne
La découverte, depuis 2009, d'importants gisements de gaz dans la région provoque des convoitises entre États, générant coopérations mais surtout rivalités.
Ces rivalités sont d'autant plus vives qu'elles se greffent sur un contexte géopolitique déjà tendu entre les puissances régionales.
Dégager la problématique et construire le plan
Dans quelle mesure la découverte de richesses énergétiques dans la Méditerranée orientale révèle-t-elle les rivalités et coopérations entre les puissances régionales ?

Les titres et les indications entre crochets ne doivent pas figurer sur la copie.
Introduction
[Accroche] Le Proche-Orient et la Méditerranée orientale font déjà partie des zones de tensions dans le monde. [Présentation du sujet] Or, la découverte récente de gisements gaziers provoque des coopérations, mais surtout des rivalités entre les États riverains. [Problématique] Dans quelle mesure la découverte de ces richesses énergétiques accroît-elle les rivalités mais aussi les coopérations entre les puissances régionales ? [Annonce du plan] En fait, si des coopérations à de multiples échelles peuvent être observées [I], les enjeux gaziers génèrent des rivalités nouvelles d'autant plus vives [II] qu'elles rejouent sur un contexte géopolitique déjà tendu [III].
I. Des coopérations à de multiples échelles
1. Des limites de ZEE parfois consensuelles
Les limites de ZEE entre Chypre et le Liban, par exemple, ont fait l'objet d'un accord international conformément à la convention de Montego Bay.
Cette convention des Nations unies sur le droit de la mer, signée en 1982, précise des règles communes, valables notamment pour l'attribution des zones économiques exclusives entre les États (200 milles nautiques, soit environ 370 km). Il est évidemment plus facile de s'entendre lorsque aucune ressource ne se trouve à cheval sur les limites.
2. La coopération avec les firmes gazières pour l'exploitation des gisements
Les firmes gazières du monde entier coopèrent avec les États : on relève sur le document la présence de firmes italiennes, américaines, françaises, israéliennes et russes, notamment. Elles seules, en effet, possèdent les technologies nécessaires à l'exploitation en offshore profond des gisements gaziers. Le gisement Leviathan, qui se situe dans la ZEE israélienne, est ainsi conjointement exploité par des firmes israéliennes et la firme américaine Noble Energy.
Les firmes coopèrent avec les États et se font concurrence entre elles pour obtenir les meilleurs blocs, selon des procédures pacifiées éprouvées depuis longtemps.
[Transition] Ces coopérations entre certains acteurs ne sont cependant pas exclusives de rivalités, surtout entre les États de la sous-région.
Le secret de fabrication
Il est judicieux d'insérer une phrase de transition entre les parties, de façon à clarifier pour le correcteur l'enchaînement de votre commentaire, dont le raisonnement progresse d'une partie à l'autre.
II. De nouvelles rivalités dues aux enjeux gaziers…
1. Des limites de ZEE conflictuelles
De nombreuses limites n'ont en effet pas fait l'objet d'accords et certaines sont conflictuelles, surtout si elles se trouvent à cheval sur un gisement identifié. Néanmoins, l'absence d'accords ne signifie pas nécessairement tensions ou conflits, le document montre que les limites qui ont fait l'objet d'un accord sont très minoritaires. C'est ainsi le cas des limites entre les ZEE d'Israël, du Liban et de la bande de Gaza, dont le statut d'État n'est pas encore reconnu.
Dans de nombreux cas, il est raisonnable de penser que ces limites n'ont pas fait l'objet d'un accord par désintérêt des États pour des ZEE qui semblaient sans grande valeur. Ce n'est plus le cas aujourd'hui.
Enfin, plusieurs pays de la région n'ont pas signé la convention de Montego Bay : c'est le cas de la Turquie, d'Israël, de la Syrie et de la République turque de Chypre du Nord (RTCN), non reconnue par la communauté internationale.
2. La lutte pour l'attribution des blocs d'exploration
Les recouvrements des différents blocs d'exploration présents sur le document montrent bien les tensions entre les pays. Les gisements gaziers de Méditerranée orientale découverts depuis 2009, sans être exceptionnels, représentent « de quoi alimenter les pays riverains et leurs exportations pendant de nombreuse décennies » (légende du document).
Les blocs d'exploration sont surtout contestés par Chypre, d'une part, la RTCN et la Turquie, d'autre part. Le document montre que les blocs d'exploration turcs dépassent très largement les limites de la ZEE qui devrait être attribuée à cette dernière.
Les recouvrements donnent lieu à des tensions très vives. La Turquie du président Erdogan joue dans la région un jeu dangereux, comme le montre l'actualité récente. Le bateau d'exploration gazière turc Oruç Reis a en effet mené des campagnes dans la zone, escorté par des navires de guerre turcs.
à noter
L'expansionnisme turc se manifeste aussi à l'ouest, autour des îles grecques voisines de la Turquie continentale.
[Transition] Or, la sous-région connaît déjà un contexte géopolitique marqué par des tensions entre les acteurs étatiques.
III. …qui rejouent dans un contexte géopolitique tendu
1. Au sud, les tensions entre Israël et Gaza
Les tensions, toujours d'actualité entre Israël et le territoire palestinien de la bande de Gaza, sont réactivées par l'exploitation du gisement à la frontière des deux ZEE, que l'on peut distinguer sur le document.
La bande de Gaza est l'un des deux territoires (avec la Cisjordanie) dont l'Autorité palestinienne entend faire un État. Depuis 2006, toutefois, le mouvement islamiste Hamas a pris le pouvoir sur cette bande de terre et alimente une guerre larvée contre Israël, qui réplique par un blocus.
à noter
La bande de Gaza, territoire étroit en bordure de la Méditerranée, entre Israël et l'Égypte, abrite deux millions d'habitants.
Ce blocus s'exerce également sur mer, restreignant ainsi la pêche. Inutile de dire que les gisements gaziers, présents en bout de ZEE, sont inaccessibles aux Gazaouis.
2. Au nord, les tensions héritées du conflit gelé à Chypre
Mais c'est surtout autour de Chypre que se focalisent les tensions géopolitiques. Chypre est une île à population mélangée, d'origine grecque très majoritairement, mais avec des minorités d'origine turque. Après l'invasion du nord du pays par la Turquie en 1974, la RTCN a été créée en 1983, reconnue par la seule Turquie. Une zone démilitarisée coupe l'île en deux : une force d'interposition des Nations unies y est présente.
L'émergence de la Turquie et les vastes projets géopolitiques du président Erdogan enveniment la situation, notamment avec la nouvelle doctrine turque de la « patrie bleue ». Celle-ci prévoit l'extension de la souveraineté turque en Méditerranée orientale, au détriment de la Grèce et de Chypre. La découverte de gaz complique encore un éventuel règlement. C'est ce contexte géopolitique très difficile que révèle aussi le document.
Conclusion
[Réponse à la problématique] Si des coopérations existent, les découvertes gazières ont généré de nouvelles tensions entre États riverains et rivaux, tensions d'autant plus vives qu'elles rejouent dans un contexte géopolitique déjà tendu, en particulier du fait d'acteurs régionaux comme la Turquie ou Israël. [Ouverture] Le passé conflictuel entre les acteurs régionaux semble un facteur déterminant des rivalités énergétiques actuelles.