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Mais quels mots utiliser pour décrire sa construction ? son rythme ? Et comment la construction ou le rythme d'une phrase peuvent-il faire sens ? Voilà des points qu'il peut être utile de réaborder…
o Du point de vue de la construction, on peut distinguer trois sortes de phrases.
• D'abord, la phrase nominale.
Elle est organisée autour d'un nom et non d'un verbe.
Courte, elle est souvent très intense, comme dans ce vers de Baudelaire :
" Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard, jamais peut-être ! ".
• Parmi les phrases verbales, on distingue la phrase simple et la phrase complexe.
La phrase simple ne comprend qu'une seule proposition.
Elle se réduit à un verbe, son sujet et un ou plusieurs compléments.
En voici un exemple emprunté à la fable du Loup et l'Agneau de La Fontaine.
" Un agneau se désaltérait dans le courant d'une onde pure. "
• La phrase complexe, elle, contient plusieurs propositions.
Selon le cas, celles-ci peuvent être simplement posées l'une à côté de l'autre, on dit juxtaposées, et séparées par une virgule, un point-virgule ou un deux-points.
Écoutez l'exemple suivant tiré du roman de Céline, Voyage au bout de la nuit.
" La nuit est sortie de dessous les arches,|
elle est montée tout le long du château, |
elle a pris la façade,les fenêtres, l'une après l'autre, qui flambaient devant l'ombre. "
Les trois propositions juxtaposées permettent de traduire la progression de la nuit.
D'autres fois, les propositions d'une phrase complexe sont coordonnées, c'est-à-dire reliées entre elles par une conjonction de coordination ou un adverbe de liaison ; on peut citer les conjonctions et, mais, car, donc ou les adverbes puis, cependant, en effet, par conséquent.
Une phrase complexe, enfin, peut être constituée de subordonnées soumises à une proposition principale.
Ainsi, le discours de l'Agneau au Loup forme une longue phrase complexe qui comprend, entre autres, deux subordonnées introduites par la conjonction de subordination que.
" Sire, répond l'agneau, que votre Majesté ne se mette pas en colère ; mais plutôt qu'elle considère que je me vas désaltérant dans le courant, plus de vingt pas en dessous d'Elle ; et que, par conséquent, en aucune façon, je ne puis troubler sa boisson. "
L'Agneau défend son bon droit de manière précise et logique ; c'est lui à qui le fabuliste donne raison.
o Accordons maintenant de l'attention au rythme de la phrase.
Toute phrase possède un rythme particulier, rapide ou lent, fluide ou saccadé, qui traduit et transmet les idées et les émotions du locuteur.
• Les rythmes binaire et ternaire mettent en parallèle des groupes de mots de même nature ou de même fonction grammaticale (deux pour binaire et trois pour ternaire).
Écoutez par exemple cette phrase extraite de Salambo de Flaubert.
" C'était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d'Hamilcar. "
Le rythme ternaire s'appuie sur la succession de trois noms propres et le retour du son [a]. Il confère à ce début de roman solennité et majesté.
• L'énumération est une succession de groupes de mots de même nature ou de même fonction grammaticale. Si ces groupes de mots obéissent à un effet de crescendo, on parle de gradation.
C'est le cas dans cette réplique de l'Avare découvrant le vol de sa cassette.
" Je me meurs, je suis mort, je suis enterré. "
Le personnage est tourné en ridicule à travers cette gradation faussement tragique.
o C'est le moment de conclure.
En fait, dans un commentaire de texte, il ne faut pas hésiter à observer de près la construction ou le rythme des phrases. Les observations que vous ferez vous aideront à faire ressortir les lignes de force du texte.