Le vivant
Corrigé
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La raison et le réel
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France métropolitaine • Juin 2008
Définir les termes du sujet
Le possible
Il se distingue du réel et du nécessaire. Ce qui est possible n'existe pas encore et n'est pas inéluctable, mais on se demande si cette éventualité pourra se réaliser. Sur un plan logique, il faut d'abord que la chose envisagée ne soit pas contradictoire. Y aurait-il une contradiction à associer le vivant et la connaissance scientifique ?
Le vivant
Ce terme désigne tout être organisé d'après un principe interne. Le vivant se distingue du corps inanimé par son mode d'agencement et sa manière d'exister. Il agit, et son action est finalisée par des exigences propres alors qu'une pierre ne se détermine pas par elle-même à se mouvoir.
La connaissance scientifique
On la distingue de l'opinion qui n'est qu'un simple avis ou un jugement mal fondé. L'idée de science implique les notions de démonstration et d'expérimentation, laquelle ne doit pas être confondue avec une expérience vague. Il faut définir rigoureusement des protocoles et faire varier les procédés d'analyse selon des critères bien définis. La connaissance scientifique allie la précision dans l'étude avec la capacité à généraliser en formulant des lois.
Dégager la problématique et construire un plan
La problématique n'est formulable que si on comprend la spécificité du vivant par rapport aux autres objets de la connaissance scientifique. Qu'a t-il de particulier ? Il s'agit de montrer que le vivant n'est justement pas un objet, au sens d'un phénomène soumis à une causalité extérieure. Le vivant est un sujet, même s'il n'est pas doué de conscience. L'homme est, en ce sens, un vivant comme la mouche. De ce fait, tout vivant a une capacité à se déterminer par lui-même, sa conduite est orientée selon une logique interne. On peut alors se demander si la science est capable de connaître cet être particulier. Ne doit-elle pas s'en tenir à des causes mécaniques, qui expliquent des effets sans avoir à s'interroger sur leur sens ?
Éviter les erreurs
Une erreur majeure consisterait à identifier le vivant à l'homme, et à transformer la question en un sujet psychologique.
Introduction
Les progrès des sciences sont si incontestables que l'on voit mal pourquoi une connaissance scientifique du vivant ne serait pas possible. Il faudrait qu'il soit contradictoire d'associer la rigueur de l'expérimentation et de l'analyse rationnelle avec la nature de l'être vivant. Cette hypothèse est d'autant plus surprenante que de simples constats suffisent à montrer que les vivants n'agissent pas de façon hasardeuse, mais que leur conduite semble au contraire logique et comme animée par des intentions précises. Pourquoi la démarche scientifique serait-elle inapte à en rendre compte ? De quel point de vue faut-il se placer pour envisager l'existence d'un problème ? Nous ne pouvons répondre à ces questions qu'en étudiant les concepts qu'elles impliquent. C'est en ce sens que le caractère philosophique de l'interrogation apparaîtra.
1. L'idée de cause
A. Les deux causalités
Même s'il est toujours difficile de dater un mouvement de grande ampleur, on s'accorde à dater de Galilée et de Descartes la révolution scientifique qui donna naissance à la physique moderne. Or, une des marques de ce changement consiste à écarter toutes les considérations relatives à la finalité. Dans les Principes de la philosophie, Descartes demande ainsi qu'on ne s'intéresse plus aux fins des choses, mais aux causes par où elles sont produites. Galilée considère le mouvement comme un état équivalent au repos, et le principe d'inertie affirme qu'un corps continue indéfiniment à se mouvoir tant qu'un obstacle extérieur ne le freine pas. C'est dire que la science physique étudie des déplacements en faisant abstraction de leur but. Les corps inanimés se meuvent en suivant des lois générales qui se formulent en termes d'efficience, non de finalité. On nomme
B. Le cas du vivant
Cette démarche physicienne constitue un progrès de la raison au sens où celle-ci peut se consacrer à l'étude des phénomènes sans se demander dans quel but ils se produisent. Or dans cette configuration, le cas du vivant pose un problème remarquable. En effet, l'observation de la conduite des êtres animés montre que ceux-ci semblent agir conformément à un but qui est, pour l'essentiel, de conserver leur intégrité et de continuer à vivre. Dans L'Évolution créatrice, Bergson décrit les opérations d'une larve d'insecte, le sitaris, qui, pour se nourrir, se fait transporter par une abeille afin d'arriver jusqu'à l'endroit où elle pourra profiter de son miel pour éclore. Comment ne pas voir que ces actes sont
2. La connaissance et la vie
A. La nature du vivant
Un vivant est un être
B. Le conflit de la connaissance et de la vie
C'est ici que la difficulté peut se poser pour la connaissance scientifique. Canguilhem en fait état dans La Connaissance de la vie, en soulignant que connaître signifie d'abord
3. Le mécanisme et le problème du sens
A. Force motrice et force formatrice
Nous avons vu que la physique devient rationnelle en éliminant les causes finales. Descartes étudie le vivant en prenant pour modèle les
B. La question du sens
Kant critique la pensée cartésienne en soulignant qu'un mécanisme est régi par une force
Conclusion
Une connaissance scientifique du vivant est possible. Les biologistes le prouvent en montrant de façon de plus en plus précise comment les organismes sont constitués à partir d'un code génétique universel. La difficulté de ce sujet n'est pas d'ordre scientifique, mais philosophique, au sens où elle demande d'élaborer une conception de la finalité qui ne soit pas une forme déguisée d'anthropomorphisme, c'est-à-dire une façon de dissimuler notre ignorance.
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