Socialisme et mouvement ouvrier
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Histoire
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Sujet inédit
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- Vous devez présenter et définir ce qu'est le socialisme en Allemagne et ses différents courants au fil de la période étudiée.
- Vous devez étudier leurs points de convergence et leurs divergences, ainsi que le lien entre la théorie (le socialisme) et ses acteurs (les socialistes).
- On attend de vous que vous évoquiez bien sûr le contexte politique, mais aussi d'autres cadres importants liés à l'histoire du parti : économique, social et historique. Par exemple, le syndicalisme est un mouvement de défense des ouvriers qui véhicule les revendications socialistes et contribue à l'essor du parti.
Dégager la problématique
À travers les différents courants socialistes qui le caractérisent, comment le socialisme allemand évolue-t-il depuis sa naissance en 1875 jusqu'à sa séparation définitive avec les communistes en 1919 ?
Définir le plan
- Le plan chronologique apparaît ici le choix le plus judicieux. En effet, ce type de plan convient généralement aux sujets qui incluent une assez longue période.
- Si vos axes de réflexion peuvent être chronologiquement clairement délimités, c'est ce plan qu'il faut choisir. Les dates charnières sont souvent celles d'événements historiques.
- Pensez à clarifier dès l'introduction les bornes du sujet.
- Plan proposé :
I. L'essor du socialisme et des socialistes allemands (1875-1890)
II. Les socialistes allemands en marche vers la guerre (1891-1914)
III. La Première Guerre mondiale et ses conséquences pour le socialisme allemand
Rappels
- Pensez à souligner les titres des ouvrages que vous citez dans votre devoir.
- Soyez toujours très explicite sur les dates qui apparaissent dans un sujet.
- N'oubliez pas que tout sigle doit être développé lors de son apparition dans une copie.
Introduction
I. L'essor du socialisme et des socialistes allemands (1875-1890)
1. Des socialismes allemands au parti social-démocrate,
le premier parti ouvrier du monde
- Vieille nation mais jeune État, l'Allemagne est dans les années 1870 la
deuxième puissance industrielle d'Europe. Cette situation explique que la classe ouvrière, de plus en plus nombreuse, soit au cœur des analyses des théoriciens du socialisme comme Marx et Engels. - Pour sortir de la misère et revendiquer leurs droits politiques, économiques et sociaux face au patronat, les ouvriers se tournent d'abord vers des syndicats proches du socialisme comme l'
Association pour la formation des ouvriers de Hirsch et Duncker. Les syndicats chrétiens ont une approche similaire, défendant la hausse des salaires et la limitation du temps de travail. Ferdinand Lassalle , disciple de Marx, développe sa propre vision du socialisme. En 1875, lors du congrès de Gotha, il crée avec August Bebel et Wilhelm Liebknecht le premier parti socialiste d'Europe, leSAP (Parti ouvrier socialiste). D'inspiration marxiste, ce parti s'engage dans l'acceptation des règles démocratiques (réformes) en rejetant la thèse révolutionnaire il apparaît ainsi comme social-démocrate.
2. Structures et formes de la social-démocratie
- Parti de la classe ouvrière, le SAP est un pôle de
socialisation grâce à ses bibliothèques, ses cours du soir, ses associations chorales ou sportives, et surtout sescoopératives . Outre le SAP, elles peuvent être gérées et appartenir aux syndicats. - Autorisés depuis 1869, il faut attendre 1875 et la création du parti pour que les syndicats se multiplient dans les différents
secteurs d'activité qui caractérisentl'industrie allemande : métallurgie, chimie, transport… Ils relaient les idées socialistes. - Ils n'échappent cependant pas aux
préoccupations confessionnelles , ce qui contribue à les diviser, sinon à les affaiblir. En effet, l'épiscopat favorise le développement desyndicats catholiques dans le but d'éloigner ses fidèles – y compris ouvriers − de la social-démocratie ou des syndicats protestants.
3. Clandestinité et « socialisme d'État »
- En 1877, le premier succès électoral du SAP (un demi-million de voix et 12 sièges au Reichstag) alarme Bismarck et la majorité libérale qui craignent un bouleversement de la société. Le chancelier fait interdire le SAP dès 1878 : les «
Lois socialistes » contraignent les sociaux-démocrates à la clandestinité. - Parallèlement, Bismarck veut extirper le socialisme de l'empire. Il met alors en place un «
socialisme d'État » qui propose des mesures sociales avancées : en 1883, une loi crée l'assurance-maladie financée aux deux tiers par les employés et un tiers par les employeurs. - Le « socialisme d'État » n'emporte ni l'adhésion des masses − les plus humbles voient leur salaire amputé − ni celle des élites réprimées et isolées. Bismarck, désavoué par l'empereur en 1890, quitte le pouvoir.
II. Les socialistes allemands en marche vers la guerre (1891-1914)
1. Une radicalisation théorique
- De nouveau autorisé après de dures années de clandestinité, le parti devenu le
SPD (Parti social-démocrate allemand) en 1890, radicalise son programme au congrès d'Erfut (1891). - La doctrine marxiste devient la doctrine officielle du SPD, bien qu'en pratique il maintienne une volonté réformiste et démocratique.
Cette contradiction entre théorie et pratique est la source de nombreuses divisions internes.
2. Des divisions face à la Weltpolitik de Guillaume II (années 1890)
- La Weltpolitik vise à donner à l'Allemagne une place sur la
scène internationale en promouvant notamment lesconquêtes coloniales . - Kautsky rejette le patriotisme et la conquête qu'il associe au monde capitaliste. Bebel, moins radical, apparaît à la fois
patriotique etantimilitariste . Dans le même temps se développe uncourant pacifiste à la gauche du SPD, influencé par la IIe Internationale. - Enfin, certains socialistes pensent qu'il faut admettre l'expansion coloniale et donc fournir aux gouvernements les crédits militaires réclamés, si nécessaire. Ces socialistes sont les
révisionnistes .
3. Des socialistes très majoritairement sociaux-démocrates
- Le SPD ne cesse de progresser. Alors que l'Allemagne compte environ 7 millions de salariés, le SPD dispose en
1912 de 1 700 000 adhérents et compte plus de4 millions d'électeurs . - Force importante, la social-démocratie allemande recouvre des positions de plus en plus
modérées à cause du réformisme et du révisionnisme qui ont gagné l'ensemble de ses structures dirigeantes.
III. La Première Guerre mondiale et ses conséquences immédiates pour le socialisme allemand
1. De l'unité à la veille du conflit…
- Face aux libéraux et aux conservateurs, les dirigeants sociaux-démocrates allemands ne veulent pas que leur parti apparaisse comme antipatriotique.
- En conséquence, ils se positionnent
contre la grève générale en cas de risque immédiat de conflit mondial, et par là-même contre la IIe Internationale, suivie notamment par les Français. - Les délégués se contentent d'insister sur la nécessité de s'opposer aux armements au
congrès d'Iéna en 1913.
2. … à l'éclatement
- Le SPD vote les crédits de guerre en août 1914 et adhère à l'
Union sacrée . Cependant, au fur et à mesure que dure le conflit, certains socialistes refusent de voter de nouveaux crédits militaires. - Exclus par les dirigeants du SPD, Ebert et Scheidemann, ils fondent en avril 1917 l'USPD, un parti social-démocrate indépendant qui se situe à gauche du SPD et dont le programme préconise la fin de la guerre et du régime politique impérial.
- Ce parti va très vite se rallier à un autre groupe : les
spartakistes . Composés de militants bannis dès 1915, ils sont l'aile gauche de l'USPD favorable au principe marxiste de révolutionKarl Liebknecht etRosa Luxemburg en sont les principaux leaders. Ils forment leur propre parti le 30 décembre 1918 : leKPD ouParti communiste allemand (le premier).
3. Les communistes écrasés
- Alors que Guillaume II vient d'abdiquer, Liebknecht déclare le 9 novembre 1918 la naissance d'une république socialiste. La république de Weimar est un régime démocratique et parlementaire, où les socialistes ne sont toutefois qu'une composante des principales forces politiques avec le Centre et les libéraux.
- Dès janvier 1919, le KPD organise des « conseils ouvriers » et des
manifestations de rues massives contre le gouvernement de Weimar dirigé par le socialiste Ebert. Celui-ci redoute une révolution d'inspiration bolchévique et accuse les spartakistes de préparer unegrève générale qui débute effectivement le 11 janvier. - L'armée, alliée avec le pouvoir, écrase les manifestations au cours d'une répression féroce : c'est la
semaine sanglante du 11 au 15 janvier 1919. Les chefs spartakistes sont exécutés la république de Weimar s'instaure dans le sang et la défaite de la guerre de 1914.
Les titres en couleurs servent à guider la lecture et ne doivent en aucun cas figurer sur la copie.