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France métropolitaine • Juin 2018
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France métropolitaine • Juin 2018
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Un enfant dans la Résistance (1943‑1944)
document Le témoignage de Jean-Jacques Auduc
Mon travail était de récupérer les messages. Je venais à bicyclette, de chez ma grand-mère. Je récupérais les messages ; j'en récupérais d'autres que me donnait André Dubois. Et je rentrais à Foulletourte1… 25 kilomètres à l'aller, 25 kilomètres au retour. J'avais 12 ans. Je franchissais les barrages allemands sans être inquiété. Je cachais les messages dans la pompe de mon vélo.
Outre mes activités d'agent de liaison, on m'envoyait aussi dans les endroits où les adultes ne pouvaient pas aller. Par exemple, les Allemands avaient positionné sur le terrain d'aviation du Mans trois escadrilles de bombardiers « Junker ». Les Anglais les avaient repérées et ça les inquiétait. […] On m'a envoyé avec un cerf-volant et je me suis approché le plus près possible. Les gardes – c'étaient de vieux soldats allemands – se sont même mis à jouer avec moi. À un moment, en me baissant, je me suis aperçu que les avions en question étaient en bois… C'était des leurres ! J'ai signalé ça. Les Anglais ont été rassurés. […] Il n'y avait qu'un enfant qui pouvait s'approcher sans éveiller la méfiance des soldats. C'était le 21 septembre 1943 ; pour cette action, je recevrai, le 13 juin 1945, la Croix de guerre avec étoile de vermeil. […]
En novembre 1943, mes parents ont donc été arrêtés sur dénonciation. Moi, j'étais parti chez ma grand-mère pour apporter des plis. Les voisins m'attendaient au bout de la rue : « Surtout tu rentres pas chez toi parce que la Gestapo t'attend. » Les Allemands voulaient absolument me prendre pour me faire parler.
On avait prévu, en cas d'arrestation, que j'aille à Chartres, chez un commandant d'aviation. Je suis parti, sans argent, sans ticket d'alimentation, sans papiers ! Traqué par la Gestapo. Ne sachant pas ce que mes parents étaient devenus. […]
Entre-temps, mes parents avaient été déportés. La Gestapo ne s'intéressait plus à moi. J'ai pu rentrer chez ma grand-mère. J'ai repris l'école avec l'idée de m'engager dans les FFI2 pour aller libérer les camps et mes parents. C'est ce que j'ai fait à l'automne 1944. J'ai rejoint les FFI de Foulletourte. On traquait les Allemands en déroute. Mais je ne suis pas allé plus loin. J'étais trop jeune pour m'engager chez le général Leclerc3. Les Anglais m'ont récupéré, encore une fois. Ils m'ont emmené en Angleterre. J'ai vécu dans une famille d'officiers jusqu'au retour de mes parents.
D'après Philippe Chapleau, Des enfants dans la Résistance (1939-1945), Éditions Ouest France, 2008.
1. Foulletourte : commune située dans l'ouest de la France.
2. Forces françaises de l'intérieur : regroupement des principaux réseaux de résistants combattant en France.
3. Général Leclerc : officier général des Forces françaises libres devenues l'armée française de la Libération à partir d'août 1943.
▶ 1. Présentez l'auteur de ce témoignage. (2 points)
▶ 2. Décrivez la situation de la France au moment des faits racontés. (4 points)
▶ 3. Indiquez les différentes missions confiées à Jean-Jacques Auduc et la raison pour laquelle la Résistance fait appel à lui. (6 points)
▶ 4. Relevez les principaux acteurs de la lutte contre les Allemands avec lesquels il a été en contact. (4 points)
▶ 5. Expliquez pourquoi les actions de la Résistance pouvaient être dangereuses. (4 points)
Les clés du sujet
Comprendre le document
Le document est un témoignage, celui d'un enfant : Jean-Jacques Auduc. Il n'a que huit ans en 1939 quand la guerre éclate, quatorze en mai 1945. Son récit est publié en 2008 par un historien (Philippe Chapleau). La date à laquelle il a été recueilli par ce dernier n'est pas connue. Elle est sans doute tardive. Le témoin rapporte les actions qu'il a accomplies pour le compte de la Résistance entre 1943 (ses douze ans) et 1944 (la Libération). Il évoque aussi les conséquences de ses actes pour lui et sa famille.
Répondre aux questions
▶ 1. Calcule l'âge de Jean-Jacques Auduc au fil du texte. Quelle est sa situation familiale après novembre 1943 ?
▶ 2. Calcule la date de la première action de Jean-Jacques à partir de l'âge qu'il a. Puis utilise celles qu'il donne dans la suite de son récit. Quel est le régime politique de la France, sa situation militaire ? Quelle grande opération a lieu en juin 1944 ?
▶ 3. Qu'est-ce qu'un « agent de liaison », un « leurre » ? Quel type de travail fait Jean-Jacques Auduc quand il informe les Anglais ?
▶ 4. Qui lui commande d'aller voir les bombardiers allemands ? Utilise aussi la note 2. Pourquoi ses parents sont-ils arrêtés par la Gestapo ?
▶ 5. Comment la Gestapo faisait-elle « parler » ses prisonniers ? À quel sort Jean-Jacques veut-il échapper en se cachant ? Que sont devenus ses parents ?
Corrigé
▶ 1. Jean-Jacques Auduc est un enfant. Il a entre huit et quatorze ans pendant la guerre. À partir de novembre 1943, c'est un adolescent livré à lui-même et en fuite : ses parents ont été arrêtés.
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Sois précis dans les informations que tu donnes. Date les événements, localise-les quand c'est possible.
▶ 2. Entre 1943 et 1944, la France, vaincue en juin 1940, est occupée. La zone libre sous le contrôle du régime de Vichy a été envahie par les Allemands. Contre l'occupant, la Résistance s'organise. Elle aide les Alliés et la « France libre » du général de Gaulle à préparer la Libération. En juin 1944, le débarquement en Normandie annonce celle-ci et la fin de la guerre en Europe (mai 1945).
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En juin 1943, Jean Moulin fut envoyé en France par le général de Gaulle pour fédérer les mouvements de la Résistance. Arrêté, il meurt le 8 juillet 1943 lors de sa déportation vers l'Allemagne.
▶ 3. Comme « agent de liaison » (2e §), Jean-Jacques Auduc transporte des messages de la Résistance à l'insu des Allemands. Il fait aussi du renseignement, découvrant que les bombardiers qui inquiètent les Alliées sont des faux, des « leurres » (2e §).
Les résistants l'utilisent parce que les Allemands ne se méfient pas d'un enfant qui va voir sa grand-mère (1er §) ou qui joue (2e §).
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Le maquisard est un résistant armé qui se cache dans des régions difficiles d'accès (montagnes, forêts). Il participe au travail de renseignement et se prépare à combattre en soutien des forces alliées. Parfois, il aide des réfugiés à franchir les frontières.
▶ 4. Jean-Jacques Auduc est en contact avec des résistants qui travaillent pour le compte des Anglais (2e §). Ces résistants sont peut-être ses parents. En 1944, il entre en contact avec les combattants de la Résistance (les FFI, Forces françaises de l'intérieur).
▶ 5. Les actions de la Résistance sont dangereuses en cas d'échec ou de « dénonciation » (3e §). La police politique allemande (ou Gestapo) emprisonne les résistants et les torture pour leur soutirer des informations. Le résistant est ensuite déporté, comme le sont les parents de Jean-Jacques Auduc, ou fusillé. Le résistant engagé dans des unités combattantes (FFI) peut être tué lors d'un affrontement avec l'ennemi.