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Sprint final
France métropolitaine, septembre 2021
42
France métropolitaine, septembre 2021
épreuve composée
Spécialisation internationale • Engagement politique des jeunes • Classes sociales
Intérêt du sujet • Pourquoi les pays se spécialisent-ils dans certains types de produits ? Comment les jeunes s’engagent-ils en faveur de l’environnement ? Les classes sociales peuvent-elles encore servir à décrire la société ? Ces questions vous permettront de mieux comprendre le monde actuel.
Mobilisation des connaissances (4 points)
Avantages comparatifs et spécialisation internationale
À l’aide d’un exemple, vous montrerez comment les avantages comparatifs expliquent la spécialisation internationale.
Étude de document (6 points)
L’engagement politique des jeunes
DocumentL’implication des jeunes dans les écogestes1
Parmi les actions qui pourraient réduire les émissions de gaz à effet de serre2, y en a-t-il que vous mettez déjà à l’œuvre ? (en %)
Source : d’après www.vie-publique.fr d’après une enquête OpinionWay pour l’ADEME3, 2017.
1. Les écogestes sont les actions individuelles concrètes en faveur de l’environnement.
2. Les gaz à effet de serre sont responsables du réchauffement climatique.
3. L’ADEME est l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie.
▶ 1. À l’aide des données du document, vous comparerez le comportement des 18-24 ans à celui de l’ensemble de la population concernant les actions de lutte contre le réchauffement climatique. (2 points)
▶ 2. À l’aide des données du document et de vos connaissances, vous montrerez que certaines actions individuelles peuvent traduire une forme d’engagement politique. (4 points)
Raisonnement (10 points)
La pertinence des classes sociales
À l’aide de vos connaissances et du dossier documentaire, vous montrerez que l’approche en termes de classes sociales n’est pas toujours pertinente pour rendre compte de la société française d’aujourd’hui.
Document 1Salaires mensuels nets moyens en EQTP1 dans le secteur privé selon le sexe et la catégorie socioprofessionnelle en 2017
Source : d’après Insee, déclarations annuelles de données sociales (DADS) et déclarations sociales nominatives (DSN), 2020.
1. EQTP : salaire en équivalent temps plein
2. Y compris chef d’entreprise salarié
Champ : France hors Mayotte, salariés en EQTP du secteur privé et des entreprises publiques, y compris bénéficiaires de contrats aidés et de contrats de professionnalisation depuis 2011. Sont exclus les apprentis, les stagiaires, les salariés agricoles et les salariés des particuliers employeurs.
Document 2La remise en cause des classes sociales
L’article […] a entraîné des débats acharnés entre les tenants de la « mort des classes » et ceux du « futur prometteur de l’analyse en termes de classe » […]. L’idée des premiers est que les classes sociales sont des agrégats1 de moins en moins cohérents et à l’appartenance desquelles s’associent de moins en moins de comportements particuliers. On a vu que l’immobilité sociale avait diminué au cours du temps. La conséquence est qu’en dehors des agriculteurs, aucune catégorie socioprofessionnelle ne peut être considérée comme un groupe clos. Ainsi, moins d’un quart des membres de la catégorie « cadres supérieurs » auront été élevés dans cette catégorie et un cinquième sont des ouvriers. […]
L’analyse des sociétés occidentales organisées en classes sociales est remise en cause d’un autre point de vue. C’est l’idée que celles-ci sont en fait de plus en plus structurées par des formes d’individualisation ou individualisme. […] L’individualisation correspond à l’idée que les individus auraient de plus en plus la possibilité et le désir, voire l’obligation, de choisir leur façon de vivre, leurs pratiques culturelles et leurs orientations de valeur, indépendamment de déterminations – liées notamment à leur éventuelle appartenance de classe – qui, auparavant, s’imposaient à eux sans qu’ils en aient conscience et faisaient correspondre des styles de vie et des pratiques culturelles à des groupes sociaux bien différenciés. Le développement de l’individualisation des modes de vie et des valeurs, s’il était avéré, affaiblirait évidemment le pouvoir de structuration des comportements par d’éventuelles appartenances de classes. L’homogénéité interne de celles-ci serait remise en cause par l’apparition de styles de vie divers choisis par les individus.
Source : Michel Forsé, Olivier Galland, Yannick Lemel,
« La stratification sociale et les inégalités », dans La Société française, 2011.
1. Ensemble d’éléments.
Document 3Évolution de la répartition du niveau de diplôme selon le niveau de qualification (en %)
Source : d’après Insee, Enquêtes emploi, moyenne annuelle sur les années 1982 à 1984 et 2012 à 2014, janvier 2017.
Champ : actifs occupés de France métropolitaine ayant terminé leurs études initiales.
1. CAP : Certificat d’aptitude professionnelle
2. BEP : Brevet d’études professionnelles
3. CEP : Certificat d’études primaires
Les clés du sujet
Mobilisation des connaissances
Définir les mots clés
L’avantage comparatif renvoie à la théorie énoncée par l’économiste David Ricardo selon laquelle chaque pays a intérêt à se spécialiser dans les secteurs où son avantage en termes de productivité est le plus grand, ou bien où son désavantage est le plus faible. Les dotations en facteurs de production, ressources naturelles ou technologies, soit les dotations factorielles ou technologiques, propres à chaque pays peuvent également être à l’origine d’un avantage comparatif.
La spécialisation internationale désigne pour les pays le fait de concentrer leur production dans une ou quelques activités et d’importer le reste.
Structurer la réponse
Premièrement, nous expliquerons quel est l’avantage comparatif du Bangladesh, pays pris en exemple.
Deuxièmement, nous montrerons que cet avantage comparatif explique la spécialisation internationale.
Étude de document
Définir les mots clés
Les écogestes traduisent des comportements de consommation contribuant à lutter contre le réchauffement climatique.
Les jeunes de 15 à 24 ans sont ici une catégorie statistique.
Comprendre le document
Le document est un diagramme en bâtons construit avec des données en pourcentage présentant les résultats d’une enquête de 2017 sur les écogestes.
Nous pouvons comparer les données concernant les 15-17 ans et les 18-24 ans à celles de l’ensemble de la population, tous âges confondus. Si le pourcentage est plus élevé pour les 18-24 ans que dans l’ensemble de la population, cela signifie que l’écogeste est plus pratiqué dans cette tranche d’âge que par la moyenne de la population.
Structurer la réponse à la seconde question
Dans un premier temps, nous mettrons en évidence la variété des formes d’engagement politique.
Dans un second temps, nous nous focaliserons sur la consommation engagée, en particulier sur les écogestes, qui sont des formes d’action individuelles.
Raisonnement
Analyser les termes du sujet et mobiliser ses connaissances
Exploiter les documents
Document 1. Ce tableau met en évidence les inégalités de salaires entre catégories socioprofessionnelles et entre sexes. Quelles inégalités émergent des données statistiques ? Qu’en conclure par rapport aux classes sociales ?
Document 2. Le texte remet en cause l’analyse de la stratification sociale en termes de classes sociales. Quels sont les arguments relevés par les auteurs en faveur d’une telle critique ?
Document 3. Les données du tableau portent sur l’évolution du niveau de diplôme des catégories de salariés situées en bas de la hiérarchie sociale. Que fait apparaître cette évolution ? Remet-elle en cause les classes sociales ?
Définir les arguments
Mobilisation des connaissances
Les titres des parties ne doivent pas figurer sur votre copie.
Introduction
Au xviiie siècle, l’économiste David Ricardo soutient l’idée que les pays ont intérêt à échanger en vertu de leurs avantages comparatifs. Il illustre sa thèse avec l’Angleterre qui doit produire du drap, production pour laquelle elle est la moins désavantagée en termes de productivité, et doit importer du vin du Portugal. En prenant un exemple contemporain, le Bangladesh, nous allons montrer que les avantages comparatifs peuvent expliquer la spécialisation internationale, c’est-à-dire le fait de se concentrer dans une ou quelques productions et d’abandonner les autres.
Développement
Le Bangladesh a une main-d’œuvre abondante et peu onéreuse mais a difficilement accès aux technologies, au contraire des États-Unis et des pays européens. Les dotations factorielles, qui renvoient à la quantité des différents facteurs de production (travail, capital, ressources naturelles, technologies) présents dans un pays, peuvent être à l’origine d’avantages comparatifs. Le Bangladesh a ainsi un avantage comparatif dans les productions utilisant intensément le facteur le plus abondant qu’il possède : le travail.
info
C’est le modèle HOS, formé à partir des initiales du nom des économistes Eli Hecksher, Bertil Ohlin et Paul Samuelson, qui a mis en évidence, dans la première moitié du xxe siècle, l’importance des dotations factorielles.
Les avantages comparatifs vont favoriser la spécialisation internationale. Le Bangladesh s’est ainsi spécialisé dans la production de vêtements, activité qui nécessite beaucoup de main-d’œuvre. De nombreux sous-traitants bangladais exportent ainsi des articles textiles vers les États européens ou les États-Unis. Ces pays, qui ont en commun d’être bien dotés en facteur capital, vont importer les produits nécessitant beaucoup de main-d’œuvre et se spécialiser dans les industries à plus forte intensité capitalistique.
Conclusion
À travers l’exemple de l’industrie textile au Bangladesh, nous avons montré que les avantages comparatifs, qui peuvent reposer sur des dotations factorielles, expliquent la spécialisation internationale.
Étude de document
▶ 1. Utiliser les transports en commun plutôt que la voiture est le seul écogeste que les jeunes de 18 à 24 ans pratiquent plus que la moyenne de la population : respectivement 42 % contre 33 %, soit 11 points de plus. Les autres écogestes sont moins fréquents chez les jeunes par rapport au reste de la population. Par exemple, si trier les déchets est la pratique la plus répandue, concernant près des deux tiers des 18 à 24 ans, elle l’est beaucoup moins que dans l’ensemble la population. Les jeunes adultes apparaissent ainsi globalement moins enclins, dans notre société, à lutter au quotidien contre le réchauffement climatique.
▶ 2. Les titres des parties ne doivent pas figurer sur votre copie.
Introduction
Le document présente les résultats d’une enquête réalisée en 2017, par l’institut de sondage OpinionWay, sur l’implication des jeunes dans les écogestes comparée à celle de l’ensemble de la population.
Développement
Dans une démocratie, l’engagement politique est varié. Il recouvre des actions visant à influencer de manière directe ou indirecte les décisions politiques et les règles de fonctionnement de la société. Il peut s’agir du vote, des formes de militantisme dans un parti politique ou un syndicat, de l’engagement associatif ou encore de la consommation engagée.
à noter
L’âge influence la nature et les formes de l’engagement politique : on parle de variable sociodémographique. Ainsi les jeunes privilégient les actions protestataires à l’instar des marches pour le climat.
Cette dernière recouvre des pratiques de consommation qui traduisent des positionnements politiques. L’enquête d’OpinionWay révèle que 42 % des jeunes de 18 à 24 ans privilégient les transports en commun à la voiture tandis qu’en moyenne plus d’un individu sur quatre choisit des produits ayant moins d’impact sur l’environnement. Ces écogestes traduisent des choix de consommation, voire de mode de vie. Certes, il s’agit d’actions individuelles mais elles ont en commun de s’inscrire dans un projet collectif de société.
Conclusion
Certaines formes d’actions individuelles, telles que les pratiques de consommation engagée, peuvent traduire un engagement politique dès lors qu’elles cherchent à défendre ou à promouvoir une cause et ainsi influencer le pouvoir.
Raisonnement
Les titres des parties ne doivent pas figurer sur votre copie.
Introduction
La structuration de la société, d’un point de vue théorique, a longtemps reposé sur la notion de classes sociales développée par Karl Marx et Max Weber. Pour le premier, ce sont des groupes sociaux dont les membres ont des intérêts et une conscience en commun. Pour le second, il s’agit de regroupements d’individus ayant la même probabilité d’accéder aux ressources économiques. Cependant, l’analyse de la société française actuelle en termes de classes sociales apparaît moins pertinente : d’une part parce que les inégalités sont moins importantes et d’autre part parce que le sentiment d’appartenance à une classe est en déclin.
I. Des inégalités moins importantes
Le secret de fabrication
Le raisonnement implique d’utiliser des connaissances personnelles. Un sujet sur la stratification sociale aujourd’hui ne peut éviter de développer la notion de moyennisation qui n’apparaît pas dans les documents.
Depuis la Seconde Guerre mondiale les inégalités ont tendance à se réduire. Pour ce qui concerne les salaires nets mensuels, les cadres ont un salaire un peu plus de deux fois plus élevé que celui des ouvriers. Des inégalités persistent au sein de chaque catégorie entre les hommes et les femmes, surtout chez les cadres (document 1).
La réduction des inégalités s’inscrit dans le cadre d’une moyennisation de la société avec l’augmentation du poids des classes moyennes dans la structure sociale française, favorisée par le déclin du nombre d’ouvriers. Cette moyennisation est renforcée par la hausse du niveau du diplôme pour l’ensemble des groupes sociaux, même pour les moins qualifiés (document 3).
à noter
Henri Mendras (1927-2003) est le sociologue qui a développé la thèse de la moyennisation de la société.
II. Le déclin du sentiment d’appartenance à une classe sociale
Pour Karl Marx, un groupe social constitue une classe sociale s’il réunit plusieurs conditions. L’une d’elles est d’avoir des intérêts communs qui opposent cette classe à d’autres classes ayant des intérêts divergents, classe ouvrière contre classe bourgeoise par exemple. Une autre condition est que les membres d’une classe sociale ont conscience d’appartenir à cette classe : c’est la conscience de classe.
à noter
La conscience de classe, selon Karl Marx, fait passer le groupe d’une classe en soi à une classe pour soi.
Les enquêtes menées depuis quelques années montrent que les personnes interrogées ont tendance à considérer qu’elles appartiennent aux classes moyennes, confirmant ainsi le processus de moyennisation de la société. De plus, des sociologues ont mis en évidence un processus d’individualisation qui fait que les personnes ont tendance à privilégier des façons de vivre et de penser qui leur sont propres et ne sont pas partagées au sein d’un groupe (document 2).
mot clé
L’individualisation implique l’émancipation des personnes par rapport à leur groupe d’appartenance.
Conclusion
La pertinence des classes sociales pour rendre compte de la société française aujourd’hui apparaît limitée. En effet, les inégalités ont tendance à diminuer entre les catégories sociales alors qu’en leur sein existent d’autres causes d’inégalités comme le genre (hommes/femmes). La moyennisation de la société se traduit également par un moindre sentiment d’appartenance à une classe sociale et une individualisation des manières de se comporter et de penser.