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S'entraîner
Les politiques économiques européennes
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Raisonnement
Union économique et monétaire et politique conjoncturelle
Intérêt du sujet • Le sujet porte sur une question essentielle de la monnaie unique liée à ses particularités concernant les politiques conjoncturelles.
Vous montrerez que l'Union économique et monétaire renforce les interdépendances entre les politiques conjoncturelles des États membres et subit les effets négatifs d'un manque de coordination.
Document 1Déficit (–) ou excédent (+) public dans quatre pays de l'Union économique et monétaire (en % du PIB)

Source : Eurostat
Document 2La justification du Pacte de stabilité et de croissance
La Banque centrale européenne (BCE) a reçu pour mission d'assurer, en toute indépendance des pouvoirs politiques, la stabilité des prix dans la zone euro. Les traités européens sont formels sur la priorité de cet objectif. Pour le respecter, la BCE s'est dotée d'une stratégie qu'elle a appliquée scrupuleusement depuis la naissance de l'euro. […]
Le Pacte de stabilité et de croissance [PSC] s'inscrit dans le cadre général de la coordination des politiques économiques prévue par les traités depuis la création de l'euro. Il répond aux dispositions stipulant que les États membres « évitent les déficits excessifs ». Le PSC entend imposer aux participants à la zone euro une culture de stabilité des finances publiques. Il s'agit d'empêcher que la situation budgétaire d'un État entraîne une fragilisation de l'ensemble de la zone monétaire en diffusant, à travers des effets de débordement, des pressions inflationnistes, des tensions sur les taux d'intérêt et une perte de valeur externe de l'euro. En effet, un déficit public et l'accroissement de la dette d'un État membre peuvent entraîner, pour l'ensemble de la zone euro, des pressions sur les prix (par une augmentation de la demande de biens et de services) et sur les taux d'intérêt (par un surcroît de demandes de financement), tout cela risquant de générer, en plus, des impacts négatifs sur la valeur externe de la monnaie unique. De fait, le PSC vient largement en appui de la politique de stabilité des prix pilotée par la BCE.
Source : Michel Dévoluy, « L'Euro et le PSC dans la tourmente », Cahiers français, n° 359, novembre-décembre 2010, La Documentation française © DILA.
Document 3Évolution du taux de chômage dans l'Union européenne (en % de la population active)
Source : Eurostat, Emploi et chômage (Enquête sur les forces de travail), base de données Eurostat, 2018.
1. Union européenne à 28. 2. Moyenne pondérée.
Les clés du sujet
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Exploiter les documents
Document 1. Le tableau statistique porte sur l'évolution de la situation du budget de quatre pays de l'Union économique et monétaire (UEM) de 2008 (début de la crise des subprimes) à 2018. Dès 2009, tous ont un déficit supérieur à celui imposé par le Pacte de stabilité et de croissance (PSC), soit moins de 3 % du produit intérieur brut (PIB). Les années suivantes, l'Allemagne réduit son déficit puis se retrouve avec un excédent budgétaire alors que les autres pays restent en dehors du PSC. Cependant, en 2018, tous retrouvent la condition budgétaire imposée par le PSC.
Document 2. Le texte met en évidence les contraintes pesant sur les politiques budgétaires des pays de l'UEM alors que la politique monétaire est unique. Ces contraintes impliquent de coordonner ces politiques budgétaires, coordination inscrite dans les règles du PSC.
Document 3. Le graphique permet de comparer l'évolution des taux de chômage des pays de l'Union européenne dont les différences rendent difficile la coordination des politiques conjoncturelles.
Définir les arguments

Les titres de parties ne doivent pas figurer sur votre copie.
Introduction
L'Union économique et monétaire (UEM) est l'accord passé entre les pays de l'Union européenne pour adopter une monnaie unique remplaçant les monnaies nationales. Dès lors, ces pays ont une politique monétaire unique alors que les politiques budgétaires restent nationales. Ces caractéristiques nécessitent l'interdépendance entre les politiques conjoncturelles qui sont les politiques économiques destinées à agir sur les grands équilibres économiques.
I. L'UEM implique une politique monétaire unique et des politiques budgétaires nationales
à noter
Pour comprendre la nécessité de l'interdépendance des politiques conjoncturelles des pays de l'UEM, il faut savoir que la politique monétaire s'applique à tous les pays, quelle que soit leur situation économique.
L'UEM est effective depuis le 1er janvier 1999. Tous les pays de l'Union européenne ayant adopté l'euro comme monnaie unique ont une politique monétaire identique mise en œuvre par la Banque centrale européenne (BCE). Celle-ci a pour objectif quasi unique la stabilité des prix (document 2), c'est-à-dire un niveau d'inflation avoisinant les 2 %. Le principal instrument utilisé par la BCE pour atteindre cet objectif est le taux d'intérêt auquel les banques se refinancent auprès de la banque centrale.
Les politiques budgétaires des pays de l'UEM sont autonomes. Cependant, elles sont encadrées par le Pacte de stabilité et de croissance (document 2). Selon ce pacte, les pays de la zone euro ne doivent pas avoir un déficit budgétaire supérieur à 3 % du produit intérieur brut (PIB), ni un taux d'endettement public supérieur à 60 % du PIB. Si un pays dépasse ces limites, la Commission européenne peut entamer une procédure de déficit excessif pouvant conduire à des pénalités.
II. Les caractéristiques de l'UEM nécessitent une coordination entre les politiques conjoncturelles
Les chocs économiques peuvent toucher d'une manière différente les pays de l'UEM : on parle de chocs asymétriques. Ainsi, le chômage a fortement augmenté dans certains pays comme l'Espagne, la Grèce et l'Italie (document 3). Pour faire face à ces chocs, les pays membres de l'UEM ne peuvent agir que sur leur politique budgétaire. Ce fut le cas en 2008 au moment de la crise des subprimes. Ainsi, la plupart des pays de l'UEM ont connu une forte hausse des déficits budgétaires en 2009, ces déficits devenant supérieurs à ce qui est imposé par le PSC (document 1). Cependant, dès 2012, l'Allemagne a un déficit inférieur à 3 % du PIB et même un excédent budgétaire en 2018 alors que les autres pays respectent la contrainte du PSC (document 1).
L'augmentation du déficit public peut avoir des effets inflationnistes entraînant une politique monétaire restrictive de la BCE avec une hausse de son taux directeur se traduisant par celle des taux d'intérêt. Or cette hausse risque d'avoir des effets négatifs sur la croissance économique, notamment pour les pays les plus touchés par le choc économique. La hausse du taux d'intérêt peut aggraver le déficit budgétaire car la charge du remboursement de la dette publique est plus élevée. C'est ainsi que les pays les plus déficitaires ont dû réduire leur déficit (document 1).
à noter
Les politiques d'austérité imposées aux pays les plus déficitaires ont failli remettre en cause l'UEM du fait de la hausse du chômage et de la récession qu'ont connues ces pays.
Conclusion
La création de l'UEM a renforcé l'interdépendance entre les politiques conjoncturelles des États membres. Ainsi, une politique monétaire menée exclusivement par la BCE suppose des mesures définies par le Pacte de stabilité et de croissance (PSC) incitant les pays à limiter leur déficit public ainsi que leur endettement. Cependant, la coordination des politiques conjoncturelles nationales par le PSC apparaît insuffisante et pourrait même inciter des pays à quitter l'UEM.