sprint final
France métropolitaine • Juin 2021
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France métropolitaine • Juin 2021
Un sinistre lieu de vie
Intérêt du sujet • L'extrait introduit le lecteur dans le manoir du personnage principal qui s'apparente aux lieux hantés de la littérature fantastique.
Document ATexte littéraire
Le Baron de Sigognac vient de dîner en compagnie de son domestique Pierre, de son chat Béelzébuth et de son chien Miraut.
Pendant ce temps la nuit s'était faite, et de grandes ombres s'entassaient dans les recoins de la cuisine, comme des chauves-souris qui s'accrochent aux angles des murailles par les doigts de leurs ailes membraneuses. Un reste de feu, qu'avivait la rafale engouffrée dans la cheminée, colorait de reflets bizarres le groupe réuni autour de la table avec une sorte d'intimité triste qui faisait ressortir encore la mélancolique solitude du château. D'une famille jadis puissante et riche il ne restait qu'un rejeton1 isolé, errant comme une ombre dans ce manoir peuplé par ses aïeux ; d'une livrée2 nombreuse il n'existait plus qu'un seul domestique, serviteur par dévouement, qui ne pouvait être remplacé ; d'une meute de trente chiens courants il ne survivait qu'un chien unique, presque aveugle et tout gris de vieillesse, et un chat noir servait d'âme au logis désert.
Le Baron fit signe à Pierre qu'il voulait se retirer. Pierre, se baissant au foyer, alluma un éclat de bois de pin enduit de résine, sorte de chandelle économique qu'emploient les pauvres paysans, et se mit à précéder le jeune seigneur ; Miraut et Béelzébuth3 se joignirent au cortège : la lueur fumeuse de la torche faisait vaciller sur les murailles de l'escalier les fresques4 pâlies et donnait une apparence de vie aux portraits enfumés de la salle à manger dont les yeux noirs et fixes semblaient lancer un regard de pitié douloureuse sur leur descendant.
Arrivé à la chambre à coucher fantastique […], le vieux serviteur alluma une petite lampe de cuivre à un bec dont la mèche se repliait dans l'huile comme un ténia dans l'esprit-de-vin à la montre d'un apothicaire5, et se retira suivi de Miraut. Béelzébuth, qui jouissait de ses grandes entrées, s'installa sur un des fauteuils. Le Baron s'affaissa sur l'autre, accablé par la solitude, le désœuvrement et l'ennui.
Si la chambre avait l'air d'une chambre à revenants pendant le jour, c'était encore bien pis le soir à la clarté douteuse de la lampe. La tapisserie prenait des tons livides, et le chasseur6, sur un fond de verdure sombre, devenait, ainsi éclairé, un être presque réel. Il ressemblait, avec son arquebuse en joue, à un assassin guettant sa victime, et ses lèvres rouges ressortaient plus étrangement encore sur son visage pâle. On eût dit une bouche de vampire empourprée de sang.
La lampe saisie par l'atmosphère humide grésillait et jetait des lueurs intermittentes, le vent poussait des soupirs d'orgue à travers les couloirs, et des bruits effrayants et singuliers se faisaient entendre dans les chambres désertes.
Théophile Gautier, Le Capitaine Fracasse, 1863.
1. Un rejeton : un fils, un héritier.
2. Une livrée : un ensemble de domestiques.
3. Béelzébuth : un des noms du diable.
4. Fresques : peintures murales.
5. Comme un ténia dans l'esprit-de-vin à la montre d'un apothicaire : comme un ver conservé dans l'alcool dans un bocal de pharmacie.
6. Celui qui figure sur la tapisserie, déjà décrite un peu avant dans le roman.
Document BPhotogramme du film La Belle et la Bête réalisé par Jean Cocteau, 1946
© 1946 SNC (Groupe M6)/Comité Jean Cocteau. Photo : G.R. Aldo. Remerciements : le Comité Cocteau et Pierre Bergé
Travail sur le texte littéraire et sur l'image 50 points • ⏱ 1 h 10
Les réponses doivent être entièrement rédigées.
Compréhension et compétences d'interprétation
▶ 1. Dans quels lieux précis et à quel moment de la journée se déroule la scène racontée ? Justifiez votre réponse en vous appuyant sur le texte. (4 points)
▶ 2. a) Expliquez l'expression « la mélancolique solitude du château » aux lignes 6 et 7. (2 points)
b) Justifiez votre explication en vous appuyant sur la construction et le lexique de la phrase qui suit (l. 7 à 13). Trois éléments précis de réponse sont attendus. (3 points)
▶ 3. Dans le quatrième paragraphe (l. 28 à 34), quel phénomène se produit le soir ? Comment se déclenche-t-il ? Pour répondre, appuyez-vous sur deux procédés d'écriture que vous analyserez. (6 points)
▶ 4. L'auteur qualifie la chambre à coucher de « fantastique » à la l. 22. Quels éléments contribuent à installer cette atmosphère à partir de la l. 18 du texte ? On attend un développement qui prend appui notamment sur le lexique (en particulier sur les adjectifs et les adverbes) et les comparaisons. (6 points)
▶ 5. Quels sentiments ce récit éveille-t-il chez le lecteur ? Vous justifierez votre réponse en vous appuyant sur au moins trois éléments précis du texte. (5 points)
▶ 6. Quels liens pouvez-vous établir entre le photogramme proposé et le texte ? Appuyez-vous notamment sur les effets de lumière dans ce photogramme et dans le texte. Des éléments descriptifs de l'image et des citations précises du texte sont attendus. (6 points)
Grammaire et compétences linguistiques
▶ 7. « et le chasseur, sur un fond de verdure sombre, devenait, ainsi éclairé, un être presque réel. » (l. 30-31).
a) Par quel verbe peut-on remplacer le verbe « devenait » ? (1 point)
b) Quelle fonction du groupe souligné pouvez-vous ainsi identifier ? (1 point)
▶ 8. « la lueur fumeuse de la torche […] donnait une apparence de vie aux portraits enfumés de la salle à manger dont les yeux noirs et fixes semblaient lancer un regard de pitié douloureuse sur leur descendant. » (l. 18-21)
Relevez les trois expansions du nom « portraits » et précisez leur nature (ou classe grammaticale). (6 points)
▶ 9. « La tapisserie prenait des tons livides, et le chasseur, sur un fond de verdure sombre, devenait, ainsi éclairé, un être presque réel. Il ressemblait, avec son arquebuse en joue, à un assassin guettant sa victime, et ses lèvres rouges ressortaient plus étrangement encore […] » (l. 29-33). (10 points)
Réécrivez ce passage en remplaçant « le chasseur » par « les chasseurs ». Effectuez toutes les modifications nécessaires.
Dictée 10 points • ⏱ 20 min
Le nom de l'auteur et le titre de l'œuvre sont écrits au tableau. On précise que le narrateur est un homme.
François-René de Chateaubriand
Mémoires d'outre-tombe, 1848-1850
La nuit, je n'apercevais qu'un petit morceau du ciel et quelques étoiles. Lorsque la lune brillait et qu'elle s'abaissait à l'occident, j'en étais averti par ses rayons, qui venaient à mon lit au travers des carreaux losangés de la fenêtre. Des chouettes, voletant d'une tour à l'autre, passant et repassant entre la lune et moi, dessinaient sur mes rideaux l'ombre mobile de leurs ailes. Relégué dans l'endroit le plus désert, à l'ouverture des galeries, je ne perdais pas un murmure des ténèbres. Quelquefois, le vent semblait courir à pas légers ; quelquefois il laissait échapper des plaintes ; tout à coup, ma porte était ébranlée avec violence, les souterrains poussaient des mugissements, puis ces bruits expiraient pour recommencer encore.
Rédaction 40 points • ⏱ 1 h 30
Vous traiterez au choix l'un des deux sujets suivants.
Sujet d'imagination
Décrivez la promenade du Baron de Sigognac à la tombée de la nuit dans le sinistre jardin du château. Vous conserverez l'atmosphère du texte de Théophile Gautier. Vous préciserez les éléments du paysage qui contribuent à cette atmosphère.
Sujet de réflexion
Aimez-vous découvrir des œuvres littéraires et artistiques dans lesquelles interviennent le surnaturel ou l'étrange ?
Vous répondrez à cette question par un développement argumenté en vous appuyant sur les œuvres étudiées en classe, vos lectures personnelles et les œuvres cinématographiques et artistiques que vous connaissez.
Les clés du sujet
Analyser les documents
Traiter le sujet d'imagination
Recherche d'idées
Conseils de rédaction
Le sujet te demande de faire une description et non un récit.
Conserve l'atmosphère du texte de Théophile Gautier. La tonalité employée est fantastique : le récit demeure réaliste, mais les impressions, les sensations, doivent générer un effet d'inquiétude ou d'étrangeté. Évite les événements trop irrationnels.
Emploie les champs lexicaux de l'obscurité et de la lumière comme le fait Théophile Gautier et introduit des figures de style, en particulier des comparaisons et des personnifications.
Traiter le sujet de réflexion
Recherche d'idées
Conseils de rédaction
Tu peux choisir un plan en deux parties (une thèse/une antithèse). Tu peux aussi opter pour une réponse univoque en organisant tes arguments par paragraphes et en utilisant des connecteurs logiques. L'usage de la première personne du singulier est autorisé.
Si tu choisis de répondre par l'affirmative, tu peux évoquer d'abord le plaisir du frisson quand l'inquiétude grandit, puis le plaisir de la découverte d'un monde où les règles sont différentes, et enfin le plaisir dû au mystère qui persiste jusqu'à la fin.
Travail sur le texte littéraire et sur l'image
Compréhension et compétences d'interprétation
▶ 1. La scène se déroule dans la cuisine (« les recoins de la cuisine »), dans la salle à manger (« portraits enfumés de la salle à manger ») puis dans les escaliers (« les murailles de l'escalier ») et enfin dans la chambre à coucher (« la chambre à coucher fantastique » ; « une chambre à revenants ») d'un château appartenant à « une famille jadis puissante et riche ». La scène a lieu à la tombée de la nuit : « la nuit s'était faite ».
▶ 2. a) L'expression « la mélancolique solitude du château » évoque un lieu dépeuplé et lugubre habité par son dernier propriétaire, le Baron de Sigognac, qui y vit presque seul dans une atmosphère empreinte de tristesse.
b) La phrase qui suit cette expression est constituée de trois propositions construites sur le même modèle avec la répétition de la négation restrictive « ne...que ».
Elle repose sur des antithèses et oppose « une famille jadis puissante et riche » à son « rejeton isolé, errant comme une ombre dans ce manoir peuplé par ses aïeux », la nombreuse domesticité antérieure à « un seul domestique » et l'ancienne « meute de trente chiens » à son unique survivant, « aveugle et tout gris de vieillesse ».
info +
Une antithèse est une figure de style qui consiste à rapprocher dans un même énoncé deux mots ou deux idées qui s'opposent par le sens.
Le lexique employé pour caractériser le héros, son entourage et le lieu est dévalorisant et pathétique (« errant », « ombre », « aveugle », « gris », « désert »). Il met en évidence la décrépitude du lieu et la solitude du personnage.
▶ 3. Un phénomène étrange se produit le soir : la chambre semble hantée et s'animer en raison de « la clarté douteuse de la lampe ». Celle-ci éveille tout d'abord des contrastes entre ombre et lumière : au lexique évoquant la luminosité ou des couleurs vives (« clarté », « éclairé », « rouges », « empourprée de sang ») s'oppose celui marquant l'obscurité ou l'absence de couleurs (« douteuse », « tons livides », « sombre », « pâle »). Ces effets de lumière provoquent comme des hallucinations (« avait l'air », « ressemblait », « on eût dit ») et donnent l'impression que le personnage du « chasseur » représenté sur la tapisserie prend vie et se métamorphose. L'auteur utilise plusieurs comparaisons : le chasseur est comparé à un « assassin », ses lèvres à « une bouche de vampire ».
▶ 4. L'auteur installe une atmosphère fantastique grâce à plusieurs procédés : tout d'abord, l'emploi d'un lexique propre au récit fantastique (« revenants », « étrangement », « vampire », « effrayants », « singuliers ») ; puis l'emploi de comparaisons : celle du « ténia dans l'esprit-de-vin » qui introduit un détail insolite ou celle de « la bouche de vampire empourprée de sang » qui provoque l'effroi ; mais également les portraits des ancêtres qui semblent prendre vie, tout comme le personnage de la tapisserie. On peut noter également le choix du nom de Béelzébuth, une des appellations du diable, pour nommer le chat noir du Baron ; ainsi que la vision brouillée de l'ensemble donnée par l'éclairage : d'abord par la torche (« lueur fumeuse de la torche »), puis par la lampe de la chambre (« clarté douteuse », « lueurs intermittentes »). Enfin, la personnification du vent qui « poussait des soupirs d'orgue » achève cette description inquiétante.
Tous ces éléments contribuent ainsi à créer une atmosphère angoissante, caractéristique du genre fantastique.
info +
Le fantastique est un genre littéraire qui introduit dans un contexte réaliste des éléments étranges et inexpliqués relevant de l'irrationnel.
▶ 5. Ce récit éveille plusieurs sentiments chez le lecteur : d'abord un sentiment de mélancolie, de pitié, d'empathie et de compassion à l'égard du héros et de ceux qui lui tiennent compagnie (le vieux serviteur dévoué, les animaux fidèles, dans « une sorte d'intimité triste ») ; mais ensuite un sentiment de malaise qui se transforme peu à peu en angoisse à mesure que la nuit tombe, que les lieux prennent un aspect fantastique et que des bruits inquiétants se font entendre.
▶ 6. Le photogramme est extrait du film La Belle et la Bête de Jean Cocteau. L'image en noir et blanc donne à voir, sur un fond obscur, une table chargée de mets et un homme de profil. La scène est éclairée par des candélabres aux flammes vacillantes soutenus par des bras humains.
L'effet recherché est tout entier dans le contraste entre la lumière et l'obscurité qui crée une impression de mystère et d'étrangeté. De même, dans le texte de Théophile Gautier, ce sont les sources de lumière qui modifient le décor et créent des effets étranges, voire effrayants : « de grandes ombres s'entassaient dans les recoins de la cuisine », « Un reste de feu [….] colorait de reflets bizarres le groupe réuni autour de la table », « la lueur fumeuse de la torche faisait vaciller sur les murailles de l'escalier les fresques pâlies ». C'est enfin la « clarté douteuse » de la lampe qui semble animer le personnage de la tapisserie et lui donner vie.
Grammaire et compétences linguistiques
▶ 7. a) Le verbe « devenait » peut être remplacé par les verbes « était » ou « semblait ».
b) « un être presque réel » est attribut du sujet « le chasseur ».
info +
L'attribut du sujet permet de caractériser le sujet par l'intermédiaire du verbe être ou d'un verbe d'état (sembler, paraître, devenir…).
▶ 8. Les trois expansions du nom « portraits » sont les suivantes :
« enfumés » : participe passé employé comme adjectif ;
« de la salle à manger » : groupe nominal prépositionnel ;
« dont les yeux noirs et fixes semblaient lancer un regard de pitié douloureuse sur leur descendant » : proposition subordonnée relative introduite par le pronom relatif « dont ».
▶ 9. Les modifications sont en couleur.
« La tapisserie prenait des tons livides, et les chasseurs, sur un fond de verdure sombre, devenaient, ainsi éclairés, des êtres presque réels. Ils ressemblaient, avec leur arquebuse en joue, à des assassins guettant leur victime, et leurs lèvres rouges ressortaient plus étrangement encore […] »
Dictée
Point méthode
1 La plupart des verbes sont conjugués à l'imparfait, temps dont les terminaisons sont régulières. Attention toutefois : le verbe peut être très éloigné du sujet.
2 Ne confonds pas les participes passés en -é et les infinitifs en -er. Pour reconnaître l'infinitif, remplace-le par un verbe du 3e groupe.
3 Retiens l'orthographe des adverbes suivants : « quelquefois » en un seul mot, « tout à coup » sans traits d'union.
La nuit, je n'apercevais qu'un petit morceau du ciel et quelques étoiles. Lorsque la lune brillait et qu'elle s'abaissait à l'occident, j'en étais averti par ses rayons, qui venaient à mon lit au travers des carreaux losangés de la fenêtre. Des chouettes, voletant d'une tour à l'autre, passant et repassant entre la lune et moi, dessinaient sur mes rideaux l'ombre mobile de leurs ailes. Relégué dans l'endroit le plus désert, à l'ouverture des galeries, je ne perdais pas un murmure des ténèbres. Quelquefois, le vent semblait courir à pas légers ; quelquefois il laissait échapper des plaintes ; tout à coup, ma porte était ébranlée avec violence, les souterrains poussaient des mugissements, puis ces bruits expiraient pour recommencer encore.
Rédaction
Voici un exemple de rédaction sur chacun des deux sujets.
Attention, les indications entre crochets ne doivent pas figurer sur ta copie.
Sujet d'imagination
[Introduction à la promenade] Oppressé par la solitude et l'ennui, le Baron de Sigognac décida de sortir pour une dernière promenade vespérale dans le sinistre jardin qui entourait son château.
[Description de la promenade et du décor] Dans les douves, l'eau noirâtre semblait totalement opaque. S'en échappaient par intermittence les lugubres coassements des crapauds qui les avaient colonisées.
conseil
Emploie des comparaisons et des personnifications pour donner vie à ta description.
Au loin, les grilles de fer forgé se dessinaient sur le fond obscur du crépuscule comme de sombres portes de l'enfer. Les grands arbres centenaires, silhouettes massives, semblaient se pencher vers le Baron pour l'écraser à jamais sous leur ombre menaçante et projetaient vers lui leurs longs bras décharnés. La nuit promettait d'être sombre : la face blafarde de la lune disparaissait par intermittence derrière de gros nuages d'un noir d'encre. Dans la lumière vacillante des lourds flambeaux plantés çà et là, on apercevait les bustes de hautaines statues aux visages aveugles et grimaçants. Le hululement des chouettes résonnait comme d'inquiétants présages et le vent émettait des gémissements, ses soupirs devenant des plaintes puis de lugubres hurlements.
On eût dit que tout se mettait en place pour un grand bal nocturne où toutes les créatures de la nuit semblaient s'être donné rendez-vous pour des ébats et des danses frénétiques.
conseil
N'hésite pas à reprendre des éléments du texte comme les animaux de compagnie ou des expressions de l'extrait initial.
[Fin de la promenade] Le Baron frissonna dans la fraîcheur de la nuit qui le revêtait d'un grand linceul noir. Il caressa son chien Miraut qui, à moitié aveugle, ne le quittait pas d'une semelle, tourna au coin de la grande bâtisse, passa sous la tonnelle aux roses fanées et languissantes puis revint à pas comptés pour rentrer dans le manoir et regagner sa chambre à coucher fantastique, sa chambre à revenants pour une longue nuit d'insomnie en compagnie de son chat noir Béelzébuth.
Sujet de réflexion
[Introduction] Il est des œuvres littéraires et artistiques marquées par le surnaturel : des événements étranges font irruption dans la réalité, provoquant souvent un sentiment de malaise ou de peur. Ces œuvres à dominante fantastique me plaisent beaucoup. Plusieurs raisons expliquent mon intérêt.
[Le plaisir du frisson] Tout d'abord cette étrangeté est souvent inquiétante. Les films tirés des ouvrages de Stephen King, comme Carrie ou Shining, mettent en scène des personnages dont les pouvoirs ou la folie sont angoissants. Mais cette peur, cette émotion forte est souvent séduisante : j'aime avoir peur et frissonner, devant un film ou un livre.
[L'attrait pour la différence] Ensuite l'irruption du surnaturel est attirante, car je découvre des mondes différents, des univers qui ressemblent au mien, mais dont le fonctionnement diffère légèrement et peut paraître séduisant. Dans Le Portrait de Dorian Gray, l'écrivain Oscar Wilde s'intéresse à un homme éternellement beau car son portrait vieillit à sa place. Ce rêve d'éternelle jeunesse parle à de nombreux lecteurs et me touche particulièrement.
conseil
Organise tes arguments de manière progressive, en terminant par celui qui te semble le plus convaincant et qui peut donc être plus développé que les autres.
[La part de mystère] Les œuvres fantastiques, enfin, restent souvent énigmatiques. Une explication rationnelle est possible, mais le doute est maintenu jusqu'à la fin. Cette part de mystère, d'énigme, qui résiste, se retrouve dans Le Horla de Maupassant : le personnage a-t-il basculé dans la folie, ou a-t-il vraiment été confronté à un double malfaisant qui lui a ôté toute sa force vitale ? J'hésite à donner une explication à ce récit. On retrouve cette ambiguïté dans le tableau Le Cri d'Edvard Munch : est-ce le monde qui entoure le personnage qui est effrayant, ou est-ce le personnage qui est fou et qui en a cette vision horrible ?
[Conclusion] On peut ne pas aimer les œuvres marquées par le surnaturel et redouter les sentiments d'inquiétude qu'elles font naître, mais, pour ma part, j'apprécie beaucoup l'étrangeté qu'elles dégagent, le plaisir palpitant qu'elles procurent ainsi que le jeu et le mystère qu'elles entretiennent entre le réel et le surnaturel, maintenant ainsi l'incertitude jusqu'au bout.