Socialisme et mouvement ouvrier en Allemagne
hgeT_1409_07_00C
Histoire
6
France métropolitaine • Septembre 2014
Analysez le sujet
Les termes du sujet
Terme | Définition |
socialisme | Doctrine qui préconise l'établissement d'une société plus juste et égalitaire grâce à la propriété collective des moyens de production. |
communisme | Idéologie d'inspiration socialiste qui préconise l'établissement d'une société sans classes par la voie d'une révolution et de la dictature du prolétariat. |
syndicalisme | Organisation qui défend les revendications professionnelles de ses membres. |
La problématique
Le sujet s'inscrit dans une période d'affirmation du socialisme (1875-1930) avant son effacement durant la période nazie (1931-1939). Il s'agit donc de montrer comment et pourquoi un mouvement populaire a pu s'effondrer brutalement face au régime hitlérien. Socialisme, communisme et syndicalisme en Allemagne ont-ils été un échec pendant la période considérée ?
Utilisez les mots justes
- Le sujet implique de connaître les grands principes du socialisme :
- la dictature du prolétariat par l'intermédiaire du parti guide – qui est unique
- la propriété collective des biens de production qui induit la nationalisation des industries et la collectivisation des terres
- la planification impérative de l'économie.
- Les divisions au sein du Parti social-démocrate allemand (SPD) obligent à distinguer le révisionnisme (socialisme réformiste d'Eduard Bernstein) du spartakisme (mouvement communiste fondé par Rosa Luxemburg) qui se veut révolutionnaire.
- Différenciez bien également le marxisme (idéologie d'origine établie par Karl Marx) et le bolchevisme (mouvement communiste russe de Lénine).
- Pour la période de la Première Guerre mondiale, faites référence à l'union sacrée (union de tous les partis et syndicats derrière le gouvernement).
Évitez les pièges
- Évitez le plan analytique organisé autour des trois termes du sujet. Ici, le plan chronologique s'impose.
- Pour chaque période, efforcez-vous de montrer que le syndicalisme est une des expressions des mouvements socialistes et non un phénomène simplement contemporain de ceux-ci.
- L'opposition entre le SPD (socialistes révisionnistes) et le Parti communiste allemand (KPD) ne doit pas empêcher de considérer ce dernier comme un parti appartenant à la famille socialiste.
Les titres en couleurs servent à guider la lecture mais ne doivent pas figurer sur la copie.
Introduction
Info
Référence à la guerre franco-prussienne de 1870-1871.
I. 1875-1910, l'essor réussi d'une idéologie nouvelle
1. Congrès de Gotha : la naissance d'un mouvement ouvrier structuré
- En 1875, l'Association des travailleurs allemands et le Parti ouvrier social-démocrate s'unissent pour former le
SPD .
Info
Par opposition au socialisme utopique, le marxisme se présente comme un socialisme « scientifique ».
- Le parti revendique un programme d'inspiration
marxiste : établissement de sociétés ouvrières de production avec l'aide de l'État, droit de grève, réduction du temps de travail, protection de la santé.
2. Le développement d'un parti et d'un syndicalisme puissants
- S'appuyant sur des associations sportives ou culturelles et sur une presse bien implantée, le parti voit ses effectifs croître rapidement. En 1910, un électeur allemand sur trois vote SPD.
Info
Une mutuelle est une association d'assurance sociale (maladie, chômage, etc.) à but non lucratif et financée par les cotisations de ses adhérents.
- Un
syndicalisme mutualiste efficace se met en place. En 1892, il se rassemble au sein de la puissante Confédération générale des syndicats allemands (ADGB ). L'association crée des bibliothèques, des dispensaires ou encore des centres aérés qui améliorent la vie des ouvriers. - Le chancelier
Otto von Bismarck tente de contenir le mouvement. Parles lois antisocialistes de 1878, il fait interdire les associations sociales-démocrates tout en créant des assurances sociales – ne faisant ainsi que justifier les revendications ouvrières.
3. Des débats internes : entre pragmatisme politique et pureté idéologique
- Alors que son succès lui ouvre les portes du pouvoir, le SPD est secoué par un débat soulevé par
Eduard Bernstein . Celui-ci propose une voierévisionniste consistant à accepter le parlementarisme pour faire voter des réformes en faveur des ouvriers. - Fidèle à la tradition marxiste,
Rosa Luxemburg refuse l'alliance avec les partis bourgeois et préconise l'action révolutionnaire. - En 1912, malgré ses divisions internes, le SPD devient le premier parti du pays avec près de 35 % des voix. Il reste malgré tout dans l'opposition.
II. 1910-1930, le socialisme à l'épreuve de la guerre et du pouvoir
1. Pour ou contre la guerre
Info
L'internationalisme est un mouvement né au
- Dès le début de la Grande Guerre, deux positions opposées s'affrontent au sein du SPD : d'un côté, les révisionnistes qui
rallient l'union sacrée de l'autre, les révolutionnaires qui restent fidèles àl'internationalisme et refusent la guerre. - En janvier 1916, Rosa Luxemburg dénonce la trahison du SPD et appelle à la révolution prolétarienne contre
l'impérialisme bourgeois . Ses partisans se rassemblent dans le mouvementspartakiste qui prend le nom de Parti communiste d'Allemagne (KPD ) en décembre 1918.
2. Le SPD au pouvoir
- Le SPD accède au pouvoir dans le cadre de la défaite allemande de novembre 1918. Issu de ses rangs,
Friedrich Ebert devient le premier président dela république de Weimar . - Parti de gouvernement, le SPD fait voter des réformes d'inspiration socialiste comme les nationalisations de certains secteurs industriels et le droit de vote des femmes.
- Sur le modèle de la révolution bolchevique, les communistes tentent de prendre le pouvoir. La répression est sanglante, Rosa Luxemburg est assassinée en janvier 1919.
3. La gauche face à la crise de 1929
- Entre 1920 et 1929, le SPD parvient à faire voter de nouvelles réformes. Malgré les difficultés traversées par le pays, le parti reste puissant, recueillant 25 à 30 % des suffrages entre 1923 et 1928.
- Mais la crise de 1929 l'affaiblit et profite davantage au KPD. Surtout, grand bénéficiaire de cette crise, le mouvement nazi prend des voix aux partis de gauche et devient menaçant.
- Le KPD et le SPD dénoncent le nazisme, ses méthodes, son programme mais ils n'unissent pas leurs efforts contre l'ennemi commun.
III. 1931-1939, le socialisme anéanti par le totalitarisme nazi
1. L'échec socialiste face aux nazis
- La division fait le jeu d'Adolf Hitler. La gauche ne peut empêcher sa nomination à la Chancellerie en janvier 1933.
- Hitler élimine le KPD qu'il rend responsable de
l'incendie du Reichstag . Le parti est interdit, ses militants arrêtés et internés dans des camps (Dachau ). - L'instauration d'un système de parti unique permet ensuite d'éliminer le SPD et de fondre les syndicats dans les organisations de masse du nouveau régime.
2. Entre clandestinité et exil
- Réduits à la clandestinité, des militants organisent la résistance au péril de leur liberté et de leur vie, comme Wilhem Frantz et Martin Stiebel.
Info
Futurs dirigeants respectivement de la République fédérale d'Allemagne (RFA) et de la République démocratique allemande (RDA).
- Beaucoup prennent le chemin de l'exil pour continuer la lutte depuis l'étranger, comme
Willy Brandt ou encoreWalter Ulbricht réfugié à Paris en 1933 puis à Moscou en 1938.