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Ruptures et continuités des formes de la guerre depuis la fin du XXe siècle

France métropolitaine, mars 2023

dissertation

Ruptures et continuités des formes de la guerre depuis la fin du xxe siècle

2 heures

10 points

Intérêt du sujet • Si vous maîtrisez bien l’axe consacré à la dimension politique de la guerre, ce sujet vous permettra de valoriser votre esprit de synthèse et votre connaissance de l’actualité.

 

 Ruptures et continuités des formes de la guerre depuis la fin du xxe siècle.

 

Les clés du sujet

Analyser le sujet

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Dégager la problématique

Depuis la fin de la guerre froide et les attentats du 11 septembre 2001, les conflits armés dans le monde sont devenus plus complexes. Dans leurs formes, ils semblent s’éloigner du modèle de Clausewitz.

La problématique est largement suggérée par le libellé du sujet : qu’est-ce qui fait la spécificité de la guerre depuis la fin du xxe siècle ?

Construire le plan

Les formes de la guerre incluent différents paramètres : un plan thématique s’impose.

Tableau de 3 lignes, 2 colonnes ;Corps du tableau de 3 lignes ;Ligne 1 : I. Les acteurs de la guerre; Quels sont les rôles des différents acteurs ?Comment interagissent-ils ?; Ligne 2 : II. Les enjeux de la guerre; Peut-on hiérarchiser les différents enjeux ?Comment se combinent-ils ?; Ligne 3 : III. Les modalités de la guerre; À quelles échelles les conflits se déroulent-ils ?Avec quels moyens se déroulent-ils ?;

Les titres et les indications entre crochets ne doivent pas figurer sur la copie.

Introduction

Le secret de fabrication

En commençant votre dissertation par une citation de Clausewitz, vous soulignez la spécificité de la guerre depuis les années 1990, qui ne répond plus exactement au schéma classique d’une guerre entre États.

[Accroche] « La guerre n’est rien d’autre qu’un duel à plus vaste échelle », affirme Clausewitz dans son ouvrage De la guerre (1832). Si cette définition semble pertinente pour analyser les conflits du xviiie siècle jusqu’à la guerre froide, elle ne rend pas compte de la complexité de ceux de la fin du xxe siècle et du début du xxie siècle. [Présentation du sujet] En effet, depuis les années 1990, la guerre se présente sous de nouvelles formes. [Problématique] Qu’est-ce qui fait la spécificité de la guerre depuis la fin du xxe siècle ? [Annonce du plan] Pour répondre à cette question, nous présenterons d’abord les différents types d’acteurs intervenant dans les conflits [I], puis nous soulignerons la variété des enjeux [II] et des modalités de ces conflits [III].

I. Une diversification des acteurs de la guerre

1. Les États, des acteurs toujours prédominants

Par leur puissance militaire, les États sont toujours des acteurs déterminants des conflits contemporains. Au premier rang, se placent les États-Unis grâce à leur capacité de projection : ils interviennent en Afghanistan en 2001, puis en Irak en 2003. Cependant, ils sont concurrencés par la Chine (en mer de Chine et dans le Pacifique) et la Russie (en Syrie, en Afrique et en Europe).

À l’échelle mondiale, l’Organisation des Nations unies (ONU) intervient dans les zones de conflits en envoyant ses Casques bleus pour maintenir la paix. Des organisations régionales mènent aussi des opérations militaires en poursuivant le même objectif : l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) intervient ainsi en Bosnie en 1995 et au Kosovo en 1999.

2. L’affirmation d’acteurs non étatiques

Les organisations terroristes islamistes montent en puissance : Al-Qaida s’attaque aux ambassades des États-Unis au Kenya et en Tanzanie dès 1998, avant de perpétrer les attentats du 11 septembre 2001 à New York et Washington ; Daech s’attaque aux États occidentaux à partir de 2015.

Des sociétés militaires privées, agissant pour le compte des États, interviennent sur différents théâtres d’opérations. Durant les guerres en Afghanistan (2001-2014) et en Irak (2003-2011), les États-Unis y ont massivement recours. Depuis 2014, la Russie utilise les services du groupe Wagner en Ukraine, au Mali et en Syrie notamment. On assiste à une privatisation de la guerre.

Dans certains conflits, des combattants irréguliers s’opposent aux armées régulières. C’est le cas des miliciens palestiniens du Hamas qui affrontent l’armée israélienne à Gaza dans une guerre asymétrique.

mot clé

Une guerre asymétrique se caractérise par un déséquilibre notable des forces militaires antagonistes.

[Transition] Ainsi, l’intervention, à côté des États, de multiples acteurs non étatiques caractérise la guerre à partir de la fin du xxe siècle. Celle-ci présente des enjeux traditionnels mais aussi nouveaux.

II. Les divers enjeux de la guerre

1. Les enjeux traditionnels

Les enjeux politiques restent déterminants. La rivalité entre les États-Unis et leurs alliés, d’une part, et leurs adversaires émergents (Chine et ­Russie), d’autre part, constitue la toile de fond de nombreux conflits. Le conflit ukrainien peut être lu comme l’opposition entre la Russie et les États membres de l’OTAN qui soutiennent l’Ukraine.

Les enjeux économiques jouent aussi un rôle important : il s’agit de contrôler les ressources naturelles. Par exemple, l’un des enjeux de la guerre qui secoue le Sierra Leone de 1991 à 2002 est le contrôle de la zone diamantifère qui permet de financer les armes de nombreux groupes rebelles. De plus, le contrôle des axes de circulation stratégiques s’avère vital. Le golfe d’Aden est l’une des zones de la piraterie mondiale car il est traversé par un axe commercial majeur.

à noter

Depuis quelques années, le golfe de Guinée, à l’ouest de l’Afrique, est devenu l’épicentre de la piraterie mondiale.

Le nationalisme constitue toujours un enjeu important : nationalisme palestinien contre Israël ; nationalisme russe contre nationalisme ukrainien.

2. Un nouvel enjeu : la diffusion de l’islamisme

Les guerres menées par Al-Qaida, Daech et les groupes terroristes qui s’en réclament sont fondées sur la lutte contre les valeurs occidentales, au nom d’une interprétation stricte du Coran.

Face à cette menace terroriste, les États-Unis et certains de leurs alliés occidentaux se sont lancés dans une « guerre contre le terrorisme » au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 (intervention en Afghanistan puis en Irak).

[Transition] Les enjeux de la guerre se diversifient, tout comme ses modalités.

III. Les modalités de la guerre

1. Un champ de bataille planétaire ?

Les attentats et les guerres menées par Al-Qaida à partir des années 1990, puis Daech à partir de 2014, se déroulent à l’échelle mondiale. L’ensemble de la population mondiale devient alors une cible pour ces organisations terroristes, sans qu’il y ait de distinction entre les civils et les militaires. Le droit de la guerre est de plus en plus souvent bafoué.

Cependant, la majorité des conflits actuels sont intraétatiques, mais ils peuvent être lus à différentes échelles. Par exemple, la guerre civile qui débute en 2013 au Yémen oppose le gouvernement aux rebelles houtistes. Ce conflit a également une dimension régionale car l’Arabie saoudite a formé une coalition militaire pour soutenir le gouvernement yéménite contre les rebelles aidés par l’Iran.

2. De nouveaux espaces de conflits

À côté de la terre, de la mer, de l’air et de l’espace, le cyberespace devient un lieu caractéristique de la guerre depuis la fin du xxe siècle. Les cyberattaques comprennent propagande, désinformation, renseignement et sabotage d’infra­structures.

À partir des années 1990, l’utilisation de drones armés se développe (ex : au Kosovo en 1999). Toutefois, la présence humaine et matérielle sur le terrain reste indispensable.

à noter

C’est au nom de la doctrine « zéro mort » que l’usage des drones se généralise.

3. La guerre de l’information

Lors de la première guerre du Golfe (janvier-février 1991), la chaîne de télévision américaine CNN présente l’opération Tempête du désert comme une « guerre propre », en occultant les effets des bombardements sur la population civile.

Dix ans plus tard, les images des attentats du 11 septembre diffusées en continu provoquent un traumatisme dans l’opinion publique mondiale.

Conclusion

[Réponse à la problématique] Les formes de la guerre depuis la fin du xxe siècle présentent des permanences mais également des nouveautés. En premier lieu, à côté des acteurs traditionnels que sont les États, s’affirment des acteurs non étatiques. Par ailleurs, si les enjeux politiques et économiques restent pertinents, les enjeux idéologiques deviennent cruciaux. Enfin, la guerre devient globale dans sa dimension spatiale, technique et communicationnelle. [Ouverture] Actuellement, la rivalité grandissante entre les États-Unis et la Chine peut être lue au prisme de ces nouvelles formes de conflit.

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