pchT_2405_02_01C
Amérique du Nord, mai 2024 • Jour 2
SPRINT FINAL
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Amérique du Nord, mai 2024 • Jour 2
exercice 2
Une batterie comestible
Intérêt du sujet • On s’intéresse aux caractéristiques d’un prototype de batterie comestible. Ce générateur pourrait-il être utilisé dans les jouets et ainsi éliminer les risques d’intoxication consécutifs à l’ingestion d’une pile lithium-ion ou nickel-métal-hybride par les jeunes enfants ?
L’électronique comestible est au cœur de l’attention des scientifiques qui cherchent à améliorer la réalisation de certains diagnostics de santé, et le déploiement d’équipements médicaux facilement ingérables et sans danger.
Un nouveau pas vient d’être franchi avec la création d’une batterie rechargeable entièrement comestible, pouvant se dissoudre dans le corps humain en toute sécurité.
(D’après www.futura-sciences.com)
Ph © Adv. Mater. 2023, 35, 2211400, Istituto Italiano di Tecnologia
Prototype de batterie comestible développée par les chercheurs de l’Institut Italien de Technologie
Dans cet exercice, on s’intéresse à deux utilisations possibles de ce prototype :
alimenter de petits équipements électroniques permettant de surveiller la santé d’un patient ;
remplacer les piles rechargeables présentes dans les jouets, dispositifs sources d’intoxication après ingestion par les jeunes enfants.
Partie 1. Composition et fonctionnement de la pile
Le prototype réalisé par des chercheurs italiens est constitué de deux électrodes :
la première notée CA/R est en or, recouverte de charbon actif et de 0,75 mg de riboflavine ou vitamine B2 ;
la seconde notée CA/Q est en or, recouverte de charbon actif et de 0,60 mg de quercétine (pigment végétal présent dans les câpres ou l’oignon rouge).
L’ensemble est séparé par un film d’algue Nori immergé dans une solution électrolytique d’hydrogénosulfate de sodium (Na+(aq) ; HSO4–(aq)) puis encapsulé dans de la cire d’abeille (figure 1).
Figure 1. Composition de la pile (D’après Adv. Mater. 2023, 35, 2211400)
Lors de son fonctionnement, la pile permet d’obtenir une tension de 0,65 V et de délivrer un courant d’intensité constante de 48 μA pendant une durée Δt = 12 minutes. Ce courant permet selon les scientifiques italiens d’alimenter de petits dispositifs médicaux.
Données
Informations relatives à la riboflavine et la quercétine :
Formule Brute | Masse molaire moléculaire (g · mol–1) | Couple oxydant/réducteur | |
---|---|---|---|
riboflavine (R) | C17H20N4O6 | 376,36 | C17H18N4O6(s)/C17H20N4O6(s) |
quercétine (Q) | C15H10O7 | 302,24 | C15H10O7(s)/C15H12O7(s) |
Nombre d’Avogadro : NA = 6,02 × 1023 mol–1.
Charge élémentaire e = 1,6 × 10–19 C.
Constante de Faraday : F = 96 500 C · mol–1. Le Faraday est la valeur absolue de la charge électrique d’1 mol d’électrons.
▶ 1. Écrire l’équation de la réaction électrochimique modélisant la transformation de la riboflavine lors du fonctionnement de la pile. (0,25 point)
▶ 2. En déduire si la riboflavine subit une oxydation ou une réduction. Justifier. (0,25 point)
La pile comestible est utilisée pour alimenter une résistance.
▶ 3. Compléter le schéma de fonctionnement de la pile ci-dessous en mentionnant :
la borne positive,
la borne négative,
le sens du courant dans le circuit,
le sens des électrons dans le circuit. (0,5 point)
▶ 4. Indiquer le rôle joué par le film d’algue Nori immergé dans la solution électrolytique d’hydrogénosulfate de sodium (Na+(aq) ; HSO4–(aq)). (0,5 point)
La réaction électrochimique modélisant la transformation mise en jeu sur l’électrode recouverte de quercétine est :
C15H10O7(s) + 2H+(aq) + 2 e– = C15H12O7(s)
▶ 5. Déterminer la charge électrique Q délivrée par la pile pendant les 12 min de fonctionnement. (0,75 point)
▶ 6. En déduire que la quantité de matière d’électrons ne consommée par l’électrode recouverte de quercétine pendant la durée Δt vaut ne = 3,6 × 10–7 mol. (0,5 point)
▶ 7. Indiquer si, au bout de 12 min, la demi-pile est déchargée en calculant le pourcentage de quercétine qui a été consommée pendant cette durée. (1 point)
Partie 2. Recharge de la pile
Une deuxième possibilité d’application de cette batterie comestible est son utilisation pour remplacer les piles Lithium-Ion ou Nickel Métal Hybride utilisées dans les jouets. En effet, ces dernières présentent un danger d’intoxication en cas d’ingestion par un jeune enfant.
Les scientifiques italiens ont étudié le comportement de leur prototype après plusieurs charges sous une tension comprise entre 0,60 et 0,80 V pour un courant de 48 μA (figure 2).
▶ 8. Indiquer la courbe qui représente la charge de la batterie comestible en analysant le graphe de la figure 2. Expliquer. (0,25 point)
Figure 2. Charge et décharge de la batterie (D’après Adv. Mater. 2023, 35, 2211400)
On cherche à comparer la capacité d’une pile comestible à celle d’une pile classique Nickel Métal Hybride.
Figure 3. Capacité électrique de la batterie comestible après plusieurs cycles charge/décharge (D’après Adv. Mater. 2023, 35, 2211400)
Ph © vhbw
Figure 4. Pile Nickel Métal Hybride (NMH) (D’après Adv. Mater. 2023, 35, 2211400)
▶ 9. Calculer, avec les données fournies par la figure 4, la capacité en Ampèreheure (notée A · h) de la pile Nickel Métal Hybride.
Discuter de la possibilité d’une réelle application de la batterie comestible dans la vie courante. (1 point)
Les clés du sujet
Le lien avec le programme
Les conseils du correcteur
Coups de pouce
▶ 5. Utilisez la relation entre charge électrique, intensité électrique et durée de fonctionnement.
▶ 6. Utilisez le résultat de la question 5 ainsi que la relation entre la charge électrique et la quantité de matière d’électrons consommée.
▶ 7. Utilisez l’équation de réaction fournie pour faire le lien entre la quantité de matière d’électrons consommée et la quantité de matière de quercétine consommée.
Aide à la résolution de la question 9 (partie 2)
Partie 1. Composition et fonctionnement de la pile
▶ 1. Écrire l’équation de réaction électrochimique modélisant la transformation de la ribloflavine
La ribloflavine de formule C17H20N4O6(s) est le réducteur du couple oxydant/réducteur suivant : C17H18N4O6(s)/C17H20N4O6(s).
La transformation de la riboflavine est donc modélisée par l’équation de réaction électrochimique :
C17H20N4O6(s) ⇌ C17H18N4O6(s) + 2H+(aq) + 2e–.
▶ 2. En déduire si la riboflavine subit une oxydation ou une réduction
La ribloflavine est un réducteur : elle cède des électrons et subit une oxydation.
▶ 3. Compléter le schéma de fonctionnement de la pile
attention
À l’extérieur de la pile, le courant électrique est le résultat du déplacement d’électrons. En revanche, à l’intérieur de la pile, entre les électrodes, le courant est dû à la migration des ions. Il ne faut donc pas mettre de flèche indiquant la circulation d’électrons à l’intérieur de la pile.
D’après l’équation de réaction écrite à la question, l’électrode CA/R contient la riboflavine qui libère des électrons e- donc cette électrode est négative.
Par convention, le courant électrique circule à l’extérieur du générateur de la borne positive vers la borne négative.
▶ 4. Indiquer le rôle joué par le film d’algue Nori immergé dans la solution électrolytique d’hydrogénosulfate de sodium
D’une part, le film d’algue Nori immergé dans la solution électrolytique permet de séparer les deux demi-piles pour éviter un transfert direct d’électrons du réducteur d’un couple vers l’oxydant de l’autre couple.
D’autre part, la solution électrolytique permet la fermeture du circuit électrique et la circulation du courant entre les deux électrodes, ainsi que le maintien de l’électroneutralité grâce à la double migration des ions hydrogénosulfate et sodium.
▶ 5. Déterminer la charge électrique Q délivrée par la pile
attention
Ne pas oublier de convertir les microampères en ampères et les minutes en secondes pour obtenir le résultat en coulombs. Le résultat est écrit avec deux chiffres significatifs comme les données.
La charge électrique délivrée par la pile débitant un courant d’intensité I pendant une durée Δt s’exprime par la relation : Q = I × Δt.
La pile fournit 48 µA pendant 12 min. La charge délivrée est donc :
soit Q = 3,5 × 10–2 C.
▶ 6. En déduire la quantité de matière d’électrons consommée par l’électrode recouverte de quercétine
à noter
Le résultat numérique est fourni dans la question. Il est donc important de bien poser le calcul sous forme littérale puis avec les valeurs numériques pour que le correcteur puisse vérifier que vous l’avez effectivement réalisé.
La valeur absolue de la charge électrique d’une mole d’électrons est le faraday : F = 96 500 C · mol–1.
Par conséquent, la quantité ne d’électrons consommée par l’électrode de quercétine pendant les 12 minutes de fonctionnement de la pile s’exprime par la relation : .
On obtient : soit ne = 3,6 × 10–7 mol.
▶ 7. Indiquer si, au bout de 12 min, la pile est déchargée en calculant le pourcentage de quercétine qui a été consommée
D’après les nombres stœchiométriques de l’équation de réaction électrochimique fournie : C15H10O7(s) + 2H+(aq) + 2e– = C15H12O7(s), on constate que la quantité de matière de quercétine consommée est la moitié de la quantité de matière d’électrons consommée :
donc = 1,8 × 10–7 mol.
La masse de quercétine consommée est alors le produit de la quantité de matière par la masse molaire : mquercétine = nquercétine × Mquercétine.
L’application numérique donne :
donc mquercétine = 5,4 × 10–5 g = 5,4 × 10–2 mg.
Sachant que l’électrode CA/Q est recouverte initialement de 0,60 mg de quercétine, le pourcentage de quercétine consommé est alors : soit seulement 9,0 %. La demi-pile n’est donc pas déchargée.
Le conseil de méthode
Une autre manière de procéder est de calculer la quantité de matière de quercétine correspondant à la masse initiale de 0,60 mg puis de déterminer le pourcentage recherché en faisant le rapport entre la quantité de matière consommée et la quantité de matière initialement présente. Le résultat est évidemment identique.
Partie 2. Recharge de la pile
▶ 8. Indiquer la courbe qui représente la charge de la batterie
Lors de la charge de la batterie, la tension électrique entre ses bornes augmente. La charge correspond donc à la courbe a.
▶ 9. Calculer la capacité en A · h de la pile NMH. Discuter de la possibilité d’une réelle application de la batterie comestible dans la vie courante
à noter
Le watt-heure (W · h) est une unité d’énergie. En effet, en multipliant une puissance, exprimée en watt (W), par une durée, exprimée en heure (h), on obtient une énergie exprimée en watt-heure (W · h) : E = P × Δt.
Sur la figure 2, on peut relever deux valeurs :
l’énergie que peut délivrer la pile NMH est Eélec = 0,048 W · h ;
la tension entre les bornes de cette pile est U = 1,2 V.
La puissance électrique de la pile est le produit de la tension U entre ses bornes par l’intensité I qu’elle délivre : Pélec = U × I.
L’énergie électrique fournie par la pile est Eélec = Pélec × Δt
donc : Eélec = U × I × Δt.
Par ailleurs, la capacité électrique de la pile est donnée par la relation Q = I × Δt donc :
Eélec = U × Q et par conséquent : .
attention
En divisant une énergie exprimée en watt-heure (W · h) par une tension électrique exprimée en volt (V) on obtient une charge électrique exprimée en ampère-heure (A · h) puisque 1 W = 1 V · A.
La capacité électrique de la pile NMH vaut donc :
Q = 0,04 A · h = 40 mA · h.
Discussion D’après la figure 3, la capacité de la pile comestible est initialement d’environ 55 µA · h puis, après quelques cycles de charge-décharge, elle prend une valeur de l’ordre de 10 µA · h = 0,01 mA · h.
Cette capacité après plusieurs cycles de charge-décharge est environ 4 000 fois inférieure à celle de la pile NMH. Il n’est donc pas envisageable d’utiliser une batterie comestible en remplacement d’une pile NMH.